Ancienne capitale du pays, jusqu'au transfert des institutions gouvernementales àAbuja en1991, elle est aussi l'un des plus grandsports d'Afrique, et le principal centre industriel et commercial nigérian.
Au cours duXXe siècle, sa population a été multipliée par vingt et l'urbanisation n'a cessé de s'étendre sur le continent. L'est du centre-ville (Ikoyi) et l'île deVictoria Island accueillent les populations les plus aisées, tandis que les quartiers les plus défavorisés, situés à plusieurs dizaines de kilomètres du centre, sont constitués d'immensesbidonvilles et demaisons sur pilotis.
Connue pour son développement urbain incontrôlable, avec un taux de croissance démographique parmi les plus forts au monde, Lagos doit faire face à une congestion urbaine, des taux depollution atmosphérique importants ainsi qu'une criminalité endémique.
Le quartier de l'Île Lagos est lequartier d'affaires de la ville (CBD), et doit être complété par la construction d'uneîle artificielle depuis2009 nomméeEko Atlantic City. Métropole bouillonnante, vitrine d'un État en plein développement économique, Lagos est également un centre culturel majeur, ayant donné naissance à des mouvements artistiques tels que l'Afrobeat et« Nollywood » — son industrie cinématographique dynamique. Enfin, à l'image du Nigeria, la ville est multi-ethnique et comprend environ autant d'habitantschrétiens quemusulmans.
Le site originel de Lagos est constitué par un ensemble d'îles, notamment l'île Lagos, situées dans lalagune de la rivièreOgun au bord dugolfe du Bénin. Un certain nombre de ces îles ont depuis été reliées au continent et sont désormais despéninsules, commeIddo Island ouVictoria Island.Il y existe une plage nommée Isashe. En 2021, on y assiste à une importante montée de flammes et fumée non loin de la plage[4],[5].La lagune est à l'abri de l'océan Atlantique grâce à uncordon littoral qui s'étend jusqu'à100 km à l'est et l'ouest de l'embouchure, située à proximité de la ville. L'agglomération de Lagos s'est développée vers le nord-ouest, jusqu'à plus de40 km de l'île de Lagos, en comprenant des localités telles celles deIkeja et deAgege.
Le climat de la ville est caractérisé par la chaleur présente tout au long de l'année.
Lagos est à l'origine un campement de la tribu Awori, membre du peupleYoruba. Son premier nom était « Eko ». Les Yorubas continuent d'ailleurs à utiliser ce nom pour nommer Lagos. L’explorateur portugaisRui de Sequeira visite la région en1472. Il nomme la zoneLac de Curamo ; de là vient le nom actuel de la ville car, le mot portugais pour lac estlago. L'autre explication de l’origine du nom de la ville est qu’il a été donné en référence àLagos, la ville maritime qui était à l’époque le principal port de départ des expéditions portugaises le long des côtes d’Afrique et dont le propre nom est dérivé du mot latinLacobriga.
Situation du royaume de Lagos sur la côte des esclaves.
À partir duXVIIIe siècle, l'obaAkinsemoyin introduit des marchands portugais à Lagos qui devient un important centre de commerce avec les Européens. Lagos est notamment un centre important de latraite des esclaves[7]. Les rapports de l'île dePrincipe entre 1760 et 1771 font état d'un nombre important de navires en provenance de Lagos[8]. Sur cette même période, ce sont plus de 3 142 000 esclaves qui transitent par Lagos[9]. La population de la ville est passée d'une population estimée à 5 000 habitants dans les années 1780 à 20 000 dans les années 1810[10].
En 1841, obaAkitoye monte sur le trône de Lagos. Il tente alors d’interdire le commerce des esclaves. Les nombreux marchands résistent à l’interdiction ; ils destituent le roi et installent à sa place son frère obaKosoko. Oba Akitoye est exilé. Il rencontre les Britanniques qui ont aboli l’esclavage en 1807 et obtient leur appui pour reconquérir son trône. Dix années plus tard, en 1851, il est réinstallé comme oba de Lagos[11]. La population est alors estimée à 25 000 ou 30 000 habitants[7].
