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Son procès enbéatification est ouvert en 1907 parPieX, ce qui ne va pas sans provoquer des controverses, la Question romaine étant encore d'actualité à cette époque. Sous les pontificats deBenoîtXV et dePieXI, le procès suit très prudemment son cours.PieXII le fait activer en 1954 ; il aboutit enfin lorsqueJean-PaulII le proclame solennellementbienheureux en 2000.
Né le àSenigallia, Giovanni Maria Mastai Ferretti est le fils ducomte Girolamo Mastai Ferretti (1750-1833) et de la comtesse, née Caterina Solazzi (1764-1842), qui ont eu huit autres enfants. Il est le neuvième et dernier de sa fratrie.
Il est ensuite refusé chez lesgardes nobles à cause de sa santé (il est sujet à des crises d'épilepsie) et il poursuit ses études auséminaire romain afin d'entrer dans laprêtrise.
Giovanni Maria Mastai Ferretti enseignant à des orphelins.
GrégoireXVI s'éteint le1er juin 1846. Le s'ouvre leconclave. LecardinalLuigi Lambruschini, secrétaire d'État deGrégoireXVI, est le favori des conservateurs tandis que le cardinal Mastai Ferretti est le favori des libéraux. Le cardinal Lambruschini obtient la majorité des voix dès les premiers tours, mais ne parvient pas à recueillir les deux tiers des voix requis pour être élu pape.
Illustration dePieIX peu après son élection en 1846.
Le cardinalvon Gaisruck,archevêque de Milan, arrive trop tard pour remettre l'exclusive prononcée par l'empereur d'AutricheFerdinandIer, suivant la politique deMetternich, contre le cardinal Mastai Ferretti ; celui-ci, ayant recueilli les deux tiers des voix, accepte la tiare et prend alors le nom de « PieIX », en hommage aux anciens papesPieVI,PieVII etPieVIII. Il est alors âgé de54 ans.
PieIX bénéficie à la suite de son élection d’une grande popularité au sein de la population italienne : durant son épiscopat en Romagne, il n'a pu ignorer le besoin de réformes dont souffrait l'État pontifical et que le soulèvement deRimini, en1845, avait démontré.
Les premières années de son pontificat sont marquées par des mesures libérales qui s’opposent aux méthodes deGrégoireXVI et de son secrétaire d’État, le cardinalLambruschini. Il choisit pour secrétaire d'État le cardinalTommaso Pasquale Gizzi.
Le, il décrète une amnistie générale pour les détenus politiques et fait préparer une constitution qui est concédée le : leStatut fondamental pour le gouvernement temporel des États de l'Église, qui institue deux Chambres et leSacré Collège des cardinaux présidé par le pape. C'est l'époque des réformes politiques ;
Il établit une commission laïque chargée de lacensure ;
En1847, il établit ainsi uneConsulta, un conseil consultatif composé de laïcs dont le rôle est de lui transmettre les désirs de la population ; et, auprès de lui, un conseil de cabinet puis une garde civique.
Il crée également un certain nombre de commissions auxquelles participent des laïcs, afin de réviser les lois ;
À la différence deGrégoireXVI, qui les considérait comme« les chemins du diable »,PieIX fait construire dans les États pontificaux un réseau ferré et télégraphique.
Il restaure l'éclairage public et accepte d'êtrephotographié.
En1847, il s'oppose à l'Autriche qui avait fait occuper la ville deFerrare alors qu'elle n'avait le droit que d'avoir une garnison dans lacitadelle.Pie IX devient l'espoir des patriotes italiens, sa popularité est alors immense : l'Unité italienne se ferait-elle autour de lui ?[style à revoir]
PieIX bénit les combattants de l'indépendance italienne, lithographie, vers 1850.
Ce mouvement réformiste qu’il contribue à amorcer par ses choix personnels lui attire bientôt la sympathie des patriotes dans l'ensemble des États italiens (Toscane,Deux-Siciles,Piémont,Parme...) : certains d'entre eux n'hésitent pas à souhaiter la réalisation d'une fédération italienne, dont il prendrait la présidence.
