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Le Violon d'Ingres

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Pour les articles homonymes, voirViolon d'Ingres.

Le Violon d'Ingres
Artiste
Date
Type
Technique
Épreuve aux sels d'argent rehaussée à la mine de plomb et à l'encre de Chine et contrecollée sur papier
Dimensions (H × L)
28,2 × 22,5 cm
Format
(hors marge)
Inspiration
Mouvement
Propriétaire
No d’inventaire
AM 1993-117Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Modèle
Commentaire
Photographie datée et signée en bas à droite.
Acquise en 1993 par lemusée national d'Art moderne. Mouvement surréaliste

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Image externe
Image sur le site du Centre Pompidou

En référence aupasse-temps dans lequel excellait lepeintre classique françaisJean-Auguste-Dominique Ingres et entré dans la culture française sous le nom de « violon d'Ingres »,Le Violon d'Ingres est le titre d'unephotographie en noir et blanc réalisée par l'artisteaméricainMan Ray en1924. Elle représente le modèleKiki de Montparnasse, nue, sur le dos de laquelle il apposa par la suite les ouïes d'unviolon.

Cette photographie a été publiée pour la première fois dans le treizième numéro de la revueLittérature en.

Elle est actuellement conservée aumusée national d'Art moderne à Paris.

Contexte biographique

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Du peintre new yorkais au photographe parisien

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Alors que Man Ray se destine à une carrière de peintre, il découvre au début desannées 1900, àNew York, lagalerie 291, dirigée par le photographe américainAlfred Stieglitz. Il y approche pour la première fois les œuvres d'art moderne dePablo Picasso,Paul Cézanne,Auguste Rodinetc. Le jeune artiste reste longtemps impressionné par le galeriste new yorkais et sa volonté de rapprochement entre photographie et peinture[1]. L'art moderne frappe une fois de plus Man Ray en 1913 à l'Armory Show, qu'il visite plusieurs fois« pour assimiler toutes ces nouvelles impressions »[2]. Son travail se tourne alors progressivement vers un nouveau style de peinture, plus proche du cubisme.

Man Ray,Rrose Sélavy (alter ego féminin de Marcel Duchamp) .

Dès1914 Man Ray commence à photographier lui-même ses toiles, après avoir demandé des conseils techniques auprès d'Alfred Stieglitz. Sa pratique de la photographie s'étend alors vers la réalisation de portraits de ses proches, dont le plus célèbre estMarcel Duchamp. Les deux hommes se rencontrent lors du premier voyage de l'artiste français aux États-Unis, et des liens d'amitié se tissent peu à peu entre eux[3]. C'est ensemble qu'ils créent le double féminin de Duchamp,Rrose Sélavy. Man Ray photographie Duchamp ainsi travesti et l'un des clichés se retrouve sur l'étiquette du parfumBelle Haleine, Eau de Voilette. À cette même époque, Man Ray s'essaie aux collages, assemblages et sculptures. Beaucoup de ces dernières ne sont conservées que sous forme de photographies, dont on retient la volonté de« [battre] en brèche les conventions esthétiques et [de remettre] en cause les conceptions que l'observateur se fait de la beauté »[4].

William Henry Fox Talbot, Dessin Photogénique.

Lesannées 1920 sont pour Man Ray celles de l'exploration des potentialités offertes par la photographie. Il touche enfin à la reconnaissance avec l'exposition de deux de ses photographies au Salon dada à Paris enjuin 1921. Ses images, représentant un fouet à œufs et un assemblage de pinces à linge sur une lampe photographique, appartiennent ainsi au mouvement dada et inscrivent pour la première fois son travail dans un contexte artistique international. Il réalise que de l'autre côté de l'océan une communauté d'artistes partage sa vision de l'art :Tristan Tzara dira d'ailleurs que« Dada ne peut pas vivre » à New York[réf. nécessaire]. Man Ray quitte donc les États-Unis pour la France enjuillet 1921. Marcel Duchamp l'accueille à Paris et le présente à ses amis dadaïstes. Afin de vivre plus confortablement, Man Ray propose ses services aux artistes qui souhaitent faire photographier leurs travaux. L'Américain en profite pour faire connaissance avec ces artistes et les photographier. Ces photographies lui permettent d'obtenir son premier contrat de photographe de mode pour le couturier françaisPaul Poiret, et il fait notamment poser ses modèles à côté d’œuvres d'Alberto Giacometti etConstantin Brancusi.

Sa réputation grandissante de photographe de mode ne l’empêche pas d'expérimenter par ailleurs le médium photographique. Dans son laboratoire, Man Ray découvre lephotogramme. Cette technique photographique consiste à placer des objets sur une surface photosensible et exposer l'ensemble à la lumière : l'image présente en négatif l'ombre de l'objet. Le premier photographe à avoir expérimenté cette méthode est le BritanniqueWilliam Henry Fox Talbot en 1839, mais Man Ray s'en approprie l'invention en la nommant « rayogramme »[5].

