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Médiomatriques | |
![]() Revers d'un quart destatère frappé vers 100 av. J.-C. | |
Période | Protohistoire etAntiquité |
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Ethnie | Celtes |
Langue(s) | Gaulois |
Religion | Celtiquegauloise |
Villes principales | Divodurum Mediomatricorum,Verodunum |
Région d'origine | Gaule Belgique |
Région actuelle | Moselle (France) |
Frontière | Leuques,Rèmes,Lingons |
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LesMédiomatriques, appelés aussiMédiomatrices, dulatinMediomatrici, sont un peuple de laGaule Belgique. L'actuel département français de laMoselle correspond à la majeure partie de leur territoire.
Ils s'installent sur ce territoire au cours duIIIe siècle av. J.-C. et atteignent leur apogée aux environs de 120-100 av. J.-C. Pendant laguerre des Gaules, ils ne participent que tardivement au conflit en envoyant des renforts àVercingétorix qui est assiégé dansAlésia. Après laconquête romaine, ils sont rattachés à laGaule Belgique.Auguste et son conseillerAgrippa tentent de romaniser la région avec notamment la construction de laVia Agrippa. À l'exception du passage des troupes deVitellius en 69, le secteur bénéficie de laPax Romana jusqu'au moment desinvasions barbares.
Leur principaloppidum,Divodurum Mediomatricorum, est situé au confluent de laSeille et de laMoselle, qui correspond aujourd'hui à la ville deMetz. Huit autresoppida complètent le maillage territorial le long des principaux axes routiers et fluviaux.
Au milieu duIer siècle av. J.-C.,Jules César, général et homme politique romain, les dénomme sous l'appellationMediomatrici etMediomatrices[A 1].Strabon, géographe et historien grec duIer siècle av. J.-C. etIer siècle, la mentionne sous le nom deΜεδιοματρικοί (Mediomatrikoì)[A 2].Tacite, historien et sénateur romain duIer et du début duIIe siècle évoque le nom deMediomatricos[A 3] accusatif pluriel deMediomatrici.Claude Ptolémée, géographe duIIe siècle, nous apprend que le nom des Médiomatriques en grec ancien estΜεδιομάτρικες[A 4].
L'ethnonymieMediomatrici[G 1] est une forme latinisée du gauloisMedio-māteres, qui signifie littéralement « mères du milieu »[1]. Il est formé avec la racinemedio- (« au milieu, central ») attachée à une forme plurielle demātīr (« mère »)[1]. Le nom pourrait être interprété comme signifiant « ceux qui vivent entre la Matrona (Marne) et les rivières Matra » (c'est-à-dire les rivières mères), ou peut-être comme « les Mères du monde du milieu »[1].
La ville deMetz est attestée en400 commecivitas Mediomatricorum (« civitas des Mediomatrici »)[2].
Les Médiomatriques sont un« peuple du nord-est de la Gaule »[G 1]. Ils se fixent auIIIe siècle av. J.-C.[H 1].
Ils font partie du peuple desBelges[3]. Leurs voisins sont lesLeuques au sud-est[D 1], lesTrévires au nord[D 1], lesRèmes à l'ouest, lesCatalaunes au sud-ouest et lesLingons au sud[A 5]. AuIer siècle av. J.-C., ce peuple domine lavallée de la Moselle dePont-à-Mousson àSierk, la vallée de laMeuse, dePagny àDun, la vallée de laSarre, de ses deux sources àSarreguemines, ainsi que les vallées de l'Orne, duRupt de Mad, de laSeille, des deuxNied et de laRosselle[4]. Les limites territoriales de ce peuple sont donc des cours d'eau importants : laMeuse, laMoselle, leRhin et laSarre[F 1].
Leur territoire semble s'être étendu d'abord de la forêt de l'Argonne jusqu'au Rhin[4] ou à laForêt-Noire pour une longueur d'environ 250 km[5],[C 1].Camille Jullian considère que les Médiomatriques devaient posséder le territoire allant ducol de Saverne jusqu'au Rhin. Pour lui, un peuple gaulois veut toujours posséder les deux versants d'une montagne[6]. Il base son interprétation sur l’œuvre deStrabon, lui-même s'étant inspiré des œuvres deJules César et dePosidonios d'Apamée qui ont parcouru la Gaule[6].
Sous le règne d'Auguste, laGaule romaine est réorganisée et les Médiomatriques conservent leur territoire à l'exception des terres situées entre lesVosges et le Rhin qui passent sous contrôle desTriboques[F 2].