Victor Hugo prononce à laChambre des pairs le un éloge vibrant dePieIX :« Cet homme qui tient dans ses mains les clefs de la pensée de tant d'hommes, il pouvait fermer les intelligences; il les a ouvertes. Il a posé l'idée d'émancipation et de liberté sur le plus haut sommet où l'homme puisse poser une lumière. […] ces principes de droit, d'égalité, de devoir réciproque qui il y a cinquante ans étaient un moment apparus au monde, toujours grands sans doute, mais farouches, formidables et terribles sous le bonnet rouge, […] il vient de les montrer à l'univers rayonnants de mansuétude, doux et vénérables sous la tiare. […]PieIX enseigne la route bonne et sûre aux rois, aux peuples, aux hommes d'État, aux philosophes, à tous ». Ce discours est cependant mal accueilli dans une chambre conservatrice inquiète de la remontée en puissance des idées républicaines.
PieIX est à ce moment« le pape des droits de l'homme »[2].
Les événements vont en faire un bien différent« pape duSyllabus ».
Le 24 mars,PieIX autorise le départ deRome pourFerrare, d'un corps expéditionnaire de 7 500 hommes commandé par le généralDurando, suivi deux jours après par un corps de volontaires, la légion des volontaires pontificaux (Legione dei Volontari Pontifici) formée d'hommes d’Italie centrale confiée au généralAndrea Ferrari[3].
PieIX, par l'allocution duconsistoire du, condamne la guerre contre l'Autriche :
« à nos soldats envoyés aux frontières pontificales, nous recommandons seulement de défendre l'intégrité et la sécurité des États pontificaux. Mais si certains souhaitaient que nous, ensemble à d'autres peuples et princes d'Italie, prenions part à la guerre contre les Autrichiens … ce n'est pas dans nos intentions et nos recommandations »
il conclut en invitant les Italiens« à rester attaché fermement à leurs principes dont ils avaient expérimenté la bienveillance et qu'il ne s'en détache pas ».En fait, le pape se trouve dans l'embarras de combattre une grande puissance catholique :
« nous avons su que certains ennemis de la religion catholique ont profité de l'occasion pour enflammer les âmes des Allemands afin de les détacher du Saint-Siège … Les peuples allemands ne devraient pas nourrir un sentiment de dédain à notre égard parce qu'il nous a été impossible de freiner nos sujets qui applaudirent les événements anti-autrichiens en Italie septentrionale … d'autres souverains européens, qui disposent d'armées plus puissantes que la nôtre, n'ont pu freiner l'agitation de leur peuple ».
Cela met en évidence la contradiction et les incompatibilités de la position du pape comme chef de l'Église universelle et en même temps chef d'un État italien ; entre le pouvoir spirituel et temporel[4].
Il refuse donc de soutenir le mouvement d'unification pour ne pas froisser l'Autriche catholique. À la suite de cette déclaration, le roiFerdinandII des Deux-Siciles, proche parent de l'empereur d'Autriche et opposé à toute idée libérale, retire aussitôt ses troupes qui forment le plus gros contingent de l'armée italienne. Pour les patriotes et les libéraux, la guerre est perdue d'avance. La popularité du pape s'effondre alors parmi les patriotes italiens.
Le,PieIX quitte de nuit le Quirinal dans la voiture à cheval duduc d'Harcourt, après l'attaque du palais par les partisans deGiuseppe Mazzini (Palma trouve la mort à cette occasion).PieIX se réfugie dans la forteresse deGaète, dans leroyaume des Deux-Siciles. Il lance un appel aux puissances européennes pour retrouver son trône. Rome devient unerépublique. L'Autriche, le roiFerdinandII des Deux-Siciles et la France apportent leur soutien au pape.
