On considère lalangue écrite (文, wén[3]) comme la plus universelle, qui transcende la prononciation des divers parlers. La langue parlée dans son caractère le plus général est le plus souvent appeléehanyu (汉语[4]), soit « langue desHan », même si d'autres groupes ethniques ont progressivement adopté cette langue. Les différents parlers peuvent être considérés commelangue (语, yǔ[5]) ou commedialecte (chinois :方言 ; pinyin :fāngyán). Le statut d'un parler comme langue ou dialecte est souvent sujet à controverses en l'absence de références écrites à la prononciation[6].
On distingue généralement sept grandes langues chinoises parlées modernes :
Lemandarin (官话 / 官話, guānhuà, « langue des officiels » ou北方话 / 北方話, běifāng huà, « parlers du Nord »), parlé dans le Nord et le Nord-Est de laChine. C'est la langue ayant le plus de locuteurs natifs dans le monde (environ850 millions) :
lemandarin standard (汉语 / 漢語, hànyǔ globalement ou普通话 / 普通話, pǔtōnghuà, « langue commune », enrépublique populaire de Chine, ou国语 / 國語, guóyǔ, « langue nationale », en république de Chine (Taïwan)) est la variante standardisée du mandarin et la langue officielle de la république populaire de Chine, de larépublique de Chine (Taïwan) et deSingapour. Elle est également appelée中文, zhōngwén, sous-entendant la langue de la Chine, même si cette forme réfère rigoureusement à la langue écrite. Par abus de langage, on désigne simplement cette langue comme étant le « chinois ».
Lewu (吴语 / 吳語, wúyǔ), parlé àShanghai, dans leJiangsu et leZhejiang (environ77 millions de locuteurs) ;
Mais il existe aussi d'autres groupes plus réduits et pas encore classés, parmi lesquels : ledialecte danzhou, parlé àDanzhou, sur l'île deHainan ;Xianghua (乡话), à ne pas confondre avec xiang (湘), parlé à l'Ouest duHunan ; etShaozhou tuhua, parlé dans le NordGuangdong. Lalangue doungane, parlée enAsie centrale, est très apparentée au mandarin. Cependant, on ne la considère généralement pas toujours comme « chinoise », car écrite en cyrillique et parlée par lesDounganes hors deRépublique populaire de Chine. De plus, ils ne sont pas considérés comme faisant partie de ladiaspora chinoise à quelque niveau que ce soit. Référez-vous àliste des langues chinoises pour une liste complète de ces langues issues de plus grands groupes.
Les langues chinoises s'écrivent avec descaractères chinoischinois :汉字 ; pinyin :hànzì ; litt. « caractères desHan », traduit en français parsinogrammes). Depuis leurs créations, ils ont évolué au cours des siècles pour atteindre la forme actuelle, qui se distingue par une écriture traditionnelle et une autre simplifiée.
Il exista aussi un code d'écriture chinois exclusivement utilisé par des femmes, lenüshu, utilisé dans une région où, autrefois, les femmes n'avaient pas le droit d'écrire.
Dans les différentes régions ou districts autonomes, des écritures locales comme ledongba ou ledai sont utilisées.
les romanisationsWade-Giles (pour le mandarin) etYale (pour le cantonais et le mandarin), antérieures au pinyin, utilisées dans les pays anglo-saxons ;
lejyutping, romanisation du cantonais utilisée par la Société linguistique de Hong Kong ;
legwoyeu romatzyh, romanisation du mandarin fixée en 1925-1926, adoptée par le gouvernement de la République de Chine en 1928 et utilisée àTaïwan jusqu'en 1986 ;
Contrairement à une idée répandue, la grammaire des langues chinoises n'est pas uniforme d'une langue à l'autre. Si ces langues partagent de nombreux points communs, en connaître une ne permet cependant pas de savoir parler les autres (sauf le mandarin, sur lequel la langue écrite normalisée est fondée). Chacune possède saphonologie, sasyntaxe, sa propre utilisation descaractères (un caractère dans une langue chinoise donnée n'aura pas forcément le même sens dans une autre) voire des caractères qui lui sont propres (pour l'instant, seuls ceux ducantonais semblent accessibles dans les jeux de caractères habituels).