Les Médiomatriques sont considérés comme un peuple de« moyenne grandeur »[G 1].
Les Médiomatriques s'installent dans sur la rive gauche duRhin au cours duIIIe siècle av. J.-C. accompagnés par lesTrévires et lesLeuques[7]. Au siècle suivant, ces tribus celtes doivent faire face aux tribus germaines voulant franchir lefleuve[7]. Les Médiomatriques atteignent leur apogée aux alentours de 120-100 av. J.-C. et commercent déjà avecRome[D 1],[F 2].
En 58 av. J.-C.,Jules César et seslégions sont contraints d'intervenir pour empêcher lesSuèves d'Arioviste de s'installer en Gaule[7]. Les Romains l'emportent sur lesSuèves, mais les Médiomatriques sont contraints de quitter l'Alsace et de laisser une partie de leur territoire auxTriboques, auxNémètes et auxVangions[7]. Pendant laguerre des Gaules, ce peuple n'entreprend aucune action contre les Romains à l'image desRèmes, des Trèvires et les Leuques[4]. Toutefois en52 av. J.-C., les Médiomatriques envoient une ambassade àBibracte auprès deVercingétorix et s'engagent à fournir un contingent de 5 000[G 1] à 6 000 guerriers à l'armée gauloise, afin de secourir Vercingétorix, assiégé àAlésia[4],[7].
En 51 av. J.-C., les Médiomatriques sont rattachés à la province de Gaule Belgique[8]. Peu après, au niveau politique, lacapitale passe de l'oppidum du Fossé des Pandours à unoppidum localisé plus à l'ouest[B 1]. Après l'avènement de l'Empire romain,Agrippa, fidèle conseiller de l'empereurAuguste fait bâtir laVia Agrippa qui traverse le territoire des Médiomatriques[D 2]. En 16-15 av. J.-C., l'empereur réorganise lesprovinces de Gaule, ils doivent céder la partie orientale de leur territoire auxTriboques[F 2].
Laromanisation des Médiomatriques reste toutefois plus lente que celle de leurs voisins lesTrévires[9],[10]. En effet,50 % des noms seulement ont uneonomastique latine et très souvent sans lestria nomina, avec un nom unique à l'image despérégrins[11].
En 69, leur nouvelle capitaleDivodurum Mediomatricorum est mise à sac par les armées deVitellius et 4 000 de ses habitants sont massacrés[12]. En 70,Civilis etClassicus se révoltent[12]. LaLegio I Germanica et laLegio XVI Gallica interviennent mais leurs deuxlégats, Herennius Gallus et Numisius Rufus, sont tués[12].
AuIIIe siècle, avec laréforme de Dioclétien les Médioatriques sont rattachés à laprovince de Belgique Première, dontTrèves devint capitale[4],[8]. Unpagus est élevé au rang de cité avec comme chef-lieuVerdun[8].Divodurum Mediomatricorum etTarquimpol (Decempagi) se dotent de murailles respectivement de55 ha et de12 ha[F 3].Hérapel etSarrebruck construisent des forts[F 3].
Les premiers signes du christianisme apparaissent dès la fin duIIIe siècle chez les Médiomatriques[F 4]. Après l'édit de Milan publié par l'empereurConstantin Ier en 313, Metz et Verdun accueillent un évêque[8]. À cette époque, l'Empire romain réorganise ses défenses et son cadre provincial, les Médiomatriques perdent la partie ouest de leur territoire au profit de la création du Verdunois[F 3].
Après l'invasion desHuns et leur défaite à labataille des champs Catalauniques en 451, lesRomains ne parviennent pas à reprendre durablement possession du territoire des Médiomatriques[8]. LesFrancs et lesAlamans l'occupent à partir de 470-475[8],[F 3].
Des Médiomatriques peuvent s'être installés près deNovare, dans le nord-ouest de l'Italie, où les noms de lieux font allusion à leur présence, comme Mezzomerico, dénomméMediomadrigo en 980[13].
