Les plaques de rues et les panneaux d'entrée dans le village sont tous rédigés en deux langues : allemand et italien.
Alors que presque tous les noms de lieux de la municipalité sont dus à ceux de zones adjacentes, venant de termesmoyen haut allemands,bavarois ou cimbres, le nom Luserna est clairement d'origineromane. Dans les dossiers deVenise, l'endroit est toujours appeléLiserna (accent sur la deuxième syllabe).Ladin signifielize,liscio enitalien, « surface lisse » ou « glissante ». En dialectetyrolienLizum (accent sur la deuxième syllabe) signifie alpage sur la vallée à haute altitude. Lisse, glissante correspond à la situation sur place[2].
Une liste de la paroisse de Brancafora (à Piedemonte), compte en1698 les noms Nicolussi, Gasperi et Oseli. Ceux-ci indiquent aussi les noms d'homonymes dans la partie orientale de Lavarone. Les noms les plus portés sont Nicolussi[3] ou Gasperi, et c'est une particularité de Luserna, ces noms sont portés par encore 90 % de la population avec différents épithètes pour les distinguer. Le prochain nom le plus courant, Pedrazza, est venu plus tard, probablement ajouté par entrées du val Terragnolo[4].
Nicolussi est spécifique de l'aire qui comprend les provinces deBolzano, Trente etVicence. Cette particularité, la plupart des habitants de Luserna se nomment Nicolussi, vient du fait que quasiment tous les Nicolussi descendraient d'une seule famille[5] Le nom Nicolussi est clairement dérivé du nom moyenâgeuxNicholaus, arrivé à Luserna par un descendant de Giovanni Nicolussi qui, en1471, a été appelé à témoigner par les comtes Trapp à propos des limites de la seigneurie deCaldonazzo. Les noms de famille à Luserna ont une particularité typique de l'endroit: pour distinguer les différentes familles qui partagent le même nom de famille, elles ont pris le surnom de la famille. Nous avons donc la famille Nicolussi Baiz, la Nicolussi Castellan, la Nicolussi Galen, la Nicolussi Giacomaz, la Nicolussi Golo, la Nicolussi Moz (et Mozze), la Nicolussi Moro, la Nicolussi Moretto, la Nicolussi Neff, la Nicolussi Paolaz, la Nicolussi Plezzo, la Nicolussi Rossi, la Nicolussi Zaiga, la Nicolussi zagher, la Nicolussi Zom etc[6].
Tous ces noms dérivent, directement out à travers des modifications patronimiques ou ipocoristiques, de variations du nom médiévaleNicholaus ouNicolao et de ses dérivés commeNicola,Nocolo, etc. Traces de ces noms se trouvent par exemple au début duXIVe siècle àPise :...Haec autem et ancien Code Msto, existente Florentiae en Bibliotheca nobilis tu vires Antonii Nicolini, describenda curavit illustrissimus comes Albericus Archintus Mediolanensis, Abbas Commendat... et dans les actes d'un procès pour sorcellerie àBormio en1519 :..domina Judith uxor ser Johannis Baptiste de Mariolis de Burmio filia quondam domini Nicolini de Zenonis de Burmio habet super infrascriptis....
Luserne est située à environ 1 350 mètres d'altitude sur les contreforts orientaux du plateau deLavarone (en allemand :Lafraun ; en cimbre :Lavròu) à environ 600 mètres au-dessus de la rivièreAstico, au sud de la partie supérieure duValsugana et dulac de Caldonazzo.
Le plateau de Luserne couvre environ 20 kilomètres carrés, dont seulement huit appartiennent à la municipalité de Luserne (en cimbre :Kamou vo Lusern). Une partie du plateau de Luserna définit les limites des municipalités de Lavarone,Levico Terme etCaldonazzo. Le plateau est légèrement ondulé, et les montagnes sur le bord nord du plateau n’atteignent pas 2 000 mètres (la plus haute montagne est la Cima Vezzena qui culmine à 1 908 m).
On peut parvenir à Luserne, soit du sud-est, à traversAsiago (en cimbre :Sleghe) et le Col Vezzena facile à franchir (en cimbre :Vesan ; en allemand :Wiesen) ou du nord-ouest parPergine,Calceranica et Lavarone (en cimbre :Lavrou ; en allemand :Lafraun) (plus facile, mais un peu long) ou de Levico Terme, par une ancienne voie militaire de l'armée communeaustro-hongroise inaugurée en1911, une passe très petite et escarpée (avec seulement quelques endroits de passage), parcourue de tunnels étroits, non éclairés, mais avec une vue imprenable sur Valsugana et le lac de Caldonazzo : le plus court chemin, mais le plus aventureux.
