Marcel Van ouMarcel Nguyễn Tân Văn, né le à Ngăm Giáo,Bắc Ninh (Viêt Nam), et décédé le, est un religieuxrédemptoriste,mystique etmartyrvietnamien. Souhaitant devenir prêtre très jeune, il suit très tôt une scolarisation chez un curé où il souffre de la faim et de mauvais traitements. Il finit par entrer à16 ans chez les pèresRédemptoristes du Vietnam où il peut enfin suivre un enseignement scolaire et spirituel normal. Il meurt dans un camp de travaux forcés auVietnam du Nord après l'indépendance du pays.
Joachim Nguyễn Tân Văn (davantage connu sous le nom religieux de frèreMarcel qu'il prendra plus tard) est né le à Ngam Giao (petit village au nord duViêt Nam), dans une famille profondément chrétienne[1]. Van estbaptisé le lendemain de sa naissance sous le patronage desaint Joachim. Durant son enfance, il fait montre d'un caractère joyeux et espiègle. À l'âge de3 ans déjà, il exprime souvent le désir de devenir saint. En 1932 naît sa sœur Anna Nguyễn Thị Lê. On envoie alors le petit Joachim Van demeurer chez sa tante, parce qu'il accapare un peu trop sa petite sœur. Il reviendra chez ses parents vers l'âge de6 ans[H 1].
Parce qu'il souhaite faire sapremière communion, lecuré l'envoie aucatéchisme[H 2]. Van, bien éduqué par sa mère, la fait6 mois plus tard malgré son jeune âge.
Ce jour béni, il demande deux grâces à Jésus :
De garder son cœur pur afin de l'aimer de tout son cœur.
D'accorder à tous les hommes une foi solide et parfaite.
Peu après, Van commence à fréquenter l'école, mais il doit arrêter après2 mois, à cause d'un épuisement dû à la grande sévérité du maître.
Sa mère conduit Van chez l'abbé Joseph Nha, à la cure deHuu-Bang, pour qu'il puisse se préparer à devenirprêtre[H 3]. Van est autorisé à communier tous les jours, permission déjà donnée par le curé de Ngam-Giao. Cela suscite l'admiration de ses petits camarades, mais rend les catéchistes[N 1] jaloux. L'un d'eux, le maître Vinh, lui rend la vie particulièrement dure. Il tente par deux fois de le violer, le bat, l'empêche de communier, le prive de nourriture et tente même de l'empêcher de réciter sonchapelet[H 4]. Courageusement Van résiste, en s'appuyant sur une inébranlable confiance en laVierge Marie.« Grâce à elle », écrit-il,« le démon n'a jamais réussi à me vaincre ». Finalement, Vinh est chassé de la cure avec quelques autres catéchistes, ce qui laisse un court répit à Van[H 5].
En 1938, des inondations provoquent unefamine dans la région. Van est contraint d’effectuer de durs travaux à la cure. De plus, sa famille tombe dans la misère à cause des inondations et ne peut plus supporter financièrement l’éducation de son fils. Elle confie alors l'entière responsabilité de l’enfant à l’abbé Nha, qui se met à l’exploiter comme sonboy[H 6]. À12 ans, après qu'il a obtenu soncertificat d’études primaires, l’abbé Nha arrête définitivement la formation de Van[H 7].
Van finit par prendre la fuite. Il erre durant un certain temps, manque même d'être vendu et finit par aller retrouver sa famille[H 8]. Sa mère le ramène à la cure de Huu-Bang. Là, il s'associe avec d'autres jeunes pour former une sorte de ligue de résistance pour combattre les mauvaises mœurs de certains catéchistes[H 9].
En, âgé de treize ans, Van apprend qu'il est accepté aupetit séminaire deLan Song, tenu par lesDominicains[H 9]. Quelques mois plus tard, le petit séminaire doit fermer car il a été réquisitionné par l'armée japonaise[H 10]. Van a la chance de pouvoir poursuivre ses études à la cure de la paroisse Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus deQuang Uyên[H 11]. C'est là qu'il découvre durant l'été 1942 l'autobiographie de lacarmélite de LisieuxHistoire d'une âme[H 12], après avoir vénéré laSainte Vierge, lui demandant de l'éclairer. En effet, Van ressent en son cœur un désir ardent de devenir un saint mais il connaît sa faiblesse. La sainteté lui semble impossible à réaliser[N 2]. Est-ce une tentation dudémon ? Le livre deThérèse de Lisieux va être pour lui une révélation. Oui, la sainteté est possible même pour les petits. À travers ce livre, il rencontre pour la première fois la spiritualité desainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, qu'il choisit alors comme sœur spirituelle. Peu de temps après, Van raconte avoir reçu une très grande grâce. Van raconte dans sa biographie[N 3] que sainteThérèse lui apparaît et discute familièrement avec lui. Il ajoute également qu'il va alors s'entretenir régulièrement avec elle[N 4],[H 13]. Van raconte qu'elle lui enseigne sa « petite voie », ce qui est pour lui une révélation. Il dit aussi que Thérèse lui demande de prier pour les Français.
