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Ne doit pas être confondu avecMarcel Dussault.
Marcel Dassault | |
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Fonctions | |
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Député français | |
– (15 jours) | |
Élection | 16 mars 1986 |
Circonscription | Oise |
Législature | VIIIe(Cinquième République) |
Groupe politique | RPR |
– (27 ans, 3 mois et 23 jours) | |
Élection | 30 novembre 1958 |
Réélection | 18 novembre 1962 5 mars 1967 23 juin 1968 11 mars 1973 12 mars 1978 14 juin 1981 |
Circonscription | 1re de l'Oise |
Législature | Ire,IIe,IIIe,IVe,Ve,VIe etVIIe(Cinquième République) |
Groupe politique | UNR(1958-1962) UNR-UDT(1962-1967) UD-Ve(1967-1968) UDR(1968-1976) RPR(1976-1986) |
Prédécesseur | Circonscription créée |
Successeur | Proportionnelle par département |
– (4 ans, 4 mois et 26 jours) | |
Élection | 17 juin 1951 |
Circonscription | Alpes-Maritimes |
Législature | IIe(Quatrième République) |
Groupe politique | RPF |
Sénateur français | |
– (2 ans et 19 jours) | |
Circonscription | Alpes-Maritimes |
Biographie | |
Nom de naissance | Marcel Ferdinand Bloch |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | 9e arrondissement de Paris (France) |
Date de décès | (à 94 ans) |
Lieu de décès | Neuilly-sur-Seine (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | RPF(1951-1955) UNR(1958-1967) UDR(1968-1976) RPR(1976-1986) |
Père | Adolphe Bloch |
Fratrie | Paul Dassault |
Conjoint | Madeleine Dassault |
Enfants | Serge Dassault |
Profession | Ingénieur aéronautique,patron de presse,scénariste,producteur de cinéma,homme d'affaires,inventeur,entrepreneur,homme politique |
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Marcel Dassault, néMarcel Ferdinand Bloch le dans le9e arrondissement de Paris et mort le àNeuilly-sur-Seine, est uningénieur,homme politique etentrepreneurfrançais. Il est surtout connu comme une personnalité de l'aéronautique etPDG duGroupe Dassault qu'il a créé.
Marcel Ferdinand Bloch est le fils d'Adolphe Bloch, médecin d'une société mutualiste, et de Noémie Allatini[1].
Marcel est le dernier d'une famille de quatre enfants : l'aîné Jules fait une carrière commerciale dans l'assurance, le deuxièmeDarius Paul Bloch devient général, le troisième, René, chirurgien des hôpitaux de Paris, meurt en déportation àAuschwitz[2].
Côté maternel, il est un petit-neveu dulivournaisMoïse Allatini, première fortune deSalonique et troisième fortune de l'Empire ottoman. Côté paternel, il descend d'une famillejuive alsacienne, originaire deFénétrange enMoselle (Lorraine). Son père, Adolphe Bloch né àStrasbourg en 1844, s'est installé àParis après y avoir fait ses études.
La famille Bloch est apparentée à celles deDarius Milhaud et deNissim de Camondo ainsi que celles des écrivainsJosé de Bérys et Francine Bloch[réf. nécessaire].
Marcel fait ses études secondaires aulycée Condorcet à Paris[3], avant d'entrer à l’École d'électricité Breguet (aujourd'hui l'ESIEE), puis d'intégrer l’École supérieure d'aéronautique et de construction mécanique (Supaéro) dont il sort diplômé en 1913. Marcel raconte dans son autobiographie qu'il est passionné par les exploits des aviateurs de son époque et décide d'embrasser la carrière aéronautique lorsque le[4], en récréation dans la cour de l'école Breguet, il voit leWright ducomte de Lambert boucler latour Eiffel[5].
Marcel Bloch est incorporé le au2e groupe aéronautique à Reims où il fait sesclasses en compagnie de l'aviateurDieudonné Costes. Le, il est affecté auLaboratoire de recherches aéronautiques de Chalais-Meudon dirigé par le colonelÉmile Dorand[6]. En 1915, associé à un ancien élève deSupaéro,Henry Potez, il y dessine l'hélice Éclair pour répondre à un appel d'offres de l'aviation durant laPremière Guerre mondiale[7]. L'armée française retient cette hélice et deux autres encore, parmi les 253 prototypes qui lui sont présentés. En 1917, les deux hommes, toujours soldats, créent la SEA,Société d'études aéronautiques et reçoivent le renfort deLouis Coroller. L'objectif est de concevoir le prototype d'un avion complet, un biplace d'observation, leSEA IV. L'armée retient leur prototype et en commande 1 000. Au moment de l'armistice, le, seulement 100 SEA IV ont été livrés. L'armée résilie alors le reste de la commande[8].