À une dizaine de kilomètres à l'ouest,Folgaria est mentionné pour la première fois en1208 dans leWangianus Codex, le livre de documents officiels de l'évêché de Trente. Il est noté que le, « l'évêque Frédéric de Trente ... le Odolrico et Henrico de Posena (Ulric et Henri deBolzano) donne ...sur les hauteurs de Folgaria àCenta ... pour établir au moins 20 nouvelles fermes, d'y assigner des travailleurs, ce qui permettra la culture et de payer des intérêts à l'évêque ».
La zone de Luserne d'aujourd'hui a de nouveau été habitée par des gens venus de Lavarone, qui ont utilisé le versant sud ensoleillé de Costa Alta comme pâturage d'été, avant de s'y installer de façon permanente. Le règlement de Luserne est d'abord mentionné dans un document de1442, par un certain Biagio de Asiago qui a déclaré qu'il avait versé 55 ducats or au duc Frédéric pour l'achat de quatre fermes à Luserne. En1487, les forces de larépublique de Venise occupa le territoire de Luserne, après quoi la congrégation de Lavarone demanda, « di poter godere ancora il monte di Luserna », à savoir « continuent d'être autorisés à utiliser la montagne de Luserne ».
Les Lusernois répartis dans différents villages, dans des logements enBohême du Nord près d'Aussig, ne pouvaient revenir à leur village totalement détruit en janvier1919. Le seul bâtiment intact, qui est encore à l'extérieur du village aujourd'hui, était l'ancien bureau de douane autrichien. Letraité de Saint-Germain était signé en faveur de l'Italie et les ressources financières du gouvernement italien ont alors facilité la reconstruction. L'église originelle détruite de façon permanente dans le centre (Saint-Antoine) a été reconstruite en contrebas du village, dans le hameau Tetsch (1920-1923 l'église ; 1928-1929 la tour). Grâce à la reconstruction et une certaine prospérité dans les années 1920, la population a grandi jusqu’à 1 200 habitants, mais a diminué ensuite à 850 en1935, en raison de laGrande Dépression et de la migration des habitants[9].
Le,Adolf Hitler etBenito Mussolini ont signé un « accord d'optionTyrol du Sud » sur la réinstallation de la population non-italophone du nord de l'Italie dans les pays et régions sous la domination duReich allemand. Ceux qui voulaient rester sous le régimefasciste en Italie, ont dû accepter une italianisation en abandonnant leur culture et leur langue maternelle. Beaucoup de Lusernois qui vivaient dans la pauvreté, croyant aux promesses d'une vie meilleure, ont été se réinstaller dans lesReichsgaue deTyrol-Vorarlberg et deSalzbourg, mais surtout dans le bassin deBudweis (Budějovice) sur le bord de laforêt de Bohême, dans l'ancienprotectorat de Bohême et de Moravie. Ceux de la zone autour de Budweis ont étéexpulsés et fui sans un sou en Italie, à Luserna, quand laSeconde Guerre mondiale a pris fin. Leur réintroduction et surtout la restitution de leurs biens à traîné jusqu'en1967[10].
En tant que travailleurs migrants en Suisse, en Allemagne, et en particulier dans les centres économiques du nord de l'Italie, Luserna a pu créer une modeste prospérité au cours des dernières décennies. La plupart du temps, les travailleurs éloignés de Luserna maintenaient un contact étroit avec leur communauté d'origine, et beaucoup furent de retour à Luserna après la fin de leurs travaux.
Luserna se tourne aujourd'hui de plus en plus vers letourisme et joue son rôle de quasi dernier bastion de la langue cimbre. L'emplacement sur les hauteurs de Folgaria, Lavarone et Luserna / Vezzena offre en hiver de bonnes conditions de neige pour leski alpin et leski de fond ; toutefois, la destruction du paysage par les systèmes de téléphériques est visible, en particulier dans la zone Folgaria. En été, le climat plutôt doux pour la randonnée et leVTT invite à se promener sur les hauteurs historiques, des prairies et des forêts. De plus, Luserna pense aujourd'hui en termes de tourisme « doux » et durable, et tourne son offre vers le bien-être ou encore les bains[11].