Lagos est officiellement annexée en tant quecolonie britannique en 1861. Ceci a l'effet d'éliminer latraite des esclaves et de permettre le contrôle britannique sur le commerce, entre autres de l'huile de palme. Le reste du Nigéria moderne est pris par les Britanniques en 1887, et quand leProtectorat du Nigéria est établi en 1914, Lagos en devient la capitale.
Lors de laSeconde Guerre mondiale, Lagos bénéficie de la création d'infrastructures et des investissements britanniques, le Nigeria jouant un rôle important dans l'effort de guerre. Lagos possède un très bon système de distribution d'eau et d'électricité, abrite des industries et un port très actif, ce qui lui vaut le surnom de « Liverpool de l’Afrique de l’Ouest »[12].
Lagos reste la capitale au moment de l'indépendance du Nigéria en 1960. En 1967, Lagos devient un État fédéré à part entière, à parts égales avec les onze autres États nigérians[12]. Elle croît de manière très forte pendant lesannées 1960 et 1970 lors du boom économique du Nigeria, avant laguerre du Biafra. Le gouvernement du pays a décidé de transférer la capitale àAbuja en 1976, d'une part, pour ralentir la forte poussée démographique de Lagos et, d'autre part, pour que la capitale soit située dans une région neutre afin de ne privilégier aucune des trois ethnies principales (Lagos étant dominée par lesYorubas). Le transfert des institutions gouvernementales a lieu le.
Le 20 octobre 2020, en réponse au mouvementEnd SARS réclamant la fin de violences, extorsions et autres exactions policières, les forces armées du Nigéria ouvrent le feu sur les protestataires, tuant, selonAmnesty International, au moins 56 personnes dans Lagos et sa banlieue, particulièrement à Lekki[13]. Ce massacre est nié par le ministre de l'information, lequel parle de « massacre fantôme »[13]. Le lendemain, Lagos et d'autres villes du sud-ouest du pays font face à une vague de pillages[13].
Les quartiers riches se situent à Ikoyi (partie est de l'île de Lagos) et à Victoria Island (au sud de l'île de Lagos). Les quartiers pauvres, situés en banlieue (partie sud de Lagos), sont quant à eux multi-ethniques.
Le Mainland est l'endroit où vivent les classes moyennes (notamment à Ikeja). Les immigrants et les plus pauvres habitent dans des maisons sur pilotis. La ville est connue pour son développement urbain incontrôlable, avec un taux de croissance démographique parmi les plus forts au monde, l'absence de plan d'aménagement du territoire ayant abouti à une juxtaposition d'îlots urbains sans logique.
Afin de relier l'île de Lagos au Mainland, trois ponts existent :pont Carter,Ikoyi Bridge etThird Mainland Bridge. Mais Lagos doit faire face à une circulation chaotique et à des embouteillages insolubles, à cause de sa géographie peu favorable et de sa croissance.
Sur uneîle artificielle en construction depuis2009, un nouveau quartier d'affaires nomméEko Atlantic City doit faire de Lagos une métropole attractive pour les capitaux internationaux[14].
Selon les estimations, 10 millions de personnes s’installeront à Lagos entre 2020 et 2035 en raison de l'accroissement démographique et de l'arrivée de jeunes issus des campagnes. Cette urbanisation s’accompagne despéculation immobilière. Pour augmenter leurs profits, les promoteurs expulsent les habitants de quartiers informels. Des dizaines de milliers de personnes sont ainsi régulièrement chassées par la police et des mercenaires. Les ONG dénoncent l'absence de plan d'aménagement de la ville de la part des autorités. « Les expulsions se poursuivent en toute impunité. L’urbanisation galopante, la hausse du prix du foncier et la multiplication des projets immobiliers haut de gamme continuent d’aggraver le phénomène. Tout porte à croire que ça n’est pas près de s’arrêter », analyse Megan Chapman, cofondatrice de Justice and Empowerment Initiatives[15]
Recensements (*) ou estimations de la population[17],[18] :
Évolution démographique
1789
1815
1855
1861
1866*
1871*
1881*
5 000
11 000
20 000
30 000
25 083
25 518
37 452
Évolution démographique, suite (1)
1891*
1901*
1911*
1921*
1931*
1952*
1963*
32 508
41 847
73 766
99 690
126 108
267 407
665 246
Selon les résultats du recensement de 2006, la population de l'agglomération de Lagos était de 7 937 932 habitants ce qui est bien inférieur aux estimations circulant jusque-là qui donnaient à Lagos plus de 10 millions d'habitants. Les autorités de l'État de Lagos ont contesté ces chiffres du recensement de 2006, mais laNational Population Commission a fermement rejeté toute accusation de sous-estimation de la population de Lagos.