C'est cependant la France qui est la plus active : elle envoie un corps expéditionnaire commandé par le généralOudinot, qui s'empare de Rome le et en chasse définitivement les révolutionnaires en juillet.
D'abord hésitant, une vive protestation duvicaire apostolique deMandchourie de passage en Europe,Emmanuel Verrolles décide enfin le pape à quitterGaëte pour Rome. De retour àRome le,PieIX mène une politique de répression contre les idées républicaines. Un nouveau secrétaire d’État, lecardinalGiacomo Antonelli, est nommé, qui renoue avec la politique conservatrice deGrégoireXVI.
Rome reste l'objectif principal de la politique deGiuseppe Mazzini et deGiuseppe Garibaldi, qui organise diverses opérations militaires sans succès.
Jusqu'en1870, le recrutement se fait auprès des volontaires de France, des Pays-Bas, de Belgique, d'Italie et du Québec.
Laguerre franco-prussienne de 1870 entraîne le retrait des militaires français affectés à la protection du pape. En revanche, les volontaires français (officiers ou hommes de troupe) engagés dans le corps des Zouaves pontificaux restent sur place, commandés par le colonel deCharette.
Enseptembre 1870, la défaite de la France contre la Prusse, alliée de l'Italie, provoque l'invasion de ce qui reste desÉtats pontificaux par une armée italienne de 70 000 hommes sous le commandement du généralRaffaele Cadorna.
En face, les effectifs pontificaux ne dépassent pas 13 000 hommes dont 3 000 zouaves. Le généralHermann Kanzler, le commandant de l'armée pontificale, concentre ses efforts sur la défense de Rome. Le 20 septembre, l'artillerie italienne bombarde les fortifications romaines. Le pape demande à Kanzler de cesser le feu dès les premiers coups de canon au grand dépit des zouaves souhaitant se battre. Onze zouaves seulement sont tués lors des combats.
L'armement obsolète des armées pontificales, malgré la victoire deMentana contreGaribaldi en1867 (où pour la première fois lefusil Chassepot est utilisé), permet aux troupes italiennes de s'emparer sans difficulté de Rome le.
Le pape ordonne aux zouaves de n'opposer qu'une résistance symbolique. Le lendemain, le régiment des zouaves est licencié et les Français sont rapatriés àToulon.
La prise de Rome, le, constitue un aboutissement à l’unification de la péninsule en faisant de la cité du pape la nouvelle capitale duroyaume d’Italie.
Uneloi des Garanties, votée le, accorde au Saint-Siège un revenu annuel, l’extraterritorialité de quelques palais et les droits de souveraineté sur sa cité duVatican, mais le papePieIX se considère désormais comme prisonnier à l’intérieur du palais du Vatican. Dans l’Église, l’émotion est grande.
EnFrance, la politique italienne deNapoléonIII suscite l’indignation des catholiques pour qui le pouvoir temporel du pape garantissait son indépendance spirituelle.PieIX apparaît alors comme« le pape-martyr ». Cependant, le prestige moral de la papauté et l’autorité spirituelle qui en découle en sortent renforcés.
La fin du siècle consacre la perte d'influence politique du catholicisme en Europe notamment dans les pays catholiques. La France devenue républicaine et l'Allemagne, unifiée et soumise par une dynastie protestante, mènent des politiques anticléricales. L'Espagne et le Portugal, qui perdent leurs empires coloniaux, connaissent une instabilité permanente.L'Italie, aux mains des libéraux, est agitée par la Question Romaine. Exclue d'Italie et d'Allemagne, l'Autriche, devenue Autriche-Hongrie, est entourée d'ennemis.
Le papePieIX avec le roi des Deux-SicilesFrançoisII (à gauche, en frac, chapeau à la main) en1862
En sus du problème du territoire pontifical,PieIX entend lutter contre les courants et idéologies anticatholiques. Par sa lettreGravissimum supremi (1866) il donne un statut quasi officiel à la revue jésuiteLa Civiltà Cattolica. Il dénonce aussi leKulturkampf allemand dans la ligne de Bismarck ainsi que les violences exercées par les Suisses contre leclergé catholique : uneencyclique de1873 condamne les violences suisses.
