Vous lisez un « bon article » labellisé en 2011.
Lac de Grand-Lieu | |||
![]() Photo satellite du lac (crédit :CNES -Spot Image). | |||
Administration | |||
---|---|---|---|
Pays | ![]() | ||
Région | Pays de la Loire | ||
Département | Loire-Atlantique | ||
Statut | Réserve naturelle nationale etRéserve naturelle régionale | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 47° 05′ 45″ N, 1° 40′ 35″ O | ||
Type | Lac de plaine | ||
Superficie · Maximale · Minimale | 62,92 km2 65 km2[1] 37 km2[2] | ||
Altitude | 1 à 6 m | ||
Profondeur · Maximale · Moyenne | 4 m 1,60 m | ||
Hydrographie | |||
Bassin versant | 700 km2 | ||
Alimentation | Boulogne,Ognon | ||
Émissaire(s) | Acheneau | ||
Îles | |||
Nombre d’îles | >20 | ||
Île(s) principale(s) | Le Bouquet à Ruby, la Capitaine, la Fondrée | ||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Loire-Atlantique | |||
modifier ![]() |
Lelac de Grand-Lieu est unlac situé enFrance, dans le département de laLoire-Atlantique. Situé au sud-ouest deNantes (les communes deBouaye etSaint-Aignan-Grandlieu qui le bordent au nord font partie deNantes Métropole), ainsi qu'à une dizaine de kilomètres au sud de laLoire, il s'étend en quasi-totalité sur le territoire de la commune deSaint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Du fait de la très faible déclivité du terrain qu'il recouvre, il est caractérisé par une superficie très fluctuante, une faible profondeur, et un fonctionnement qui évoque plutôt celui de grands lacs peu profonds comme lelac Tchad, que celui de la plupart des autres grands lacs de France[3]. Il s'agit en hiver du plus grand lac naturel de plaine français.
La faune et la flore du lac sont remarquables, et c'est à ce titre qu'il est classé commeréserve naturelle nationale pour sa plus grande partie (2 694,60 ha (26,946 km2))[4] etréserve naturelle régionale pour sa partie orientale (soit655,79 ha (6,5579 km2))[5]. 270 espèces d'oiseaux, 19 espèces dereptiles etbatraciens, 30 espèces de poissons et une cinquantaine de mammifères peuplent le site. C'est notamment un milieu très favorable pour l'anguille d'Europe. La zone du lac abrite 250 espèces de végétaux et 220 d'algues. Huit de ces plantes sont protégées au niveau international. La majeure partie du lac est recouverte d'herbiers flottants.
Il a été classé en 1995 comme zone humide d'importance internationale par laconvention de Ramsar[6].
Le lac de Grand-Lieu est à la fois vaste et très peu profond (1,60 m de profondeur moyenne en été, environ 4 m en hiver), ce qui explique ses spécificités écologiques[7]. Il occupe une cuvette de faible profondeur et aux bords de faible dénivelé. Pour cette raison, les contours du lac sont particulièrement changeants. Quant à sa superficie, elle varie du simple au double au cours d'une année, passant d'environ 37 km2 en été à 65 km2 en hiver.
Environ 25 km2, principalement dans sa partie est, sont formés par un cœur d'eaux plus vives. Au-delà, le lac est composé deforêts flottantes diteslevis, demarais et deprairies inondables, recouverts ou non selon la saison.
Il s'agit d'unlac d'effondrement présentant une grande variété de milieux (source Natura 2000[8]) :
Milieu | Proportion |
---|---|
Eau douce intérieure (eau stagnante,eau courante) | 40 % |
Marais (végétation de ceinture), bas-marais,tourbières | 20 % |
Prairies semi-naturelles humides, prairiesmésophiles améliorées | 20 % |
Landes,broussailles, recrus,maquis etgarrigues,phrygana | 10 % |
Autres (zonesurbanisées etindustrielles,routes,décharges,mines, etc.) | 8 % |
Forêts derésineux | 2 % |
La superficie en eaux libres[n 1] atteint son maximum (environ2 200 hectares) enhiver, lorsque les herbiers flottants disparaissent. La zone s'est accrue de près de13 hectares en dix ans, diminuant d'autant la surface des roselières. C'est dans les eaux libres qu'exercent les pêcheurs professionnels. Au centre du lac, lepotamot nageant parsème les eaux libres[9].
Lesroselières boisées du lac de Grand-Lieu sont typiquement constituées desaulaies et dephragmitaies. C'est là que lesfuligules milouin etmorillon construisent leurs nids et pondent. On y trouve également descolonies degrands échassiers. En mai, ces zones sont en eau sur 40 cm, ce qui leur donne un aspect expliquant la comparaison qui est faite avec lesmangroves tropicales[10].
Ces roselières s'étendent sur environ 200 à400 hectares, plutôt au nord et à l'ouest du lac. Les îlots peuvent s'étaler sur quelques dizaines de mètres carrés jusqu'à quelques hectares et sont généralement boisés desaules et surtout d'aulnes glutineux. C'est un des modes de dispersion des gènes originaux. Lesphénomènes météorologiques, tels une crue ou une tempête, peuvent ainsi transporter un îlot sur plusieurs kilomètres en quelques heures[11].
