Le lac de Van est appelé enturcVan Gölü, enarménienՎանա լիճ (Vana lič̣), enkurdeGola Wanê oubehra Wanê, enarménien classiqueԲզնունեաց ծով (Bznowneac̕ çov) etՌշտունեաց ծով (Ṙštowneac̕ çov), respectivement mer de Bznunik et mer de Rshtunik[2].
Dans l'Antiquité, il était appelé enlatinArsissa Palus et engrecThospitis.
Le lac de Van est situé à l’extrême est du pays, sur lehaut-plateau arménien, partagé entre la province deVan et celle deBitlis ; la ville deVan se trouve sur son rivage oriental. Le lac est entouré de hautes montagnes au sud, de plateaux et de montages à l'est et de volcans à l'ouest[3],[4]. Le lac de Van est située près de la frontière iranienne ; il présente des caractéristiques communes avec lelac d'Ourmia (salinité, climat, zone de hautes montagesendoréiques)[4].
Il fait 120 kilomètres de longueur pour 80 kilomètres de largeur et 171 mètres de profondeur moyenne, 451 mètres au maximum[1]. Sa superficie est de 3 755 km2 et son altitude de 1 640 mètres. Avec lelac Sevan et lelac d'Ourmia c'est l'un des trois grands lacs de l'ancienroyaume d'Arménie, surnommés les « mers d'Arménie ». Le lac de Van est le plus grand lac de Turquie et le second plus grand du Moyen-Orient[3]. C'est également le plus grandlac alcalin sur Terre[3].
Le lac de Van est situé dans la plus importante zone sismique de Turquie (qui s'étale de lamer de Marmara au lac de Van). Lerisque sismique y est donc élevé[5].
Image satellite en fausses couleurs du lac de Van.
C'est unlac de soude,salé,endoréique qui reçoit l’eau de nombreux petits cours d’eau qui descendent des montagnes environnantes.
Son eau est donc fortementalcaline (pH de 10[3]) et salée (salinité de 23 g/kg[7]). Elles sont riches encarbonate de sodium et en autressels, qui sont extraits par évaporation et utilisés commedétergents. Cela retarde le développement de glace à sa surface durant l'hiver[3]. L'eau du lac gèle difficilement[3], malgré les hivers très froids propres à l'Anatolie intérieure[8]. L'eau n'est pas potable et n'est pas adaptée à l'irrigation[3]. Seules deux espèces endémiques de poisson y vivent.
Le lac reçoit entre 300 et 400 mm de précipitations par an[4].
Le niveau de l'eau a fortement évolué au cours de l'histoire du lac de Van en raison du changement climatique, d'éruptions volcaniques et de l'activité tectonique[3]. On peut observer sur le rivage sud des terrasses à 110 m au-dessus du niveau actuel du lac et des traces d'érosion de la pierre montrant que le niveau de l'eau a historiquement été plus élevé qu'il ne l'est actuellement[8].
Le plateau de l'Anatolie est caractérisé par des hivers difficiles et des étés très secs. On y relève des vents violents et secs et des tempêtes de grêle. Cet environnement a permis le développement autour du lac de Van d'une flore de steppe.
La végétation y est assez riche, cependant les spécimens les plus rares se cachent dans les falaises et crevasses qui les protègent des intempéries et leur apportent une irrigation optimale[8]. La flore du lac de Van a fait l'objet de différentes études par des botanistes.
Les sédiments du lac ont permis d'étudier le changement climatique ayant eu lieu dans la zone[9].
Le lac de Van accueille le plus grand dépôt demicrobialite « dépôt sédimentaire rocheux ou benthique constitué de boue carbonatée qui se forme par l'intermédiaire de microbes » au monde[10].
Le bassin endoréique du lac, composé des cours d'eau qui l'alimentent, abrite plusieurs espèces de poissons, pour la plupartendémiques. On y trouve toutefois des populations introduites, comme destruites arc-en-ciel d'Amérique du Nord ou destruites communes d'Europe, toutes deux observées dans le Sapur, un cours d'eau alimentant le lac par le sud-ouest[11]. Leurs introductions respectives, accidentelles, seraient toutes deux liées au développement de la pisciculture dans la région. Ces deux espèces ne cohabitent cependant pas et occupent des portions différentes du Sapur : les truites communes vivent dans la portion supérieure du cours d'eau, à environ 5 km de son embouchure sur le lac ; les truites arc-en-ciel vivent dans sa portion intermédiaire, entre 1 et 3 km[11].
Certaines espèces d'ablettes sont endémiques du bassin du lac de Van, comme ledarekh (Alburnus tarichi), ou son cousinAlburnus timarensis. Alors qu'Alburnus timarensis ne se trouve que dans les eaux vives de la rivièreKarasu, un affluent du lac, le darekh est présent dans tous les cours d'eau du bassin[12]. Si le lac est l'habitat principal du darekh, celui-ci migre vers ces cours d'eau pour pondre entre début mai et mi-juin ; il se retrouve alors, dans la Karasu, ensyntopie avecAlburnus timarensis, les deux espèces cohabitant sur les 20 premiers kilomètres de la rivière[12] . De même, on retrouve à cette période le darekh sur le premier kilomètre du Sapur. Sa zone de répartition s'y arrête alors au contact de celle des truites arc-en-ciel, sans que l'on sache si cette limite est due à la présence de ce poisson carnivore ou à la pollution du cours d'eau par un abattoir voisin[11].
