Pour les articles homonymes, voirLibération.
Libération | |
Libé | |
![]() | |
Pays | ![]() |
---|---|
Zone de diffusion | France |
Langue | Français |
Périodicité | Quotidienne |
Format | Tabloïd |
Genre | Presse nationale,journal d'opinion |
Prix au numéro | 2,80 €[1] 3,50 € le samedi et le dimanche |
Diffusion | 100 338[2]ex. (2023![]() |
Fondateur | Jean-Paul Sartre,Serge July,Philippe Gavi,Bernard Lallement |
Date de fondation | (51 ans) |
Éditeur | SARL Libération[3] |
Ville d’édition | Paris |
Propriétaire | Fonds de dotation abondé parAltice France[4] |
Directeur de publication | Dov Alfon[3] |
Directeur de la rédaction | Dov Alfon[3] |
Rédacteur en chef | Michel Becquembois (édition), Frédéric Béziaud (technique), Sabrina Champenois (modes de vie), Christian Losson (enquêtes), Gilles Dhers (web), Laure Bretton (actu), Matthieu Ecoiffier (actu). |
Comité éditorial | Paul Quinio (directeur délégué de la rédaction), Alexandra Schwartzbrod, Stéphanie Aubert, Lauren Provost. |
ISSN | 0335-1793 |
ISSN(version électronique) | 2262-4767 |
Site web | www.liberation.fr |
modifier ![]() |
Libération est unquotidien national français paraissant le matin, disponible également dans uneversion en ligne. Fondé sous la protection deJean-Paul Sartre etMaurice Clavel, le journal paraît pour la première fois le et reprend le nom d'un titre de presse créé en 1927 par lelibertaireJules Vignes, nom qui sera également celui d'un des journaux de laRésistance dirigé parEmmanuel d'Astier de La Vigerie.
De ses débuts, situé à l'extrême gauche,Libération évolue, dès 1978, vers uneligne éditoriale présentée comme étant« libéral-libertaire » et, en 1981, à la suite d'une nouvelle équipe et d'unenouvelle formule, vers lagauche socialiste de Mitterrand. Dès lors, le journal devient beaucoup plus modéré et, selon certains observateurs, a, peu à peu, perdu de son identité à la suite de maints louvoiements éditoriaux. Depuis, il intègre unfonds de dotation créé à partir d'Altice Média, groupe détenu par le milliardairePatrick Drahi, principal actionnaire deBFM TV. En 2023, le quotidien se présente cependant comme« le journal de toutes les gauches ».
Depuis 2020,Dov Alfon est à la foisdirecteur de la publication et de larédaction.
En 1972, Jean-Claude Vernier, ancien élève de l'École centrale Paris et militantmaoïste, rencontre au siège du quotidienParis Jour, alors engrève et occupé par ses salariés, Jean-René Huleu,journalistehippique, qui imprime, sur place, un bulletin quotidien appeléPirate, afin de rendre compte des luttes ouvrières de larégion (affaire de Bruay-en-Artois) ou des répressions policières (affaire Alain Jaubert)[5].Jean-Claude Vernier, qui cogère déjà avecMaurice Clavel l'Agence de presse APL, créée, le, sur le modèle du Centre Landry animé parPierre Vidal-Naquet lors de laguerre d'Algérie ou duLiberation News Service (en),agence de presse underground des révolutionnaires américains[6]), en rapporte àParis l'idée d'un journal populaire degauche.[pas clair] Le projet est repris parBenny Lévy, dirigeant de laGauche prolétarienne, afin de relancer son mouvement qui est en train de s'étioler.
Le, une réunion préparatoire au lancement d'un nouveau quotidien nomméLibération se tient à Paris. Cinq personnes s'y trouvent rassemblées autour de deux tables accolées :Jean-Paul Sartre, Jean-Claude Vernier, Jean-René Huleu,Serge July etPhilippe Gavi.Claude Mauriac, qui a été convié à cette réunion, raconte la séance dans son journal[7].
En,Jean-Paul Sartre,Serge July,Philippe Gavi,Bernard Lallement et Jean-Claude Vernier fondent le journalLibération. Un manifeste, rendu public le, en constitue la charte politique, dont la doctrine devait être« Peuple, prends la parole et garde-la ». Le quotidien se veut sans publicité ni actionnaire financier.
Un premier numéro de quatre pages paraît le, avec cette profession de foi, en encadré :
« La politique pourLibération, c'est ladémocratie directe. Aujourd'hui, élire un député, c'est vouloir que le peuple ne dise son mot, qu'une fois tous les cinq ans. Et encore, pendant ces quatre années, « l'élu du peuple » peut-il faire ce qu'il veut ? Il n'est pas placé sous le contrôle de ses électeurs ; il ne représente que lui-même. Mais si des gens du peuple veulent dire pourquoi ils voteront, ils pourront le faire dansLibération. Cette forme de débat est possible dans les colonnes du journal. Pour sa part, l'équipe deLibération refuse de cautionner un système qui coupe la parole au peuple. »
.
Un autre numéro de quatre pages paraît le, lançant unesouscription pour lefinancement d'un organe quotidien entièrement libre. Le,Libération sort pour la première fois régulièrement en kiosques, au prix de 0,80 franc[8].
Jean-Paul Sartre et Jean-Claude Vernier sont les premiers directeurs de publication du journal. Ils le restent jusqu’à leur démission le pour désaccord avec Serge July, qui leur succède. La direction artistique du journal est assurée par Antonio Bellavita[9].
Le 9 mars 1973, un texte signé par 21 personnes fustige la prise de pouvoir par les maoïstes au sein du projet et débouche sur une direction tricéphale, incluant aussi Philippe Gavi et Eric Nahoun. Yves Hardy et les autres contestataires sont priés de prendre la porte. Meneurs de la contestation, ils sont licenciés avec l'accusation de« malhonnêteté intellectuelle »[10].
« Les comités Libération «, fondés pour soutenir le journal, regroupent« des milliers de gens qui n'ont qu'une idée, refaire le coup du Secours rouge », selon Serge July[11]. L'idée de placer le journal sous le contrôle d'un « comité des sages », une sorte de « conseil constitutionnel », évoquée à se débuts, était un projet« fou car cela empêchait une presse libre », selon Serge July, qui le présente comme une« dizaine de personnes à l'autorité morale, au rôle historique important »[12].Libération encourage, à cette époque, tous les combats des opprimés. Quand les travailleurs deLip, menacés delicenciement, occupent leur usine,Libération titre en première page« Travailleurs, vous pouvez faire de même ».
De 1973 à 1981,Libération est dirigé par ses salariés ; il y a un salaire unique pour toutes et tous ; et toutes les décisions importantes sont prises par l'assemblée générale des salariés, à la majorité des voix.
En, le journal salue la victoire desKhmers rouges en plaçant enune :« Phnom Penh : sept jours de fête pour une libération »[13].
La seconde partie de l'année est marquée par un événement important : la fermeture du magazineActuel en (no 58) ; d'une façon inattendue puisque le journal se saborde, estimant ne pas se renouveler et ne rien avoir à dire dans l'immédiat, alors qu'il s'agit de la première année où il est bénéficiaire[14]. Référence dans le domaine culturel, le magazineActuel voit nombre de ses journalistes rejoindreLibération où ils vont constituer l'ossature d'un service culturel qui donne de nouvelles perspectives à un journal jusque-là resté très axé sur le militantisme politique et social.
Le, le journal abandonne la bienveillance envers l'action violente et leterrorisme d'extrême gauche lorsqu'il publie, à la suite de la mort suspecte en prison des membres de laFraction armée rouge (RAF)Gudrun Ensslin etJan-Carl Raspe,« RAF-RFA : la guerre des monstres », ce qui provoque la rupture avec ses lecteursautonomes[15], qui envahissent les locaux, se heurtant à la direction du journal.
Malgré cela, en 1977, le journal vend en moyenne 30 000 exemplaires[16], soit une hausse de 31 % sur 1976[16], année qui a déjà vu une progression de 51 % par rapport à 1975[16], soit un doublement en deux ans par rapport aux 15 000 exemplaires de 1975. Cela lui permet de continuer à embaucher, tout en affichant un modeste bénéfice de 10 101 francs pour 1977[16].
En 1978, le quotidien se retrouve, pour la première fois[17], en perte, pour 11 % de son chiffre d'affaires 1978[17]. Il est alors déclaré« non viable », car il ne tire qu'à 37 000 exemplaires, loin des 50 000 nécessaires pour équilibrer son budget[17].
Libération subit en effet une pression sur son prix de vente, due à la concurrence de trois rivaux :Le Matin de Paris, fondé le[18],The Paris Metro[19] créé à l'été 1977 etRouge, devenu quotidien du au. Ce dernier attaque violemmentLibération, en dénonçant l'éditorial deSerge July[16], écrit pour le cinquième anniversaire deMai 68 et l'accuse d'être un fossoyeur de Mai 68[16], car ce dernier annonce un désir de tourner la page. Peu avant, une polémique virulente oppose également le journal au mouvement féministe deGisèle Halimi :Choisir la cause des femmes, célèbre depuis leprocès de Bobigny de 1972, qui s'est plaint de la couverture parLibération duprocès à Aix-en-Provence du viol de deux touristes belges quatre ans plus tôt à Marseille[16]. Le journal s'est aussi vu reprocher les dessins dugroupe Bazooka, sur la mort par la déflagration d'unegrenade offensive dumilitantantinucléaireVital Michalon lors de lamanifestation à Creys-Malville en 1977, qui s'opposait à l'établissement dusite nucléaire de Creys-Malville[20].
Malgré la concurrence, le tirage monte à 37 000 exemplaires par jour, soit une troisième année de croissance supérieure aux 35 000 exemplaires[16] du début d'année, avec une pagination plus importante, passée à 20 pages[16], mais ce tirage s'avère trop faible pour rester viable et rentabiliser les coûts[17], car le prix de vente progresse moins vite que l'inflation.