Plus précisément, d'après le recensement nigérian de 2006, l'État de Lagos compte 9 013 534 habitants[19],[20]. L'agglomération de Lagosrecouvre seize des vingtLocal Government Areas (LGA) de l'État de Lagos[réf. nécessaire], la population de la ville s'établit donc à 7 937 932 habitants en faisant la somme de la population des16 LGA indiquée par le recensement de 2006[21].
Le gouvernement de l'État de Lagos fait lui mention d'une population de 17 552 942 habitants pour l'État et énonce que la ville compte 85 % de la population de l'État, ce qui donne environ 14 920 000 habitants pour la métropole à la même date[22].
Lagos est dans la plupart des estimations l'une des villes les plus dynamiques au monde[23].Lagos serait actuellement confrontée à une augmentation de sa population d'environ 275 000 personnes par an. En 1999, l'Organisation des Nations unies prévoyait que la population de la région métropolitaine de la ville, qui n'était que de 290 000 habitants en 1950, serait supérieure à 11 millions en 2010, devenant ainsi l'une des dix villes les plus peuplées du monde.[réf. nécessaire]
Lagos est une ville très anglophone, du fait que la population de la ville est très cosmopolite. L'anglais est la langue véhiculaire. Souvent, à l'accent, il est possible de déterminer de quelle partie ou région du Nigeria est originaire un interlocuteur. On trouve généralement des membres de toutes les ethnies du Nigéria à Lagos, mais une grande partie de la population est sans doute composée deYorubas, l'ethnie locale.
L'économie de Lagos est en expansion constante depuis plusieurs années. La ville concentre une grande partie de l'activité économique du Nigeria. La plupart des institutions financières entreprises et des sièges sociaux du pays sont situés sur l'île Lagos. C'est aussi la plaque tournante du commerce international du pays, particulièrement en ce qui a trait à l'industrie du pétrole. Son port est le premier du pays et un des principaux ports d'Afrique, alors queles activités liées aux produits pétroliers constituent 20 % du PIB et 90 % des sources de devises du Nigeria[réf. nécessaire].
La ville de Lagos bénéficie d'un niveau de vie supérieur à la moyenne nigériane, en raison de l'accès de la population à des ressources d'eau, de nourriture et d'électricité. Le port est administré par l'Autorité des ports nigérians (Nigerian Ports Authority, en anglais) et est divisé en trois sections : le port de Lagos, sur l'île de Lagos, le port d'Apapa, constitué d'un terminal à conteneurs, et le port de Tin Can, ces deux derniers étant situés àBadagry Creek, à l'ouest de l'île de lagos.
Les décharges utilisées pour enfouir les déchets électroniques entraînent l'infiltration de plomb dans le sol et, parfois, dans les ressources en eau. Des rapports de l'Organisation mondiale de la santé ont établi un lien entre plusieurs risques pour la santé, tels que des dysfonctionnements thyroïdiens chez les femmes et des dommages irréversibles au système nerveux des enfants, et les déchets électroniques en provenance des pays développés et enfouis à Lagos[24].
À Ketu-Ereyun, entre Epe et Ikorodu, l'État de Lagos construit unparc logistique alimentaire — la plus grande plate-forme logistique pour l'alimentation en Afrique subsaharienne. Le site fait 1,2 million de mètres carrés et la construction devrait être terminée en 2024.