Les720 hectares d'herbiers flottants sont une zone d'habitat pour les poissons, les insectes aquatiques et les oiseaux, à l'image de laguifette moustac, seule espèce dont la survie est liée à la présence desnénuphars du lac. L'abondance de végétation palustre, notamment de nénuphars, sur une surface d'eau aussi vaste donne au paysage un caractère peu commun[12].
Les prairies humides fauchées, dont l'hôte emblématique est labergeronnette printanière, sont sillonnées de canaux appelés douves. Les bordures des douves et les mares peu profondes dans les pré-marais sont colonisées par de la végétation palustre, notamment lesrenoncules aquatiques. Ces parties sont ouvertes à l'activité humaine, l'agriculture et l'élevage contribuant au maintien des prairies humides[13].
Le lac de Grand-Lieu est alimenté par deux rivières principales : l'Ognon à l'est, et laBoulogne (86 km)[14] au sud-est[15].
Il se vide dans l'Acheneau[16] au nord-ouest. Cette rivière qui se jette dans laLoire au bout de 40 km[15]possède un dénivelé tellement faible (40 cm d'une extrémité à l'autre) que son cours peut s'inverser lors de marées suffisamment importantes. Afin de réguler au mieux le niveau du lac, une écluse a été construite sur l'Acheneau.[réf. nécessaire]
Labathymétrie de la partie centrale du lac n'a été précisée (cartographiée) qu'à la fin des années 1990[17],[18].
Leclimat, dans l'aire du lac, est de typetempéréocéanique. L'influence de ce climat est largement facilitée par l'estuaire de la Loire et l'absence de relief notable[19]. Les hivers sont doux (min−5 °C / max10 °C) et pluvieux et les étés relativement beaux et doux également (min17 °C / max35 °C). Les pluies sont fréquentes mais peu intenses. Les précipitations annuelles sont d'environ 820 mm[20] et peuvent fortement varier d'une année à l'autre. Les chutes deneige y sont exceptionnelles.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 2,4 | 2,8 | 4 | 5,9 | 9 | 11,9 | 13,9 | 13,5 | 11,8 | 8,9 | 5,1 | 3 | 7,7 |
Température moyenne (°C) | 5,4 | 6,2 | 8,1 | 10,4 | 13,6 | 16,9 | 19,1 | 18,7 | 16,8 | 13,1 | 8,6 | 6 | 11,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,4 | 9,6 | 12,2 | 14,9 | 18,2 | 21,9 | 24,4 | 24 | 21,8 | 17,3 | 12 | 9 | 16,1 |
Ensoleillement (h) | 72 | 99 | 148 | 187 | 211 | 239 | 267 | 239 | 191 | 140 | 91 | 70 | 1 956 |
Précipitations (mm) | 86,6 | 70,2 | 69,1 | 49,9 | 64,1 | 45 | 46,4 | 44,8 | 62,2 | 79,2 | 86,9 | 84,1 | 788,5 |
Nombre de jours avec précipitations | 12,8 | 11 | 11,1 | 8,9 | 11 | 7,7 | 6,7 | 7 | 8,4 | 10,4 | 11,1 | 11,5 | 117,6 |
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm | 6,1 | 4,8 | 4,9 | 3,6 | 4,5 | 2,9 | 2,7 | 3,1 | 3,9 | 5 | 6,2 | 6,1 | 53,7 |
Humidité relative (%) | 88 | 84 | 80 | 77 | 78 | 76 | 75 | 76 | 80 | 86 | 88 | 89 | 81 |
Le lac est habité par plusieurs centaines d'espèces animales, dont environ 270 espèces d'oiseaux (ce qui le place au deuxième rang en France en termes de richesse ornithologique, après laCamargue[22]), ainsi que (en 2003)[B 1] 19 espèces dereptiles etbatraciens, 30 depoissons et une cinquantaine de mammifères parmi lesquelles laloutre[B 1], lagenette et levison d'Europe[B 2]. Legrand capricorne et lelucane cerf-volant sont desinvertébrés également présents sur le site.
Situé sur une des grandes voies demigration de la façadeatlantique, le lac de Grand-Lieu accueille d'importants effectifs d’oiseaux, en particulier aquatiques. LaSociété nationale de protection de la nature (SNPN) recense en 2010 deux cent cinquante espèces d'oiseaux[23]. Parmi elles, lesguifettes noires sont représentées par 50 à 120 couples, soit 30 à 50 % de la population de cette espèce existant en France[23]. C'est sur le site du lac qu'on a pu pour la première fois observer cet oiseau nicher en France[B 1]. On trouve aussi 700 couples dehérons cendrés, 30 à 50 couples despatules blanches, 390 couples defuligules milouins (chiffre 2005), 13 couples decrabiers chevelus (chiffre 2005), les seuls de la région, quelques couples debécassines des marais, 103 couples d'échasses blanches (chiffre 2005), 13 000 canards souchets (un tiers de la population de l'Europe de l'Ouest) ou encore legrand gravelot[23]. Le lac de Grand-Lieu est d'une très grande importance pour la faune aviaire au niveau européen[24].
