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Légion du Christ | |
![]() Écu de la congrégation | |
Ordre religieux | |
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Spiritualité | Christique |
Structure et histoire | |
Fondation | 1941 |
Fondateur | Marcial Maciel Degollado |
Abréviation | LC |
Liste des ordres religieux | |
LaLégion du Christ (LC) est unecongrégation de prêtres catholiques, dedroit pontifical, fondée en1941 auMexique par le pèreMarcial Maciel Degollado. Elle appartient constitutivement à la famille spirituelle duRegnum Christi avec lesFemmes Consacrées de Regnum Christi et lesLaïcs Consacrés de Regnum Christi. Son nom officiel est la Congrégation des Légionnaires du Christ.
Cette congrégation est présente en Amérique, Europe et Asie. En 2020, elle comptait 974prêtres et 481séminaristes, ainsi que 104paroisses[1]. Ses membres sont appelés les « légionnaires du Christ ». Ils ont longtemps été appréciés duSaint-Siège et dupapeJean-Paul II[2],[3].
La Légion du Christ œuvre aussi auprès des laïcs dans de nombreux domaines tant sociaux que culturels, ils sont à l'origine de l'organe de presseZenit.org qui diffuse des informations sur les activités dupape et du Saint-Siège[4], ainsi que de la fondation d'universités. Deslaïcs peuvent aussi s'engager dans la branche laïque de la Légion, leRegnum Christi, formée en 1949, et reconnue par le Vatican depuis 2004.
La congrégation connaît, à partir de 1998, des remises en cause liées aux mensonges, à la double vie et aux abus sexuels commis par son fondateur, ainsi qu'à un mode de fonctionnement jugé trop secret et pouvant même être contraignant pour certains de ses membres[5],[6]. Le, un délégué pontifical, lecardinal de Paolis, est nommé à la tête de la congrégation.
Les légionnaires du Christ font les trois vœux habituels de pauvreté, d'obéissance et de chasteté, auxquels ils ajoutent les vœux de charité et d'humilité. Il existe une branche de femmes consacrées[7]. La congrégation est dirigée depuis 2020 parJohn Connor.
À l'origine, la congrégation des Légionnaires du Christ avait pour nom « les missionnaires duSacré-Cœur », mais le fondateur Marcial Maciel changea de nom, en pensant aux différents témoignage descristeros, et la mission des Légionnaires du Christ : « des hommes qui luttent pour le Règne du Christ sans rien se réserver pour eux-mêmes et prêts à donner leur vie »[8].
En 1949, la Légion du Christ s'est dotée d'une branche laïque pour l'aider dans sa mission d'évangélisation : le mouvementRegnum Christi, constitué de laïcs, diacres et prêtres. Le, le Saint-Siège a promulgué le décret d’approbation définitive (officielle) des statuts duRegnum Christi. Ce mouvement compte actuellement 65 000 membres répartis dans tous les continents. En collaboration avec la Congrégation des Légionnaires du Christ, il a créé depuis sa fondation 22 centres universitaires et158 écoles. Il coordonne par ailleurs le travail de 340 000 volontaires engagés dans différents programmes d’action sociale, de projets pour la famille, de mission et d’évangélisation.
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Si vous venez d’apposer le bandeau,merci d’indiquer ici les points à vérifier.Le naîtMarcial Maciel Degollado (petit-neveu de saintRaphaël Guízar Valencia), fondateur de la congrégation, àCotija de la Paz, (Mexique). Il est frappé dans son enfance par la crise sociale et religieuse que traverse alors son pays durant laguerre des Cristeros. Il est l’ami[9] deJosé Luis Sanchez del Rio[10], qui meurt martyr à l’âge de quatorze ans, en refusant de renier sa foi, ce qui marque durablement Marcial Maciel Degollado[11]. Le,Marcial Maciel Degollado entre au séminaire à Mexico de son oncle saintRaphaël Guízar Valencia[12]. Marcial Maciel Degollado dit avoir reçu le l’inspiration de fonder une congrégation de pèresmissionnaires[13],[14], mais il doit changer de nombreuses fois deséminaire du fait des persécutions religieuses au Mexique, mais aussi du refus de ses supérieurs qui n’acceptent pas l’idée de la fondation d’une congrégation par lui[15].
