Membre du Conseil économique, social et environnemental |
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Nom de naissance | Marie-Claude Wetta |
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Marie-Claude « Andie »Tjibaou, néeMarie-Claude Wetta le àPonérihouen (Nouvelle-Calédonie), dans la tribu de Néouta, est unefemme politiquefrançaisekanak, veuve du leaderindépendantisteJean-Marie Tjibaou.
Marie-Claude Wetta est née au sein d'une véritable dynastie politiquenéo-calédonienne, de traditiongaulliste. Son père,Doui Matayo Wetta (1917-1980) fut ainsi membre fondateur le de l'Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF), l'un des deux partis créés après l'abolition du code de l'indigènat cette année-là pour représenter lesKanaks, avec l'Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l'ordre deRock Pidjot. Ces deux mouvements avaient alors pour fondement les organisations missionnaires, très influentes dans le monde mélanésien, l'AICLF étant d'inspirationprotestante et l'UICALO étantcatholique. Les deux partis fusionnent en1953 sous la direction deMaurice Lenormand pour former l'Union calédonienne (UC), avec le slogan « Deux couleurs, un seul peuple ». L'UC commence alors une longue période de domination politique qui durera plus de vingt ans, et Doui Matayo Wetta est élu sous ses couleurs, devenant l'un des neuf premiers Mélanésiens à siéger au conseil général du territoire. Il est ensuite ministre des Relations publiques, de l'Information, de l'Éducation de base et de la Coopération dans le Conseil de gouvernement de1958 à1962. Il rejoint progressivement le camp gaulliste à partir de1960, s'opposant à la vision trop autonomiste, puis indépendantiste à partir de1977, et au caractère autoritaire deMaurice Lenormand. Il participe à la création duRassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) deJacques Lafleur en1977[1].
Le frère aîné de Marie-Claude Tjibaou,Henri Wetta, fut également membre duRPCR, sous les couleurs duquel il fut membre du Conseil de Gouvernement (le seul membre d'opposition de cet exécutif alors présidé parJean-Marie Tjibaou) de1982 à1984, de l'Assemblée territoriale puis duCongrès du Territoire de1984 à1988 et de1989 à son décès en1991, et président de la Région Est de1988 à1989.
Sportive de haut niveau, elle participe auxJeux du Pacifique Sud pour lelancer de poids : elle est médaillée d'argent àNouméa en1966 et àGuam en1975 et d'or àPort Moresby en1969 et àPapeete en1971[2]. Elle suit une formation de cinq mois à l'Institut national du sport et de l'éducation physique en1971.
Elle s'engage très tôt dans l'action pour l'amélioration des conditions de vie desKanaks et dans la promotion de la culture mélanésienne, en travaillant comme conseillère rurale au Service de l'éducation de base de1971 à1975. C'est à cette époque qu'elle rencontre un ancien prêtre tout juste rendu au statut de laïc et diplômé d'ethnologie de l'École pratique des hautes études,Jean-Marie Tjibaou. Alors que celui-ci est catholique et est en train de théoriser l'idée d'indépendance kanak, tandis qu'elle vient d'une famille loyaliste et protestante, ils se marient en1972. Ils auront six enfants ensemble.
Recrutée au Service Jeunesse et Sports de1974 à1976, elle participe activement à l'organisation du festivalMélanésia 2000, sous la direction de son époux (et avec la participation également de son père, Doui Matayo Wetta, qui assure notamment la traduction desSymboles de l'histoire kanake, pièce écrite par Jean-Marie Tjibaou et Georges Dobbelaere, et dans laquelle Marie-Claude Tjibaou joue le rôle de « la femme de la lignée maternelle »).
Elle est ensuite secrétaire du Fonds d'aide et de développement de l'Intérieur et des Îles (FADIL) puis de l'Organisme de développement de l'Intérieur et des Îles (ODIL) de1976 à1985, avant de mettre en place des projets de développement dans la Région Nord, présidée par son époux, pour l'Office de développement des régions (ODER) puis l'Agence de développement rural et d’aménagement foncier (ADRAF). Pendant les Évènements, elle seconde son mari, devenu le leader duFLNKS et de l'autoproclamé « Gouvernement provisoire de Kanaky ».