En1874, le gouvernement autrichien rompt son concordat.
À l'accession dePieIX au trône de Pierre en1846, lesJuifs desÉtats pontificaux étaient soumis à un statut particulier dit deprotection, la plupart étant les descendants desSépharades expulsés d'Espagne ou rejetés par l'Empire ottoman ayant trouvé refuge auprès du pape.
Ils étaient tenus de vivre dans des quartiers distincts (ghettos), ne pouvaient témoigner contre des chrétiens, avaient parfois l'obligation de suivre des sermons catholiques et étaient soumis à des taxes particulières, comme dans nombre de pays de l'époque (Autriche, Russie, Danemark, etc.). Leculte juif était le seul toléré en dehors du culte catholique dans les États pontificaux, à l'exclusion des "hérésies" protestantes. Au début de son pontificat,PieIX amorce des réformes en direction de la modernisation du statut des Juifs et ouvre le ghetto de Rome parfois contre la volonté de certainsrabbins. Il sera supprimé quelques années plus tard. Ces efforts ont néanmoins une portée limitée et sont interrompus avec l'éclatement de l'affaire Mortara.PieIX conserve la position traditionnelle de l'Église catholique, stigmatisant l'« aveuglement du peuple élu ».
Le àBologne, la gendarmerie pontificale perquisitionne la demeure d'un couple deJuifs, Salomone et Marianna Padovani Mortara, et fait enlever un de leurs huit enfants, Edgardo, âgé alors de six ans - celui-ci ayant été précédemment baptisé d'urgence par la servante de la famille, Anna Morisi, qui l'avait cru en danger de mort au cours d'une grave maladie alors qu'il était nourrisson. L'enfant est conduit à Rome et confié à la Maison descatéchumènes pour Juifs convertis puis dans un couvent pour être élevé dans la religion catholique sous le nom de Pio.
Lebaptême, administré en cas d'urgence, est valide au regard duDroit canonique. En effet, dans ce cas, toute personne, même non ecclésiastique et même non chrétienne, peut administrer validement le baptême, si elle procède selon les intentions de l'Église. Les conditions dans lesquelles Edgardo Mortara a été baptisé par la servante Anna Morisi posent un délicat problème d'interprétation, etPieIX doit arbitrer. D'un côté, l'enfant, baptisé, fait désormais partie de l'Église catholique dans laquelle il a, dès lors, vocation à être élevé ; de l'autre, se pose la question de savoir si l'on pouvait le baptiser sans le consentement de ses parents, non chrétiens.PieIX tranche dans le sens de ce qu'il estime être les intérêts spirituels supérieurs du jeune Edgardo. La famille Mortara supplie, proteste et exige que son enfant lui soit rendu au nom - au moins - de ces mêmes intérêts.
Quoique non unique dans son genre, l'affaire connaît un retentissement international inédit et la conduite de l'Église est fortement critiquée, ainsi parNapoléonIII dont les troupes assuraient alors la protection militaire des États pontificaux. Pour contrer les gouvernements catholiques étrangers qui exigent la restitution de l'enfant à sa famille, celui-ci est placé discrètement dans une institution religieuse et sa mère ne pourra le voir que des années plus tard.
Une fois devenu majeur, Edgardo-Pio déclare son intention de rester catholique et même sa vocation religieuse. Il entre alors dans laCongrégation des Augustins, en France. Il est ordonné prêtre quelques années plus tard et devient « missionnaire pontifical » sillonnant l'Europe. Jusqu'à sa mort en 1940, il défend tenacement la position de l'Église catholique, témoigne en faveur du papePieIX lors des différentes phases de l'instruction du procès enbéatification du défunt pape et n'a de cesse de vouloir convertir les membres de sa famille qu'il peut à nouveau rencontrer[5].
