Ce sont desarbrisseauxdicotylédones, àfleurs le plus souvent mauves ou violettes disposées enépis, dont la plupart des espèces trèsodorantes, sont largement utilisées dans toutes les branches de laparfumerie, en particulier le lavandin (Lavandula ×intermedia). Elles poussent surtout sur les solscalcaires secs et ensoleillés, à l'exception deLavandula stoechas, qui préfère les solssiliceux.
Toutes les lavandes sont des plantesmellifères, c'est-à-dire très recherchées par lesabeilles.
Venue de l'ouest dubassin méditerranéen, la lavande était déjà utilisée par lesRomains pour conserver le linge et parfumer les bains. EnProvence, la lavande fut utilisée auMoyen Âge, pour la composition de parfums et demédicaments, mais c'est à partir duXIXe siècle que sa culture se développa.
L'essor de la production française d'huile essentielle delavande est lié à l'implantation deparfumeries dans la région deGrasse. La mise en culture organisée systématique du lavandin, dans les années 1950, prit ensuite le relais.
La culture de la lavande duQuercy apparut également sur les derniers versants du sud-ouest duMassif central avant1936 àRoquecor enTarn-et-Garonne[3]. Celle-ci atteignit son apogée dans lesannées 1950 et1960, et seuls quelques cultivateurs perpétuent encore cette tradition.
Après plusieurs crises qui entraînèrent la chute de la production et une régression des cultures, les plantations furent relancées par la stabilisation des surfaces à cultiver et le développement des moyens dedistillation.
De nos jours, la plus grande fête consacrée à la lavande en France est célébrée depuis près de 70 ans à l'occasion du « Corso de la Lavande » àDigne-les-Bains et s'achève par un défilé de chars décorés de lavande.
Lephytoplasme duStolbur a détruit 50 % de la récolte française d'huile essentielle de lavande entre 2005 et 2010, la réduisant à environ 30 tonnes en 2011. La Bulgarie avec une production de 45 tonnes en 2010 et entre 55 et 60 tonnes en 2011 est devenue le premier producteur mondial de lavande devant la France. Les deux pays fournissent les trois quarts de la production internationale et entre 80 % et 90 % de l'huile essentielle de lavande bulgare est vendue en France[4]. En 2017, La Bulgarie est toujours en première position, avec 187 tonnes, tandis que la France produisait 120 tonnes.
Il existe un musée de la lavande en Ardèche méridionale, dans le village deSaint-Remèze, et un autre à Coustellet dans leLuberon.
La Chine cultive naturellement la lavande dans le bassin supérieur du Fleuve Jaune depuis la fin du XVe siècle.
Champ de lavande en Provence (0,51 % seulement des surfaces de Provence)[5].
Anciennement, les lavandes poussaient en Provence et dans quelques pays dubassin méditerranéen, puis la culture s’est répandue en Europe de l’Est (Bulgarie,Russie,Ukraine…) et même enTasmanie ou encore auCanada où des plants mutés peuvent maintenant résister au gel.
Les lavandes « vraies » poussent à partir de 1200 mètres, sur les versants ensoleillés des montagnes. La qualité des lavandes est réputée augmenter avec l’altitude. Le lavandin, une lavande hybride entre lavande vraie et lavande aspic est produite notamment àSault, et elle est la principale activité agricole de cette zone duVaucluse, on la retrouve enDrôme provençale où elle est très bien représentée et également dans leDiois dans les villages commeChamaloc (production la plus au Nord de lavande) où se trouve la distillerie des 4 vallées. La lavande est également produite dans le sud du département des Hautes Alpes dans leBuëch dans des villages commela Faurie qui possède également une distillerie et dans d'autres villages commeRibiers etOrpierre. Les pratiques de culture des lavandes dans les Alpes-de-Haute-Provence ont été inscrites à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2018.
Des expériences ont été également menées en Quercy en 1936, où la culture de la lavande de population s'est implantée et développée dans le Lot et le Tarn-et-Garonne. L'ouvrageLes petites industries d'un département agricole rédigé par André Pueyo (éditions Forestié à Montauban) reprit en 1946 l'historique de son développement pour relancer l'économie départementale de l'après-guerre. Ainsi, des agriculteurs et des distillateurs produisirent la lavande du Quercy jusque dans les années 1970. Cette activité renaît progressivement depuis le milieu des années 2000, grâce au travail de producteurs locaux.
Lalavande aspic, par contre, est récoltée dans le bassin méditerranéen entre 0 et 600 m d’altitude.
Les lavandes du groupestoechas se développent sur tout son pourtour, notamment enAndalousie et dans la partie sud duPortugal.
Les lavandins sont les lavandes les plus cultivées (historiquement de 800 à 1 000 tonnes d’essence par an en France) et les plus répandues, car ils sont les plus résistants. Ils se développent spontanément dans le sud de la France. Cependant, on observe un dépérissement de deuxvariétés de lavandins, l'abrial[6] et le sumian[7], qui sont en voie de disparition.