Après l'assassinat deJean-Marie Tjibaou le àOuvéa, elle acquiert une véritable autorité morale auprès des indépendantistes et de la population kanak en général. Elle continue son action associative en faveur des Mélanésiens, notamment sur le plan culturel : elle participe ainsi à la création en1990 de l'Agence de développement de la culture kanak (ADCK), prévue par lesaccords de Matignon, et en prend la présidence du conseil d'administration, devenant l'un des principaux artisans de la réalisation duCentre culturel Tjibaou. De plus, elle est membre de laPacific Islands Museum Association (PIMA) et prend la présidence du Comité organisateur du Festival des Arts du Pacifique, créé en1992 pour mener les délégations néo-calédoniennes aux festivals desÎles Cook en1992 puis desSamoa en1996 et pour organiser celui deNouvelle-Calédonie en2000. Elle est présidente du Comité organisateur du 4e Festival des Arts Mélanésiens qui se déroule en 2010 en Nouvelle-Calédonie. Elle est présidente d’honneur de l’association d’échanges culturels entre la Nouvelle-Calédonie et le Japon.
Mais elle est également présente dans le domaine social, avec notamment l'association « Violences sexuelles » qu'elle fonde en1992 ou en tant que vice-présidente de l'association pour la protection contre les abus d’alcool (APAA). Ce militantisme lui vaut d'être membre du Conseil économique et social de la Nouvelle-Calédonie jusqu'en1999, puis auCES national où elle est nommée en tant que membre du Groupe des représentants de l'outre-mer en septembre1999 sur proposition du secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer d'alors (à savoir Jean-Jack Queyranne). Elle reste au sein de cette institution à la fin de son mandat en2004, mais désormais au sein du groupe des personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique et culturel, nommée par décret du Conseil des ministres à la demande du Premier ministre (alorsJean-Pierre Raffarin) en septembre2004. Elle siège jusqu'en.
Sur le plan politique, elle reste une personnalité écoutée des instances dirigeantes de l'Union calédonienne et duFLNKS, et est investie par ce dernier pour porter ses couleurs auxélections sénatoriales de2001 face au sortantRPCRSimon Loueckhote (elle est battue par 52,63 % des suffrages exprimés contre 47,37 %). Elle est, de1995 à2000, conseillère municipale deHienghène, commune de la côte est de laGrande Terre dont son époux fut maire de1977 à sa mort en1989.
En vue desélections provinciales du, elle est présente en seconde position sur une liste « Ouverture pays » menée parLouis Mapou, d'autres dissidents des différentes composantes duFLNKS opposés à la candidature deRock Wamytan à la tête de la liste unitaire du front indépendantiste enProvince Sud et lasection locale duParti socialiste (PS), et qui, plus généralement, militent désormais pour dépasser la « logique des blocs » traditionnels enNouvelle-Calédonie (indépendantistes contre loyalistes). Cette liste obtient le sixième score sur dix candidatures, avec 2 974 voix et 4,91 % des suffrages exprimés, pour aucun élu.
Dans la même logique, elle mène une liste baptisée « Engagement citoyen » pour lesélections municipales de àNouméa. Présentée par ses meneurs le depuis l'antenne de lasection locale duPS, aucentre-ville deNouméa, elle est soutenue par cette dernière formation mais aussi par leParti de libération kanak (Palika), en opposition avec la liste d'ouverture indépendantiste formée par leFLNKS, et elle retrouve également beaucoup de personnalités degauche (dont beaucoup d'anciennes figures de l'UC ou du mouvement indépendantiste) qui étaient déjà présentes en2009 sur la liste « Ouverture citoyenne » (par exemple Élie Poigoune ouJean-Pierre Déteix)[3]. Lors de l'annonce de sa candidature à la mairie deNouméa, Marie-Claude Tjibaou se présente comme « une citoyenne » plus que comme une femme politique et se justifie ainsi : « Si on doit construire laNouvelle-Calédonie de demain, c’est àNouméa où vivent la plupart des habitants de ce pays. S’il y a un travail à faire, c’est ici que je dois le faire »[4]. Durant sa campagne, la liste met l'accent sur le « rééquilibrage » entre les quartiers Nord et Sud, sur la réforme de la politique des transports, sur la création d’espaces de rencontres (par exemple une maison des associations), sur une présence voulue plus forte de la culture kanak dans la ville ou sur le « vivre ensemble » (notamment en proposant de créer des crèches municipales)[4]. Elle perd face à l'UDISonia Lagarde, qui est élue maire.
Marie-Claude Tjibaou est choisie pour figurer sur la liste duPS dans lacirconscription Outre-Mer pour lesélections européennes du, en tant que tête de liste pour lasection Pacifique.