Van indique que leur première rencontre, en 1942, se déroule sur la colline proche de Quang Uyên. Thérèse lui aurait parlé de Dieu, de son amour, de sa paternité et l'invitait à converser avec Dieu comme le feraient deux amis. Elle aurait dit que Dieu, en effet, s'intéresse même aux petites choses de la vie quotidienne. Van qui relate cet évènement dans son autobiographie explique que l'ensemble de l'enseignement qu'il a reçu de Thérèse est un développement de ce qu'elle lui a dit ce jour-là sur la colline.
Quelque temps plus tard, Van aurait eu unevision desaint Alphonse de Liguori, fondateur desRédemptoristes. Mais Van qui ne le connaissait pas encore, croit alors que c'estNotre-Dame des Douleurs qui lui est apparue[H 14]. Il raconte que quelque temps plus tard, dans une autre vision, Thérèse lui aurait indiqué l'identité du saint en lui disant que c'était dans son ordre religieux qu'il était appelé. En, Van est chassé du petit séminaire[H 15] et retourne à la cure de Huu-Bang, puis pour un bref séjour dans sa famille[H 16].
En, Van est reçu au couvent desRédemptoristes deHanoï[H 17]. Il y arrive le, mais on le renvoie presque aussi vite estimant, à cause de sa petite taille, qu'il n'a que12 ans, alors qu'il en a 16[H 18]. Pourtant, grâce à sa persévérance, trois mois plus tard, il est admis en communauté, et entre aunoviciat le. C'est alors qu'il y reçoit le nom de Marcel[H 19]. Dans sa biographie, Van indique que c'est à cette période que vont commencer ses dialogues avecJésus[H 20]. Le, Van indique que lors d'un de ses dialogues avec leChrist, ce dernier lui donne une« prière de compassion pour la France »[2]. À la demande de son supérieur, Van écrira le récit de son enfance, ainsi que ses colloques avec Jésus, Marie et Thérèse[N 5].
En juillet 1954, après lesaccords de Genève, le Viêt Nam est coupé en deux. Alors que de nombreux chrétiens fuient le nord pour se réfugier auViêt Nam Sud, Marcel Van qui est au sud, demande à retourner au Nord, devenucommuniste. Il est arrêté, le, jugé et condamné à15 ans de travaux forcés[H 21].
Il meurt d’épuisement et de maladie le à l'âge de31 ans[H 22], selon ce qu’il avait écrit à son supérieur en :« Qui peut connaître la force de l'amour, qui peut en connaître la douceur… Viendra un jour où je mourrai, mais je mourrai consumé par l'amour ».
Les« colloques » que le jeune Marcel dit avoir avec des saints du ciel abordent différents points de la foi chrétienne, ainsi que des visions mystiques sur l'avenir de la France et du monde.
Dans le livre desColloques, Marcel Van affirme que, le 14 novembre 1945 (jour anniversaire de la naissance de saintJean Eudes), Jésus-Christ lui aurait communiqué une « prière pour la France » :
« Petit enfant de mon Amour, écoute, je vais te dicter une prière et cette prière, je veux que les Français me la récitent… »
« Seigneur Jésus, aie compassion de la France,
daigne l'étreindre dans ton Amour
et lui en montrer toute la tendresse.
Fais que, remplie d'Amour pour toi,
elle contribue à te faire aimer de toutes les nations de la terre.
Ô Amour de Jésus, nous prenons ici l'engagement de te rester à jamais fidèles
et de travailler d'un cœur ardent à répandre ton Règne dans tout l'univers.