À cause de la chasse au gibier d'eau autrefois abondamment pratiquée dans les zones humides, le sédiment a été pollué par lagrenaille descartouches contenant duplomb, qui est facteur desaturnisme aviaire. Selon une publication de chercheurs de l'école nationale vétérinaire de Nantes[25], une étude a été effectuée de 1987 à 1990 sur la contamination du milieu par le plomb, sur deux zones chassées, l'une vaseuse et l'autre argileuse, via l'échantillonnage de 2 500 cm3 de sol« filtrés pour ne retenir que des particules identiques à celles dugrit consommé par les canards ». Les résultats révèlent que 70 % des particules étaient des plombs en terrain vaseux (pour 7 prélèvements de sol faits en juillet 1988[25]) et 0,03 % à 0,06 % en terrain argileux (pour 20 prélèvements faits en juillet 1988 et 16 en octobre 1989[25]) et plus encore dans les zones humides et acides, labioconcentration et labiodisponibilité peuvent être très aggravées.
En termes d'écopotentialité pour la faunepiscicole,zooplanctonique et d'invertébrés aquatiques, le lac est également remarquable. C'est en particulier également unhabitat de première importance dans la région pour l'anguille européenne,a priori idéal et sans équivalent dans la région en termes de surface. Les enjeux deconservation et d'unegestion restauratoire de la ressource halieutique sont devenus très importants pour cette espèce ; elle était autrefois abondante et prolifique, en France et en Europe, mais est en déclin accéléré dans toute sonaire de répartition depuis les années 1980, au point qu'unrèglement européen impose sa protection. Elle figure sur laliste rouge de l'UICN desespèces menacées. Or, le lac de Grand-Lieu a une configuration presque idéale pour cette espèce, qui a longtemps été une source d'activité économique dans la région (des pêcheurs professionnels exploitent depuis longtemps le lac, et ils bénéficient d'une dérogation leur permettant de continuer à pêcher l'anguille argentée[26]). Le lac est à ce titre pris en compte par leSDAGE et leSAGE[27], sous l'égide notamment de l'Agence de l'eau et du COGEPOMI (Comité de gestion des poissons migrateurs) de la Loire. Il devrait donc devenir un élément majeur de latrame verte et bleue nationale, et plus encore de latrame bleue, promues par leGrenelle de l'environnement et les loisGrenelle I etGrenelle II, avec un objectif debon état écologique des eaux et écosystèmes pour 2015. L'anguille étant une espèce capable de circuler hors des cours d'eau, lacartographie de ses corridors de migration reste cependant difficile. Lescivelles font en outre en amont l'objet debraconnage et leur remontée est rendue difficile par des problèmes defragmentation écologique de leurscorridors biologiques, certains ouvrages et zones terrestres restant encore difficiles à franchir.
La population d'anguilles du lac est mieux connue, grâce à divers travaux scientifiques[28] visant à mieux comprendre la biologie de cette espèce et le fonctionnement de lamétapopulation du lac de Grand-Lieu au regard des facteurs environnementaux et liés à l'activité humaine identifiables pour cette zone humide et sonbassin versant. Un journal (quotidien) des prises de pêche a été institué en1990, qui doit être utilisé depuis par tous les pêcheurs professionnels du lac[28]. Au milieu des années 1990, durant un an, des prélèvements mensuels ont été échantillonnés dans les captures des pêcheurs professionnels, et la fraction non pêchée a aussi été échantillonnée au moyen de filets expérimentaux. Leur âge a été estimé avec précision parotolithométrie. La croissance des anguilles dans le lac a ainsi pu être modélisée pour chaque sexe[28].
Ceci a permis d'analyser la pêche passée et récente des anguilles sur le lac. Un modèle structurel a été utilisé pour estimer l'abondance absolue aux différents âges et les taux de mortalité dus à la pêche à un instant« T », pour les différents âges[28].
La pression de pêche (amateur, mais surtout professionnelle) et la prédation aviaire sont les deux facteurs les plus visibles de l'extérieur qui influent dans ladynamique des populations et des sous-populations du lac de Grand-Lieu[28], mais d'autres facteurs peuvent être suspectés, dont une pollution discrète de l'eau ou des sédiments. Ainsi, lespesticides (insecticides etfongicides en particulier) ou lesPCB,furanes etdioxines qui, même en très faible quantité, en tant que toxiques ouperturbateurs endocriniens bioaccumulables, sont susceptibles d'induire unedélétion de la spermatogenèse et divers troubles chez les anguilles mâles. Lesmétaux lourds, dont leplomb issu desgrenailles de plomb des cartouches de chasse ainsi que l'azoture de plomb des amorces de cartouches récentes, et lemercure qui, sous forme defulminate de mercure, était présent dans toutes lesamorces demunitions de chasse. Ce fulminate se transformait en vapeur contenant quelques milligrammes de mercure toxique et non dégradable à chaque coup de feu. Une fois dans la vase, ce mercure peut être transformé enméthylmercure (bien plus toxique que le mercure pur), par lesbactéries dessédiments). Ces polluants peuvent aussi affaiblir lesystème immunitaire des anguilles, et diminuer leur résistance auxparasitoses.