Le darekh est la seule espèce native présente dans le Sapur[11]. On trouve dans les autres cours d'eau du bassin des populations de trois autres espèces natives : deuxcyprinidés (Barbus lacerta etCapoeta damascina) et uneloche de pierre,Oxynoemacheilus ercisianus[13].
Le lac de Van en lui-même est peu propice aux espèces poissonneuses ; le darekh a longtemps été considéré comme le seul poisson du bassin capable de vivre dans ses eaux saumâtres. Toutefois, une population d'Oxynoemacheilus ercisianus y a également été découverte en 2018[14],[13]. Isolée des populations présentes dans les cours d'eau du bassin, ses individus semblent y vivre de façon permanente. Ils présentent ainsi un certain degré d'adaptation à la vie lacustre, leurs nageoires étant placées plus en arrière que chez leurs congénères des cours d'eau du bassin[13]. On les trouve dans les cavités poreuses du microbialite, au sein de structures en forme de tour de plusieurs mètres de haut. Observés en bien plus grand nombre durant la nuit, ces individus semblent présenter une activité principalement nocturne[13].
Le lac de Van est un des lacs sacrés du peuple arménien. Il est en effet à l'origine de la légende deDavid de Sassoun, selon laquelle la mère de David serait tombée enceinte après avoir bu trois gorgées d'eau du lac. Le lac de Van voit son niveau baisser considérablement par la sécheresse qui s'installe auXe siècle en Anatolie.
Le débouché du lac a été obstrué à une certaine période duPléistocène, lorsque descoulées de lave venant du volcanNemrut ont bloqué le débouché ouest vers la plaine deMuş. Aujourd’hui dormant, le Nemrut est proche de la rive ouest du lac et un autrestratovolcan dormant, leSüphan Dağı, domine le côté nord du lac.
Une équipe de plongeurs a (re)découvert en 2016 un site archéologique au large de la ville d'Adilcevaz : un mur d'environ un kilomètre de long, qui s'enfonce dans les profondeurs du lac depuis le port de la commune[15]. Immergées à plus de dix mètres de profondeur, les portions subsistantes s'élèvent jusque trois à quatre mètres de hauteur[16]. Elles seraient maintenues en très bon état grâce aux eaux alcalines du lac[17],[16].
L'équipe à l'origine de la découverte, menée par le photographe sous-marin Tahsin Ceylan, a émis l'hypothèse d'unchâteau bâti entre lesIXe et VIe sièclesav. J.-C. sous l'Urartu[15],[16],[17]. Leur analyse s'appuyait sur l'utilisation de pierres de taille (utilisées dans la région principalement par les Urartéens)[15],[17], dans l'une desquelles figurait un lion taillé (un motif populaire chez eux)[15]. Pour Tahsin Ceylan, il revenait cependant aux seuls archéologues de trancher sur l'origine du site ; l'équipe de plongeurs n'en contenait aucun, contrairement à ce qui a pu par la suite être affirmé dans les journaux[15].
Justement, selon plusieurs archéologues, cette structure serait en réalité plus récente et daterait du Moyen Âge[15]. La technique d'assemblage des pierres ne correspond en effet pas à celle des Urartéens, qui n'utilisaient aucun matériau pour les relier[15]. SelonPaul Zimanski, expert du royaume Urartu, il est probable que des pierres de taille d'anciennes constructions datant de l'époque du royaume Urartu aient été réutilisées pour bâtir un nouvel édifice au Moyen Âge. Des recherches archéologiques complémentaires seraient ainsi nécessaires[15].
Si la découverte de Tahsin Ceylan et son équipe a relancé l'intérêt pour ce site, plusieurs publications des années 1950 et 1960 semblent l'avoir déjà mentionné. En particulier, un article de 1958 évoque vers cet endroit un « château médiéval » construit en réutilisant des blocs de pierre taillés par les Urartéens il y a 3000 ans. Un rapport de 1959 mentionne quant à lui dans le lac un « mur postérieur à l'époque ururtéenne » sur lequel figure une inscription vieille de 2 700 ans. Dans ce texte figurent deux personnages urartéens : un roi dénomméRusa et le dieuHaldi[15].
Lieu de villégiature près d'Edremit.Coucher de soleil sur le lac vu du ferry-boat.
C’est un lieu de villégiature principalement régional. Des plages de sable, bien desservies par les transports et accessibles par une route circulaire, sont fréquentées dès la mi-mai. Le lac de Van est situé à 19h de busd'Ankara et à 25hd'Istanbul. La gare ferroviaire la plus proche se situe àTatvan. L'aéroport le plus proche est celui de Van Ferit Melen.
L’eau claire et d’une haute densité est agréable pour la baignade. Les bords sont souvent peu profonds. Les principales localités sont reliées également par de petits bateaux. Unferry-boat fait la traversée de Van àTatvan.
Une partie de l'action du livreDélivrance (Mutluluk) deZülfü Livaneli, célèbre auteur turc, a lieu dans un village rural sur les berges du lac de Van. Ce roman a été adapté enfilm en 2007.
↑ab etcJ.Gabert, « G. Schweizer, Sur la géomorphologie de l'Anatolie orientale et de l'Iran du nord-ouest »,Méditerranée,vol. 31,no 4,,p. 79–80(lire en ligne, consulté le)