Le journal décide cependant de continuer à refuser les publicités payantes[17], car la direction est convaincue que, sans indépendance financière — en particulier vis à vis des entreprises et des ministères — une indépendance politique est impossible. Le quotidien préfère les annonces des particuliers — qui sont payantes — et hésite à remonter son prix de vente[17].
Face à ces difficultés, au début de l'année 1979,Libération commence alors à publier des annonces destinées à des mineurs de 12 à 18 ans[21], pour tenter de devancer le magazineLe Gai Pied, qui sort un « numéro zéro » en sur fond d'affaire Jacques Dugué, celle d'un suspect depédocriminalité, en détention préventive depuis, révélée par le journal d'extrême droiteMinute[21]. Finalement lancé le[21],Le Gai Pied prend alors la clientèle homosexuelle deLibération.
Les 13 et 14 janvier 1979,Libération est condamné au tribunal correctionnel pour « outrage aux bonnes mœurs », en raison des dessins de l'été 1977[16] et un procès pour la publication de la lettre deFrédéric Oriach du 1er août 1977 est reporté au 25 janvier 1979[16]. Frédéric Oriach est l'un des trois jeunes maoïstes arrêtés dans la nuit du 12 au 13 mai à Paris, porteurs d'armes ayant été utilisées pour plusieurs attentats mortels et ayant reconnu appartenir auxNoyaux armés pour l'autonomie populaire (NAPAP), qui ont assassiné, le 23 mars à Limeil-Brévannes, Jean-Antoine Tramoni[22], vigile de la Régie Renault, pour avoir abattu de cinq balles de 11,43, le[23],Pierre Overney,militantouvriermaoïste, de la tendancemao-spontex. membre de lagauche prolétarienne,
Le, il consacre trois pages à neuf exemples de ses publications poursuivies[16]. En juillet 1979, il rend public le montant de 1,36 million de francs perdus en 1978[16] malgré les licenciements de novembre 1978 et décide un blocage des salaires à 2700 francs par mois[16]. Le 14 septembre 1979, juste après latentative de meurtre contre Jacques Tillier,L'Humanité dénonce les « accointances » de son journalisteGilles Millet avec le truandJacques Mesrine[16]. En novembre 1979, l'interview de Samuelson avecJean-Paul Sartre réalisée un an plus tôt est publiée en même temps que son livre[16].
En 1979, une longue série d'articles dans le journal, critique le téléfilm en quatre épisodes :Holocauste, tandis qu'est invité au comité de rédactionPierre Guillaume, fondateurnégationniste de la librairieLa Vieille Taupe, qui reprend les thèses deRobert Faurisson[24]. Dès, la revue néo-fasciste deMaurice Bardèche,Défense de l'Occident, avait publié un article de Faurisson sur le« problème des chambres à gaz » qui, à la fin de l'année 1978, réussit ainsi à« déclencher en France une médiatisation sans précédent du négationnisme »[25], d'autant qu'en octobre 1978, le magazineL'Express intervieweLouis Darquier de Pellepoix dans le même sens, un scandale« attentivement entretenu » dénonceFrançois Cavanna dansCharlie Hebdo du 15 février 1979[26], trois semaines avant le téléfilm, programmé avec un grand débat auxDossiers de l'écran[27]. Cavanna souligne aussi« l’aspect commercial de l’opérationHolocauste », très mise en avant dans les médias[26]. La veille de ce débat,Libération publie une lettre deGabriel Cohn-Bendit, réclamant une« liberté de parole, d'écrit, de réunion, d'association [...] totale » pour Faurrisson. Le lendemain du débat, le journal en confie le compte-rendu à Pierre Guillaume, qui y reprend la thèse absurde de Faurisson[28],[29],[30]. Le lendemain, un article deGuy Hocquenghem[31], dénonce une mauvaise hiérarchisation des victimes, parlant trop peu des« centaines de milliers de déportés et gazés homosexuels » ou des tziganes[26] et estime qu'en tête du« hit-parade de l'horreur » de cette hiérarchisation, le premier prix« toutes catégories » revient incontestablement àSimone Veil, tête de liste auxélections européennes en cours. L'article choque maisSerge July reprend la même trame pour dénoncer lui aussi une« opération de récupération » de cesDossiers de l'écran, dans un éditorial, quatre jours après[26] ; regrettant un glissement de sens dans le titre du téléfilm, « génocide » étant remplacé par « holocauste »[26] et, surtout, qu'ait été occultée la responsabilité de l’Occident dans le massacre des indiens d’Amérique du Nord ou le génocide arménien[26] ou encore, que la responsabilité du meurtre des Juifs ait été imputée aux seuls chefs nazis[26] ; façon selon lui d'excuser la passivité occidentale et la complicité des collaborateurs, tels queRobert Hersant[26]. À l'appui de cet éditorial critique envers l'existence de l'État d’Israël[26], le même numéro contient un article deGeorges Benayoun, estimant que, parler ainsi des juifs revient à oublier les Arméniens, Cambodgiens, Kurdes ou Palestiniens[26] et la lettre d'un Juif, Jean-Pierre Carasso, porte-parole d'une dizaine de proches de la Vieille Taupe[26]. Le lendemain, un autre article du journal dénonce l'assimilation des terroristes, que ce soit laRAF ou lesPalestiniens, aux nazis[26].
Le, Serge July est condamné par la17e chambre du tribunal judiciaire de Paris — à la suite d'une plainte de laLigue internationale contre le racisme et l'antisémitisme — d'avoir publié, dans ce même « Courrier des lecteurs » du 31 juillet 1982, une lettre antisémite ; accusé de diffamation, de provocation à la haine et à la violence raciale[32].
C'est à cette époque queLibération introduit, ou du moins généralise, dans lapresse française, la pratique desjeux de mots dans les titres[33],[Note 1].
En avril 1977, le journal emploie en tout 65 personnes, journalistes et salariés de fabrication inclus[34], mais n'arrive pas à atteindre le seuil de 30.000 exemplaires qui lui permettrait d'équilibrer ses comptes[34]. Il vise la clientèle duMonde, duMatin de Paris et duNouvel Observateur[34]. Le 11 juin 1977 démarre une grève des salariés de fabrication qui contestent le recentrage et réclament une vraie autogestion ; mais sans succès[34]. En janvier 1978, la direction du journal analyse cette évolution et s'en félicite :« nous nous sommes libérés de l'essentiel des pesanteurs idéologiques et politiques »[34]. Le 22 mai 1978, le quotidien passe à 20 pages, change sa maquette et ses rubriques[34] et, le 2 octobre 1978, publie, sur plusieurs numéros, une interview du terroriste repentiHans-Joachim Klein[34], qui s'était déjà exprimé un an plus tôt dans l'hebdo allemandDer Spiegel. En, les journalistes encore gauchistes sont montrés du doigt par la direction du journal[34] etSerge July s'adresse à chacun d'eux pour les convaincre, en déclarant :« l'idéologie est morte, il faut l'assumer »[34], mais le tirage reste faible: 37.000 exemplaires par jour au début de juin 1979[34] et le seuil de 40.000 exemplaires par jour ne sera atteint qu'en cours d'année 1980[34], pour atteindre 41.000 exemplaires en décembre[34]. En août et septembre 1979, les reportages sur le social deJean-Paul Cruse, opposant à Serge July, sont considérés et présentés comme« hors-ligne » du journal[34], où la mise en page se veut désormais« somptueuse »[34] mais où l'ambiance est« mauvaise », selon les soutiens à Serge July[34]. Le,L'Humanité qualifieLibération de« journal le plus désespéré de France »[34]. En février 1980 un service des sports est créé[34]. Le, le journal annonce lalibération des otages américains à Téhéran, en pleindiscours inaugural de Ronald Reagan, avec 24 d'heures d'avance sur les autres quotidiens français[34], probablement grâce à l'appel téléphonique deJimmy Carter àValéry Giscard d'Estaing. Trois semaines après, l'équipe de direction annonce son projet de fermer le journal pour le recréer ensuite[34], elle obtient 70 voix pour ce projet, mais la majorité de la fabrication s'abstient[34]. Le journal ne reparaît que le, avec l'apport de Michel Faure (AFP) et Dominique Pouchin (Le Monde)[34]. Le comité de rédaction ouvert est supprimé, tout comme l'égalité des salaires[34] et la publicité est introduite l'année suivante[34]. Mais, fin 1981, les ventes sont toujours à 56.000 exemplaires[34]. Le une société de financement est créée, sans pouvoirs, elle est ouverte à des industriels[34].
Le journal traverse plusieurs crises, entraînant des interruptions. La parution est suspendue le. Après unplan de licenciement, il reparaît le 13 mai, soit trois jours après la victoire deFrançois Mitterrand à l'élection présidentielle (un numéro « zéro zéro », avec la une« Enfin l'aventure », a néanmoins paru le lendemain de la victoire, mais n'a pas été diffusé en kiosque[35]). Son développement est alors assuré par la société d'investissementCommunication et Participation, créée par le banquierClaude Alphandéry, avec la participation de l'assureurPatrick Peugeot et de quelques patrons de gauche autour de Martine Bidegain,Jean etAntoine Riboud[36]. Le nouveau logo à losange rouge est créé par le graphiste Claude Maggiori[37]. La formule évolue alors et se situe de nouveau vers la gauchesociale-démocrate (tout en conservant ses convictionslibertaires). Son nouveau rédacteur en chef estJean-Marcel Bouguereau, qui reste à la direction opérationnelle du journal jusqu'en 1986[38].
La même année,Laurent Joffrin intègre, pour la première fois, le journal en tant que rėdacteur[39]. À l'origine du service économique avecPierre Briançon, il incarne l'aile « moderniste » deLibé. Il dirige ensuite le serviceSociété avant de devenir éditorialiste et responsable de la pageRebonds, avecSerge Daney, Gérard Dupuy etAlexandre Adler.