La paix revenue, le marché de l'aéronautique s'écroule. Potez persévère et crée sa propre compagnie d'aviation tandis que Bloch quitte le domaine aéronautique dans lequel il ne reviendra pas avant douze ans. Il se lance alors dans le commerce de meubles, dans l'immobilier et dans la carrosserie automobile[9].
En1928,Raymond Poincaré, alorsprésident du Conseil, institue unministère de l'Air chargé de soutenir le développement aéronautique par des ingénieurs. C'est l'occasion pour Marcel Bloch de revenir à l'aéronautique en créant laSociété des avions Marcel Bloch en1931 et de recevoir la commande de20 avions sanitaires à la fin de cette même année[10]. En 1933, pour honorer une commande plus importante de bombardiers bimoteursBloch 200, Marcel Bloch en sous-traite la fabrication aux usines de son ami Potez[11], avant de s'installer àCourbevoie dans une usine qui compte700 ouvriers en 1935[12].
Durant leFront populaire, en 1936-1937, la société Bloch est nationalisée et incorporée à laSociété nationale des constructions aéronautiques du sud-ouest (SNCASO), société d'économie mixte dans laquelle l'État est actionnaire majoritaire. Marcel Bloch est nommé administrateur délégué, c'est-à-dire principal dirigeant de la SNCASO. Outre l'usine de Courbevoie, la SNCASO possède une usine àBordeaux et une autre àRochefort.
Grâce au montant de l'indemnisation reçue lors de la nationalisation,, il fonde un bureau d'études, laSociété anonyme des avions Marcel Bloch (SAAMB). La SNCASO fait développer ses projets par ce bureau d'études, qui perçoit de substantiels droits de licence[13]. Cette situation lucrative vaudra à l'avionneur de devenir la cible d'attaques de l'extrême-droite, en particulier à travers l'hebdomadaireGringoire[14].
La course aux armements qui précède laSeconde Guerre mondiale se traduit par une croissance spectaculaire du secteur aéronautique. La SNCASO passe de 1 500 ouvriers en 1937 à 7 000 en 1940[15]. Une nouvelle usine est construite àChâteauroux[16]. Marcel Bloch qui dispose d'une usine àSaint-Cloud, dans l'ouest de la région parisienne, en fait construire une autre àThiers[17] dans lePuy-de-Dôme, et fondeBordeaux-Aéronautique, le.
Au début de l'année 1940, pour mettre un terme aux attaques dont il est l'objet, notamment du fait des liens ambigus entre la SNCASO et la SAAMB, Marcel Bloch démissionne de son poste d'administrateur délégué de la SNCASO[18] dans le Puy-de-Dôme.
Après la défaite de la France et l'armistice qui suit, Marcel Bloch se retire dans sa villa deCannes[19] située enzone libre, alors que son frère, le généralDarius Paul Bloch se rallie secrètement àde Gaulle immédiatement après sonappel du 18 Juin.