Contrairement à ce qui avait été envisagé en début de pontificat,PieIX développe après la révolution de1848 une doctrine particulièrement conservatrice, voire sur certains pointsréactionnaire[6].
Le pontificat dePieIX correspond à une réaction de rejet à l'égard de l’évolution libérale des sociétés européennes et plus largement des idées nées de la Révolution qu'il décide de combattre après1848. L’industrialisation qui s’accélère au cours du siècle voit se développer en Europe occidentale une classe ouvrière déracinée : né en dehors de toute influence religieuse, le prolétariat est tenté par lesocialisme. La politique dePieIX comme chef d'État et son enseignement comme pape sont empreints d’une grande hostilité à l’égard des idées modernes (libéralisme,matérialisme,socialisme,rationalisme) et de ceux qui les diffusent, en particulier lesfrancs-maçons, regardés comme responsables de l'évolution libérale et laïque des États européens.
L'encycliqueQuanta cura, le, condamne violemment les« hérésies et erreurs qui souillent l'Église et la Cité », comme lesocialisme et lecommunisme, mais également le« délire » (selon l'expression deGrégoireXVI) de la liberté de conscience et de culte et autres« opinions déréglées » et« machinations criminelles d'hommes iniques » parmi lesquelles la séparation du temporel et du spirituel et l'école laïque.
Il précise que« là où la religion a été mise à l'écart de la société civile (…) la pure notion même de justice et du droit humain s'obscurcit et se perd, et la force matérielle prend la place de la véritable justice ». Il attaque également implicitement une certaine conception de la liberté de la presse, lorsque« les ennemis acharnés de notre religion, au moyen de livres empoisonnés, de brochures et de journaux répandus par toute la terre, trompent les peuples, mentent perfidement, et diffusent toutes sortes d'autres doctrines impies ».
PieIX souligne que« non contents de mettre la religion à l'écart de la société, ils veulent même l'écarter de la vie privée des familles. En effet enseignant et professant l'erreur très funeste ducommunisme et dusocialisme, ils affirment que la société domestique ou la famille emprunte au seul droit civil toute sa raison d'être. »
Hostile au capitalisme libéral, le pape soutient les premières initiatives ducatholicisme social qui se développe contre le libéralisme industriel, inspiré par les initiatives de l'évêque deMayenceWilhelm Emmanuel von Ketteler, insistant notamment sur l'obligation d'un salaire décent pour les familles, de l'interdiction du travail des mineurs et l'obligation du repos dominical.
Condamnation du rationalisme et de la liberté de pensée
Dans leSyllabus,PieIX condamne explicitement le rationalisme, la liberté d'opinion, la liberté de culte[7] et la séparation de l'Église et de l'État[8].
En1864,PieIX explique le rôle qu'il entend assigner à l'école :
« Les écoles populaires sont principalement établies en vue de donner au peuple un enseignement religieux, de le porter à la piété et à une discipline morale »[9].
PieIX aurait déclaré que la théorie darwinienne était« le doigt du démon »[10].
« L'esclavage, en lui-même, n'est dans sa nature essentielle pas du tout contraire au droit naturel et divin, et il peut y avoir plusieurs raisons justes d'esclavage[11]. »
Selon le cardinalAvery Dulles, cette déclaration est une réponse à propos de la coutume de l'esclavage dans certaines parties de l'Afrique[12].
Le,PieIX proclame, dans sabulleIneffabilis Deus, le dogme de l'Immaculée Conception. Il définit solennellement, en vertu de sa suprême autorité apostolique, que la bienheureuseVierge Marie a été exempte du péché originel.
Trois ans plus tard, entre le 11 février et le, une jeune Lourdaise illettréeBernadette Soubirous affirmera avoir vu« une belle dame », dans la petitegrotte de Massabielle àLourdes, qui lui dit (aquerò c'est-à-direcela dira la jeune fille) enoccitangascon :« Que sòi era Immaculata concepciu »
Le 8 décembre1870, en la fête de l'Immaculée Conception, le pape proclameJoseph saint patron et protecteur de l'Église catholique et fixe les solennités obligatoires de sa fête le troisième dimanche aprèsPâques (bien que le saint soit fêté le 19 mars et le1er mai).