Autour deSerge July, l'équipe de direction est vivement critiquée par d'anciens acteurs du mouvement deMai 68[Lesquels ?][réf. nécessaire], qui l'accusent d'avoir trahi les principes fondateurs du journal. Le, les premières pages de publicité apparaissent dans le journal. Serge July justifie alors ce reniement des principes initiaux par un éloge opportun de la publicité :« Non,Libération ne change pas ; c’est la publicité qui a changé. Elle est un art. On ne sait plus très bien où commence la culture et où finit la publicité. Sans elleLibération eût été incomplet »[40].
En février 1984,Libération étonne son lectorat en participant à une émission de télévision intitulée :Vive la crise, afin d’accompagner letournant de la rigueur du gouvernement en place[41].
Dans les années 1980-1990, le tirage deLibération ne cesse d'augmenter. Le journal lance unLibération Lyon, puis unLibération magazine. Afin de multiplier ses ventes, il ouvre ses colonnes à des artistes (commeEnki Bilal, auteur debande dessinée), chargés, pour une journée, d'illustrer les articles, de modifier les mises en pages, etc. Régulièrement, des suppléments consacrés à des questions politiques ou culturelles accompagnent le journal. En 1993, le journal se félicite de l’écrasement dans le sang de la « peste brune-rouge » par le régime deBoris Eltsine enRussie, lors de l'assaut que ce dernier avait ordonné contre le bâtiment de laDouma et les manifestants qui le défendaient[42],[43].
Selon le journalisteJean Stern, en un peu moins d'une quinzaine d'années — de 1982 à 1996 —Libération a perdu son indépendance financière et politique[44].
Le est lancéLibération 3, plus souvent surnomméLibé 3, un journal de 80 pages, défini comme « total » selon July. Le contrôle financier du journal est alors pris par le groupeChargeurs deJérôme Seydoux, à hauteur de 65 %[45].
Cependant,Libé 3 peine à trouver son lectorat et à rentabiliser les coûts, qui sont en forte croissance. Après un échec commercial et financier, la nouvelle formule est abandonnée au cours du second semestre 1995.
Frédéric Filloux devient directeur de la rédaction deLibération de février 1999 à février 2000, qu'il quitte pour celle du quotidien gratuit20 minutes.
La diffusion deLibération ne cesse ensuite de chuter, encaissant un recul de 20 % en France entre 2001 et 2005 (17 % pour la diffusion totale)[46]. Jérôme Seydoux se désengageant en 2000, la société de capital-risque3i entre en 2001 à hauteur de 20,8 % du capital mais labulle Internet et l'effondrement des recettes publicitaires accentuent les déficits du journal[47].
Des sursauts ont pourtant lieu. Ainsi, lors de l'élection présidentielle de 2002, le journal augmente considérablement son tirage grâce à ses unes résolument hostiles àJean-Marie Le Pen[réf. souhaitée]. Le lendemain du premier tour, la une comportant une photo de Le Pen avec le simple mot : « Non »[48] se vendra à 700 000 exemplaires, soit une augmentation de 300 % par rapport au tirage quotidien. En 2003, l'almanachLes trente bouleversantes retrace les trente premières années deLibération. En 2004, c'est 30 années de contre-culture, encensée chaque jour dans les pages du journal, qui sont retracées dans un ouvrage spécial. Mais la tendance reste à la baisse.
En 2005, le journal a besoin d'un nouveau financement.Serge July se bat alors pour l'entrée dans le capital d'Édouard de Rothschild et celui-ci est accepté par le conseil d'administration le.
Rapidement, le climat se détériore. Lors du conseil d'administration deLibération du mercredi,Louis Dreyfus, directeur général adjoint, est élu à l'unanimité directeur général, sur proposition de Serge July. Il remplaceEvence-Charles Coppée, dont la révocation est approuvée à l'unanimité par les membres du conseil d'administration. Le, le journal est en grève contre la suppression de 52 postes. Au début de 2006, les actionnaires refusent de suivre la direction du journal[49], qui perd de plus en plus d'argent ; et Édouard de Rothschild estime ne pas assez participer au processus de décision[50]. Dans ce contexte houleux, le journal annonce au mois de la sortie d'unLibé week-end avec un supplémentÉcrans (télévision, Internet, cinéma…) et un autre, intituléR, qui sera abandonné dès septembre.
Le journal est alors en cessation de paiement. Il dépose le bilan et une procédure judiciaire de sauvegarde est ouverte. Le plan de sauvegarde (adopté en) prévoit un remboursement sur 10 ans de plus de 15 millions d'euros de dettes[51].
Le, Serge July annonce à la rédaction qu'Édouard de Rothschild n'acceptera unerecapitalisation qu'à la condition que Louis Dreyfus (directeur général) et lui quittent le journal et il s'y résoudra pour le sauver. Pour les journalistes, la nouvelle est un choc. Le lendemain, ils publient en une un communiqué rendant hommage à leur fondateur et exprimant une inquiétude quant à leur indépendance[52]. Serge July quitte le journal le[53].
Les réactions sont nombreuses. Une polémique naît, dans les colonnes du journalLe Monde, entreBernard Lallement, premier administrateur-gérant deLibération et Édouard de Rothschild. Dans une tribune publiée le, le cofondateur deLibération voit dans le départ de Serge July la fin d'une époque où« écrire était du sens » et brosse un tableau pessimiste de l'avenir du quotidien et de la presse en général. Il lui oppose cette phrase de Jean-Paul Sartre dansNekrassov :« L'argent n'a pas d'idées »[54]. Deux jours plus tard, l'actionnaire de référence lui réplique, de façon cinglante, en rappelant que« Libération a besoin d'aides et de supports moraux, intellectuels et financiers.Libération n'a pas besoin de requiem »[55].
Le,Serge July etLouis Dreyfus annoncent leur départ du journal.Vittorio de Filippis, gérant élu de la SCPL (Société civile des personnels deLibération, second actionnaire du titre avec 18,45 % des parts), est nommé, provisoirement, au poste de président-directeur général. Philippe Clerget, ancien directeur deL'Usine nouvelle, devient directeur général du quotidien, à la demande de l'actionnaire de référence.
Un comité opérationnel est mis en place, composé de trois salariés désignés par la SCPL et de trois administrateurs désignés parÉdouard de Rothschild : Agnès Touraine, ancienne présidente du pôle éditions deVivendi,Guillaume Hannezo, ancien directeur financier de Vivendi, tous deux proches deJean-Marie Messier etLionel Zinsou, associé-gérant de Rothschild &Cie et animateur du club Fraternité, cercle de réflexion deLaurent Fabius.
À la suite du changement de direction, de nombreux journalistes souhaitent quitter le journal. Tandis que la direction ouvre des guichets de départs assortis d'indemnités,Florence Aubenas,Antoine de Baecque (rédacteur en chef adjoint chargé de la culture),Jean Hatzfeld etDominique Simonnot (ancienne présidente de la Société des rédacteurs), annoncent« être en désaccord avec ce qui se passe au journal » et demandent de bénéficier de laclause de cession[56], afin d'acter le changement de propriétaires et de capital du journal. Le, alors que le journal publie un appel à ses lecteurs et à ses actionnaires[57], la rubrique « Quotidienne » dePierre Marcelle n'est pas publiée, car elle prend à partie certains des journalistes susnommés,« dans des termes qui n'ont pas été jugés acceptables »[58].
Le est annoncé le retour deLaurent Joffrin, qui avait quitté le journal en 1988,Claude Perdriel faisant appel à lui pour succéder àFranz-Olivier Giesbert à la tête de la rédaction duNouvel Observateur[59]. Il revient àLibération, au poste de président du directoire du journal[60]. Le nouveau président explique sa décision dans uncourrier électronique envoyé à la rédaction :« Les difficultés financières et la crise interne deLibération m'ont conduit à prendre cette décision, la plus difficile de ma vie professionnelle. La disparition deLibération ferait taire une voix importante dans la société française et excluraitde facto la gauche de la presse du matin. C'est cet enjeu politique et social qui motive cette candidature à la direction d’un journal que je connais et au sein duquel j'ai appris mon métier de journaliste »[61].
Le, Antoine de Gaudemar (directeur de la rédaction) est officiellement remplacé par Laurent Joffrin. Sous sa direction,Libération va soutenirSégolène Royal pendant lacampagne présidentielle de 2007[réf. nécessaire] mais en,Nathalie Collin, ex-présidente d'EMI-France, prend la coprésidence du quotidien auprès de Laurent Joffrin[62].
Avec cette codirection, le journal renoue avec les bénéfices (2010, 2011) et connaît une hausse sensible de sa diffusion (+5,3 % en 2011)[63].
Au début de 2011,Laurent Joffrin quitteLibération pour retrouver leNouvel Observateur. Le,Nicolas Demorand est proposé parÉdouard de Rothschild pour reprendre la codirection deLibération à partir du, aux côtés deNathalie Collin qui codirige le journal depuis 2009[64]. En, Nathalie Collin quitteLibération pour prendre la coprésidence duNouvel Observateur et la direction générale du groupe Nouvel Observateur, elle est remplacée par Philippe Nicolas au poste de coprésident deLibération. En,Anne Lauvergeon remplace Édouard de Rothschild à la tête du conseil de surveillance du journal.
En 2011, à la suite de la parution de« Charia Hebdo », titre donné auno 1011 de l'hebdomadaireCharlie Hebdo dans lequel se trouvent lescaricatures de Mahomet, les locaux du journal satirique sont le théâtre d'un incendie criminel.Libération accueille aussitôt la rédaction deCharlie dans ses propres locaux et, dès le lendemain, un supplément de quatre pages consacré aux dessins deCharlie Hebdo est vendu dansLibé[65]. Quelques jours après, le site internet du quotidien est menacé de piratage par deshacktivistes turcs[66].