Enjuillet 1940, le constructeur allemandFocke-Wulf commande deux centsBloch 175[20]. CependantGringoirecontinue de se déchaîner contre le« Juif Marcel Bloch »[21]. Le 6octobre 1940, il est arrêté à Cannes et interné administrativement par legouvernement de Vichy d'abord dans l'Indre, àPellevoisin, puis en Ardèche, àVals-les-Bains, avec un certain nombre de personnalités dontMarx Dormoy,Vincent Auriol,Georges Mandel,Jules Moch et quelques autres dontEugène Montel, maire deColomiers (siège d'usines Dassault après la guerre)[22]. Le ministre de l'IntérieurMarcel Peyrouton obtient de son collègue de l'Air, legénéral Bergeret, qu'il soit libéré enjanvier 1941 et assigné à résidence àThiers où une usine aéronautique est en construction. Sa libération déclenche une nouvelle campagne de presse,Au Pilori se joignant àGringoire pour demander que Bloch soit jugé pour avoir« extirpé à l’État français la coquette somme de cent millions de francs pour une certaine convention de licence[23] ». Bloch rédige un mémoire de onze pages pour répondre aux attaques, mais Bergeret obtient qu'il soit à nouveau incarcéré à Thiers le 9avril 1941, puis transféré à lamaison d'arrêt de Riom[24]. Libéré sous caution le 13octobre 1941 après que la chambre d'accusation eut débouté l'appel de Bergeret, il est arrêté quelques heures après sa sortie sur ordre du même Bergeret et à nouveau interné administratif à Vals-les-Bains. Ses compagnons de détention sont alorsPaul Reynaud et lecolonel Groussard et de nouveauGeorges Mandel et legénéral Cochet[25]. Ses problèmes de santé justifient son transfert, enmars 1943, à la prison-hôpital d'Écully, près de Lyon où il séjourne jusqu'enmars 1944[26]. Pendant sa détention à Thiers, leCommissariat général aux questions juives envoie aux directions régionales du service d'épuration économique de Marseille et de Limoges l'ordre de procéder à des enquêtes sur les sociétés Bloch et sur les conditions dans lesquelles ont été construits un certain nombre d'avions, mais le comité d'organisation de l'aéronautique dirigé parJoseph Roos parvient à faire traîner les processus d'aryanisation si bien qu'aucune entreprise d'aéronautique n'est véritablement aryanisée selon les lois de Vichy[27]. En 1942 cependant, les autorités allemandes de laMilitärbefehlshaber in Frankreich (MBF, le Commandant militaire allemand en France) nomment un administrateur provisoire de l'entreprise Bloch à Saint-Cloud, Jean de Broë[27] tandis queClaude de Cambronne devient le représentant provisoire pour lazone libre.Henri Deplante, engagé par Bloch en 1930 et responsable du bureau d'études de la SNCASO en 1940, replié sur Châteauroux, puis sur Mandelieu est sollicité en pour rejoindre la région parisienne et travailler avec les Allemands, mais il refuse et passe en Espagne après l'invasion de la zone libre en[28].
Les raisons précises pour lesquelles Marcel Bloch est arrêté par laGestapo enmars 1944 ne sont pas très claires. Toujours est-il qu'il est interné à laprison Montluc, à Lyon, où son compagnon de cellule estAndré Frossard[29]. Madeleine, épouse de Marcel, et Claude, leur fils aîné, ont été également arrêtés le, mais relâchés le lendemain. Marcel les retrouve avec son autre filsSerge aucamp de Drancy, où il est transféré au mois dejuillet. Il est cependant déporté sans sa famille àBuchenwald, par leconvoi du 17 août 1944[30]. À Buchenwald, il porte letriangle rouge des prisonniers politiques[31]. De santé fragile et âgé de52 ans, Marcel Bloch peut redouter de ne pas survivre longtemps dans un camp de concentration particulièrement dur, mais il est repéré parFrager[32] et signalé auprès du « Comité des intérêts français » dirigé parMarcel Paul, membre duParti communiste français et chef de l'organisation clandestine du camp, et également par Albert Baudet. C'est à cette organisation qu'il doit d'être encore vivant à la libération du camp enavril 1945[33]. Il manifestera par la suite sa gratitude en nommant Albert Baudet directeur de la publicité du magazineJours de France et en versant chaque année une somme d'argent au journalL’Humanité et à laFédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP). Il témoignera publiquement en faveur de l'action de Marcel Paul à Buchenwald.
En1946, il fait changer son patronyme en Bloch-Dassault (décret paru auJournal officiel du), puis en Dassault (décret paru auJournal officiel du)[34]. Dassault est tiré du nom de codeChardasso, « char d'assaut », un des pseudonymes utilisés par son frère, le généralDarius Paul Bloch, dansla Résistance[35],[1] (assault étant la traduction anglaise d'assaut).
Tout juste après la guerre, la France bénéficie duplan Marshall, et fait partie de l'OTAN. L'entreprise de Marcel Dassault obtient une commande de construction d'une nouvelle flotte d'avions qui serait la première pour l'armée de l'air française avec des moteurs à réaction. C'est un des plus grands contrats d’armement qui représente un pourcentage non négligeable du plan Marshall. C'est ce contrat qui a permis à Marcel Dassault de se différencier et se distinguer des autres industriels d'aviation.
Marcel Dassault se convertit aucatholicisme en 1950[36]. En 1956, il est élevé à la dignité de grand-croix de laLégion d'honneur[37], plus haute distinction française.