Grâce à une rentrée d'argent, Man Ray déménage pour le quartier de Montparnasse où il côtoie de nombreux artistes, écrivains et marginaux. C'est là-bas qu'il rencontre Alice Prin, connue sous le pseudonyme deKiki de Montparnasse.

La rencontre avec Kiki de Montparnasse

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Gustaw Gwozdecki,Kiki de Montparnasse.

Durant l'entre-deux-guerres, les multiples activités d'Alice Prin (modèle, chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, peintre, etc.) lui valent le surnom de la « Reine de Montparnasse ». L'artiste américain découvre Kiki au travers des peintures de ses contemporains. Il était subjugué par l'« ovale parfait de son visage, ses yeux très écartés, son long cou, sa poitrine haute et ferme, sa taille fine »[6].

Man Ray rencontre Kiki de Montparnasse dans un café et lui propose de la photographier. Mais elle, qui pose pourtant pour nombre de peintres, hésite. Dans son esprit, celui de l'époque, la photographie ne fait qu'enregistrer la réalité, différence notable avec la peinture. Man Ray raconte dans son autobiographie qu'il réussit alors à la convaincre en lui disant :« je photographiais comme je peignais, transformant le sujet comme le ferait un peintre »[7]. Kiki devient la première amante du photographe à Paris. Elle déménage chez lui et pose de très nombreuses fois pour lui, dès 1921. L'une de ces collaborations les plus célèbres estNoire et Blanche, une photographie de 1926 : l'ivoire du visage du modèle est présenté en regard de l'ébène d'un masque africain. Man Ray doit sans doute une grande partie de sa renommée à Kiki, en plus de ses progrès en matière de langue française.

Après leur rupture, ils restent amis et se voient régulièrement. Dans son autobiographie, Man Ray consacre à Kiki une partie de son chapitre sur Paris : « la véritable histoire de Kiki de Montparnasse »[8].

L’œuvre

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Description

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Le Violon d'Ingres[9] représenteKiki de Montparnasse nue de dos. Elle est assise sur ce qui semble être la bordure d'un lit, recouvert d'un tissu à carreaux. On ne distingue pas ses jambes et ses bras sont totalement repliés vers l'avant : seule la courbure des épaules se dessine. Ses hanches sont drapées d'un second tissu qui forme comme une couronne et souligne le bas du dos et la naissance des fesses. Son visage est tourné de trois quarts vers la gauche, laissant entrapercevoir son profil et une boucle d'oreille à pendentif long. Elle est coiffée d'un turban à fines rayures. À la suite du tirage, la photographie a été rehaussée à lamine de plomb et à l'encre de Chine par l'artiste qui a ajouté dans le dos de son modèle les ouïes d'unviolon. La lumière vient de la droite et éclaire le dos de façon presque uniforme. Le corps se détache par sa blancheur du fond de la photographie qui est très sombre. Les courbes du corps sont mises en exergue, courbes devenues celles d'un violon par l'ajout des ouïes.

Explication du titre

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Le titre de l’œuvre reprend une expression de lalangue française (violon d'Ingres) faisant de la passion qu'Ingres entretenait pour le violon, lorsqu'il abandonnait ses pinceaux, l'archétype duhobby. Ici, le titre suggère que les femmes, et en particulier le modèle de sa photographie, étaient pour Man Ray, lorsqu'il délaissait son art, son propre passe-temps de substitution[10].

Inspiration

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Le titre de cette peinture est aussi un indice sur le peintre qui a inspiré Man Ray dans la réalisation de cette photographie[10] : le photographe américain admirait le travail du peintre françaisJean-Auguste-Dominique Ingres et leViolon d'Ingres s'inspire d'un personnage duBain turc. Ce tableau, terminé en 1859, a été réalisé sans modèles mais grâce aux nombreux croquis, dessins et tableaux précédents du peintre. LeBain turc copie notammentLa Baigneuse Valpinçon, un autre tableau du même peintre, daté de 1808. Comme dans la photographie de Man Ray, les deux femmes peintes par Ingres sont représentées nues, de dos et portant un turban.

Étude préalable

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Il existe une autre photographie datée de 1924 et aujourd'hui considérée comme une étude préalable auViolon d'Ingres[11]. Cette image présente Kiki dans la même échelle de plan. Elle est assise sur une chaise, le buste de trois quarts et le visage de profil. Elle porte le même turban et maintient avec ses mains le même tissu autour de ses hanches. Nous pouvons imaginer que le rapprochement visuel du dos de Kiki et des courbes d'un violon est venu ultérieurement à l'esprit de Man Ray. Cette étude (8,1 × 5,5 cm) est conservée aumusée national d'Art moderne, à la suite d'unedation en 1994.