Le concileVaticanI : proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale
Malgré les résistances d'une minorité[14], les Pères conciliaires votent, le, laconstitution apostoliquePastor æternus qui définit l'infaillibilité du Pontife romain (le pape), lorsque celui-ci se prononce, solennellement etex cathedra, en vertu de sa charge apostolique, sur un point de doctrine concernant la foi ou les mœurs[15].
Son principal objectif atteint, les travaux du concile seront suspendussine die par Pie IX au moment de laguerre de 1870 entre laFrance et laPrusse et laprise de Rome par les troupes italiennes.
En1875, Pie IX invite également tous les fidèles à consacrer leur vie auSacré-Cœur, le cœur charnel de Jésus symbole de l’amour de Dieu pour les hommes.
La même année, et malgré l'occupation deRome par les troupes deVictor-Emmanuel II, il convoque lejubilé sans pouvoir effectuer les cérémonies d'ouverture et de fermeture de laPorte Sainte[17].
Une question essentielle fait rapidement surface, à savoir si le pape était infaillible quand il publia l'encyclique duSyllabus. Certains, comme le journaliste françaisLouis Veuillot, acceptaient et soutenaient l'infaillibilité non seulement en matière de dogme mais également pour chaque parole prononcée par le souverain pontife. D'autres, commeFélix Dupanloup concevaient qu'il pouvait être vrai que l'infaillibilité soit principalement dévolue au pape, qu'il était très complexe de la définir exactement et surtout qu'il n'était pas sage de vouloir le faire.
C'est ainsi que leconcile Vatican se trouva partagé en deux groupes principaux : une majorité qui désirait établir une définition de l'infaillibilité du pape et une minorité qui s'opposait à toute définition. C'est finalement la majorité, soutenue par le pape, qui l'emporta. Cependant, la minorité dirigée par Dupanloup ne manqua pas d'influence dans la rédaction de cette définition puisque telle que rédigée, elle limitait étroitement la nature de l'infaillibilité (ex cathedra comme sus-cité)[18].
PieIX commençait sa journée à six heures du matin par une heure d'oraison, puis célébrait lamesse à sept heures dans sa chapelle privée, suivie d'une autre messe à laquelle il assistait en action degrâces. Après le petit déjeuner, commençaient les audiences.
Le jeudi était réservé aux pétitions des Romains, et, tous les 14 du mois, le pape recevait en audience publique ceux qui le désiraient.
PieIX prenait son déjeuner à deux heures de l'après-midi de façon frugale et toujours terminé par un fruit, selon l'habitude maternelle. Il faisait alors une promenade dans lesjardins du Vatican, ou ceux duQuirinal s'il s'y trouvait, ou, avant laprise de Rome, faisait une courte promenade en attelage dans les rues avoisinantes. Il rentrait ensuite aupalais du Quirinal (aujourd'hui résidence du président de la République italienne) pour travailler à son bureau.
Après le dîner, il avait souvent un entretien avec son confesseur et se rendait devant letabernacle de sa chapelle privée pour une longue méditation à genoux. Il aimait particulièrement la prière de laCouronne des Douze Étoiles composée parJoseph Calasanz, évoquant la Vierge Marie indemne dupéché originel, habitude qu'il avait depuis le temps de ses études chez les pèrespiaristes.
Le pape aurait pu être inhumé dans lesgrottes vaticanes, sous labasilique Saint-Pierre, mais ce fut sa volonté expresse de l'être en labasilique Saint-Laurent-hors-les-Murs, dans le territoire de son diocèse romain. Sa dépouille est gardée un court délai aucimetière de Campo Verano, voisin de la basilique, le temps que l'on y aménage son tombeau. Au cours du transfert de sa dépouille vers celle-ci, des laïcs extrémistes s'affrontent aux fidèles et veulent jeter son cercueil dans le Tibre en criant « Al fiume il Papa porco... ! » (« Au fleuve le pape porc !... »). Ce climat passionnel s'atténue au cours des années suivantes.