On peut cependant constater les principaux points communs entre ces langues, ce qui permet d'établir unetypologie chinoise :
elles sont à tendance monosyllabique : dans ces langues, l'unité fondamentale de sens et de son (oumorphème) est lasyllabe (ce qui ne signifie pas que tous lesmots soient monosyllabiques, loin de là) ;
elles sontisolantes : lesmorphèmes sont invariables et ne connaissent aucun type d'accord (niflexion nominale, niconjugaison), d'où l'importance de la syntaxe (l'ordre des mots est primordial) ;
outre ces particules, il existe de très nombreuxsuffixes post-verbaux renseignant sur la localisation du procès, sa possibilité, son succès, etc.
ces langues font usage de « classificateurs » nommésspécificatifs, morphèmes se plaçant entre undéterminant (démonstratif, adjectif numéral) et un nom pour indiquer laclasse sémantique à laquelle appartient un terme (classe des objets longs et plats, classe des animaux, des paires, des divisions d'un ouvrage de poésie, etc.) ;
dans la majorité des cas, ce sont des languesSVO. On note cependant une tendance importante à lathématisation.
Différenciation de huit des principales langues chinoises depuis ladynastie Zhou.Bei renvoie aumandarin.
L'origine et la diffusion des langues sino-tibétaines. L'ovale rouge représente la fin des cultures Cishan et les premières cultures de Yangshao. Les flèches noires représentent les voies présumées de l'expansion non sinitique. Après avoir appliqué la méthode comparative linguistique à la base de données de données linguistiques comparatives développée parLaurent Sagart en 2019 pour identifier des correspondances sonores et établir des apparentés, des méthodes phylogénétiques sont utilisées pour déduire des relations entre ces langues et estimer l'âge de leur origine et de leur patrie[7].Un réalisateur parle chinois
La carte linguistique de la Chine pourrait être divisée en deux : au nord duYangzi Jiang trônerait lemandarin, et au sud les différents dialectes comme lewu ou lecantonais ou bien encore lehakka. Cette diversité peut s'expliquer par la carte géographique, là où les montagnes au sud ont fait barrière naturelle et donc favorisé l'émergence d'une plus grande différence entre ces différentes régions.
Mais la ligne linguistique chinoise ne s'arrête pas ici, elle est à échelle « mondiale », du moins en Asie.
Toutes les langues chinoises du nord de la Chine ont été influencées par le mandarin, alors que celles du sud par les langues méridionales. Ceci se remarque notamment dans les nombres :
Ce phénomène s'explique par la sinisation de la Corée et du Japon.
À partir duVIIe siècle av. J.-C., lesChinois commencent à s'introduire dans la péninsule coréenne apportant avec eux leur culture. La contrée commerce avec le nord de la Chine, plus proche, qui leur vend des objets d'arts, et à partir de -108, les Han soumettent les tribus et établissent quatre commanderies, avec un peuplement exclusif de Chinois du nord. Commence alors une période de lente sinisation jusqu'auxTrois Royaumes de Corée où une culture sino-coréenne se développe. De nos jours, 70 % du vocabulaire coréen est issu du chinois mandarin.
En -111, les Han de Chine conquièrent laDynastie Triệu vietnamienne, imposant lourdement 1 000 ans de domination. Depuis Guangxi, les généraux chinois (cantonais) instaurent le chinois comme langue officielle de la contrée. Le processus de colonisation dudelta du fleuve Rouge et d'assimilation de la population par les Chinois envoie les habitants des côtes est et sud de la Chine. Les différents idiomes se mélangent avec le vietnamien naissant, créant la langue sino-viêt. À la suite de cela, la culture chinoise se répand auGiao Chỉfaisant perdre les racines viet indigènes à la population. À l'indépendance de 968, le Vietnam est profondément sinisé, la langue transformée et la culture assimilée.
(Note : il existe de nombreuses classifications, celle-ci n'est qu'un exemple ; les catégories en italiquene sont pas unanimement reconnues comme des catégories indépendantes.)