Postérité

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Diffusion de la photographie

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La photographie a été rendue publique pour la première fois en juin, toujours en 1924, dans larevue Littérature, fondée parAndré Breton,Louis Aragon etPhilippe Soupault[12].

Un des tirages d'époque ayant appartenu à André Breton a été acquis en 1993 par leCentre Pompidou, et plusieurs fois prêté par ce musée pour des expositions[13]. Un autre tirage a également été vendu en mai 2022 aux enchères à New York parChristie's, déclenchant un record sur le montant d'achat d'une photographie, 12,4 millions de dollars[12],[14].

Hommage

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En 1990, le photographeJoël-Peter Witkin rend hommage à Man Ray[15] avec son œuvreWoman once a Bird (en français, littéralement : « Femme autrefois oiseau »)[16]. De la même manière, il fait poser son modèle de dos, les bras et les jambes cachées. Sa tête est nue mais sa taille est sertie par un corset métallique. Les ouïes du violon ont été remplacées par d'impressionnantes cicatrices, laissant imaginer une paire d'ailes disparues.

Expositions

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Le tirage original duViolon d'Ingres conservé depuis 1993 aumusée national d'Art moderne appartenait précédemment àAndré Breton[10]. Depuis sa publication dans la revueLittérature, en, cette œuvre a été exposée à de nombreuses reprises dans le monde entier.

Autres tirages

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Un autre tirage, conservé par Man Ray jusqu'à sa mort, est devenu en 2022 la photographie la plus chère du monde en étant vendue 12 millions de dollars lors d'une vente aux enchèrs à New York[17].

Bibliographie

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Catalogues d'expositions

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  • André Breton : la beauté convulsive, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 1991.
  • Man Ray, La photographie à l'envers, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 1998.
  • La révolution surréaliste, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 2002.
  • Collection Photographies : Une histoire de la photographie à travers les collections du Centre Pompidou, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 2007.
  • The Long Arm of Coincidence, New York: Steidl/Pace/MacGill Gallery, 2009.
  • La Subversion des images, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 2009.

Ouvrages

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  • Bate, David, "The Oriental signifier,"Photography & Surrealism, London, I.B. Tauris & Co.
  • Emmanuelle de l'Écotais et Katherine Ware,Man Ray, Köln, Taschen, 2004.
  • Laurent Le Bon (dir.),Chefs-d’œuvre ?, Éditions du Centre Pompidou Metz, 2010.
  • Man Ray,Autoportrait, traduit de l'américain par Anne Guérin, Arles, Actes Sud, 1998(ISBN 2-7-427-1765-X).
  • Marina Vanci-Perahim,Man Ray, Paris, Cercle d'Art, 1997.

Articles

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Notes et références

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  1. Emmanuelle de l'Écotais et Katherine Ware,Man Ray, Köln, Taschen, 2004,p. 76-77.
  2. Ibid.,p. 78.
  3. Ibid.,p. 79.
  4. Ibid.,p. 83.
  5. Ibid.,p. 87.
  6. Emmanuelle de l'Écotais et Alain Sayag,Man Ray, La photographie à l'envers, Paris, Éditions duCentre Pompidou, 1998,p. 18.
  7. Man Ray,Autoportrait, traduit de l'américain par Anne Guérin, Arles : Actes Sud, 1998,p. 195.
  8. Ibid.,p. 192-215.
  9. La photographie n'étant pas encore dans le domaine public, elle ne peut être reproduite ici pour des raisons légales, maisLe Violon d'Ingres est visible sur le site du Centre Pompidou.
  10. ab etcL'art surréaliste (dossier pédagogique sur les collections du musée national d'Art moderne).
  11. La photographie n'étant pas encore dans le domaine public, elle ne peut être reproduite ici pour des raisons légales, mais l'étude pour Le Violon d'Ingres est visible sur le siteArago, le portail de la photographie.
  12. a etbJulie Guillaud, « Le Violon D'Ingres de Man Ray pourrait devenir la photo la plus chère jamais vendue aux enchères »,Le Figaro,‎(lire en ligne)
  13. Vincent Brocvielle,« Man Ray. Violon d'Ingres. Femme objet », dansPourquoi c’est connu ? Le fabuleux destin des chefs d’oeuvre du Centre Pompidou, Centre Pompidou,(ISBN 978-2-7118-7517-7),p. 44-45
  14. Antoine Mansier, « Vente aux enchères : Le Violon d’Ingres de Man Ray devient la photo la plus chère du monde »,Connaissance des arts,‎(lire en ligne)
  15. « Montauban.Woman once a bird », inLa Dépêche,22 août 2009.
  16. La photographie n'étant pas encore dans le domaine public, elle ne peut être reproduite ici pour des raisons légales, maisWoman once a Bird est visible sur le site de la galerie Baudouin Lebon.
  17. a etb« « Le Violon d’Ingres » devient la photographie la plus chère du monde », surwww.20minutes.fr(consulté le)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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