Divodurum Mediomatricorum est le principaloppidum[14],[15] mais le territoire des Médiomatriques compte au moins huitoppida construits sur les principaux axes routiers et fluviaux de l'époque[C 1]. Ce sont principalement des places commerciales fortifiées[F 5].Decempagi possède des édifices qui égalent ceux deDivodurum Mediomatricorum[F 6].Bliesbruck avec son centre monumental et ses quartiers artisanaux,Caranusca,Senon où est présent un important sanctuaire ou encoreSchwarzenacker sont des petites villes et jouent un rôle administratif, cultuel ou économique[F 6]. L'oppidum du Fossé des Pandours est l'un desoppida les plus vastes de l'est de la Gaule[16]. Des villes plus ouvertes complètent le maillage territorial commeDelme ouScarpona[F 7]. Ces localités secondaires sans fortification ne disposent probablement pas de l'ensemble des activités desoppida[F 5].
L'oppidum deDivodurum Mediomatricorum se trouve à la croisée de routes terrestres importantes, sud-nord et est-ouest, et également fluviales avec la Moselle et la Seille où passe le commerce de sel de Marsal[H 1].
Les premières traces d'occupation du sol àMetz remonte à l'âge du Bronze, vers 1100-1000 av. J.-C.[E 1]. L'occupation se poursuit pendant lapériode de Halstatt[E 1]. À l'époque deLa Tène, la localité est entourée par les eaux de laMoselle à l'ouest et par celles de laSeille à l'est[E 2]. La localité est bâtie sur une colline et devient rapidement un carrefour commercial[E 3].
Un bourg gallo-romain s'installe au-dessus du village gaulois sous le règne de l'empereurAuguste, mais il est probablement incendié lors de larévolte de Florus et Sacrovir en 21[E 4]. L'oppidum prend alors le nom deDivodurum Mediomatricorum (« lieu des dieux, enceinte divine » des Médiomatriques)[17],[18] et devient le chef-lieu des Médiomatriques à la place de l'oppidum du Fossé des Pandours qui perd de son importance en raison du changement des voies commerciales[19],[D 2]. La cité se situe en effet sur laroute de la Germanie (Lugdunum-Augusta Treverorum) chargée de relier la capitale desGaules aux villes romaines sur lelimes rhénan et la voie romaineDivodurum Mediomatricorum-Argentoratum destinée à accéder aux sites de production du sel le long de la Seille[E 5].
La cité est incendiée par les troupes deVitellius en 69, qui massacrent plus de 4 000 habitants[H 1].
La cité se dote de troisthermes, de plusieursaqueducs, d'un petit et d'un grandamphithéâtre, d'unebasilique, de plusieurs nécropoles et d'un sanctuaire dédié àIcovellauna[E 6] auIIe siècle[H 1]. À son apogée, la cité fait100 ha et la population est alors estimée à15 000 à 20 000 habitants[H 1]. Une enceinte fortifiée de 3 km est édifiée, probablement auIIIe siècle[E 7]. La superficie de la cité est de70 ha[H 1]. À la fin duIIIe siècle, la cité perd une part de son territoire avec le développement de Verdun. En 451,Attila la pille[H 1].
L'oppidum du Fossé des Pandours est construit à la fin duIIe siècle av. J.-C. avec la construction d'une place forte destinée à surveiller lecol de Saverne à partir d'unéperon barré[20],[21],[C 2]. L'oppidum possède unmurus gallicus daté de 100 av. J.-C. de 600 m de longueur et d'une hauteur de 10 m pour protéger une superficie de170 ha, ce qui en fait l'un des plus importants en superficie de toute la Gaule[21],[B 2],[C 2]. À l'image desoppida de la fin deLa Tène, un deuxième rempart d'une longueur de 7 km est situé plus en avant dumurus gallicus[B 3].
L'invasion déclenchée par le chef germainArioviste dans la décennie 70 av. J.-C., puis l'installation desTriboques sur ordre deJules César pendant ou après laGuerre des Gaules font perdre de l'importance à cette place forte[C 3]. La localité perd de son poids stratégique après la défaite gauloise lors de la Guerre des Gaules en raison d'un nouvel axe de circulationRhône-Saône-Moselle et d'un déclin de l'axe ouest-est[5]. C'est à cette période que cetoppidum cesse d'être la capitale des Médiomatriques au profit d'une localité située plus à l'ouest[5],[B 1].
AuIer siècle, l'oppidum reste occupé mais sans réels rôles politiques ou économiques[C 4]. Le site de l'Uspann devient un relais routier sur lavoie romaine Strasbourg-Metz afin de permettre aux voyageurs de changer de chevaux, avant d'être abandonné à la fin duIIe ou au début duIIIe siècle[C 4].