Le 6 avril 2000, sur ordre deJean-PaulII, il est procédé par une équipe scientifique et ecclésiastique à l'ouverture du cercueil dePieIX et à l'examen de sa dépouille mortelle dans le cadre de son procès enbéatification. Il repose désormais dans la chapelle située en contrebas du chœur de la basilique, dans un cercueil de verre, revêtu du complet habit papal de chœur (soutane blanche, rochet blanc, mozette pourpre bordée d'hermine, étole papale etcamauro[19]).
PieIX eut le plus long pontificat de l'histoire de la papauté : plus de31 ans (de 1846 à 1878), devant celui deJean-PaulII (1978-2005) et deLéonXIII (1878-1903).
Il estbéatifié en même temps que le papeJeanXXIII le parJean-PaulII, non sans que cette béatification ait entraîné des polémiques[20].
↑Cesare Vimercati,Histoire de l'Italie en 1848-49, H. et C. Noblet,,p. 96.
↑Cesare Vimercati,Histoire de l'Italie en 1848-49, H. et C. Noblet,,p. 332-333, 336.
↑VoirGérard Da Silva,L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, Paris, Éditions Syllepse,(ISBN978-2-84950-18-63).
↑Il est ainsi qualifié de« pape réactionnaire » par laRevue d'histoire ecclésiastique :Volume 56, Université catholique de Louvain (1835-1969),p. 209. Voir aussiPierre Milza etSerge Berstein,L'Italie, la papauté, 1870-1970, Masson éditeur,, « PieIX ou le refus du monde moderne ».
↑Selon de Smedt, cité dansRenata Latala et Jacques Rime,Liberté religieuse et Église catholique: héritage et développements récents, Éditions Universitaires Fribourg,coll. « Studia Friburgensia »,(ISBN2827110547),p. 25.
↑Il considère que l'opinion suivant laquelle« l'Église doit être séparée de l'État ; et l'État séparé de l'Église est funeste et pernicieuse » :PieIX,Syllabus, propositionno 55. Texte présenté dans Jean-Robert Armogathe,PieIX, Quanta cura et Syllabus, Paris, Pauvert, 1967,p. 49-71.
↑Émile Poulat,Liberté, laïcité : la guerre des deux France et le principe de la modernité, Éditions du Cerf, 1988.
↑Dans la préface d'un livre qu'il a écrit contre Darwin, un certain docteur Jammes cite une lettre que le papePieIX lui aurait envoyée : ce dernier qualifie l'ouvrage de Darwin de« doigt du démon », cité dans un article deLa Recherche (http://www.larecherche.fr), « Dieu menace-t-il Darwin ? »
↑https://www.firstthings.com/article/2005/10/development-or-reversal (Avery Dulles) :"In 1866 the Holy Office, in response to an inquiry from Africa, ruled that although slavery (servitus) was undesirable, it was not per se opposed to natural or divine law. This ruling pertained to the kind of servitude that was customary in certain parts of Africa at the time". Voir aussi John Perry,Catholics and Slavery, 2008,p. 64-65.
↑L'infaillibilité pontificale, en tant que telle, sera exercée en 1950, par le papePieXII lors de la proclamation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie.
↑Voir Raymond Jonas, « Le Monument comme historiosophie ; la basilique du Sacré-cœur », dans « La butte Montmartre et le Sacré-Cœur »,Cahiers du CREPIF,no 53, décembre 1995.
↑Voir la prise de position de « Pour un Autre Visage d'Église et de Société » (P.A.V.E.S.), collectif belge de catholiques de gauche :« P.A.V.E.S. considère la béatification dePieIX comme un jeu d'équilibre politique voué à l'échec ».