L’évêque deCuernavaca accepte pourtant son projet et le vendredi[16], à l’âge de vingt ans, encore séminariste, Marcial Maciel fonde la congrégation de la Légion du Christ, qui prend alors le nom de « Missionnaires du Sacré-Cœur ». Le Marcial Maciel Degollado est ordonné prêtre dans labasilique Notre-Dame de Guadalupe[17]. Dès cette époque, selon le cardinal brésilienJoao Braz de Aviz"le Vatican disposait de documents sur la conduite du fondateur"[18]
Le père Maciel part pour Rome où il rencontre lepapePie XII en 1946 ; celui-ci semble enthousiasmé par la congrégation de la Légion du Christ[19]. Il affirme alors que lacongrégation devrait être « ut castrorum acies ordinata »[20]. Le pape insiste sur la nécessité de développer la formation desleaders catholiques en Amérique du Sud, formation qui deviendra l’une des vocations de la Légion du Christ[21]. Le père Maciel présente alors lesconstitutions à laSacré Congrégation pour les Religieux afin d’obtenir une reconnaissance plus ample de la part du Saint-Siège. Le, la Légion du Christ reçoit l’approbationdiocésaine. Le père Maciel obtient alors l’accord afin de former les séminaristes à l’université pontificale de Comillas, en Espagne, développant le caractère international de la Légion du Christ. Le, la congrégation des légionnaires du Christ reçoit lenihil obstat[22], ainsi que la reconnaissance canonique, le. La Légion du Christ fonde alors à la demande ducardinal un collège et un séminaire pour les légionnaires du Christ à Rome, achevé en 1950[23], qui deviendra le siège de la Légion du Christ, et marquera la proximité spirituelle de la Légion avec leVatican.
Le, la légion reçoit leDecretum laudis[24] par le papePaul VI, ce qui en fait une congrégation de droit pontifical, c'est-à-dire qu’elle dépend directement de l’autorité du pape et non du diocèse.
Le, le papePaul VI confie aux Légionnaires du Christ uneprélature territoriale deChetumal-Cancún[25]. La Légion évangélise alors cette région pauvre du Mexique, construisant de nombreuses églises… Le pape Paul VI demandant en 1974 que les légionnaires du Christ soient « des combattants au nom de Jésus » : « Il faut être conquérants, être légionnaires pour combattre et défendre »[19]. Après l’élection du papeJean-Paul II, le père Maciel et la Légion du Christ participent activement à la visite du pape au Mexique, contribuant ainsi au rapprochement de la Légion du Christ avec le nouveau souverain pontife.
Le, après une relecture des constitutions de la congrégation selon les options deVatican II, effectuée par la Congrégation pour les religieux, l’« approbation définitive »[26] des constitutions des Légionnaires du Christ est accordée par Rome. Par la suite, le pape soutiendra les légionnaires du Christ[27], ordonnant même 60 des légionnaires dans labasilique Saint-Pierre. La Légion du Christ fonde aussi uneuniversité pontificale, la première au monde, de bioéthique[28].
Cependant la congrégation connaît, depuis 1998, des remises en cause liées aux abus sexuels commis par son fondateur, ainsi qu'à un mode de fonctionnement jugé trop secret et pouvant même être contraignant pour certains de ses membres[5],[6].
Le, le Père Maciel, après avoir dirigé la congrégation des légionnaires du Christ pendant plus de64 ans, ne souhaite pas être réélu comme supérieur de la congrégation[29]. LeChapitre Général de la congrégation de la Légion du Christ décide alors d'élire un nouveau directeur général, le pèreÁlvaro Corcuera Martínez del Río[30], qui devient le nouveau supérieur de la Légion du Christ. Le le père Marcial Maciel meurt[31] à l’âge de88 ans[32].
