En tant que mouvement religieux, le méthodisme a été lancé auXVIIIe siècle par leprédicateuranglaisGeorge Whitefield, mais c'estJohn Wesley qui fut l'organisateur du méthodisme, rejeté par l’Église d'Angleterre qui n'appréciait ni son insistance sur l'expérience religieuse personnelle ni sa préoccupation sociale. Les élites anglicanes étaient d'ailleurs très influencées par la philosophie religieuse répandue en Angleterre à l'époque et caractérisée par une hostilité à tout dogmatisme, teintée de rationalisme et de moralisme[3].
Alors que George Whitefield a eu très jeune une foi très vive, Wesley connaît à 35 ans une expérience religieuse marquante : parti dans lescolonies américaines pour prêcher sans avoir la conviction de son propre salut, il est très impressionné lors du voyage de retour, par la foi des missionnaires moraves au cours d'une violente tempête. Ses contacts approfondis avec lesfrères moraves l'auraient conduit, en 1738, à « une rencontre personnelle avecDieu », et il se met, à l'instar de Whitefield, à parcourir le pays à cheval en prêchant l'Évangile, rassemblant des foules en plein air, puisque l'Église anglicane établie n'offre pas d'accueil à ces activités.
Gwennap Pit, non loin deFalmouth (Cornouailles), dépression d'origine minière utilisée à de multiples reprises parJohn Wesley entre 1762 et 1789 pour ses prédications en plein air[4].
Sur le plan social, le méthodisme se développe surtout au sein des populations ouvrières où l’Église institutionnelle est le plus souvent absente, malgré le développement rapide des nouvelles cités ouvrières, avec leurs taudis et leur misère, du fait de la Révolution industrielle. La préoccupation sociale de John Wesley est très vive et il organise des services sociaux et des écoles dans les quartiers pauvres qu'il visite. Il est aussi l'un des premiers et éloquents défenseurs de l'abolition de l'esclavage. Son frèreCharles Wesley le seconde et devient l'un des auteurs de cantiques les plus prolifiques. Le chant d'assemblée jouera un rôle majeur dans les assemblées méthodistes. Ces assemblées sont à l'époque souvent de style charismatique, ponctuées de phénomènes collectifs de larmes, de cris de douleur ou de joie, voire d’hystérie[5]. Cet aspect émotionnel de la prédication de Wesley est très critiqué par lesanglicans.
Statue de John Wesley devant lachapelle Wesley établie par John Wesley en 1778 pour être sa première base à Londres. Un musée du méthodisme se trouve dans sa crypte.
Le nom de « méthodiste » vient du fait que Wesley a dès sa jeunesse participé à un cercle d'étudiants évangéliques où il a développé un système ou une « méthode » de prière et d'étude pour faire grandir chrétiens et nouveaux convertis dans leur foi. C'est seulement sur la fin de son ministère, en 1784, que John Wesley, en ordonnant de lui-même des diacres et des anciens, fait du méthodisme non plus un mouvement au sein de l’Église d'Angleterre, mais une église indépendante.
Le « Livre du Culte », officialisé par l’Église méthodiste unie, contient les rituels, les sacrements et l’ordre duculte utilisés dans cette église[6].
Un autre point marquant de la théologie de Wesley — comme de Whitefield — est son insistance sur lasanctification au plus profond des actes quotidiens de la vie du chrétien. Cette doctrine de laperfection chrétienne donnera lieu, enGrande-Bretagne et auxÉtats-Unis, à plusieurs mouvements religieux issus du méthodisme tels que lemouvement de sanctification (Holiness movement), et en particulier le mouvement évangélique dit « Mouvement pour une vie supérieure » (Higher Life movement). Leur idée maîtresse découle en grande partie de la conviction mise en exergue par le méthodisme, selon laquelle la sanctification personnelle est la manifestation concrète de la grâce de Dieu au travers duSaint-Esprit agissant directement dans les vies des chrétiens et dans le monde.
Le méthodisme s'est répandu rapidement dans les classes populaires des pays anglophones, en partie grâce aux nombreuxcantiques écrits parCharles Wesley, le frère de John Wesley. Si le chant d'assemblée entraînant ou émouvant a été important dès l'origine de laréforme protestante, il a été l'un des facteurs importants dans l'enracinement des croyances méthodistes[9],[10], en particulier dans la communautéafro-américaine, encore en partie constituée d'esclaves lors du développement du méthodisme auxÉtats-Unis[11].