Luserna, qui se trouve sur le plateau d'Asiago, à 1 333 mètres d’altitude, à environ 40 kilomètres au sud-est de Trente, peut être considéré comme le territoire officiel de la minoritéCimbres (ethnie). En effet, c'est l'une des communes italiennes où la languecimbre est la mieux préservée : selon un recensement de2011, 83,8 % de la population y parle lecimbre[12], une langue d’originebavaroise considérée comme une des formes d’allemand les plus anciennes.
Le centre de documentation Luserna initie régulièrement des expositions et des publications sur l'histoire variée des plateaux et de la culture des Cimbres et la langue.
↑Reich, Desiderio:Notizie e documenti su Lavarone e dintorni, Trient, 1910, p 160. Tyroller, Hans:Grammatische Beschreibung des Zimbrischen von Lusern, Stuttgart, 2003, p 6
↑Codex Wangianus: Urkundenbuch des Hochstifts Trient, No. 132, Folgaria und Centa, pp. 304–306 Reich, Desiderio:Notizie e documenti su Lavarone e dintorni, Trient, 1910, pp 127/128, p 216, p 222 Anm. 159.KOMPASS Wander- und Radtourenkarte Nr. 631. Terragnolo: WeilerPedrazzi im Terragnolo Tal südlich von Serrada. Bacher, Josef:Die Deutsche Sprachinsel Lusern, Innsbruck, 1905, S. 25.
↑AusstellungOri delle Alpi (« new.buonconsiglio.it »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?), Link nicht abrufbar) im Castello del Buonconsiglio, Trient, 1997.KOMPASS Wander- und Radtourenkarte Nr. 631.Ulrich Mößlang's Reisebericht und Bilder über Menhire, Dolmen und Opferstein.
↑Bacher, Josef:Die Deutsche Sprachinsel Lusern, Innsbruck, 1905, S. 25. Prezzi, Christian:Luserna Isola Cimbra, Lusern, 2002; Die Einwohnerzahl von Lusern stieg bis 1910 auf 940 an. Reich, Desiderio:Notizie e documenti su Lavarone e dintorni, Trient, 1910, pp 228–229.
↑Tagebuch des Pfarrers von Lusern, Josef Pardatscher, in: Dar Foldjo (Zeitschrift der Gemeinde Lusern), Dezember 2008, S. 16. Befestigungswerke in den Gebieten Folgaria, Lavaone und Lusern:Werk Serrada(de),Zwischenwerk Sommo(de),Werk Sebastiano(de),Werk Gschwent(de),Werk Lusern(de),Fort Verle(de) und derFort Vezzena(de).Kulturinstitut Lusern: Lusern im Ersten Weltkrieg. Zur Bauzeit des Werks Lusern: Grestenberger nennt eine Bauzeit von 1907 bis 1910 in: Grestenberger, Erwin Anton:K.u.K. Befestigungsanlagen in Tirol und Kärnten 1860–1918, Wien 2000, p. 152. Dokumentationszentrum Lusern:Die Zimbrische Sprachinsel Lusern, Einblick in die südlichste der deutschsprachigen Gemeinden, 2. Auflage, 2002, p 39, p 71. Dokumentationszentrum Lusern:Folgaria, Lavarone, Luserna 1915–1918, Tre anni di guerra sugli Altipiani nelle immagini dell' archivo fotografico Clam Gallas Winkelbauer. Lusern, 2005, pp 97/98 und p 135. Zur neuen politischen Aufteilung nach dem Ersten Weltkrieg:Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919).Geschichte der Zimbern.
↑Dokumentationszentrum Lusern:Die Zimbrische Sprachinsel Lusern, Einblick in die südlichste der deutschsprachigen Gemeinden, 2. Auflage, 2002, p 71.nFrankfurter Allgemeine Zeitung vom 5. Oktober 1996, Nr. 232, p B4. Wedekind, Michael:Nationalsozialistische Besatzungs- und Annexionspolitik in Norditalien 1943 bis 1945, München, 2003. p 17. Zur Anzahl der Aussiedler: Die Anzahl der „Optanten“ / Aussiedler aus Lusern wird in den Quellen unterschiedlich – entweder mit 280 oder 408 – genannt. Möglicherweise ist in Familien und Personen zu unterscheiden.
↑100 km dei Forti. Die Geschichte erfahren, die Natur entdecken und dabei sportlich aktiv sein. Mitteilungsblatt der Gemeinde Lusern:Dar Foldjo, September 2007, S. 16.