Sa société devient lasociété des avions Marcel Dassault, puis la Générale aéronautique Marcel Dassault (GAMD), qui produit les premiers avions à réaction français :Ouragan (1949),Mystère II (1952),Mystère IV (1954),Super-Mystère B-2 (1955),Mirage III (1956),Mirage IV (1959) qui équipent les forces nucléaires françaises et l'avion civil, bi-réacteur d'affairesMystère-Falcon (1963). Puis leMirage F1 dont le premier vol a lieu en 1966. Une division électronique est également créée en 1954 pour le développement de radars.
Absorbant les usinesBreguet, la GAMD est renommée avions Marcel Dassault-Breguet aviation (AMD-BA) en 1971. Elle produit alors l'Alpha Jet (1973) avec l'allemandDornier, avion d'entraînement qui équipe entre autres laPatrouille de France, leJaguar avecBritish Aircraft Corporation, leMirage 2000 (1978), l'avion de transport de passagersMercure (1973), leRafale (2001) et des évolutions de la série desFalcon. Il se crée ainsi un groupe industriel militaire et civil centré sur l'aviation, l'électronique (Électronique Marcel Dassault) et l'informatique (Dassault Systèmes). Après l'élection deFrançois Mitterrand comme président de la République, en 1981, Marcel Dassault échappe à lanationalisation en faisant don à l'État de 26 % de ses actions. En 1990, la société AMD-BA est renomméeDassault Aviation et devient leader mondial dans ce domaine.
Il s'intéresse également à la presse en créant un hebdomadaire,Jours de France[notes 1], concurrent deParis Match, dans lequel il fit une part belle à l'aviation et à ses idolesChantal Goya etThierry Le Luron. Lui-même y tenait une rubrique, « le Café du commerce ». L'hebdomadaire, dont il est propriétaire, est distribué aux habitants de sa circonscription[38],[39].
En 1962, il fait aussi partie des actionnaires fondateurs deMinute[40].
Gaulliste, il estsénateur des Alpes-Maritimes, puisdéputé de l'Oise jusqu'à sa mort à94 ans. Il joue un rôle dans le début de la carrière deJacques Chirac, fils d'un de ses collaborateurs, en le recommandant àGeorges Pompidou. Doyen de l'Assemblée nationale de 1978 à 1986, il ouvrit, le jeudi, lapremière législature de gauche de l'histoire de laCinquième République[41].
Le, alors qu'il rentre avec son épouse en voiture d'un dîner en ville, celle-ci est enlevée sous ses yeux par des truands exigeant une rançon pour sa libération. Ils seront arrêtés et sa femme libérée deux jours plus tard[42]. Le,Action directe organise un attentat à la bombe contre son usine deSaint-Cloud.
Fondateur de laBanque commerciale de Paris, dirigée parAlbin Chalandon, il la fusionne en 1971 avec laBanque Vernes, donnant naissance à la Banque Vernes et commerciale de Paris. Il prend 30 % du capital de la nouvelle banque l'année suivante[43].
Au palmarès des plus grandes fortunes de France, il arrive premier en1985 avec sept milliards de francs[réf. souhaitée].
Marcel Dassault s'éteint le à l'hôpital américain de Neuilly, à l'âge de 94 ans. Il a droit à un hommage exceptionnel de la part dugouvernement Chirac qui organise ses obsèques en lacathédrale du diocèse aux armées, Saint-Louis-des-Invalides, le, geste unique envers un industriel français[44]. Il est enterré aucimetière de Passy à Paris (8e division). Son épouse Madeleine (née Minckès) meurt en 1992 à91 ans.
Son fils aîné, Claude (1920-2011), est autiste, et c'est le fils cadetSerge (1925-2018) qui prend la succession de son père à la tête du groupe. Serge Dassault aura quatre enfants :Olivier (1951-2021),Laurent (1953),Thierry (1957) et Marie-Hélène (1965) qui exercent diverses fonctions dirigeantes dans les sociétés familiales.
Régis Franc s'est inspiré de lui dans ses trois tomes deTonton Marcel - Capitaine d'Industrie, aux éditions Casterman.
Hergé a également été inspiré par Marcel Dassault pour créer le personnage deLaszlo Carreidas (albumVol 714 pour Sydney), un grand ingénieur aéronautique dont la firme produit un jet d'affaires révolutionnaire, mais qui est affligé de travers peu reluisants.
Ce prix apporte son soutien à la Fondation FondaMental pour améliorer la recherche sur les maladies mentales[45] :
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