La zone du lac abrite 250 espèces de végétaux et 220 d'algues. Huit plantes s'y trouvant sont protégées au niveau international[B 2]. La majeure partie du lac est recouverte d'herbiers flottants (cartographiés en 2004[29]), parsemés delimnanthèmes jaunes, denénuphars jaunes et dechâtaignes d’eau, mais c'est lenénuphar blanc qui domine ces zones. Menacées par les déprédations desragondins, quelques rares stations descirpes lacustres subsistent. Les zones inondables sont composées deroselières, de forêts reposant sur de la vase, de prairies marécageuses. En bordure des zonestourbeuses, on trouve desfougères des marais, qui côtoient parfois dans ce même milieu dessaules noir-cendré. Larenoncule à feuilles d’ophioglosse (ou bouton d'or à feuilles d'ophioglosse) peuple les prairies humides du lac[30]. Les levis sont d'immenses îles végétales de plusieurs centaines de mètres qui, aux périodes de montée des eaux, flottent au-dessus de plusieurs mètres d'eau et de vase. Elles sont couvertes de forêts d'aulnes et desaules[B 2].
Grand-lieu signifierait « grand lac », d'ailleurs on ne dit pas localement : « Je vais au lac de Grand-Lieu », puisqu'il s'agirait là d'unetautologie, mais « Je vais à Grand-Lieu ». Cette analyse étymologique a été développée par Michel Kervarec[31]. Selon lui, le motlieu ici utilisé, est issu d'un motgaulois équivalant auloc'hbreton et qui donnelai dans certaines régions de France etleu dans l'Ouest. À l'appui de cette hypothèse, Xavier Delamarre mentionne le gauloislocu [lacu] que l'on retrouve dans différents toponymes, par exemple :Pennelocos « au bout du lac (de Genève) » ouSidoloucum (Itinéraire d'Antonin), aujourd'huiSaulieu (Côte-d'Or)[32]. Enlatin médiéval, les rédacteurs desXIe – XIIIe siècles notent soitlacus (« lac ») soitlocus, latinisation du mot gaulois qui se superpose au latinlocus « lieu ». La première mention en français du lac estlac de Grand Leu auXIIIe siècle. On est donc bien dans le senslac[31].
Une autre approche fait procéder Grand-Lieu deGrandis locus, c'est-à-dire « lieu où l'on a vu de grands miracles ». L'ancienne appellation « Déas » du site de l'actuelle commune deSaint-Philbert-de-Grand-Lieu a vite été abandonnée au profit de monastère de Saint-Philibert.Locus est, en latin médiéval, un vocable qui désigne un établissement de moindre importance qu'un monastère principal. C'était le cas de celui de Déas par rapport àcelui de Noirmoutier dont il dépendait. Déas est encore employé en 1079 mais disparaît ensuite.Monasterium Sancti Philiberti prend la relève, puisSaint Philbert de Grandi Lacue en 1179. On trouve ensuiteSaint Philbert de Grand Lieu en 1219, 1250 et 1265, alors queSaint Philbert de Grandis Lacus n'apparaît qu'une fois, en 1258. Leu serait donc issu delocus et non pas delacus[pas clair][P 1].
Le sol du site s'est formé il y a 50 millions d'années, tandis que la configuration topographique s'est formée il y a deux millions d'années[B 1]. Le paysage observable auXXIe siècle prend forme aunéolithique[P 2].
Six mille ansavant le présent les parties qui n'étaient pas encore comblées par les sables se couvrent d'une forêt. Les dépôts de cette forêt constituent peu à peu une couche detourbe qui témoigne d'une longue période d'asséchement du site. Dans cette tourbe on trouve ladroséra, desphragmites en plus des restes des grands arbres. La couche de tourbe peut atteindre 10 mètres d'épaisseur. Le gisement du lac de Grand-Lieu est le cinquième de France et recèle 29 millions de mètres cubes de tourbe[P 2].
Le fond du lac est composé de divers dépôts sur une épaisseur d'une trentaine de mètres. Des nappes d'eau douce captives se sont formées dans ces couches. Une analyse aucarbone 14 permet de dater ces eaux, d'un volume de 90 millions de mètres cubes, qui seraient enfermées depuis 8 700 ans. Elles révèlent une composition à forte teneur enammoniaque, enmatières organiques et en fer[P 3].
L'étude des pollens pris dans la tourbe permet d'établir que le site a connu une phase de baisse des eaux vers3000av. J.-C., les chênes s'imposant alors face auxormes. Vers 1500av. J.-C., leshêtres deviennent plus nombreux, les céréales et les vignes déposent leur empreinte plus abondamment. L'activité humaine entre en ligne de compte : les défrichements permettent la culture des céréales, l'activité pastorale (des traces decharbons de bois ont été découvertes). Vers 1000av. J.-C., les eaux remontent, lachênaie est progressivement engloutie[P 3].
À l'époque deJules César, le niveau de l'eau est plus haut qu'auXXIe siècle. LesAmbilatres peuplant la région défendent leur sol« le plus souvent les pieds dans l'eau »[P 3].
Jusqu'aux travaux de canalisation auXVIIIe siècle, l'eau du lac s'évacue via un large marécage autour de l'île des Couëtils, pour rejoindre le cours du Tenu qui traverse cette zone avant de rejoindre la Loire. Ce débouché des eaux du lac s'appelle l'Itta. Le lieu de confluence avec le Tenu se faisait au niveau de l'île Marguerite (site qui s'appelait autrefois les trois chenaux)[P 4].