Le site comporte une carrière de grès et des nécropoles situées hors de l'enceinte fortifiée[B 1]. Des quartiers d'habitations sont également attestés avec des maisons bâtis sur dessablières ou des poteaux[C 5]. Des liens commerciaux existent avec laCampanie pour l'importation de céramiques, de vin du sud de laGaule ou encore d’ustensiles en bronze[C 6]. D'autres liens commerciaux perdurent jusqu'à la fin duIer siècle av. J.-C. avec desoppida au sud de l'Allemagne.
Bliesbruck-Reinheim est occupé dès leMésolithique[D 3]. Le site se développe pendant laculture de Hallstatt, puis durantLa Tène où il est principalement connu pour sa tombe celtique duIVe siècle av. J.-C., dite de la « Princesse deReinheim »[22],[I 1].
Sous le règne de l'empereurClaude, la ville est créée vers 40-50[D 4]. Puis, laPax Romana permet à la localité de se développer : elle bénéficie d'une position stratégique majeure[23],[D 5]. En effet, elle est sur la voie reliant laBelgique Première et laGermanie supérieure, ainsi qu'à de nombreux fortins romains le long dulimes[24]. Une vastevilla obéissant à un plan axial est établie à proximité à la fin duIer siècle,« centre de production » et« lieu de résidence pour un aristocrate ». Le domaine lié à lavilla n'est pas connu, même si une ferme située à quelques centaines de mètres y était peut-être liée[I 2].
AuxIIe et IIIe siècles, levicus se développe avec la construction ducomplexe thermal, un centre monumental et une fontaine[D 6],[I 3]. Bliesbruck-Reinheim atteint son apogée auIIIe siècle avec une superficie de30 ha et 187 sites ruraux qui dépendent de cevicus avec de nombreuxmétayers etfermiers[25],[D 7].
À partir de 352, pendant le règne de l'empereurMaxence, levicus subit les invasionsalamanes[26]. Il s'ensuit un lent déclin au cours duIVe et duVe siècle[27],[D 8].
Au Moyen Âge, une partie des thermes sont réoccupés, puis toutes les ruines disparaissent dans la localité à partir duXVIIIe siècle[28],[D 9]. Le site est redécouvert au milieuXXe siècle[29].
L'agglomération secondaire se situe à 20 km de Bliesbruck et également dans la vallée de la Blies. Les fouilles ont surtout eu lieu entre 1965 et 1980, et reprennent dans les années 2010[I 4].
Elle est construite sur un axe de 900 m et comprend deux quartiers artisanaux et commerciaux. Des maisons, un sanctuaire et des thermes ont également été reconnus. Uneschola a été découverte, vaste édifice pourvu d'enduits peints : cet édifice était peut-être le« association professionnelle ou religieuse »[I 5].
Les quartiers reconnus sont datables dans leur état conservé desIIe siècle etIIIe siècle. Les constructions sont munies de portiques et comportent des pièces avec des boutiques et des installations destinées à l'artisanat. Les bâtiments sont profonds comme à Bliesbruck et possèdent parfois sur l'arrière des pièces pourvues d'unhypocauste[I 5].
L'agglomération était liée à unevilla située à 2,5 km, à Bierbach fouillée auXIXe siècle et près de laquelle un mausolée a été reconnu[I 5].
Senon, ville secondaire, est fondée probablement à l'époque dela Tène, au carrefour d'un important nœud routier à une quarantaine de kilomètres de la capitale des Médiomatriques :Divodurum Mediomatricorum et proche de la frontière avec lesTrévires[K 1]. À l'époque romaine, la ville se développe auIer siècle, puis atteint son apogée auxIIe et IIIe siècles et fait environ35 ha[K 2]. Plusieurs quartiers d'habitations existent[K 3]. À l'extérieur de la ville, des établissements ruraux (grange,villa) sont répertoriés[K 4].
Après lesréformes de Dioclétien puisde Constantin, la ville est rattachée à lacivitas Verodunensium auIVe siècle[K 5].
Après les invasionsfranques etalamanes de 256, puis à nouveau des Alamans et desJuthunges en 259, probablement au troisième quart duIIIe siècle, uncastellum rectangulaire est édifié rapidement[K 6]. L'armée romaine et leCésarJulien ont été assiégés par les Alamans, probablement dans cette forteresse, pendant l'hiver 356-357 selonAmmien Marcellin[K 7]. À partir duIVe siècle, la ville commence un lent déclin qui s'intensifie pendant le règne deValentinien II[K 8].