Amen. »
Jésus a ensuite dit à Marcel Van :
« Ô mon enfant, dis aux Français que cette prière est celle-là même que je veux entendre de leur bouche. Elle est sortie de mon cœur brûlant d'amour et je veux que les Français soient les seuls à la réciter. Quant à toi, mon enfant, je veux que tu la récites aussi mais tu la réciteras également enfrançais (ton directeur y pourvoira) ; car j'ai voulu, ô ma petite fleur, que dès le début de ta croissance, tu sois orienté par la petite fleur de France, vers le soleil de mon Amour. »[3].
Le texte de cette prière a été diffusée sous forme de petites images à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires[4].
Selon ce même livre desColloques, le 1er janvier 1946, Jésus-Christ donna au petit Marcel saintJean Eudes, grand propagandiste du culte auSacré-Cœur de Jésus et auCœur immaculé de Marie, canonisé en 1925, comme « patron de l’année ».
Dans le livre desColloques[H 23], Marcel Van affirme que Jésus-Christ aurait tranché ainsi le débat catholique séculaire au sujet des enfants morts sans être baptisés :
« JÉSUS : Rappelle-toi bien ceci. Naturellement, les petits enfants n’ayant pas encore l’intelligence, n’ont pas non plus de volonté. L’intelligence sert à comprendre si une chose est bonne ou mauvaise et la volonté à agir conformément à ce que comprend l’intelligence. Ces deux facultés-là sont les plus nécessaires. Or, ces facultés nécessaires, les enfants ne les possèdent pas encore. Ainsi donc, il faut maintenant qu’une autre volonté prenne place dans le cœur de ces petits enfants ; et si cette volonté agit d’une façon conforme au bien, c’est tout comme si ces petits enfants agissaient eux-mêmes.
Cependant, pour que cette volonté produise son effet, il faut qu’elle agisse de façon conforme au bien, conforme à la vérité même. Si, au contraire, elle agit d’une façon opposée au bien, opposée à la vérité, cette volonté ne produit pas son effet.
Maintenant, tout ce que tu as à faire, c’est de placer ta volonté dans le cœur des petits enfants et, alors, eux aussi appartiendront aussitôt à la Sainte Église. Et s’ils viennent à mourir avant l’usage de la raison, ils monteront quand même au ciel avec moi, parce qu’ils ont ta volonté qui agit en eux. Et puisque tu as la volonté de croire tout ce que la Sainte Église enseigne à croire, et aussi la volonté de m’aimer… Il se fait que ces enfants ont, eux aussi, la même volonté que toi, de sorte que leur âme m’appartient entièrement, qu’elle appartient à la Sainte Église. Bien que ces enfants ne connaissent rien, il y a cependant en eux la volonté d’un autre qui connaît, de sorte que, tout en ne connaissant pas, il se fait qu’ils connaissent.
Petit frère, comprends-tu cela ? Offre-moi ta volonté et, moi, je la mettrai dans l’âme des petits enfants qui vivent sur cette terre… À partir de maintenant, tu as donc la certitude que tous les petits enfants m’appartiennent déjà.
Petit frère, cette manière de vouloir que je viens de te révéler est quelque chose de nouveau. Jusqu’à présent, les petits enfants étaient également sauvés grâce à ce procédé, sans que les hommes n’en soupçonnent rien. Allons, petit frère, chasse la tristesse et sois joyeux. Comme tu es l’apôtre des enfants, il était nécessaire que tu connaisses ces choses.
Les enfants sauvés de cette manière sont baptisés dans l’amour même. Il leur est donné de confesser la foi dans l’amour, et cet acte d’amour, ils le posent au moyen de la volonté. »
« Père infiniment bon, tu as donné à Van la mission de "changer la souffrance en bonheur". Stimulé par l’exemple des saints et réconforté par la bienveillance maternelle de la Vierge Marie, il s’est totalement livré à ton Amour. Ô Jésus, donne-nous, à l’exemple de Van, de marcher à ta suite, "toujours joyeux par amour", sur ce chemin d’offrande et de simplicité avec une inébranlable confiance en ton Amour. Esprit-Saint, attiré par la faiblesse de Van, tu l’as embrasé de l’Amour. Donne à l’Église, nous t’en prions, de proclamer un jour sa sainteté, et accorde-nous la grâce que nous te demandons par son intercession (la nommer). Amen » – Imprimatur, Bourg-en-Bresse,.
En 2017, une pièce de théâtre a été réalisée en France, inspirée de sa vie[7].