Dans lesystème féodal, le lac représentait la seigneurie de Grand-Lieu. Une fois sous domination bretonne (après 851), il est placé sous tutelle royale, puis ducale. En 1145,Conan III concède certaines de ses prérogatives aux moines deBuzay. Ceux-ci vont les conserver 150 ans, notamment celle du droit de pêche. Ils décident de concéder au seigneur deVieillevigne leurs droits contre une rente annuelle de sept livres. Mais cette rente n'est plus payée dès 1387[P 5]. La famille Machecoul-Gastineau s'arroge des droits qu'elle n'a pas, usurpe un titre de propriété[P 6].
La domination de ce curieux fief sans terres fermes n'est pas sans importance : la production piscicole du lac fournit le pays nantais. Le seigneur perçoit un droit d'eau et un droit desennage (utilisation d'un filet de 200 mètres) et d'un droit d'écluse (utilisation d'un treillis pour capturer le poisson) auprès de tous les pêcheurs du lac[P 7].
Les riverains du lac étaient soumis aux variations de niveau, lesinondations étaient fréquentes. C'est auXVIIIe siècle que le travail humain de canalisation a profondément modifié la vie du lac[P 4]. Au nord, le creusement ducanal de l'Acheneau va permettre de réguler les flux. Le mot Acheneau trouve son origine dans chenal. L'Acheneau part du lac au nord, rejoint le cours du Tenu, puis bifurque vers la Loire[P 8].
En1809, le comteAuguste de Juigné, détenteur des droits seigneuriaux sur le lac, projette de l'assécher pour disposer de terres cultivables. Ce type de démarche n'est pas rare, les promoteurs de ce genre d'initiative s'appuyant sur l'argument économique mais également celui de lasalubrité, les zones marécageuses étant potentiellement malsaines. Lafamille de Juigné va dès lors tenter avec acharnement de mener à bien ce projet. Un moment menacés par laRévolution et l'Empire, les droits seigneuriaux de cette famille sont finalement maintenus. En 1844, les propriétaires du lac sont la famille de Juigné (3 564 hectares), la famille deLouis de Saint-Aignan (143 hectares), lafamille Juchault des Jamonières (74 hectares) et le comte Antoine d'Eserot d'Estrée (57 hectares)[P 9].
Mais ce projet se heurte aux projets des riverains[P 10]. Au cours duXIXe siècle l'avenir du lac se décide dans l'affrontement entre le comte de Juigné et le Syndicat ducanal de Buzay tenu par des notables locaux[P 11]. Le comte de Juigné doit en outre combattre les riverains qui s'octroient indûment des parties du lac ; il n'hésite pas par exemple à mener une action contre le très en vueM. des Jamonières[P 12]. Le comte monte un projet d'un montant de trois millions de francs de l'époque dans le but d'assécher des terres pour les vendre comme terrain cultivable. Il espère récupérer trois mille hectares, principalement destinés à servir de terres àfourrages pour bêtes à cornes, mais également deterres maraîchères[P 13].
Charles Étienne Gustave Le Clerc de Juigné succède à son père dans le dernier tiers duXIXe siècle[P 14]. Lui aussi veut mener ce projet d'assèchement à bien, mais il se heurte à une contestation des partisans de ladomanialité du lac. En 1898, après une intervention du député de laLoire-Inférieure,Gustave Roch, leparlement décide d'ouvrir une étude de domanialité, et leConseil d'État décide que la question de la propriété du lac ne peut être tranchée que par la Justice. Ce dernier rebondissement met un terme aux ardeurs des Juigné[P 15].
Au début duXXe siècle, le nouveau propriétaire, le marquisJacques Leclerc de Juigné, qui à son tour envisage des projets d'assèchement, fait face à une révolte des pêcheurs. La presse locale prend fait et cause pour ceux-ci, montrant du doigt le dernier « seigneur deRetz », disposant de droits venant d'un autre âge. Après laPremière Guerre mondiale, le marquis commence à céder ses terres. Entre 1921 et 1924, il en vend850 hectares dans la partie sud. Mais, en 1947, il parvient à devenir président du Syndicat du canal de Buzay. Il se lance de nouveau dans la promotion d'un projet d'assèchement. Un nouvel élément est apparu lors de la guerre récemment achevée : les tourbières du lac se sont révélées exploitables. De nouvelles perspectives économiques apparaissent également avec le projet de développer un parc floral en prenant exemple sur lesPays-Bas. Le projet se dessine, on prévoit une digue orientée nord-sud délimitant la partie à assécher, à l'ouest du lac, l'eau devant être évacuée par l'étier de Boiseau. Il était même prévu une prise en charge par l'État de 60 % du budget[P 16].
Le projet n'aboutissant toujours pas en 1947, environ2 780 hectares sur 4 000 au total sont cédés par le marquis, pour trente millions de francs, à une société composée de 4 000 actionnaires dont Jean-PierreGuerlain[P 16], la Société civile immobilière du domaine de Grand-Lieu, qui devient propriétaire d'une partie du lac. Le but de cette acquisition est d'assécher le terrain pour le vendre sous forme de terre agricole[33].
En 1954, un certain Kwantes, au nom d'une société hollandaise, se porte acquéreur de la majorité des actions pour créer des champs de fleurs sur le site du lac, sur1 000 hectares. À la suite de désaccords entre des riverains et une partie des actionnaires, le projet est abandonné. Kwantes, en 1960, vend ses parts au parfumeur Jean-Pierre Guerlain, qui achète la majorité des parts de la société en acquérant celles de petits actionnaires[P 16].
