Marie Noël, nom de plume deMarie Rouget, née le àAuxerre et morte le dans la même ville, est unepoétessefrançaise, appréciée par Valéry, Montherlant ou Aragon et ayant reçu, de son vivant, de nombreuses distinctions.
Marie Noël est particulièrement connue pour son œuvre poétique se rattachant à lachanson traditionnelle, ses contes, ainsi que pour sesNotes intimes écrites en1959.
Elle a entretenu des correspondances avec plusieursintellectuels de son époque.
Elle naît d'une famillecatholique pratiquante et dans une ville bouleversée par l'anticléricalisme et lejansénisme. Elle ne s'éloignera que très peu de sa ville natale et de la maison de ses parents, si ce n'est pendant laSeconde Guerre mondiale.
Marie Noël naît dans une famille très cultivée, respectueuse de la tradition catholique, mais sans aller au-delà de l'assistance aux offices lorsqu'il le faut. Louis Rouget, son père, est agnostique ; il est agrégé de philosophie, professeur de philosophie et d'histoire de l'art au Collège d'Auxerre. Sa mère, née Marie-Emélie-Louise Barat, est croyante et d'un naturel plus ouvert et plus enjoué que son père. Elle est issue d'une vieille famille auxerroise, compagnons de rivière depuis les années 1400, puis charpentiers de bateaux, et enfin entrepreneurs en bâtiment depuis le XVIIIe siècle.
Auxerre est au tournant du siècle très influencée d'un côté par l'anticléricalisme de la IIIe République et de l'autre par des siècles dejansénisme, mettant l'accent sur la crainte de Dieu.
La famille a l'habitude de se réunir au salon de musique pour jouer de la musique. Les grands-parents qui demeurent à côté sont très présents et sa grand-mère Marie-Théodorine raconte avec force détails les anecdotes du passé.
Marie, bonne pianiste et férue de lectures, reste célibataire et s’éloignera très peu de sa ville natale. Sa vie n'en fut pas lisse pour autant : un amour de jeunesse inavoué et déçu (et l’attente d’un amour qui ne viendra jamais), son jeune frère, Eugène, retrouvé mort dans son lit un lendemain deNoël 1904, les crises de safoi… tout cela sous-tend une poésie aux airs dechanson traditionnelle. Elle correspond avec l'abbé Mugnier dans sa jeunesse et rencontreVincent d'Indy.
De 1895 à 1941, elle vit dans la grande maison construite par son père en 1895[2], puis, lorsque les Allemands en occupent le rez-de-chaussée, déménage dans la maison contiguë de ses grands-parents, au premier étage, avec sa mère et sa tante.L'été, elle loue à l'année une grande maison àDiges, près d'Auxerre, pour profiter de la campagne.
Devenue presque aveugle, elle meurt apaisée la veille de Noël 1967, ayant communié une dernière fois.
Femme passionnée et tourmentée, elle n'est souvent connue que pour ses œuvres de « chanson traditionnelle », au détriment de ses écrits plus sombres dont la valeur littéraire et la portée émotive sont pourtant plus fortes, notamment le poème pour l'enfant mort, véritable « hurlement » (titre d'un autre de ses poèmes) d'une mère écartelée entre sa souffrance quasi animale et sa foi en Dieu appelant à l'acceptation (Marie Noël était profondémentcatholique, voiremystique[4]). Le déchirement entre foi et désespoir, qui culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti, est ici particulièrement poignant, selon la lecture que fait Jeanne-Marie Baude desNotes intimes[5].
À sa mort en 1967, elle lègue son œuvre et son appartement, qui est resté inchangé, à laSociété des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. Cette société savante — fondée en1847 — gère et étudie son œuvre à travers de nombreuses publications.
Depuis le, sa maison, au numéro 1 de la rue Marie-Noël à Auxerre, est labelliséeMaison des illustres[8]. La même année, une rue portant son nom est inaugurée àAutun, enSaône-et-Loire[9].
Bernard Bonnejean, « Marie Rouget, Marie Noël en poésie » inClio et ses poètes - Les poètes catholiques dans leur histoire (1870-1914), Paris,Le Cerf, 2007, pp.83-90.
Benoît Lobet,Mon Dieu, je ne Vous aime pas !, Foi et spiritualité chez Marie Noël, Paris,Stock, 1994 et 1995; rééd.Nouvelle Cité, 2009.
Christian Chabanis,Marie Noël à la recherche de l'amour perdu, Paris, Cerf Volant, numéro 123, 1er trimestre 1985.
Raymond Escholier,La neige qui brûle, Marie Noël,Arthème Fayard, 1957.
Gérard Mottet,Femmes en Bourgogne, Péronnas, Société d’émulation de l’Ain, 22-23 octobre 2016, 173 p.(ISBN978-2-9507275-7-2), « Marie Noël »,p. 161-170
Études sur Marie Noël publiés dans leBulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne
Larangé (Daniel S.),Du discours mystique dans l’œuvre poétique de Marie Noël, 2010,p. 39-48.
Claude (Chrystelle),« Petite apologie de l’Almanach pour une jeune fille triste », I-XXVIII, préface de l’Almanach pour une jeune fille triste, Paris,Desclee de Brouwer,.
Claude de Boissieu (Chrystelle), « Écrire, disent-elles... Une vocation au féminin », pp. 233-243, inRésonances, La Vocation au féminin, études réunies par Gérald Préher, Volume II, n°16, 2019.
« Le largo de la Fantaisie n° 7 deGeorg Philipp Telemann aiguise une émotion que tempère la prière pour les « médecins » de Marie Noël : « Donnez au médecin la Grâce, pour qu’en son plus mauvais moment, dans son incertitude, sa faiblesse d’homme, son trouble, il reste toujours assez sage, toujours assez bon, toujours assez pur, digne de la douleur sacrée dont la foi s’est donnée à lui. Donnez au médecin la Fidélité dans la Miséricorde, pour qu’il n’oublie pas, n’abandonne jamais le moindre des misérables qui à lui se fie ». »