En 2010, dans le cadre de travaux de rénovation d'une église à la Réunion, un vitrail est réalisé par Alban de Châteauvieux, artiste-illustrateur, affilié à la Maison des Artistes[8].
↑Dans le contexte local de cette église du Viêt Nam (à cette époque), le terme de« catéchiste » désignait des hommes qui avaient débuté une formation à la prêtrise, mais l'avaient stoppée en cours car« ils n'étaient pas adaptés à cette mission, ou n'avaient pas la vocation ». Ces« catéchistes » se trouvaient alors bloqués dans leur vie professionnelle et conjugale, sans pouvoir devenir prêtre, ni fonder une famille (du fait de la pression sociale causée par ce qui serait considéré comme un« échec ». Le rôle« honorifique » de catéchiste était alors une voie de garage pour eux, source de frustration.
↑En lisant la vie des Saints, Van voyait qu'ils faisaient tous de grandes pénitences, des jeûnes et beaucoup de sacrifices. Lui était conscient de ses faiblesses physiques (jeune enfant mal nourri à l'époque) et s'estimait incapable de tels« exploits ».
Père Gilles Bercevilleo.p.,Marcel Van, ou l'infini pauvreté de l'Amour, Paris/Versailles, Éditions de l'Emmanuel/Amis de Van,, 208 p.(ISBN978-2-35389-089-7,lire en ligne).
GillesBerceville etcollectif,Tu as du prix à mes yeux : Comprendre la Rédemption avec Marcel Van, Paris/Versailles, Éditions de l'Emmanuel,, 234 p.(ISBN978-2-35389-139-9).
CamilleLedigarcher et AlexandreIlic,Les voyages de Van : ce carnet de voyage retrace la véritable histoire de la vie de Marcel Van, Versailles, Amis de Van Éditions,, 84 p.(ISBN979-10-93096-31-5).
Renéede Tryon-Montalembert,Un saint de poche, Versailles, Amis de Van Éditions,, 70 p.(ISBN979-10-93096-10-0).
Père Eric de Kermadec,Ô Marie, tu es ma véritable mère, Versailles, Amis de Van Éditions,, 68 p.(ISBN979-10-93096-11-7).
Père Joseph Lê Phung,C.Ss.R. etPère Dominique Joly, C.Ss.R.,Van, un fils de Saint Alphonse, Versailles, Amis de Van Éditions,, 82 p.(ISBN979-10-93096-12-4).
AntoineBirot,Van s’efface pour laisser parler Dieu, Versailles, Amis de Van Éditions,, 112 p.(ISBN979-10-93096-20-9).
Olivier de Roulhac, o.s.b.,Les missions de Van, Versailles, Amis de Van Éditions,, 66 p.(ISBN979-10-93096-22-3).
GrégoireCorneloup,Les armes de Van dans les combats de la vie, Versailles, Amis de Van Éditions,, 78 p.(ISBN979-10-93096-24-7).
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ElizabethNguyên,La famille asiatique dépassée ou prophétique?, Versailles, Amis de Van Éditions,, 72 p.(ISBN979-10-93096-29-2).
Dominique Joly, C.Ss.R.,Van : un enfant devenu prophète de la vie, Versailles, Amis de Van Éditions,, 56 p.(ISBN979-10-93096-08-7).
LouisMenvielle,Thérèse et Van- souffrance et joie : le paradoxe de l’amour, Versailles, Amis de Van Éditions,, 70 p.(ISBN979-10-93096-28-5).
Gilles Berceville, o.p.,L’enfance sauvera le monde : Témoignage de Marcel Van et de Georges Bernanos, Amis de Van Éditions,.
LaurentAventin,L’enfance sauvera le monde : Témoignage de Marcel Van et de Georges Bernanos, Versailles, Amis de Van Éditions,, 90 p.(ISBN979-10-93096-32-2).
Collection "Prier avec Van" :
Jules Mimeault, C.Ss.R.,Rosaire en 35 mystères sur 7 jours, Versailles, Amis de Van Éditions,, 60 p.(ISBN979-10-93096-34-6).
MarcelVan etOlivier de Roulhac,Chemin de croix : textes tirés des écrits de Marcel Van, Versailles, Amis de Van Éditions,, 83 p.(ISBN979-10-93096-36-0)
Collectif,Neuvaine avec Marcel Van, Versailles, Amis de Van Éditions,, 58 p.(ISBN979-10-93096-37-7)