Elle entreprend des études de piano avec sa marraine Anne-Élisabeth-Cécile Soria[5], une disciple du compositeurMuzio Clementi, puis devient élève en piano d'Ignaz Moscheles etJohann Nepomuk Hummel[3]. À l'âge de quinze ans, elle prend des leçons d'harmonie avecAntoine Reicha, célèbre professeur de composition auConservatoire de Paris[3],[5],[6]. Les leçons privées avecAntoine Reicha s'interrompent en 1821 lorsqu'elle se marie mais reprennent ensuite plus assidument avec l'apprentissage ducontrepoint, de lafugue et de l'instrumentation[7]. Sa formation à la composition était ainsi semblable à celle des élèves masculins du Conservatoire de Paris.
Le, elle épouseAristide Farrenc (1794-1865), flûtiste, compositeur et éditeur de musique[6]. De cette union naît en 1826Victorine, leur fille unique, elle aussi pianiste, qui meurt en 1859. Conscient des dons exceptionnels de sa jeune épouse, Aristide Farrenc lui consacre ses activités musicales en créant notamment lesÉditions Farrenc[8] et devient rapidement son impresario. En 1836,Robert Schumann fait l'éloge de sonAir russe varié pour piano op. 17[9].
Entre 1842 et 1872, Louise Farrenc enseigne le piano auConservatoire de Paris en qualité de professeure[10] et non de professeure-adjointe ou répétitrice comme cela était l'habitude pour les femmes à l'époque. Alors que pendant la Commune de Paris, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés réclame l'égalité salariale entre hommes et femmes et l'obtiendra partiellement pour les institutrices, elle finit même par obtenir un salaire égal à celui de ses collègues masculins à ce poste au bout de huit années de lutte[11]. Il reste que Louise Farrenc n'était pas la première femme à professer le piano au sein de l'école ; avant elle,Hélène de Montgeroult y avait enseigné de 1795 à 1798. Mais depuis le départ d'Hélène de Montgeroult aucune femme n'avait eu un poste de professeure au Conservatoire de Paris. Louise Farrenc se voit donc attribuer une classe de piano pour femmes. Les classes, celle de piano entre autres, étaient séparées selon le sexe des élèves et ne devinrent mixtes qu'en 1915 sous le directorat deGabriel Fauré[12].Louise Béguin-Salomon a été une de ses élèves.
En 1845, lesTrente études dans tous les tons majeurs et mineurs,op. 26 (publiées en 1839) sont adoptées par le Conservatoire de Paris commeméthode officielle pour les classes de piano ; ces études deviennent ainsi un ouvrage pédagogique de référence[13]. En,Victorine Farrenc entre comme élève dans la classe de piano de sa mère au Conservatoire. Dès la première année elle obtient un premier accessit, puis un premier prix de piano l'année suivante[14]. Parallèlement à son professorat au Conservatoire, Louise Farrenc continue de travailler la composition et de donner des leçons privées de piano.
Elle contribue activement avec son mari à la publication des 20 livraisons du recueil de musique pour clavecin et pianoLe Trésor des pianistes, publication qu'elle poursuit après la mort de son mari en 1865[15].
L'œuvre de Louise Farrenc reste néanmoins largement méconnue de nos jours. Le guide desSources pour l'histoire des femmes avance qu'elle était pourtant ovationnée par ses contemporains, puis fut oubliée et négligée comme tant d'autres compositrices et compositeurs[23].
En 1995, lafondation allemande pour la recherche a financé un projet de recherche sur l'œuvre de Louise Farrenc à l'université d'Oldenburg afin de rendre ses compositions à nouveau accessibles aux salles de concert et à la recherche musicale[24]. Ce projet a duré jusqu'en l'an 2002[24]. Il a permis l'impression despartitions de la musique d'orchestre et de chambre ainsi qu'une sélection de la musique pour piano de Louise Farrenc en collaboration avec la maison d'édition allemande Florian Noetzel Verlag àWilhelmshaven[25].
Louise Farrenc (née Jeanne-Louise Dumont), ca. 1855, Bibliothèque nationale de France.
Catherine Legras distingue chez Louise Farrenc trois périodes de composition : entre 1825 et 1839, des œuvres pour piano majoritairement, puis entre 1840 et 1858 de lamusique de chambre etsymphonique, enfin des œuvres exclusivement pour piano entre 1858 et 1864[26].
Il existe49 œuvres dotées d'un numéro d'opus. À son catalogue, ici classé pargenre musical et chronologiquement, figurent[27] :
Sextuor en do mineur, op. 40 (avec diverses œuvres pour vents de Poulenc, Roussel, Caplet, Mozart, Beethoven, Thuille et Rimski-Korsakov) - Les Vents français (Warner Classics, 2014) - Choc de Classica
Œuvres pour piano : Variations brillantes op. 15, Air russe varié op. 17, Valse brillante op. 48, Nocturne op. 49 et neuf études de l'opus 26 - Konstanze Eickhorst, piano (28-, CPO)(OCLC54432489)
Variations pour piano : Variation op. 10, Variations brillantes op. 15, Air russe varié op. 17, Grandes Variations op. 25 - Biliana Tzinlikova, piano (27-, Paladino Music)
↑Constant Pierre,Le Conservatoire national de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs : recueillis ou reconstitués par Constant Pierre..., Paris, Imprimerie nationale,(lire en ligne),p. 443
↑Antoine Elwart,Histoire de la Société des concerts du Conservatoire impérial de musique, avec dessins, musique, plans, portraits, notices biographiques, etc., Paris, Castel,(lire en ligne),p. 248
↑François-Joseph Fétis,Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Supplément et complément. [vol. 1] / par F.-J. Fétis ; publ. sous la dir. de M. Arthur Pougin..., Paris, Firmin Didot, 1878-1880(lire en ligne)
↑Société des auteurs et compositeurs dramatiques,Annuaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques,(lire en ligne),p. 181