Le surnom de « Maccabée » est celui deJudas, troisième fils du prêtreMattathias. L'étymologie en est controversée. Plusieurs explications ont été proposées pour ce surnom. Une proposition est qu'il vient du mot araméenmaqqaba, qui signifie « marteau », allusion à sa force dans les batailles. Il peut aussi s’agir de l’acronymeMaKaBi formé des premières lettres du verset bibliqueMi Kamokha Ba-elim, Hachem qui veut dire : « Qui est comme Toi entre les dieux, Seigneur », ou deMaqqebaï, abréviation pourMaqqabyahu, « désigné par Yahweh »[1] ; mais l'étymologie n'est pas assurée. De nombreux clubs sportifsisraéliens portent ce nom car « marteau » prend le sens de « mouvement ».
Dans la tradition chrétienne, le nom deMaccabées renvoie aux sept fils et à leur mère, dont lemartyre est rapporté au chapitre 7 dudeuxième Livre des Maccabées, et dont lesreliques se trouvent à labasilique Saint-Pierre-aux-Liens àRome. Ils sont à mettre en parallèle avec sainteFélicité et ses sept fils. L’insistance de ce deuxième Livre sur le martyre et sur la résurrection des morts est probablement à l'origine du sens dérivé de « cadavre » qu’a pris le mot macchabée (abrégé enmacchab oumacab).
La Révolte des Maccabées a été à la fois une révolte desJuifs pieux contre la dynastie grecque desSéleucides, et un conflit interne au peuple juif opposant des traditionalistes hostiles à l'évolution de la tradition juive au contact de la culture grecque et des Juifs hellénisants, plus favorables à l'adoption de comportements grecs compatibles selon eux avec laTorah. Cet épisode se situe auIIe siècle av. J.-C., entre-175 et-140. Les dirigeants de cette révolte sontMattathias et ses fils, notammentJudas Maccabée etSimon Maccabée.
Les sept fils Maccabées (ou « Sept-Saints Maccabées »)
Une mère et ses sept fils mis à mort par le roi de Syrie pour ne pas avoir voulu manger du porc, 1873.Ossuaire,Lumeau,Bataille de Loigny-Lumeau-Poupry 2 XII 1870 :Melius est nos mori in bello quam videre mala gentis nostrae (citation du premier Livre des Maccabées (1 Mac 3, 59).
Dans la traditionchrétienne, le nom desMaccabées évoque tout particulièrement les sept fils et leur mère, dont lemartyre est rapporté au chapitre 7 dudeuxième Livre des Maccabées. SelonPaul Perdrizet[2], le récit relatif aux Sept-Saints Maccabées provient d'Orient où il est encore très répandu, avant d'être diffusé en Occident auMoyen Âge. Le récit rapporte comment sept jeunes juifs, n'ayant pas voulu manger de viande de porc, interdite par laTorah, furent mis à mort sur ordre du roiséleucideAntiochos IV Épiphane.
Ni la mère des Maccabées, ni ses sept fils ne sont nommés dans le deuxième Livre des Maccabées. Leurs noms viennent de légendes ultérieures. La mère est souvent appelée Hannah ou Solomonia, et les sept fils portent les noms d'Abim,Antoine, Gourias, Éléazar, Eusébon, Hadim (ou Halim) et Marcel. Leur mémoire est honorée le1er août, avec celle du vieillard juifÉléazar(en) qui subit aussi le martyre pour avoir refusé de manger du porc.
Quelques lieux de culte leur ont été consacrés en France :
l’église Saint-Just-des-Maccabées, àLyon, évoque, à travers les martyrs des premiers temps du christianisme, les martyrs juifs de la période grecque. La première basilique, l’une des plus anciennes églises de Lyon, bâtie sur une ancienne nécropole romaine, était dédiée àsaint Just, évêque de la ville auIVe siècle, et aux sept frères Maccabées. Elle fut reconstruite auxXVIe et XVIIe siècles et dotée auXVIIIe siècle d’une façadenéoclassique rappelant la dédicace de l’ancienne basilique aux frères Maccabées : « Machabeis primo deinde sancto Iusto » (« Aux Maccabées d’abord puis à saint Just »). La rue des Macchabées, quant à elle, fait le lien entre les quartiersSaint-Just etSaint-Irénée. Elle part de la rue de Trion, passe par lamontée de Choulans avant de rejoindre la place Saint-Irénée ;
dans la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, àMiramont de Comminges, une représentation de leur martyre a été réalisée par le fresquiste catholique de rite oriental Nicolaï Greschny en 1949 ;
« Maccabees et Flavius Renatus »,Pays-Bas, 1190-1200
Après la mort de Judas (160), son frère Jonathan prit la tête des révoltés. Dans des conditions qui nous échappent largement, il parvint à s'installer à Jérusalem, en 157 ou en 152. Il fut le vrai fondateur de la dynastie qui gouverna la Judée jusqu'en 40 av. J.-C., à laquelle on donne le nom d'Hasmonéens.
Se succédèrent d'abord deux frères de Judas, Jonathan (160-143), puis Simon (143-135), puis le fils de Simon, Jean Hyrcan (135-104), son fils Aristobule (104-103), le frère de celui-ci Alexandre Jannée (103-76) et sa femme Salomé (jusqu'en 67), avant que leurs deux fils Hyrcan II et Aristobule II ne se disputent le pouvoir. Pompée, après la prise du Temple en 63, accorda le pouvoir religieux à Hyrcan mais le priva du titre royal tandis que son frère Aristobule était emmené à Rome pour figurer au triomphe de Pompée. Le dernier Hasmonéen, un fils d'Aristobule, Antigone Matthathias, résista jusqu'en 37.
Christophe Eoche-Duval,Une résistance juive d'hier à aujourd'hui : commentaire du livre des Maccabées, Versailles, Via Romana, 2024, 232 p.(ISBN978-2-37271-261-3).
↑VoirDictionnaire des noms propres de la Bible, par Odelain & Séguineau, sous la direction deRaymond-Jacques Tournay, École biblique de Jérusalem, Éditions du Cerf, 1978, 3e éd. en 1996, puis nouvelle éd. en 2002. Maurice Sartre reprend ces conclusions p. 354, note 40 de son ouvrageD'Alexandre à Zénobie : Histoire du Levant antique, ive siècle av. J.-C.- iiie siècle ap. J.-C., Paris, Fayard, 2003.
↑Paul Pedrizet,La Vierge de Miséricorde : étude d'un thème iconographique, Paris, A. Fontemoing,(lire en ligne)