Les850 hectares vendus par le marquis dans les années 1920 sont achetés par une autre SCI, et plus tard deviennent possession de la Fondation nationale pour la protection des habitats de la faune sauvage. Guerlain fait bâtir une maison sur la rive de sa partie du lac, fait creuser un canal menant de sa maison à la Loire, canal de quatre kilomètres qui s'appellera par la suite « canal Guerlain » ou « canal du large ». Il souhaite fermer l'accès du lac au public pour en faire un terrain de chasse pour lui et ses invités[P 17].
En 1972, Jean-Pierre Guerlain rencontre Loïc Marion, un jeune chercheur qui rédige un mémoire sur l'écologie du lac de Grand-Lieu. Celui-ci réussit à le convaincre de demander la création d'une réserve naturelle à partir de sa propriété[P 16]. Le 28 décembre 1977, il en fait don partiel à l'État français en obtenant en contrepartie que cette zone soit déclarée réserve naturelle, acte réalisé le 10 septembre 1980. Deux autres conditions sont remplies : le maintien du droit de pêche pour les pêcheurs professionnels et un droit de chasse maintenu pour M. etMme Guerlain accompagnés de trois invités[33]. Le don ne concernant que les deux tiers du lac, il reçoit un dédommagement de trois millions de francs, dont un million pour dédommager les autres actionnaires[P 17]. Il obtient en outre que la gestion de la réserve naturelle soit confiée à laSociété nationale de protection de la nature, chose faite depuis le 16 septembre 1985[33], avec pour mission la valorisation du site sur une surface de 25,96 km2[34]. Le premier directeur de la réserve est Loïc Marion[P 17].
En 1992, du fait de l’eutrophisation du lac, le ministère de l’Environnement, le conseil régional et le conseil général ont mis en place un plan de sauvetage. Les mesures ont visé à établir un régime hydraulique plus naturel, à agir sur la pollution du bassin versant, à établir unschéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE), et en intervenant pour favoriser l'évacuation de la vase[33].
Leprogramme LIFE (acronyme de L'instrument financier pour l'environnement) initié en 1994 avait pour but de lancer l’opération de sauvetage en concentrant les efforts sur certains éléments. Cela s'est traduit par l'achat de terrains, la mesure régulière de la qualité des eaux se déversant dans le lac, des travaux de lutte contre l’envasement et la création de la Maison de la réserve[33]. Le lac est à nouveau classé en 1995 par un organisme, leRamsar, pour la conservation et l'utilisation durable de la zone humide du lac[35].
Le, les650 hectares gérés par la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique ont été classés enréserve naturelle régionale par leconseil régional des Pays de la Loire[22].
Selon certains opposants auprojet d'aéroport du Grand Ouest, la fermeture de l'aéroport de Nantes-Atlantique tout proche pourrait entraîner une urbanisation des rives du lac, et avoir ainsi des impacts négatifs sur l'environnement. Certains d'entre eux considèrent même que le prolongement de la seule piste de Nantes Atlantique n'aurait aucun impact pour la faune de la réserve naturelle. Selon le directeur adjoint de laDreal :« Ce n'est pas la proximité de l'aéroport actuel qui limite l'urbanisation de ces communes, mais les contraintes liées à laloi littoral qui resteront en vigueur même si Nantes-Atlantique déménage ailleurs »[36],[37].
En 2024, le conservateur de la réserve nationale rapporte que depuis cinq ans la dégradation de l'eau du lac s'accélère à cause des ruissellements des terres agricoles qui apportentnitrates etphosphates en quantité excessive : cette saturation en nutriments provoque une prolifération demicroalgues et decyanobactéries, En conséquence, l’oxygénation de l’eau diminue, les plantes subaquatiques disparaissent, les algues prolifèrent et les cyanobactéries produisent une toxine nocive pour la faune locale. De plus, trois espèces invasives posent problèmes à l’écosystème du lac : lesécrevisses de Louisiane, lesragondins et lajussie, une plante aquatique envahissante qui colonise les eaux et étouffe les plantes locales[38].
Pratiques et savoir-faire des pêcheurs du lac de Grand-Lieu (Loire-Atlantique) * | |
Domaine | Savoir-faire |
---|---|
Lieu d'inventaire | Lac de Grand-Lieu |
*Descriptif officiel Ministère de la Culture (France) | |
modifier ![]() |
On a retrouvé des vestiges depiroguesmonoxyles et des traces de peupladesceltiques sur le site du lac, signes de l'ancienneté de l'utilisation du lieu pour lapêche[B 2]. À partir du Moyen Âge, la pêche sur le lac est un droit seigneurial qui ne sera remis en cause qu'en 1907. À cette époque se crée une coopérative de pêcheurs professionnels[P 18]. En 1920, ils sont 120, puis 74 en 1938, 21 en 1967 et 8 en 2010[P 18].
Le lac de Grand-Lieu permet la pêche d'anguilles, debrochets,sandres,tanches,perches,gardons,carpes,brèmes etpoissons-chats. Une période de fermeture de la pêche est instaurée du 15 avril au 15 juin pour permettre le frai, sauf pour le brochet et l'anguille[P 19]. La pratique de la pêche sert aussi à la régulation des espèces invasives comme lepoisson-chat, l'écrevisse américaine et cellede Louisiane. Les pêcheurs ont aussi réussi à réguler la prolifération des rats musqués et des ragondins[39].