La récolte de la lavande se fait avant l'ouverture de la fleur de fin juillet à fin août, pour les lavandes « vraies ». À part l’aspic et la lavande « vraie » qui sont sauvages, les plantes sont généralement cultivées. Il existe cependant quelquesdistillations de lavandes sauvages de montagne, véritable lavande « vraie », destinées à l’aromathérapie et les quantités en sont très limitées. La récolte a lieu en été, car les fortes chaleurs favorisent la montée de l’essence dans lescellules et lesglandes sécrétrices de la fleur. Les brins sont plus odoriférants s'ils sont cueillis juste avant l'ouverture des fleurs. Après, l'essentiel de l'arôme se perd.
Les lavandes du groupestoechas sont plus précoces : elles sont récoltées de mars à mai à l’état sauvage, mais elles sont plus rarement exploitées. Pour les cultures, la récolte s’effectue mécaniquement, sauf pour les bouquets qui sont coupés manuellement à la faucille.
Les lavandesclonales (issues d’un individu et multipliées parbouturage) arrivent à maturité en même temps, contrairement aux lavandes de population (non clonales) qui ne mûrissent pas de façon homogène, car chaque plante est un individu différent de son voisin. Les lavandes clonées sont plus susceptibles d'être massivement attaquées par des insectes ravageurs. Hormis quelques espèces, dont le chrysomèle de la lavande (ou duromarin),Chrysolina americana, la lavande a peu de prédateurs, en raison de sa teneur en substances répulsives.
L’huile essentielle serait de meilleure qualité en altitude, mais lerendement y est plus faible, et l’altitude augmente la teneur enesters.[réf. nécessaire]
La distillation traditionnelle : la récolte doit subir un temps de séchage, avant distillation, afin de perdre l’excès d’eau. Un préfanage d’environ un ou deux jours est indispensable pour la lavande fine, il évite de modifier la qualité des huiles essentielles qui sont obtenues parentraînement à la vapeur d’eau des sommités fleuries. On fait circuler un courant de vapeur d’eau dans la lavande coupée et bien tassée (temps de distillation relativement court, 30 à 45 min).
La distillation en « vert broyé » : qui depuis 1990 s’est développée pour améliorer la productivité de la récolte (de lavandin surtout). Sitôt cueilli, le végétal est haché à l’aide d’une ensileuse et il est placé au fur et à mesure, sans séchage préalable, dans une benne ou caisson mobile de distillation qui sera directement monté sur chaudière. Le fait de distiller broyé modifiant la qualité, cette technique n’est pas adaptée pour obtenir unehuile essentielle de lavande aux normes AOC. De façon générale, les qualités ensilées auront des teneurs enalcools qui augmentent alors que celles enesters diminuent (phénomènes d’hydrolyse), elles ont une odeur plus verte, peu appréciée des parfumeurs. Des études sont faites pour améliorer les qualités ensilées et aider les producteurs dans ce sens.
A noter qu'une nouvelle technique de récolte a fait son apparition depuis 2015. Il s'agit de ne récolter plus que les fleurs, les tiges sont broyées et restituées au sol. Cette technique de récolte est réalisable avec une machine spéciale, appelée Espieur, dont le principe est de peigner les plantes. Ceci a pour conséquence de réduire le volume de transport et l'énergie utilisée à la distillation. La qualité de l'huile est également modifiée, avec une odeur moins herbacée.
Les rendements en huile essentielle de lavande sont très variables selon les régions, leclimat, l’année, l’âge de la plantation et la variété : ils sont d’environ 15 kg par hectare, 25 à 50 kg pour les lavandes clonales, 80 kg pour le lavandin en zone de montagne sèche, près du double en plaine (jusqu’à 180 kg).
Les rendements massiques de production d’huile essentielle (rapport de la masse d’essence obtenue par la masse de plante distillée) sont les suivants :
Lavandes fines = 0,5 %
Lavande Aspic = 0,8 à 1,0 %
Lavandins = 1,0 à 1,8 %
Lavandula stoechas L. = 0,3 à 0,8 %
Lavandula pedunculata L. = 0,15 %
Lavandula luisieri (Riv) Mart. = 0,2 %
Les lavandins ont un meilleur rendement, car leurs fleurs sont plus développées, et plus productrices en huile essentielle. Leur essence, de bonne qualité olfactive (notamment celle obtenue par distillation traditionnelle), est plus camphrée que celle de la lavande.
Le motlavande est un dérivé du verbelaver, peut-être issu de l'italienlavando (action de laver), et qui remonte au latinlavandaria : linge à laver, sans doute à l'origine de l'anglaislavender (lavendre vers 1265). Cette étymologie laisse penser que très tôt on a utilisé la lavande pour parfumer le linge fraîchement lavé. Des sachets de fleurs séchées sont traditionnellement placés dans les armoires, pour éloigner les mites et parfumer la garde-robe.
Les fleurs de lavande, séchées, sont très résistantes et conservent leurs arômes très longtemps.Un autre usage très ancien est celui de mettre de la lavande dans l'eau du bain pour son parfum et ses propriétés antiseptiques et calmantes.
