Molécule ancienne (développée par Nils Löfgren en1943 et commercialisée dès1948), la lidocaïne est le chef de file des anesthésiques locaux de type amino-amide. Elle agit en inhibant la conduction nerveusevia le blocage ducanal sodique, ce qui explique à la fois ses effets recherchés (anesthésie) et ses effets secondaires potentiels en cas de passage intravasculaire accidentel (toxicité neurologique et cardiaque).
Parce qu'elle rendait les membres insensibles comme du bois, elle a été historiquement appeléelignocaïne (du latinlignum, « bois »), puis commercialisée sous le nom deXylocaïne (du grec ancien ξύλον /xylôn, « bois »), appellation devenue courante parantonomase. Le préfixelido- a finalement été retenu du fait de la proximité chimique du médicament avec l'acétanilide, un ancien antalgique et antipyrétique.
Unessai contrôlé randomisé prospectif a révélé que la perfusion periopératoire de lidocaïne réduisait l'incidence de30 % à10 % la douleur postopératoire chronique chez les patientes subissant une chirurgie du cancer du sein[3].
Par voie intraveineuse, la lidocaïne a été employée encardiologie et enréanimation commeanti-arythmique d'urgence (elle est le chef de file des anti-arythmiques de la famille Ib dans la classification de Vaughan-Williams) dans la prévention de survenue defibrillation ventriculaire, en particulier lors d'uninfarctus du myocarde à la phase initiale. Son utilisation était presque systématique dans ces cas au début des années 1990, mais est tombée en désuétude à partir de la fin de cette décennie, probablement du fait de l’avènement desbêta-bloquants et des stratégies de reperfusion des artères coronaires[4].