Les outils de pêche sont le verveux, grand filet à trois poches ouvertes grâce à des anneaux de bois ou de plastique, l'araignée, filet droit de plusieurs dizaines de mètres, la bosselle et la louve, qui sont peu utilisées par les professionnels, plutôt par les riverains qui pratiquent la pêche[B 2]. Chaque pêcheur dispose de 120 filets dont 10 verveux[P 19].
Avant l'apparition de la motorisation, l'embarcation utilisée pour la pêche était laplate, qui s'apparente à latoue de Loire et à layole duMarais breton. Ses dimensions sont de 5,50 m de long sur 1,65 m de large pour un creux de 1,65 m[P 20].
Les pratiques et l'organisation de la pêche professionnelle au lac de Grand-Lieu ont été ajoutées à l'inventaire national français dupatrimoine culturel immatériel en 2017[40],[41].
Sous l'Ancien Régime, la chasse est tolérée sur le lac ; les oiseaux de passage sur le domaine royal peuvent être abattus. Les acquéreurs des terres de Juigné créent, en 1926, une société de chasse. Celle-ci prend le nom de société Saint-Hubert club après laSeconde Guerre mondiale. Membre de cette société, Guerlain en rachetant le lac limite la quantité de chasseurs, mais en est un lui-même. Il contribue à repeupler le lac : pour la seule année 1963, une couveuse artificielle permet de lâcher 15 000 jeunes canards. La quantité de plomb de chasse déversée dans le lac et le nombre d'animaux abattus dans cette période sont inconnus[P 21].
Depuis le classement du site, la chasse y est interdite. Elle est autorisée autour du lac[P 22].
L'agriculture dans la zone du lac est dite « agriculture extensive ». Elle est essentiellementfourragère. Les prairies humides accueillent lepâturage extensif. Cette activité se pratique dans les marais des territoires deSaint-Lumine-de-Coutais,Saint-Mars-de-Coutais,Saint-Philbert-de-Grand-Lieu etLa Chevrolière et ceux de la vallée de l'Acheneau.
Aux abords du lac, l'activité est fortement dominée par l’élevage bovin. Sur les1 600 hectares du marais de Grand-Lieu, 1 200 à 1 300 sont mis en exploitation. Les prairies sont, dès que le niveau de l'eau le permet, utilisées pour lapâture, oufauchées. Ce type d'activité agricole contribue à la vitalité des prairies humides. Au-delà de ce voisinage immédiat, 300 exploitations agricoles sont recensées sur le territoire des communes avoisinantes, et le bassin versant accueille70 000 ha de surface agricole[42].
La mise en place d'unbarrage sur l'Acheneau àBouaye en 1960 a permis la rationalisation de l'exploitation deprairies pour l'alimentation desélevages, le niveau des eaux devenant maîtrisable[P 23]. En 1995, les préoccupations écologiques ont conduit les responsables des réserves naturelles à conserver un niveau élevé jusqu'en juin. À titre expérimental, le ministère de l'Environnement décrète une hausse de 40 cm du niveau du lac. Des agriculteurs et éleveurs, en signe de protestation, forcent les portes du barrage de Bouaye, et en une nuit, 2 millions de m3 s'échappent. L'expérience continue néanmoins. Entre 1996 et 1998, la récolte defourrage se maintient au niveau habituel. Les trois années suivantes, les conditions climatiques, entraînant l’inondation des prairies huit mois de l'année, font chuter le rendement de 15 à 20 rouleaux à l'hectare en 1998 à 4 à 5 rouleaux à l'hectare. L'opposition entre les agriculteurs et les responsables du lac est réglée par la Préfecture. La décision de baisser le niveau du lac provoque le départ du directeur de la réserve, Loïc Marion[P 24].
Du fait de son classement en zone protégée, l'accès au lac de Grand-Lieu est restreint. Une étude a été conduite et pourrait conduire à la mise en œuvre d'un projet raisonné de valorisation reposant, en particulier, sur une ouverture limitée au public et une restauration des boisements. La navigation est interdite sur le lac, sauf pour sept pêcheurs professionnels qui possèdent une autorisation spéciale.
Avec une topographie très peu marquée, des contours mouvants et une végétation malaisée à traverser sur son pourtour, le lac de Grand-Lieu est difficile d'accès[43]. Hormis lors des crues d'hiver, il n'est directement accessible qu'à quelques endroits bien précis, comme àBouaye au nord, ainsi qu'àSaint-Aignan-Grandlieu au lieu-dit la Pierre Aigüe, et à la maison des pêcheurs de Passay àLa Chevrolière à l'est ; il est également visible depuis le sommet du clocher de l'église deSaint-Lumine-de-Coutais au sud-ouest.
Pour les visiteurs, la Maison des Pêcheurs du lac de Grand Lieu[44] (anciennement Maison touristique de Passay) est créée à Passay présentant le lac et sonécosystème ainsi que l'histoire des pêcheurs locaux. Une tour panoramique permet aussi de voir la faune évoluer dans son milieu[43]. La Maison du Lac de Grand-Lieu à Bouaye propose une exposition sur le lac et une visite guidée jusqu'à l'ancien Pavillon Guerlain qui domine le lac.
