Les mandibules des mâles.Lucane mâle dans son milieu naturel
Lucanus cervus est uneespèce decoléoptères de la famille desLucanidae, sous-famille desLucaninae, de la tribu desLucanini et du genreLucanus, vivant enEurope. Il est couramment appeléCerf-Volant (pour le mâle) ouGrande Biche (pour la femelle) ;Lucane est la formefrançaise du nom génériqueLucanus donné parGiovanni Antonio Scopoli. Dans certaines campagnes françaises (Poitou ou Limousin, par exemple), il est également désigné sous le nom vernaculaire decornard[1],[2].
Ces coléoptères aux larvessaproxylophages peuvent mesurer jusqu'à 8,5 voire 9 centimètres de long[3], ce qui est particulièrement grand pour un insecte. C'est le plus grandcoléoptère d'Europe. La taille de l'individu résulte de la qualité nutritionnelle du bois[3], mais, dans certaines régions du Sud-Ouest de laFrance, les Lucanes ont tendance à être plus grands que la moyenne.Selon la taille, on dit que les lucanes sont « major », « medium » ou « minor ».[réf. nécessaire]
L'imago se présente sous la forme d'un gros coléoptère brun-noir avec des nuancesbordeaux. Le mâle est doté de mandibules spectaculaires par leur taille[3], dont la forme évoque des bois de cerf, d'où le nom de « Cerf-volant ». La femelle, plus petite, a des mandibules elles aussi beaucoup plus petites, mais plus puissantes[3]. À noter également que ledimorphisme sexuel est marqué chez les coléoptères. Cet insecte est à peu près inoffensif pour l'homme, mais la femelle peut pincer jusqu'au sang pour se défendre[4].
Lucanus cervus mâle en position d'observation au sol
Une fois métamorphosé en imago, l'individu vit sur ses réserves jusqu'à l'accouplement et la mort. L'imago peut toutefois se nourrir de nectar, de fruits et de sève émise par les plaies des arbres pour prolonger sa vie et se restaurer.
Les adultes sont principalement actifs au crépuscule et durant la nuit. Ils sont capables de voler ; le corps est alors en position presque verticale, et le vol produit un fort bourdonnement.
Face aux menaces, le lucane mâle exhibe ses mandibules. Puissantes, elles lui permettent de pincer fortement. Elles servent également à pousser ou à saisir et éjecter d'éventuels opposants.
Les larves subissent les assauts deguêpes et decoléoptères carnivores tels que la Cicindèle des champs (Cicindela campestris, un petit insecte vert à taches et à pinces jaunes).
Lors de la reproduction, les adultes s'affichent largement sur l'écorce des arbres, ce qui suggère que sesprédateurs doivent être rares. Les lucanes cerfs-volants sont la proie des pies, des geais etd’autres animaux[évasif]. On peut trouver de nombreux cadavres sous les arbres, dont, souvent, seul l'abdomen a été consommé.
La reproduction se fait vers juillet. Les mâles et les femelles se retrouvent sur des chênes malades, dont ils lèchent les plaies pour se nourrir. Le mâle utilise ses grandes mandibules pour amener sous lui la femelle, et pour attraper et éjecter les concurrents à la manière d'un lutteur grec. Une fois la femelle rabattue sous lui, il reste au-dessus d'elle, tirant parti de sa plus grande taille pour la couvrir physiquement et l'enfermer entre ses pattes.[réf. nécessaire] Le couple peut aussi se placer au-dessus d'une plaie de l'arbre pour profiter du jus qui en sort.
Le couple peut s'accoupler plusieurs fois, durant de courtes périodes (environ 2 minutes chacune). Le mâle se retire à l'approche d'un observateur et se dresse pour repousser toute menace à l'aide de ses mandibules.
D'autres mâles peuvent s'approcher, attirés par la femelle, mais les assauts qui s'ensuivent sont très timides et ne présentent pas une réelle menace pour un couple déjà installé.
La femelle pond dans la terre, au pied d'une source nourricière pour ses futures larves : un arbre mort ou malade (chêne,hêtre,pommier, etc.).
Les lucanes mâlessemblent[évasif] mourir naturellement après l'accouplement et les femelles après la ponte. On peut retrouver les exosquelettes au pied des arbres qui accueillent encore les autres couples.
Certains oiseaux, comme legeai, mangent l'abdomen du lucane cerf-volant, ce qui explique qu'on trouve parfois des macro-restes en forêt.
L'espèce a été décrite par le naturaliste suédoisCarl von Linné en 1758 sous le nom initial deScarabaeus cervus.
Il existe un sous-genre ; le nom complet est doncLucanus (Lucanus) cervus.
Le terme de Lucanus (et le nom général de la famille desLucanidae) remonte à l'antiquité romaine ;Pline l'Ancien signale déjà dans sonHistoire naturelle (livre XI, chapitre 34) que l'éruditNigidius Figulus appelle ces insectes desLucaniens, sans doute en référence à l'ancienne région deLucanie enItalie. Pline signale également que les « cornes » du lucane cerf-volant sont accrochées au cou des enfants pour éviter ou guérir certaines maladies infantiles.
En1823, un vol de lucanes traverse toute la plaine duRoussillon en direction dumassif des Albères. Leur nombre est si important que le soleil est obscurci le temps de leur passage[5].
Lucane cerf-volant (pour le mâle) : les grossesmandibules du mâle lui ont valu le nom de « cerf-volant », en raison de leur ressemblance avec les bois d'uncerf et du fait qu'il vole.
Grande biche (pour la femelle).
À ne pas confondre avec un autrelucaniné, laPetite biche (Dorcus parallelipipedus).
SelonNigidius Figulus etPline l'Ancien, le nom de cecoléoptère (déjà utilisé dans l'antiquité) viendrait des casques ornés (entre autres) de ramures decerf desLucaniens, un peuple d'Italie du Sud. Une étymologie alternative écrit le nomLucavus, qui signifierait « Porte-lumière ». Ce nom se rapporterait à une certaine importance mythique de l'espèce, qui aurait été associée aux grands dieux de la mythologie des anciens Germains, en particulierThor.
Il niche dans les cavités des vieux arbres et des troncs morts, en forêt comme dans le bocage. La gestion forestière, en éliminant les vieux arbres et le bois mort, élimine à la fois son habitat et sa nourriture.
Le Lucane cerf-volant, comme la plupart des coléoptères xylophages (mangeant du bois), est en forte régression dans les forêts d'Europe.