Une des premières décisions de Nicolas Demorand est de mettre fin à quatre déclinaisons locales deLibération : les « Libévilles » de Lille, Strasbourg, Rennes et Orléans[67]. Soutenu par les actionnaires, il est rapidement contesté en interne[68], les équipes rejetant sa gestion humaine et rédactionnelle. Dès, les personnels deLibération votent à 78 % une motion de défiance lui reprochant son« isolement », ses absences et sa gestion[69] ; alors qu'il se consacre essentiellement à trouver des sources de financement pour le titre.
Fin 2011, Édouard de Rothschild annonce l'arrivée au sein de la holding Refondation de l'homme d'affairesBruno Ledoux — au travers sa société BLHM (Bruno Ledoux Holding Media) et par ailleurs propriétaire du siège du journal rue Béranger — comme actionnaire de référence, à parité avec lui et à hauteur de 26,64 %, moyennant un investissement de 7,6 millions d'euros. Ensemble, ils détiennent le bloc de contrôle deLibération avec 53,28 % des parts de Refondation (Groupe A).
L’augmentation de capital de Refondation est signée le et Bruno Ledoux en est nommé président.
Les conflits entre les journalistes et Nicolas Demorand perdurent : en, la société civile des personnels deLibération (SCPL) dénonce une« ligne éditoriale racoleuse, [une] attitude autocrate de leur chef » et une« greffe [qui] n'a pas pris »[70]. La rédaction lui reproche également de cumuler la direction de la rédaction et la présidence du directoire. Il abandonne cette première fonction le, au bénéfice du journaliste Fabrice Rousselot[71]. Les journalistes lui reprochent également les« Unes racoleuses », comme « Casse-toi riche con ! » le, allusion àBernard Arnault qui vient de demander la naturalisation belge ; puis celle du titrée « Une possible affaire Fabius », relayant une rumeur à propos d’un compte en Suisse deLaurent Fabius, obligeant Nicolas Demorand à présenter ses excuses aux lecteurs quelques jours plus tard[72],[68].
Financièrement, après un bond de 9,5 % sur un an grâce à la campagne présidentielle de 2012, les ventes chutent de 15 % en deux ans, notamment la vente au numéro qui s'effondre de près de 30 %[68]. Le plan d'économie de trois à quatre millions d'euros proposé par Nicolas Demorand à la demande des actionnaires, comprenant la révision des accords sociaux des journalistes, est accueilli par une motion de défiance le, votée par 89,9 % des participants[73],[68].
Alors que les rumeurs d'un possible dépôt de bilan circulent dans la presse, les salariés lancent le une grève de 24 heures et demandent, pour la troisième fois, le départ deNicolas Demorand et du coprésident du directoire Philippe Nicolas. Ils s'opposent, dès le lendemain, à la publication d'un texte en soutien au projet des actionnaires — deBruno Ledoux en particulier —, de diversifier l'entreprise en s'appuyant sur sa marque et sur la création, dans l'immeuble de la rue Béranger, d'un « espace multimédia » autour d'un « café Libé ». Ils y répondent le en première page, déclarant« Nous sommes un journal. Pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up… »[68],[74]. Le, Nicolas Demorand annonce sa démission de la direction du journal dans une interview auMonde[75]. Il est remplacé par François Moulias, représentant de l'actionnaire de référence Bruno Ledoux, tandis quePierre Fraidenraich, ancien directeur chezCanal+, également proche de Bruno Ledoux, arrive au poste de « directeur opérationnel » du futur groupe qui accueilleraLibérationet des éventuelles filiales[76]
À quelques jours d'un dépôt de bilan, annoncé comme inéluctable par les membres du directoire, Bruno Ledoux demande la convocation urgente d'un conseil de surveillance qui se tient le dans lequel il annonce refuser un tel scénario et indique être en mesure d'organiser le sauvetage du journal au travers de sa société BLHM (Bruno Ledoux Holding Media) dans le cadre d'une augmentation de capital deLibération à hauteur de 18 millions d'euros qui lui serait réservée. L'ensemble des autres actionnaires, regroupés au sein de la société Refondation (en particulier Édouard de Rothschild et le patron de presse italienCarlo Caracciolo) étant intégralement dilué, l'augmentation de capital deLibération est votée à l'unanimité. Le coprésident du directoire Philippe Nicolas est révoqué sur-le-champ et non remplacé.
Bruno Ledoux est nommé président du conseil de surveillance, en remplacement d'Anne Lauvergeon, démissionnaire.
Matthieu Pigasse etXavier Niel, copropriétaires duMonde, officialisent publiquement leur intention de reprendreLibération mais uniquement dans le cadre d'un dépôt de bilan. Cette hypothèse qui, outre la casse sociale, regrouperait en une seule main deux des trois grands quotidiens nationaux est écartée par Bruno Ledoux.
Le, leTribunal de commerce de Paris valide le plan et le protocole de conciliation proposés par Bruno Ledoux, évitant le dépôt de bilan.
Malgré de nombreuses réticences internes, Bruno Ledoux insiste sur la réalisation de son projet et la nécessité de réformer en profondeur le journal, ainsi que de renforcer les activités web, de fusionner les rédactions (papier et web) ; il insiste également sur la mise en place d'importantes diversifications dans le domaine d'activités multimédia autour de la marque, tout en préservant le journal papier. Pour ce faire, il annonce le retour de Laurent Joffrin, aux côtés de Pierre Fraidenraich et organise un tour de table, avec l'arrivée à ses côtés de l'homme d’affaires franco-israélienPatrick Drahi, propriétaire des sociétés Numéricable et SFR, lequel confirme être en mesure d'investir la somme de 14 millions d'euros pour sauver le journal.
En mai de la même année, Patrick Drahi verse 4 millions d'euros sous forme de prêt afin, selon un article paru dansLibération, « de laisser le journal en vie le temps de se mettre d’accord sur le montant de sa part dans le reste de la recapitalisation[77] ».
Le,Laurent Joffrin est officiellement nommé directeur de la rédaction, cette fois à 52,8 % des voix. Il est accompagné, pour le volet numérique de sa mission, par un « numéro un bis »[78],Johan Hufnagel, cofondateur et rédacteur en chef deSlate, qui fut également rédacteur en chef du site web de20 Minutes et rédacteur en chef adjoint de celui deLibération[79].
Le, l'augmentation de capital de 18 millions d'euros actant le sauvetage du journal est signée, il est contrôlé à parts égales parBruno Ledoux etPatrick Drahi qui a sollicitéMarc Laufer[80] pour représenter ses intérêts au travers d'une holding commune créée à cet effet : laSAS Presse Media Participation Holding (PMP Holding), actionnaire à hauteur de 85 % de laSAS Presse Media Participation (PMP) dont Bruno Ledoux est président du conseil de surveillance etPierre Fraidenraich le directeur général[81] et qui est elle-même propriétaire de près de la totalité de laSARL Libération[82]. Les autres 15 % sont détenus par un ensemble d'actionnaires, dont Business & Décision, représentée par Patrick Bensabat, Michael Benabou (fondateur de la sociétéVente-Privee.com), la famille Gerbi (fondateur du groupeGérard Darel), Franck Papazian (Mediaschool Group) et la société Dinojo.
Le1er août, la clause de cession est ouverte. En septembre, Laurent Joffrin, en accord avec les actionnaires, annonce vouloir supprimer 93 emplois de la rédaction du journal, afin de renouer avec les bénéfices dès la fin 2015[83]. Parmi les départs, une équipe emmenée par les Garriberts (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, chroniqueurs télé du quotidien) lancera un nouveau média en ligne :Les Jours[84].
« Libération était un quotidien qui publiait une version numérique.Libération sera un site qui publie un quotidien », annonceLaurent Joffrin[85]. Le,Libé met en place une nouvelle maquette, avec de nouvelles rubriques et une mise en forme différente :« Il faut que ça fasse très boîte à outils avec des angles. On injecte de l’internet dans le journal[86] », déclareJohan Hufnagel à l'AFP. Ceci accompagne une évolution de l'effectif, ramené à 180 personnes, dont 130 journalistes, mais avec de nouvelles recrues rejoignant la rédaction[87].
Le journal souhaite privilégier les supports numériques :« En se levant, le premier réflexe du lecteur pour consulter les infos, c’est le mobile[85] », déclare encore Hufnagel.« La rédaction a été réorganisée selon le principe du « web first », en sept pôles de traitement de l’information responsables chacun de leur production journalistique sur tous les supports, « Pouvoirs et Contre-pouvoirs », « Planète », « Futurs », « Idées », « Culture », « Styles de vibe » et une équipe spécialisée dans les contenus numériques. Les articles du journal papier et ceux des sites sont réalisés par la même équipe » précise Laurent Joffrin dans une tribune du[88].
Directeur des rédactions de septembre 2014 à novembre 2017, Johan Hufnagel est supposé développer une politique dediscrimination positive, au sein du quotidien composé presque uniquement de journalistes « blancs », affirmant :« Je préfère, à compétence équivalente, prendre un Noir ou une Arabe ». Ce discours ne sera plus porté par la nouvelle direction après son départ, Laurent Joffrin préférant« mettre l’accent sur la diversité sociale, pas ethnique, sachant que les deux se recoupent très largement ». En 2018, les personnes « perçues comme non blanches » représentent moins de 10 % de la rédaction « écrivante » du journal[89].
Fin 2017, Clement Delpirou est nommé directeur général, tandis que, début 2018, Johan Hufnagel quitte la rédaction du journal et Paul Quinio celle deL'Obs, pour le remplacer[90].
En 2018, la direction continue sa stratégie de conquête d'abonnés numériques avec, notamment, la création de nouvelles newsletters[91] :Chez Pol etTu mitonnes de Jacky Durant, journaliste culinaire ; et lance également une appli de jeux[92].