Les premières fouilles ont lieu au milieu suXIXe siècle et elles permettent de révéler desthermes[K 5]. AuXIXe siècle,Félix Liénard met au jour de nombreuses découvertes monétaires[K 5]. En mai 1917, lors de travaux pour l'armée, deux archéologues allemands, Friedrich Drexel et Heribert Reiners, découvrent uncastellum, unecurie et d'autres thermes, ainsi que douze monuments funéraires[K 5]. En 1924, plus de 10 000 deniers etantoniniens sont déterrés[K 5]. En 1970, les fortifications sont étudiées[K 5]. Depuis les années 1990, plusieurs prospections pédestres ont été effectuées[K 5]. À partir de 1997, un théâtre de 48 m de diamètre et cinq temples ont été découverts[K 9].
L'occupation de la campagne chez les Médiomatriques consiste en la création de fermes isolées construites près des voies de communications terrestres ou fluviales[F 8]. Ces lieux d'occupation se composent d'une ou deux maisons avec des bâtiments annexes de production et de stockage[F 8]. Des fermes disposent d'un enclos fossoyé, c'est-à-dire l'association d'un fossé et d'une palissade, ce qui demande du temps et de la main d’œuvre[F 9].
À partir de l'époque romaine, un cadastre est mis en place afin de prélever l'impôt[F 10]. Les bâtiments sont divers et variés : comme ailleurs en Gaule, lesvillas associent une partie résidentielle, ditepars urbana, et une partie agricole, ditepars rustica, tandis que des établissements ruraux plus modestes sont qualifiés de fermes par les archéologues[F 10]. Chez les Médiomatriques, 400 sites agricoles sont répertoriés comme la villa gallo-romaine à Saint-Ulrich[F 10]. 250 sites ruraux ont été identifiés sur le territoire de Bliesbruck et Schwarzenacker mais seulement une dizaine a été fouillée[I 6]. 165 exploitations ont été reconnues autour de Bliesbruck dont 41villas[I 7]. Lavilla n'est pas la seule forme de romanisation des campagnes ; elle serait liée à un mode de culture extensive, au moyen d'une main d’œuvre abondante et de matériels agricoles[I 8].
Les grandesvillas comme celle de Larry àLiéhon possèdent le luxe et le confort avec des pièces dédiées aux bains et d'autres avec une décoration luxueuse[J 1]. Lesvillas moyennes comme celles deGrigy à Metz ou de Gurtelbach àDehlingen possèdent parfois des bains et un système de chauffage par hypocauste[J 1]. Quant aux petitesvillas, comme celle du Ruisseau Saint-Pierre àPeltre, elles sont souvent construites en matière périssable[J 1]. Les fermes sont composées de structures allant d'un à trois bâtiments, peu riches et construites à partir de matériaux périssables[J 2].
Durant la période romaine, ces établissements évoluent au cours de trois périodes distinctes[J 3]. La première se déroule auIer siècle avec un fort développement de ce type d'infrastructures[J 3]. La deuxième va de 100 à 250 et elle correspond à l'apogée des domaines agricoles chez les Médiomatriques avec la construction de nombreusesvillas[J 3]. Après 250, lesvillas déclinent et tombent parfois à l'abandon[J 3]. Enfin entre 350 et leVe siècle, les abandons se multiplient et concernent tous les domaines qui fonctionnaient encore au début de cette période[J 3].
Le système politique est basé sur unsystème oligarchique de type sénatorial[F 1]. L'organisation sociale, fortement hiérarchisée, reposait sur trois classes, correspondant peu ou prou aux domaines religieux, guerrier et économique.
Les constructions dégagées sur les sites gallo-romains de Bliesbruck et Schwarzenacker, vastes et pourvues d'un équipement important, tant collectif (réseaux d'eau) qu'individuel (hypocauste, enduits peints) témoignent d'un« statut social relativement aisé » et culturel élevé. L'« axe de l'eau » de Bliesbruck témoigne de l'« action civilisatrice de l'Empire romain » et de la« mise en valeur idéologique et politique » de l'eau[I 9]. L'élite était« fortement romanisée », y compris dans les agglomérations secondaires[I 10].
Les principales divinités gauloises vénérées chez les Médiomatriques sontÉpona,Icovellauna,Rosmerta,Sirona etSucellos[F 11]. La conquête romaine, puis laromanisation amènent à une « naturalisation » des cultes locaux qui mélange nom romain et épithète local comme pourApollon-Grannus ouMercure-Rosmerta[F 11].