Le méthodisme s'est développé surtout dans les pays anglophones ou dans leurs anciennes colonies. Les Églises anglaises et américaines sont les plus importantes, et elles restent autonomes.
À la mort de John Wesley en 1791, les« sociétés » méthodistes comptaient 540 prédicateurs et 134 600 membres[12]. Les églises méthodistes comptent en 2019,80 millions d'adhérents répartis dans 138 pays et 80 organisations ecclésiales[13].
À partir de 1840 aux États-Unis, le méthodisme donne lieu au développement dumouvement de sanctification, dont la frange radicale se sépare du méthodisme en 1894. Insistant sur l'expérience religieuse du baptême de l'Esprit, et sur ses manifestations physiques et émotionnelles, ce mouvement qui rencontre un grand succès aux États-Unis donne à son tour naissance à partir du tout début duXXe siècle aupentecôtisme et aux différentsmouvements charismatiques inspirés du Pentecôtisme. Ces derniers se sont aujourd’hui répandus dans le monde entier, où l’on compte environ 78 millions de pentecôtistes et 510 millions d’adhérents des différents mouvements charismatiques[14].
La plupart des confessions méthodistes en Afrique suivent la tradition méthodiste britannique et considèrent l'Église méthodiste de Grande-Bretagne comme leur église mère. À l'origine modelées sur la structure britannique, ces églises ont souvent adopté un modèle épiscopal spécifique depuis l'indépendance. Parmi ces églises, l'Église méthodiste nigériane est l'une des plus grandes confessions méthodistes du monde et l'une des plus grandes églises chrétiennes du Nigeria, avec environ deux millions de membres répartis en 2000 congrégations. Mais la communauté chrétienne au Nigeria s'émiette en de nombreuses Églises et sectes[15]. Les églises méthodistes ont également une implantation auGhana (ancienne colonie de laCôte-de-l'Or[16]) et enAfrique australe. Dans la deuxième partie duXXe siècle, avant la décolonisation, sont apparus également des mouvements religieux associant méthodisme et croyances traditionnelles africaines, comme la secteMai Chaza[17].
Par ailleurs, un deuxième foyer d’évangélisation méthodiste en France sera lancé avec l’arrivée, en 1868 à Strasbourg d’un missionnaire américain germanophone, le pasteur Johann Schnatz, suivi de plusieurs autres missionnaires germanophones. Neuf communautés en Alsace-Moselle sont les héritières de leurs efforts[20].
À part quelques groupes, la majorité de l'Église méthodiste (en dehors de l'Alsace) a rejoint en 1938 l'Église réformée de France.
Il existe en France quelques petits groupes d’Églises se réclamant du méthodisme. L’Église méthodiste en France s'est restructurée après la fusion mondiale en 1968 qui a vu naître l’Église méthodiste unie (enanglais :United Methodist Church,UMC). Membre de cette union d'Églises méthodistes, l’Église méthodiste en France a alors pris le nom de "Union de l’Église évangélique méthodiste". En 2005, un groupe de 6 communautés méthodistes issues du travail d'évangélistes de Grande-Bretagne auXIXe siècle a rejoint l'UEEM[22].
Une Société d'étude du méthodisme (SEMF)[23],[24] a été fondée à l'Institut protestant de Théologie de Montpellier en 2011. Elle a pour but d'étudier et de faire connaître les différentes facettes du méthodisme francophone, mais aussi international.
Des missionnaires méthodistes se sont installés au début duXIXe siècle dans les îlesTonga. En 1996, selon le recensement officiel, 41,3 %[25] de la population est membre de l'Église méthodiste.
William Booth, fondateur de l'Armée du Salut, et bien entendu son épouseCatherine Booth, qui influencée par la prédicatrice méthodistePhoebe Palmer, obtint de haute lutte l'égalité dans les responsabilités au sein de l'Armée du Salut.
« Wesley fut sans doute l’une des figures les plus marquantes du protestantisme. Éminent par son éloquence et sa piété, voire son martyre, il est à l’origine du méthodisme, et bien des wesleyanismes se réclament de ce grand nom ; plus largement, c’est grâce à lui que le mouvement “évangélique” moderne a pris son essor. »