Le,Patrick Drahi annonce épurer les dettes deLibération et placer le titre sous unefondation afin de lui garantir« la plus totale indépendance éditoriale, économique et financière »[93].
Le, Clément Delpirou est remplacé parDenis Olivennes« un chef d’entreprise et haut fonctionnaire d’obédiencenéolibérale »[94] Denis Olivennes devient cogérant du quotidien avec Paul Quinio, également directeur de la rédaction par intérim[3],[95],[96].
Le, Laurent Joffrin quitte la direction du journal pour se lancer en politique[97]. Il décide de créer un mouvementsocial-démocrate et lance un appel intituléEngageons-nous« afin de relancer le réformisme de gauche en France »[98].
Sur proposition deDenis Olivennes[99], directeur général et cogérant du titre,Dov Alfon — ancien rédacteur en chef du quotidien israélienHaaretz[100] et responsable de la stratégie numérique deLibération depuis juin 2020[101],[102],[103] — est nommé le directeur de la rédaction par les journalistes avec une majorité de 90,8 %. Il succède ainsi à Laurent Joffrin et devient également directeur de la publication, directeur de la rédaction et cogérant du journal en compagnie de Denis Olivennes[3].
Au cœur de son projet : l'accélération de la mutation du titre vers un quotidien avant tout numérique[104] et accessible par abonnement avec, selon ses propres termes, une rédaction « assise » qui va traiter à chaud l'actualité immédiate sur le site web du quotidien et une rédaction « debout » qui va produire les contenus propres deLibé, c'est-à-dire des sujets que les autres n'ont pas[99]. Il esquisse ainsi son plan :« Revenir aux fondamentaux : à l'écriture longue, aux enquêtes et à l'expression tranchée des opinions. UnLibé clairement à gauche, qui doit faire entendre ceux qui n'ont pas voix au chapitre. Et cap sur le numérique »[105].
Selon Alfon, le quotidien est trop tourné vers leprint (le journal papier) et le site Internet actuel remplit mal sa mission d’information en temps réel[106]. Résultat :« Un outil pas digne du 21e siècle et une organisation du travail chaotique[105] ». De nouveaux outils technologiques ultra-performants vont donc être utilisés, notamment le logiciel de publication et degestion des contenus numériques duWashington Post, « Arc Publishing »[99].
Le quotidien pourra ainsi se concentrer davantage sur l’investigation, capable d’attirer plus d’abonnés, à l’image del'enquête sur des faits de harcèlement et d'agressions sexuelles chez l’éditeur de jeuxUbisoft publiée parLibé en 2020 et qui a poussé plusieurs dirigeants de cette société à démissionner[106].« Dans sa réforme », témoigne un rédacteur,« il veut créer un service d’actualité de 20 à 30 personnes, qui traiterait rapidement l’actualité afin de permettre aux autres journalistes de travailler sur d'autres sujets »[106].
Le, dans une interview àMind Média[107], Denis Olivennes présente les résultats 2020 de la société et dresse un premier bilan de ses six mois à la tête du quotidien : il commente les nouveaux projets de développement éditoriaux, techniques et marketing et annonce que« Libération affiche la plus forte progression des abonnés en ligne de la presse quotidienne nationale en 2020 – en passant de 20 000 abonnés numériques fin 2019 à 50 000 aujourd’hui – et la plus forte progression de l’audience site et papier des quotidiens nationaux dans la dernière étude de l’ACPM[108] ». Denis Olivennes compte sur 110 000 abonnements numériques« fin 2023 » afin de viser l'équilibre financier du quotidien[109]. En mai 2021, Lauren Provost devient la nouvelle directrice adjointe de la rédaction deLibération[110]. Elle succède à Christophe Israël, qui rejoint le groupe suisse Tamedia[111].
Le journal demeure néanmoins en difficulté financière et nécessite 15 millions d'euros pour assurer son avenir économique, mi-2022[112]. Son co-gérant, Denis Olivennes, contacte le PDG deCMA-CGM,Rodolphe Saadé, pour apporter un soutien financier au groupe de presse.
Le milliardaireDaniel Kretinsky, propriétaire du groupeCMI, qui possède notammentMarianne, annonce avoir renfloué le journal à hauteur de 15 millions d'euros en septembre 2022[113] : 14 millions sous forme de prêt (à un taux de 4 % (euribor + 3 %)[114], remboursable à partir de2026) et un don de 1 million d'euros à la holding de tête qui possède les actions du groupe, le Fonds de dotation pour une presse indépendante (FDPI), actionnaire majoritaire deLibération[115]. SelonMediapart, l'essentiel de ces apports s'est fait sous forme d'obligation non remboursable en actions, souscrite auprès dePresse indépendante SAS, la holding intermédiaire entre le journal et son fonds de dotation de Libération[114].
En septembre 2022, la presse informe que le sauvetage du quotidien en 2014 est au cœur d’une enquête judiciaire.Bruno Ledoux, actionnaire majoritaire du journal à l’époque, est visé par une enquête duParquet national financier (PNF) pourfraude fiscale aggravée etabus de biens sociaux. La justice s’intéresse aux opérations derecapitalisation du quotidien[116]. Les enquêteurs s’intéressent également à la vente du siège, qui a changé de main à plusieurs reprises avant d’être racheté, l’été 2022, par le fonds d’investissement Mark[117].
De ses débuts à l'extrême gauche,Libération a gardé une étiquette de « journal de gauche ». Néanmoins, dès 1978,Serge July décrit le quotidien comme « libéral-libertaire »[118] et en 2019, dans un ouvrage publié auxPresses universitaires de France, une douzaine d'années après son départ du journal, il précise :
« Sur le plan politique,Libération est évidemment un journal progressiste et j’avais inventé en 1978 la formule « libéral-libertaire ». Mais la caractérisation partisane deLibération ne va pas beaucoup plus loin. Sa sensibilité est de gauche, mais comme il y a au moins cinquante nuances de gauche sur le marché, beaucoup se retrouvaient au sein de l’équipe, sans exclure des personnes venues d’autres horizons. Certains collègues défendaient ainsi avec force l’économie de marché. J’ai le sentiment, en tout cas, de n’avoir privilégié aucune nuance de gauche[119]. »
En 1981, dès le début de la présidence deFrançois Mitterrand, à la suite d'une nouvelle équipe et d'unenouvelle formule, le quotidien assume une ligne éditoriale degauche socialiste[120] versionPS et, dans les années 1980 — qui constituent l'âge d'or du journal — devient beaucoup plus modéré. Alain Brillon, archiviste àLibération[réf. souhaitée], soulignant l'infléchissement de la ligne éditoriale, avance qu'« en 1988, [...] on avait des lecteurs qui votaient pour Raymond Barre[121]. »
En 1998,Noam Chomsky affirme, citant une étude réalisée par un chercheur néerlandais, queLibération était, durant lesannées Reagan (1981-1989),« le pire » des journaux européens« dans son adhésion à la propagande du gouvernement américain », allant même« au-delà des pires journaux des États-Unis »[122].
En 2006, quandLaurent Joffrin arrive à la tête de la rédaction sur nomination de l'actionnaireÉdouard de Rothschild, ce dernier déclare:« C’est un peu une vue utopique de vouloir différencier rédaction et actionnaire »[123]. Le journal est ainsi décrit parAcrimed, une association française decritique des médias, comme le« quotidien deRothschild »[124], manière de dire que l'aspect financier impose ses droits jusqu'à perturber la vision d'une ligne éditoriale[121].Henri Maler, cofondateur d'Acrimed, écrit :« la célébration dunéolibéralisme et de sa version mondialisée s’est, de plus en plus souvent, entourée des précautions habituelles sur la nécessaire « régulation »[123] ».
Le 3 janvier 2012,Libé publie en une « La lettre aux Français » deFrançois Hollande alors candidat duParti socialiste à laprésidentielle, une pleine page, sans commentaire ni annotation, qu'Emmanuelle Anizon et Olivier Tesquet, journalistes àTélérama, considèrent davantage comme« un tract plus qu'un article », une décision assumée par Nicolas Demorand, alors codirecteur du journal[125]. En 2012, dès le début de la présidence de François Hollande, Télérama souligne encore la proximité entre la rédaction et le pouvoir socialiste : les portraits du nouveau président, tels que « l'effort tranquille », sont toujours bienveillants[125].
La même année, pour le site Acrimed, la présence de François Hollande au pouvoir est révélatrice de l'évolution du journal et montre« un quart de siècle de progressisme affiché qui, de renonciation en reniement, s’est souvent traduit, sur le papier, par maints louvoiements éditoriaux » et ces errances, ou cette absence de ligne éditoriale bien définie, ont parfois été critiquées par une partie des journalistes qui dénonce des« Unes racoleuses qui défigurent » le journal[126]. De la même manière, pour certains de ses anciens rédacteurs commePierre Marcelle, les différents renoncements deLibération ont eu pour conséquence que le journal« a perdu son identité, c'est devenu un journal comme les autres »[121], et pourPhilippe Gavi, cofondateur du journal, un titre« frappé par la banalisation »[127].
En mars 2013, Nicolas Demorand écrit, dans un éditorial de la rubrique « Économie », concernant la France :« il faudra rendre des droits chèrement acquis et des protections sociales » et« il faudra travailler plus pour gagner autant et peut-être même moins »[128]. Pour Henri Maler, cet éditorial fixe un cap économique et politique« à l’intention des partenaires sociaux » et du gouvernement :« Cette orientation ne se borne pas à accompagner celle du gouvernement : elle la devance »[129].
En 2017, lors des élections présidentielles et à quelques heures du second tour, le journal publie, en couverture, une photo d'Emmanuel Macron avec un appel explicite :« Faites ce que vous voulez, mais votez Macron »[130]. Dans sa rubriqueCheckNews, le journal reviendra sur cette couverture en concédant avoir voulu la victoire d'Emmanuel Macron contreMarine Le Pen, mais en récusant avoir soutenu le programme du candidat[131].