Au centre de la ville, dans le quartier d'Oko Baba, se trouve (depuis septembre 2022) un grand centre de transbordement de bois, principalement debois rouge et d'acajou. Ce commerce de bois, y compris la scierie, déménagera dans un nouveau lieu,Timberville, en décembre 2022.
Il existe plusieurs lignes régulières de ferries entre l'île de Lagos et le continent, qui sont gérées par leLagos State Ferry Services Corporation. Des bateaux privés assurent eux aussi un service similaire mais de manière plus irrégulière.
La ville est reliée par le transport aérien avec l'aéroport international Murtala-Muhammed, qui est l'un des plus grands aéroports d'Afrique avec près de 5,1 millions de passagers en 2008 et qui représente presque 50 % du trafic aérien au Nigéria. Il est situé dans la banlieue nord deIkeja.
Lagos est célèbre dans toute l’Afrique pour sa scène musicale. La ville a été le creuset d’une grande variété de styles musicaux, du Hip-hop nigérian auJùjú en passant par le Fuji, deux styles nigérians jusqu’à l'Afrobeat mondialement connu.
Lagos est le centre d'industrie cinématographique prospère souvent surnomméeNollywood[25] en référence à la fois àHollywood et àBollywood. Le marché d'Idumota situé sur l'île de Lagos en est le principal centre de distribution. De très nombreux films sont projetés à Festac Town, quartier héritier de l'organisation du deuxième FESTAC, le Festival d’Art et de Culture organisé en1977. En salle, les films en langue Yoruba sont les plus regardés, devant ceux en provenance de Bollywood. Mais le cinéma projeté en salle est en train de perdre du terrain sur celui directement distribué en cassettes ou en CD/DVD. Le cinéma en langueYoruba est lui en train de se faire supplanter par celui en langue anglaise dont le commerce est contrôlé par lesIgbos[26]. Iganmu est le site où est implanté leNational Arts Theater.
Cette ville est également le lieu d'événements consacrés à la mode africaine, dont, depuis 2011, leLagos Fashion Week[27].
L’équipe du Nigeria de football, surnommée lesSuper Eagles, a pendant longtemps joué ses matchs à domicile à Lagos dans leLagos National Stadium, aussi appeléSurulere Stadium. C’est un stade multi-sports situé àSurulere, dans l'État de Lagos. Il a été principalement utilisé pour les matchs de football jusqu'en 2001. Il accueillit plusieurs compétitions internationales dont laCoupe d'Afrique des nations de football 2000 et des matchs de qualifications de la coupe du Monde. Il servit également de stade principal pour lesjeux pan-africains de 1973. Lorsque le stade fut construit en 1972, il avait une capacité de 45 000 places, celle-ci fut augmentée à 55 000 places en 1999[28],[29]. Le stade a été laissé à l'abandon depuis 2002. Il a néanmoins accueilli pour la dernière fois l'équipe nationale du Nigeria en 2004. Il est aujourd'hui utilisé, à l'occasion, pour des rassemblements religieux et est occupé par des squatters. Maintenant, l’équipe nationale joue àAbuja.
Le romanAmericanah de la romancière du NigeriaChimamanda Ngozi Adichie se déroule en grande partie à Lagos.Americanah, traduit de l'anglais (Nigeria) par Anne Damour, Gallimard, Paris, 2015,(ISBN9782070142354)
Le romanThe Joys of Motherhood (Les enfants sont une bénédiction) de la romancière nigérianeBuchi Emecheta se déroule également en majeure partie à Lagos. Publié pour la première fois en 1979, le roman raconte l'histoire de Nnu Ego, une femme nigériane devant quitter son village d'origine pour marier un homme qu'elle ne connait pas et, par la suite, remplir ses responsabilités familiales en tant que femme.
Le romanL'anomalie, d'Hervé le Tellier, fait quant à lui référence à cette ville dans laquelle a vécu l'un de ses protagonistes, Slimboy, un chanteur mondialement connu.
La bande dessinéeFela back to Lagos deLoulou Dédola et Luca Ferrara parue en2019 qui met en scèneFela Kuti dans la ville de Lagos[33].