L'essence de lavande contient des composants différents selon les espèces (voir ci-dessous). On l'obtient traditionnellement par distillation des sommités florales. AuXIXe siècle et au début duXXe siècle, la Provence était parsemée de petites distilleries familiales, qui ont peu à peu toutes disparu, victimes de crises de mévente et de l'industrialisation de la production.
C'est bien sûr la parfumerie qui fait le plus gros usage de la lavande. On peut tout parfumer avec elle, depuis les savonnettes jusqu'aux détergents et au papier hygiénique. Dans les parfums proprement dits, la lavande est surtout réservée aux hommes, soit en soliflore dans les eaux de toilette, soit en note de cœur dans leseaux de Cologne.
La lavande sert aussi à parfumer les salles de la maison : on les cueille et on les met dans des sachets qu'on accroche dans les chambres.
On peut faire infuser des fleurs de lavande dans du lait, utilisé ensuite pour la préparation de glace ou de crème à la lavande. Les infusions de lavandes calment la nervosité et peuvent soulager certains maux de tête[12].Dans certaines régions du Maghreb (Algérie),Lavandula stoechas est utilisée dans quelques préparations culinaires, dont le couscous.
Les brins sont aussi utilisés dans les vallées (notamment celle de l'Estéron, près de Nice), afin de confectionner une liqueur particulièrement forte en bouche, dont on dit qu'elle a des vertus antiseptiques, digestives et calmantes.
Rares sont les espèces d'insectes qui attaquent les plantes aussi bien protégées par leurs huiles essentielles que la lavande ; la chrysomèle de la lavande (ou du romarin),Chrysolina americana, en fait partie.
Actuellement (2013), le principal ennemi de la lavande est lephytoplasme dustolbur, dont le vecteur estHyalesthes obsoletus (Cixiidae). Cette maladie est appelée communément « dépérissement de la lavande ».L'autre ravageur important de la lavande est la cécidomyie (Resseliella lavandulae), dont les larves se développant sous l'écorce provoquent également des symptômes de dépérissement[13].
D'autres ravageurs peuvent provoquer des dégâts importants (Arima marginata,crachat de coucou, punaise de la lavande, noctuelles, tordeuses, chenilles arpenteuses,pucerons).
Lavandula latifolia Medik. Par rapport à l'angustifolia, ses feuilles sont plus larges (elliptiques) et très odorantes. La floraison est plus précoce (juin-août), et les fleurs ont une odeur très camphrée. Elles poussent à l'extrémité de tiges ramifiées, ce qui est le moyen le plus sûr de la différencier de la lavande vraie. Elle est beaucoup moins appréciée en parfumerie.
Hybrides
Lavandula × intermedia Emeric. ex. Loisel. Également appelé lavandin, est un hybride naturel entreL. angustifolia etL. latifolia. C'est la troisième des lavandes provençales. Découvert un peu par hasard, il a été cultivé à partir des années 1930. Le lavandin est aujourd'hui l'espèce la plus cultivée, car sa fleur est plus productive en huile essentielle que la lavande vraie. Son essence de bonne qualité olfactive est plus camphrée que celle de la lavande, elle est très utilisée dans la parfumerie industrielle. Au cours des années, plusieurs variétés de cet hybride ont été sélectionnées et reproduites parbouturage. Les surfaces cultivées en lavandins sont estimées à17 000 hectares. Les variétés les plus cultivées actuellement sont : Lavandin Grosso 80 % des surfaces en lavandins, Lavandin Abrial 10 % et Lavandin Super 10 %.
Lavandula dentata L. var.dentata (formerosea Maire, formealbiflora Maire). Lavande dentée, appelée parfois « lavande anglaise », caractérisée par ses feuilles très découpées.
Lavandula stoechas L. ou lavande stéchas, lavande papillon, cantueso (nom surtout donné à la sous-espèceL. stoechas pedunculata). À l'état sauvage, c'est certainement la lavande dont le territoire géographique est le plus vaste (tout le pourtour méditerranéen). Mais elle n'est d'aucune utilité en parfumerie : elle sent un peu le camphre, et rien d'autre. Elle se distingue des espèces précédentes par deux caractéristiques : d'une part elle apprécie surtout les terrains siliceux, notamment le schiste ; de l'autre elle possède à l'extrémité de ses épis de grandes bractées violettes, souvent plus foncées que les fleurs proprement dites. Floraison : avril-juillet.
Lavandula viridis L’Hér. De forme similaire àL. stoechas, portant également des bractées. Feuillage plus vert, fleurs le plus souvent blanches. Pousse enEspagne et auPortugal.
↑Toktam SadatFiroozeei, AwatFeizi, HosseinRezaeizadeh et ArmanZargaran, « The antidepressant effects of lavender (Lavandula angustifolia Mill.): A systematic review and meta-analysis of randomized controlled clinical trials »,Complementary Therapies in Medicine,vol. 59,,p. 102679(ISSN1873-6963,PMID33549687,DOI10.1016/j.ctim.2021.102679,lire en ligne, consulté le)