En 2020, le journalLa Montagne indique queLibération a« une même lecture d'obédiencenéo-libérale de l'actualité économique » que les autres principaux journaux français, dans un article intitulé« Sous le vernis des opinions politiques de six grands journaux nationaux, une même palette d’analyses économiques », publié à l'occasion de la sortie d'un livre de Michaël Lainé[132].
PourMarianne, toujours en 2020, la rédaction deLibération — comme d'autres titres de la presse de gauche — est fracturée entre deux camps, que le magazine décrit comme les multiculturalistes et les universalistes. La discorde porte sur des thèmes de société tels que : le féminisme, les minorités et l’islam, principalement[133]. Des plumes extérieures jugées contraires à la ligne « néo-féministe » du journal sont remerciées, telle la philosophe et psychanalysteSabine Prokhoris[133].
En 2023, selonAlexandra Schwartzbrod, la directrice adjointe de la rédaction deLibération,« on est le journal de toutes les gauches. Avec un clivage au sein de la rédaction : les plus jeunes sont plutôtLFI, les anciens sontsociaux-démocrates[120]. »
En 1981,Libération quitte ses locaux de larue de Lorraine (19e arrondissement de Paris) pour le 9rue Christiani (18e arrondissement de Paris)[134].
En, le journal déménage de son adresse historique, l'ancien immeuble du 11rue Béranger situé dans le3e arrondissement de Paris, pour s'installer dans le9e arrondissement de Paris, aux côtés d'autres journaux d'Altice Media Group dans l'immeuble du 23rue de Châteaudun. Il rejoignait notamment la rédaction deL'Express et celle deL'Étudiant.
En, nouveau déménagement au 2,rue du Général-Alain-de-Boissieu, dans le15e arrondissement de Paris. La rédaction du journal s'installe au sein de l'Altice Campus de SFR Presse.
En le journal se déplace à nouveau pour s'installeravenue de Choisy, dans le13e arrondissement de Paris[135].
Depuis le milieu desannées 1990, les fonctions de PDG et de directeur de la rédaction sont clairement disjointes. Le PDG fixe les orientations stratégiques (nouvelles formules, suppléments, etc.), tandis que le directeur de rédaction est chargé des choix éditoriaux.
Les statuts du journal prévoient que le PDG propose à la rédaction un directeur, que celle-ci est libre d'accepter ou non.
En 2010,Libération est le troisième quotidien qui reçoit le plus de subventions de l'État avec quatorze millions d'euros et, en 2012, avec 6,3 millions d'euros d'aides directes[136] et plus de dix millions d'aide totale[51].
En 2010 et 2011, le quotidien sort deuxrésultats d'exploitation positifs de plus de 2,5 millions d'euros — réalisant par là une des meilleures performances de la presse écrite — et reçoit le Grand Prix des Médias 2012[137].
Fin 2012,Libération n'est plus endetté qu'à hauteur de 6,6 millions d'euros (passif de sauvegarde) et prévoit un résultat d'exploitation en baisse, mais positif, à hauteur d’environ un million.
Fin 2013, le quotidien prévoit une perte nette de 1,3 million d'euros, le chiffre d'affaires étant de 58 millions. Pressée par les actionnaires, la direction envisage de réviser les accords sociaux des employés.Édouard de Rothschild et les héritiers de l'éditeur italien Carlo Carraciolo annoncent vouloir se désengager[138].
En 2014,Bruno Ledoux annonce vouloir poursuivre l'activité en redéveloppant le journal autour d'un nouveau projet et d'un nouvel actionnariat, alors quePatrick Drahi arrive au capital. Cette année-là, le journal subit de nouveau une aggravation de sa perte, à neuf millions d'euros et le chiffre d'affaires chute à 40 millions. Une grande partie de cette perte est néanmoins due au coût exceptionnel d'un plan de départ de 90 salariés, environ un quart de l'effectif du journal[139].
Au, le journalLibération (SARL Libération) est détenu à hauteur de près de 100 % par la sociétéSAS Presse Media Participation (PMP).
PMP est détenue à hauteur de 85 % par la sociétéSAS Presse Media Participation Holding(PMP Holding).
PMP Holding est détenue à hauteur de :
Bruno Ledoux est président de PMP.
Les autres actionnaires de PMP (15 %) sont, dans l'ordre des montants d'investissement :
La Société civile des personnels de Libération (SCPL) veille sur la liberté et l'indépendance du journal. Les seize membres de cette instance sont élus pour deux ans par l'ensemble des salariés. Ils représentent les trois collèges : rédaction, fabricants, administratifs et commerciaux.
En 2016, le site data.gouv.fr duministère de la Culture publie que le journal reçoit 4 887 544 € de subventions directes de la part de l'État[140].
Entre 2017 et 2020,Libération a un contrat de « fact-checking » avecFacebook. En 2018, pour 249 articles publiés et entrés dans la base Facebook, le quotidien a facturé 245 000 dollars[141]. En 2020, le quotidien facture 239 200 dollars à Facebook dans le cadre de ce contrat. Il justifie la fin de ce contrat par le fait que,« en termes d’indépendance éditoriale, la direction a jugé plus pertinent de miser sur les abonnés numériques et des contenus à valeur ajoutée plutôt que sur un contrat avec une entreprise privée »[142].
Le,Patrick Drahi annonce épurer les dettes deLibération et placer le titre sous unefondation régie par unfonds de dotation afin de lui garantir« la plus totale indépendance éditoriale, économique et financière »[93].Altice France va donc créer un fonds de dotation pour une presse indépendante dans lequel il intégrera le journal, dernier titre de presse écrite détenu par le groupe depuis la vente deL'Express en 2019[143].
« Moralement, éthiquement et journalistiquement, c’est un progrès », estimeLaurent Joffrin, qui va intégrer le conseil d'administration du fonds de dotation. Altice France devrait continuer à épurer les dettes et dotera substantiellement la structure[144]. Les salariés regrettent cependant de ne pas avoir été consultés. Ils demandent des certitudes en ce qui concerne le budget et le fonctionnement du titre et appellent à être intégrés dans la future gouvernance[145],[146].
Le, en remplacement de Clément Delpirou,Denis Olivennes est nommé cogérant de la publication avec Paul Quinio.
En septembre 2020, la SARL Libération passe à SAS Presse indépendante, détenue à 99,99 % par un fonds de dotation indépendant — le fonds de dotation pour une presse indépendante (FDPI) — et à 0,01 % par Denis Olivennes Conseil, tandis que Denis Olivennes lui-même — qui détient des actions à droit de vote préférentiel et le contrôle de SAS Presse indépendante, ainsi qu'un droit de préemption des actions du fonds en cas de cession — reste cogérant du quotidien. La question de la soi-disant « indépendance » du quotidien se pose alors, d'autant plus qu'Altice, la maison-mère de SFR, conserve une forte influence sur le journal. Ses cadres, Denis Olivennes y compris, sont présents à tous les étages du montage juridique qui permet de le contrôler[147].
Le 11 septembre, considérant que les conditions de la cession du journal à un fonds de dotation ne sont pas à même de garantir la pérennité du titre, une centaine de personnalités lancent un appel dans une tribune auMonde[148].
Le 16 septembre,Dov Alfon devient directeur de la publication, directeur de la rédaction et cogérant avec Denis Olivennes, en remplacement de Paul Quinio[3]. Dans son premier éditorial, il précise les modalités de fonctionnement du fonds de dotation en réponse à ces interrogations[104].
En 2017,Libération a réalisé un chiffre d'affaires de 36 024 200 € avec une perte de 3 317 700 €. L'effectif (donnée 2016) était de184 collaborateurs[149].
En 2020, les dettes cumulées se situaient entre45 et 50 millions d'euros[150].
En 2021, le chiffre d'affaires deLibération était de31,5 millions d'euros, en hausse de 10 %. Toutefois, le journal était déficitaire, laperte d'exploitation s'élevant à7,9 millions d'euros[115].
La diffusion payée moyenne deLibération en France de 1996 à 2021selon les chiffres publiés par l'ACPM[151] :
Année | Diffusion France payée | |
---|---|---|
1996[152] | 160 531 | ![]() |
1997[153] | 170 770 | ▲ +6,38 % |
1998[153] | 169 814 | ▼ −0,56 % |
1999 | 169 427 | ▼ −0,23 % |
2000 | 169 011 | ![]() |
2001 | 174 310 | ![]() |
2002 | 164 286 | ![]() |
2003 | 158 115 | ![]() |
2004 | 146 109 | ![]() |
2005 | 142 557 | ![]() |
2006 | 133 270 | ![]() |
2007 | 132 356 | ![]() |
2008 | 123 317 | ![]() |
2009 | 111 584 | ![]() |
2010 | 113 108 | ![]() |
2011 | 119 205 | ![]() |
2012 | 119 418 | ![]() |
2013 | 101 616 | ![]() |
2014 | 93 781 | ![]() |
2015 | 88 395 | ![]() |
2016 | 73 331 | ![]() |
2017 | 75 275 | ![]() |
2018 | 67 238 | ▼ −10,68 % |
2019 | 71 466 | ▲ +6,29 % |
2020 | 76 522 | ▲ +7,07 % |
2021 | 90 354 | ▲ +18,08 % |
2022 | 96 551 | ▲ +6,86 % |
2023 | 100 238 | ▲ +3,82 % |
Comme pour la plupart des autres quotidiens nationaux français, la diffusion payée a fortement baissé depuis 2001. La croissance, amorcée en 2011, ne semble plus se confirmer depuis 2013 : les chiffres semestriels de 2013 montrent une baisse de 11 % à 19 % par rapport à 2011 et 2012[154].