La géographie religieuse est mal connue : un vaste sanctuaire d'au moins20 ha se situait à 1,5 km de Bliesbruck, utilisé de la période gauloise à la période romaine. Des monnaies gauloises retrouvéesin situ témoignent d'un rayonnement du sanctuaire au sud-ouest et à l'ouest. Les bâtiments se développent à l'époque romaine autour d'un bassin. Un sanctuaire dédié à Mercure était localisé près de Schwarzenacker[I 11].
À partir de cette époque, des cultes orientaux se développent dans la région comme celui de laGrande Mère, celui d'Isis est attestée àDivodurum Mediomatricorum ou encore celui deJupiter-Amon[F 12]. Trois sanctuaires dédiés àMithra sont présents àMackwiller,Sarrebourg etSarrebruck[F 13]. Le christianisme commence son implantation sur le territoire à la fin duIIIe siècle[F 3].
Les morts sont enterrés dans desnécropoles avec des offrandes commecelle des Hauts-de-Sainte-Croix àMetz ou deMondelange[F 8]. De nombreux objets ont été retrouvés tels des bracelets de verre, des chaînes de ceintures en bronze et des fibules[F 8]. Des objets en fer sont mis auprès des défunts plus modestes[F 8].
Les Médiomatriques pratiquent la culture des céréales et l'élevage, tant bovin que porcin, caprin, ovin et chevalin[4]. Le travail de la terre semble courant et n'apporte aucun avantage social particulier[30]. Dans la vallée supérieure de laSeille, ils exploitent lesel de manière quasi industrielle[C 5].
Les ateliers d'artisans semblent nombreux, ils travaillent les métaux, la terre cuite, le cuir et la vannerie[30]. Le four d'un potier celte a ainsi été découvert, entre 1942 et 1944, sous la basiliqueSaint-Pierre-aux-Nonnains[4] ; c'est un artisan peu présent chez les Médiomatriques[30]. Deux ateliers de production de céramique sigillée sont connus sur le territoire deBliesbruck et Schwarzenacker, à Blickweiler et à Eschweiler Hof, actifs surtout auIIe siècle mais avec des productions jusqu'au troisième quart duIIIe siècle. Un atelier a également été retrouvé à Schwarzenacker, dont la production était de la céramique engobée[I 12]. Une fabrique de tuiles est attestée mais non localisée précisément, même si les analyses laissent entendre à une production dans la région de la Blies et de la Sarre[I 12].
La région de Bliesbruck et Schwarzenacker produisait également de la pierre calcaire et du grès, en particulier dans la carrière de Breitfurt qui a livré des statues inachevées hautes de 3 m[I 12].
Des inscriptions retrouvées évoquent la vente de poteries ou de serrures[30].
Cette richesse permet des échanges économiques avec les tribus voisines, mais aussi avec le monde romain bien avant laguerre des Gaules[F 2]. L'importation de produits méridionaux, notamment de vin, est alors avérée[4]. Le commerce d'esclaves existe[31]. Les figures de terre cuite indiquent des liens avec le monde tréviro-rhénan[I 10].
Ce peuple contrôle également une importante voie commerciale entre laGaule et laGermanie[5]. Les poteries de Blickweiler et d’Eschweiler-Hof étaient destinées à l'exportation vers lelimes de Germanie supérieure et de Rhétie[I 12].
L'ouverture sur l'extérieur de Bliesbruck est peut-être la raison d'un dynamisme jusque dans l'Antiquité tardive ; l'agglomération est dans« les réseaux commerciaux à longue distance » jusqu'au milieu duVe siècle[I 10].
Les Celtes connaissent l'usage de la monnaie depuis leIIIe siècle av. J.-C., mais les Médiomatriques ne l'utilisent qu'à partir du début duIIe siècle av. J.-C.[F 14].
Les plus anciennes monnaies sont en or et sont des imitations destatères macédoniennes où figurePhilippe II, père d'Alexandre le Grand[F 14]. D'autres monnaies sont en argent, enpotin c'est-à-dire un alliage decuivre, d'étain et deplomb, mais également en bronze[F 14]. Elles représentent souvent un cheval avec ou sans cavalier, des sangliers ou des têtesjaniformes, c'est-à-dire à deux visages opposés[4],[F 14].
Un atelier de production de monnaies est attesté à l'oppidum du Fossé des Pandours avec des monnaies non encore frappées[F 15].
Un trésor exceptionnel de 1 165 monnaies dont 1 111 quinaires en argent duIer siècle av. J.-C. a été découvert àBassing en 2010[32].
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