La zone du lac de Grand-Lieu bénéficie de nombreuses protections environnementales ou de labels. Le tableau suivant répertorie celles qui concernent strictement le lac lui-même, à l'exclusion des espaces attenants (par exemple lemarais de Tenu)[45],[46],[47],[48],[49].
Dénomination | identifiants | Type | Date | Surface (ha) | Communes |
---|---|---|---|---|---|
Lac de Grand-Lieu[50] | FR7200014 714(sur ramsar.org) | ![]() | 6 523 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu | FR3600048[51] | Réserve naturelle nationale | 2 694 officiel (2 567 SIG) | Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu | RNR191-FR9300128[52],[53] | Réserve naturelle régionale | 655 officiel (631 SIG) | Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu | FR1100740 | terrain acquis par leconservatoire du littoral | 2 778,055 | Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu | FR5210008 | Natura 2000 (ZPS) | 5 746 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu | FR5200625 | Natura 2000 (ZSC) | 6 308 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Lac de Grand-Lieu et ses abords[54] | 44 SC 49 a | Site classé | 7 494,83 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
32 ensembles bordant Lac de Grand-Lieu[54] | 44 SI 49 b | Site inscrit | 206,78 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu | |
Prés de Saint-Lumine et de Saint-Mars[55] | FR1100882 | terrain acquis par le Conservatoire du littoral | 31,09 | Saint-Mars-de-Coutais | |
Rives nord du lac de Grand-Lieu | FR1100888[56] | terrain acquis par le Conservatoire du littoral | 65,723 | Bouaye, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu |
Dénomination | n° INPN | Type | Date | Surface (ha) | Communes |
---|---|---|---|---|---|
Lac de Grand-Lieu | ZNIEFF 520006647 (00001009) | ZNIEFF de 2e génération | 6 281 | Bouaye, La Chevrolière, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Saint-Aignan-Grandlieu, Saint-Léger-les-Vignes, Saint-Lumine-de-Coutais, Saint-Mars-de-Coutais, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu |
La réserve naturelle nationale est gérée par lasociété nationale de protection de la nature, tandis que c'est lafédération départementale des chasseurs de Loire-Alantique qui gère la réserve naturelle régionale. L'animation du site Natura 2000 a été confiée au "Syndicat Grand-Lieu Estuaire" en partenariat avec la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire.
Une ancienne légende[57] raconte qu'une cité nommée « Herbauges » aurait été engloutie par le lac au cours duVIe siècle. La cité était riche, son nom latin était connu comme étant Herbadila et habitée par des romains[58]. Cette vengeance divine aurait été provoquée par la résistance que la ville opposait aux efforts de l'évangélisateur nantaissaint Martin de Vertou.
Toujours selon cette histoire, un ange serait apparu en rêve à saint Martin, lui ordonnant de partir, n'emmenant dans sa fuite que les deux seuls convertis de la ville, un certain Romain et sa femme. Quoi qu'ils puissent entendre, aucun d'entre eux ne devait regarder en arrière. Lorsque, intriguée par le bruit, la femme céda à la curiosité, elle fut pétrifiée. Le lieu-dit des « dames de pierres » àPont-Saint-Martin, visitable, est présenté comme le lieu où cette histoire se serait déroulée.
Le lendemain, la ville avait disparu, engloutie par une brusque montée des eaux et remplacée par une terre inculte : le lac de Grand-Lieu. La légende ajoute que le son des cloches de la ville disparue peut être entendu chaque soir de Noël[59]. Ce récit de châtiment divin cruel et vindicatif, n’épargnant ni murs, ni bêtes, ni enfants, peut être rapproché du mythe deSodome ou, mieux encore, de la ville engloutie d'Ys[60],[61].
La légende du cheval Mallet, qui connaît quelques variantes locales, semble étendue à toute la région du lac de Grand-Lieu — autour duquel ce cheval était censé se promener[59] — et dans l'Aunis[62]. Ce cheval de couleurblanche qui semble ordinaire est rencontré au hasard de la route, généralement par des paysans et des voyageurs qui reviennent d'une longue veillée, et les tente en leur proposant de monter en selle, ou les y oblige. Le cheval Mallet part alors dans une course folle, rapide comme l'éclair, il n'est arrêté ni par lesocéans ni par les continents. La chevauchée se termine toujours au matin par la mort du cavalier, qui est jeté à terre et meurt généralement sur le coup, ou alors est piétiné à mort par sa monture, ou encore jeté dans un précipice ou dans une fontaine. Des traces de sabots« à la forme étrange » pouvaient être retrouvées à côté du corps.
Il s'agit d'une presqu'île de la rive nord du lac qui se situe près de la pointe du site de Pierre Aiguë (Saint-Aignan-de-Grandlieu). Il y a sur cette « île » un puits qui est au centre d'une légende. Une créature surnaturelle y serait enfermée[57].
LaFête des pêcheurs de Grand-Lieu est une célébration annuelle qui existe depuis plus d'un siècle. Sous la forme existant en 2010, elle dure deux jours en août, dans la commune deLa Chevrolière sur le site du port d'été de Passay, au bord du lac de Grand-Lieu. Lespêcheurs professionnels en activité y partagent leurs connaissances du lac et de leur activité[63].
Leclip de la chansonÀ quoi je sers deMylène Farmer a été tourné au lac de Grand-Lieu, en 1989[64].
Sur les autres projets Wikimedia :