Au premier semestre 2014, le titre a une diffusion moyenne de 93 731 exemplaires[155]. La baisse des ventes se poursuit, en 2015, notamment pour les ventes en kiosque (-26 % en)[156].
En moyenne, en 2015 :
2017 a été une année positive, avec un retour à la croissance de la diffusion[réf. nécessaire]. Cependant, dès l'année suivante, les ventes chutent à nouveau de 10,6%.
À partir de 2018, la stratégie du journal évolue, avec le choix de mettre l'accent sur les abonnements numériques. Dans un communiqué, la direction deLibération annonce plus de 1 000 nouveaux abonnés par mois[158].
Pour des raisons techniques, il est temporairement impossible d'afficher le graphique qui aurait dû être présenté ici.
À la fin de l'été 2022,Libération dépasse les 59 000 abonnés numériques[115]. En 2023, le journal déclare disposer de 73 000 abonnés numériques et vise 115 000 abonnés numériques en 2025[159].
Unesociété de journalistes a pour mission de veiller à l'indépendance journalistique du périodique[164].
Fin, alors que le journal est menacé d'undépôt de bilan, des salariés du journal créent laSociété des lecteurs de Libération (SLL), afin« de resserrer les liens entre le journal et ses lecteurs [et] d’assurer l’indépendance éditoriale deLibération » dans un « univers médiatique contrôlé par quelques riches familles et groupes industriels ». Un bureau provisoire, constitué de trois salariés (Olivier Costemalle, responsable du service médias àLibération ; Nicolas Cori, journaliste au service économie ; et Martine Peigner, responsable de la promotion), gère les premiers pas de laSLL avec l'aide, notamment, deKarl Laske (journaliste au service Société), Catherine Cordonnier (responsable du CE) et Catherine Coroller (journaliste au service Société).
Selon Olivier Costemalle,« différentes sensibilités [représentatives de la rédaction] cohabitent au sein du bureau actuel. La SLL n’est pas impliquée dans les querelles qui divisent les salariés (et qui ont tendance à s’estomper, puisque le désaccord majeur portait sur la cogérance, qui est maintenant terminée). »[165].
À la fin de, laSLL revendique plus de 4 000 adhérents et 170 000 euros récoltés. Au début de, deux personnalités qui partagent les valeurs deLibération mais n'en sont pas salariés,Zina Rouabah etWilliam Bourdon, deviennent coprésidents de laSLL. Ils ont notamment pour mission d’organiser une assemblée générale et de procéder à l’élection de nouveaux responsables au conseil d’administration et au bureau. Cette assemblée générale se tient en, confirme Rouabah et Bourdon dans leurs fonctions et élit un conseil d'administration qui compte désormais 16 membres. L'association édite un journal, dont le1er numéro[166] sort en et le deuxième[167] en, anime unsite web et organise des rencontres dans toute la France, associant des lecteurs aux journalistes. En 2008, si les liens avec la direction du journal se sont largement distendues devant la faible coopération, ceux avec laSociété Civile des Personnels de Libération (SCPL) ont été réaffirmés, notamment par la voix de son président,Christophe Ayad lors de la seconde AG de l'association le.
En 2023, le journal compte, entre autres, les rubriques quotidiennes « Éditorial », « Monde », « France », « Événement », « Expresso », « Idées », « Le portrait », et régulièrement « CheckNews », « Food », « Tu mitonnes », « Radar », « Modes de vie », «Sports »,« Culture », « Images », « Musique », « Livres », « Cinéma », ...
Lancé en octobre 2015,Le P'tit Libé est un supplément, destiné aux enfants de 7 à 12 ans, qui cesse de paraître en octobre 2020[168]. Chaque vendredi, un sujet traité dans les médias pour adultes y est décrypté en profondeur[169].
Il est imaginé par les journalistes Cécile Bourgneuf[170], Sophie Gindensperger et Elsa Maudet et la graphiste Émilie Coquard[171]. L'objectif : expliquer une fois par mois aux plus jeunes un sujet qui fait les gros titres. Le premier numéro, consacré à la crise des migrants, a paru en[172] :
À l'été 2017 et l'été 2018, un hors-série papier appelé « Le petit journal des grandes vacances » est vendu en kiosque[176].
Après deux ans de publication mensuelle en version imprimée,le P'tit Libé devient hebdomadaire et passe au 100 % numérique sur abonnement fin 2017[177],[168].
En 2020, avec l’arrivée deDenis Olivennes et deDov Alfon à la direction deLibération, une des premières mesures d'économie du journal alors déficitaire est de« concentrer ses efforts sur son offre généraliste » pour les adultes[168] etle P'tit Libé cesse de paraître le 23 octobre[178].
Les numéros traitent de politique, d'actualité internationale, de sujets de société, de culture et de sport. Choisi en fonction des thèmes couverts par les médias généralistes à ce moment-là, un seul sujet, accompagné d'illustrations[179], est abordé chaque semaine[168].
En 2014, un livre d'Anne-Claude Ambroise-Rendu, historienne spécialiste de lapédophilie, de la justice et du crime, a cité le journal comme ayant, à plusieurs reprises,donné la parole à des pédocriminels à la fin des années 1970, par le dessin pédopornographique du du groupeBazooka, unefellation d'enfant à un adulte[180], inséré par surprise dans les pages d'annonces « Taules »[181], puis la publication, début 1979, d'une lettre de Jacques Dugué, unpédocriminel attendant son jugement en prison dans l'affaire Jacques Dugué et, en, d'unepétition de 63 personnalités, parmi lesquellesPascal Bruckner,Georges Moustaki etChristiane Rochefort[182], défendant un homme en détention préventive, accusé de pédocriminalité dans l'affaire des films de la FNAC. Quinze jours plus tard, les écrivains présumés pédophilesTony Duvert etGabriel Matzneff sont interviewés parGuy Hocquenghem, qui a rejointLibération depuis 1975 et est, juste après, invité parBernard Pivot àApostrophes, où il vanteLibération comme : le seul journal où on peut dire certaines choses sur « les rapports avec l'enfance »[183]. Au cours de cette période, le quotidien, devenu déficitaire, refuse toujours la publicité commerciale etse met à publier des petites annonces pour mineurs de 12 à 18 ans[réf. nécessaire].
En, dans le cadre de l'affaire de Versailles, peu avant le procès de trois hommes en détention préventive depuis 38 mois, une pétition d'intellectuels titrée« trois ans pour des baisers et des caresses, ça suffit! » est publiée dansLe Monde puis dansLibération. Le lendemain de la pétition, le procès débute.Le Monde félicite la Cour d'assises de supprimer le huis-clos, même si les victimes sont mineures, afin que les signataires de la pétition comprennent pourquoi l'enquête a duré plus de trois ans, ainsi que son évolution : les victimes affirmaient avoir donné leur consentement, mais il s'avère très fragile vu leur âge et l'influence des adultes, comme le montre l'audience publique. Les témoins y révèlent aussi des faits plus graves que les simples caresses et baisers évoqués par la pétition[184], signée par 69 personnes au cours des semaines précédentes. Si la durée de la détention provisoire était« inadmissible »,« là s'arrête l'indignation », écrit le journaliste envoyé parLe Monde[184], pour qui« ce procès n'est pas » celui« d'une société ultra-répressive » mais de« trois hommes qui ont repris en compte à leur profit et pour leur plaisir, des pulsions sexuelles ». Il« est naturel de ne pas aimer cette forme d'amour et d'intérêt », conclut le journal[184].
L'entourage des trois accusés rebondit sur cette polémique et réunit le à l'université de Jussieu une trentaine de personnes, pour la plupart motivées par des questions d'aide juridiques. Cela est signalé par un encart publicitaire dansLibération du, texte annonçant aussi la création prochaine du « Front de libération des pédophiles » (FLIP), qui se réunira une seule fois, deux ans plus tard, avant d'être dissous.
À l'été 1977,Serge July recruteBazooka, groupe de graphistes dumouvement punk pour « secouer » le journal[185] en lui donnant« une totale liberté d'expression ». Selon lui« l'agression » graphique pratiquée par Bazooka« est aujourd’hui une manière d’exister, d’entretenir un rapport avec un monde désespérant »[186]. Bazooka intervient au « marbre » (maquette), juste avant le départ aux rotatives, mais sa« dictature graphique »[186] provoque les réticences de la rédaction et la collaboration cesse[187]. Bazooka travaille alors pour une autre publication, créée parLibération, la revueUn Regard moderne[188], arrêtée ennovembre 1978, après seulement six numéros, la rédaction deLibération accusant Bazooka de« pirater le journal au montage »[189] par la publication,dans la page d'annonce « Taules » de la revue encartée dans le numéro du 5-6 novembre 1978, consacrée aux détenus, d'un dessinpédopornographique[190].
Le, l'annonce du projet de création d'un « Front de libération des pédophiles », déjà publiée en mai 1977 lors de l'affaire de Versailles, est publiée de nouveau parLibération, tout comme la lettre deJacques Dugué, incarcéré pour des actes de pédophilie et le dessin pédopornographique ayant défrayé la chronique. Le tout accompagné d'un éditorial de Serge July titré « Les outrages de Libération », dans lequel il accuse le gouvernement de vouloir étouffer et marginaliser un journal« novateur », par les poursuites d'une justice« sclérosée » et« bourgeoise »[191].
Libération évoque, le premier, une partie de ces faits, dans un ensemble d'article publiés le[192], en réponse à la republication par des journaux anglais, italiens et allemands[193], d'un article pédophile deDaniel Cohn-Bendit, tiré de son livre de 1975Le Grand Bazar et paru à l'été 1976, peu après le suicide de la terroristeUlrike Meinhof[194] dans le magazine culturel allemand de son ex-mari, puis diffusé un quart de siècle plus tard à la presse par la fille de cette dernière.
La plupart des articles du dansLibération appuient une contre-attaque médiatique de Daniel Cohn-Bendit. Après deux semaines de silence, il est questionné dans une interview au 20 heures de TF1 sur ces écrits pédophiles.
L'un des articles, signé deSorj Chalandon, tente d'y voir les errements d'un temps révolu, en affirmant queLibération a lui aussi été,« dans les années 1970 », pris dans le« vertige commun » de son époque, où les journalistes croyaient avoir pour tâche d'abattre ce qui semblait relever de l'ordre moral, aboutissant à faire l'apologie de comportements criminels[192]. Cet article est centré notamment sur les dessins pédophiles du collectif Bazooka publiés de l'été 1977 à l'automne 1978[195], notamment celui de juin 1978 représentant « Patricia, douze ans », pratiquant une fellation sur un homme présenté comme son père[196]. La17e chambre du tribunal judiciaire de Paris condamne Libération à 3 000 francs d’amende, au motif que « ce dessin constitue, avec la légende qui l’explicite,« une scène aussi scandaleuse que révoltante et justiciable »[196].
Écrit sous la forme d'un court mea culpa récapitulatif, cet article de Sorj Chalandon de ne dit cependant pas un mot deChristian Hennion, dont l'enfant, qui est sous sa tutelle, dénoncera les attouchements qu'il lui a fait subir[195], dans un livre publié en 2009. Interrogé pour la première fois sur cette omission en[195], Sorj Chalandon répond qu'elle relève de sa seule responsabilité[195]. L'affaireGabriel Matzneff venant d'éclore, le journal a de nouveau fait amende honorable à propos de divers publications datant des années 1970, jugées complaisantes avec la pédophilie[197], mais sans évoquer le cas de Christian Hennion[197] .
Libération aborde finalement le sujet le[197] sur interpellation de ses lecteurs[195]. Dans cet article,Libération revient sur les actes de pédophilie commis sur Franck Demules par son père adoptif et tuteur, Christian Hennion, à l'époque journaliste àLibération et dénoncé dans le livreUn petit tour en enfer publié en 2009.Libération cite plusieurs anciens journalistes de l'époque, dont une qui explique que tout le monde était plus au moins au courant, mais que les journalistes en rigolaient et que l'indignation était variable àLibération à cette époque. Checknews cite aussi le livreDictionnaire amoureux du journalisme deSerge July, qui y décrit la relation entre Christian et Franck en ces termes :« J'ai souvent croisé cet adolescent, et il était difficile de dire s'il était seulement le protégé de Christian Hennion, son fils adoptif ou son amant. ». Dans cet article, Checknews cite Sorj Chalandon qui y explique ne pas avoir pensé à cette affaire pour son article et le regretter. Bénédicte Mei, qui s'occupait de l'administratif pourLibération, décrit Franck comme« Franck, c'est l'enfant martyr de Libération. »[195].
Peu après les articles datant de 2001, une enquête d'une jeune historienne,Anne-Claude Ambroise-Rendu, débouche sur le premier article scientifique sur le sujet, dans une revue spécialisée sur les médias en 2003[198], qui élargit la recherche sur 120 ans, puis sur un livre, en 2014[199].
Le,Libération publie un cliché, fourni par l'agenceAssociated Press, représentant, au premier plan, un jeune homme blessé (notamment à la tête) devant un policier israélien en arrière-plan, dressant de façon menaçante une matraque, qu'il légende comme : « un Palestinien victime des affrontements » et situant la scène sur l'esplanade des Mosquées àJérusalem. Rapidement, il apparaît que le jeune homme blessé, du nom de Tuvia Grossman, est un étudiant juif qui a été sorti de son taxi et sévèrement molesté par une des Arabes, le soldat israélien tentant de lui apporter secours en faisant fuir ses agresseurs.Libération publie un démenti le 6 octobre, reconnaissant avoir légendé incorrectement le cliché et avoir indiqué un faux lieu.
Libération est condamné par letribunal judiciaire de Paris le par la17e chambre à verser 4 500 euros dedommages-intérêts à Tuvia Grossman (défendu par William Goldnadel), pour atteinte à son image, aggravée par une légende erronée[200].
En, alors queMehdi Meklat est au cœur d'une polémique sur les réseaux sociaux, puis dans la presse[201], plusieurs personnalités et journalistes, notamment Jack Dion deMarianne, accusentLibération de prendre la défense du blogueur duBondy Blog, dont il est partenaire[202]. Celui-ci dénonce une« inversion des rôles et des responsabilités », qui rejette la faute sur les médias ayant dévoilé le racisme de Mehdi Meklat pour oublier ceux qui, à l'instar deLibération,« en ont fait leur chouchou »[203].
Le vendredi, dans la soirée, le serviceChecknews deLibération révèle que plusieurs personnalités de la sphère journalistique parisienne, à partir de 2009, se sont livrées à un harcèlement de militantes, de journalistes féministes (aussi bien femmes qu'hommes) au sein d'un groupe Facebook autoproclamé « Ligue du LOL »[204],[205],[206].
Deux journalistes deLibération,Vincent Glad et Alexandre Hervaud, sont alors mis en cause. Le, le directeur de publication,Laurent Joffrin, annonce leurmise à pied à titre conservatoire. Le lundi, Laurent Joffrin confirme — lors d'un comité de rédaction — le licenciement des deux journalistes[207].
En juillet 2022, Vincent Glad fait condamnerLibération aux prud'hommes pour licenciement abusif. Le quotidien devra lui verser près de 52 000 euros, dont 10 569 euros pour« licenciement sans cause réelle et sérieuse » et 30 000 euros d’indemnisation pour« licenciement vexatoire »[208],[209].
Le, le tribunal correctionnel de Paris condamneDov Alfon, directeur de publication, à 8 000 euros de dommages et intérêts pour avoir publiquement diffamé le professeurJean-François Toussaint dans la rubriqueCheckNews et à la publication de sa condamnation. Selon le quotidien, lors d’une rétrospective de fin d’année, publiée le, un entrefilet est consacré au documentaire conspirationnisteHold-Up, sur lequelCheckNews a écrit plusieurs articles lors des semaines précédentes. Dans ce court texte, Jean-François Toussaint est mentionné, à tort, en lieu et place deChristian Perronne, comme la personne« portant » le documentaire[210].
La Lettre A, quotidien spécialisé dans les médias, révèle en qu'un forum auGabon a été financé principalement par un service de laprésidence gabonaise. Le projet de forum visait, selonLaurent Mauduit, à associerLibération à un plan de communication du présidentAli Bongo,« pour redorer son blason ». En dépit d'un premier refus de la Société des personnels, celle-ci, sous la pression de la direction du journal, finit par s'incliner. Le quotidien aurait reçu450 000 euros pour sa prestation, tandis que ses actionnaires auraient empoché trois millions d’euros[211]. L'enquête diligentée en interne révèle que450 000 euros de commissions auraient été versés à« un intermédiaire »[212].Pierre Fraidenraich présente sa démission du groupeAltice après ces révélations. Lui et le directeur de la rédactionLaurent Joffrin avaient été entendus comme témoins dans une enquête ouverte par leParquet national financier concernant cet événement[213],[214]. Lors de la conférence qui suit la révélation de cette affaire, Laurent Joffrin concède, devant une partie de la rédaction, avoir été au courant d'un« important complément d'argent » versé àLibération, en violation, selon Robin Andraca,« des engagements pris par la direction auprès des représentants des salariés en 2015 »[215].
Le, une motion de défiance, votée à une large majorité de 76,8 % des suffrages exprimés (72,8 % des journalistes ayant participé au vote), appelle à plus de transparence et à ce que les salariés du journal soient désormais représentés par un administrateur salarié disposant d'un droit de vote dans les instances du groupe qui décident de la gestion et de l’avenir du journal. La démission de Laurent Joffrin n'est cependant pas demandée[216].
Les pages du journalLibération font l'objet de nombreusesappropriations dans l'œuvre du peintre péruvienHerman Braun-Vega, généralement sous forme de collages ou de transferts d'encre. Ces inclusions, au-delà de leur apport graphique, donnent des indices sur la narration qui tisse l'œuvre[217]. Ainsi, dans le tableauUn charnier de plus... (Ingres, Picasso)[218], les coupures de presse constituent une liaison narrative entre la tragédie grecque d'Œdipe, au premier plan, et l'apparente insouciance d'une partie de football sur une plage péruvienne à l'arrière plan[219]. De la même façon, dansLe temps des cerises (Monet, Cézanne, Picasso)[220], les fragments de journaux qui ornent lanature morte du premier plan, indiquent que l'image idyllique du jeune homme offrant des cerises à sa partenaire évoque de façon sous-jacente le risque de transmission du virus du sida[221]. DansDouble éclairage sur Occident (Vélasquez et Picasso)[222], le papeJean-Paul II recevantKurt Waldheim au Vatican, tient dans les mains le journalLibération titrant sur la condamnation deKlaus Barbie[223]. C'est encore le journalLibération que lit le peintreGérard Fromanger dans son portrait réalisé par son ami Herman Braun-Vega[224].
Notes
Références
.« La coupure de presse a une double fonction, précise-t-il, elle est informative et plastiquement, elle fait partie de la composition du tableau. Son utilisation n'est pas anonyme puisque L'information qu'elle développe est conforme à l'histoire que je développe »
.« A la derecha, los titulares del periódicoLibération informan que se ha descubierto una tumba clandestina (charnier) con víctimas del régimen dictatorial del rumano Ceaucescu y también se puede leer una noticia sobre una multinacional francesa, «Brasil: La limosna de Elf Acquitaine a los Indios de la Amazonia". »
Sur les autres projets Wikimedia :
Monographies :
Articles :
RMC BFM |
| ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Autres activités |
|
Personnages clés | |||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Filiales | |||||||||||
Salles de cinéma | |||||||||||
Sociétés absorbées | |||||||||||
Anciennes activités |
|