Le, le pèreCorcuera rend publique la décision du pape « de mener à bien, par le biais d’une équipe de prélats, unevisite apostolique des institutions des Légionnaires du Christ » annoncée par une lettre du ducardinal Bertone, secrétaire d'État[33]. Une visite apostolique du Saint-Siège a lieu dans les institutions de la Légion du Christ entre et. Après cette enquête, le Saint-Siège annonce le, d'importantes mesures de contrôle et de réforme. Celles-ci doivent être accompagnées par un délégué du Saint-Siège. Ces mesures doivent concerner l'aide aux victimes d'abus sexuels du père Marcial Maciel ; la remise en cause du système de pouvoir mis en place ; la révision de l'exercice de l'autorité (qui doit être exercée dans un respect de la vérité) ; une visite apostolique dans la branche laïque (Regnum Christi) des légionnaires du Christ ; l'étude des constitutions de la congrégation et la redéfinition du charisme de celle-ci[34],[35].
Le, le papeBenoît XVI nommeVelasio De Paolis, archevêquein partibus italien deThélepte (de) et président de laPréfecture des affaires économiques duSaint-Siège, comme délégué pontifical à la tête de la congrégation[36].
La congrégation gère en France des établissements scolaires privés hors contrats[37].
Le, les évêques ayant mené en 2009-2010 la visite apostolique dans la congrégation présentent au pape une synthèse de leurs rapports. Le1er mai, le Saint-Siège publie un communiqué sur la Légion du Christ[35]. Les cinq évêques ont rencontré personnellement plus de mille membres de la légion au cours de leur visite. Un nombre important de religieux sont, d'après eux, honnêtes, pleins de talents et cherchent le Christ avec un zèle authentique[35]. Toutefois, des manquements importants ont aussi été observés. Le Saint-Siège désavoue le père Marcial Maciel, remet en cause l'exercice de l'autorité dans la congrégation et annonce la mise en place de plusieurs mesures de contrôle et de réformes[34],[35] :
Pour plusieurs observateurs du Vatican, un discrédit clair est porté par le Saint-Siège sur les dirigeants actuels, sur le système de pouvoir mis en place et sur une époque d'occultation[34],[38]. La congrégation est mise sous contrôle et son identité doit être redéfinie[34].
Les responsables de la Légion du Christ déclarent accueillir avec obéissance ces dispositions et ne souhaitent pas faire d'autres commentaires dans l'immédiat[39].
Le, lecardinal de Paolis est nommé comme délégué pontifical, avec pour mission de mettre en œuvre les réformes annoncées en mai[40],[41],[42]. Par ailleurs,Ricardo Blázquez Pérez, archevêque de Valladolid (Espagne), est nommévisiteur apostolique deRegnum Christi, la branche laïque des Légionnaires du Christ[43].
Après sa visite apostolique, le cardinal de Paolis écrit en une lettre aux membres de la Légion[44]. Il note les points suivants:
En, le cardinal de Paolis écrit une nouvelle lettre[45], où il indique la procédure qui sera suivie pour l'élaboration de nouveau statuts. Il apparaît que plus de mille règles, formant lapraxis journalière des Légionnaires leur avaient été imposées sans avoir jamais été approuvées par le Saint-Siège. Ces règles sont suspendues. Une commission veillera à en garder le minimum strictement nécessaire à la vie de l'organisation.
En, le cardinal de Paolis écrit une lettre pour convoquer un chapitre général des Légionnaires du Christ en[46].Ce chapitre a pour objectifs principaux l’élection d’un nouveau gouvernement de l’Institut et l’approbation des nouvelles constitutions, comme indiqué dans une lettre duPape François du[47].
Selon le journalLa Croix, les changements opérés depuis la réforme amorcée à partir de 2006 n'ont pas nécessairement changé en profondeur la congrégation et son fonctionnement. La journaliste Paula Boyer indique que« les bons connaisseurs du dossier n’ont cessé d’affirmer que le fonctionnement sectaire de la Légion n’avait pas totalement été corrigé, que la révision affichée des constitutions était en trompe-l’œil et que les supérieurs de la Légion avaient enterré leur promesse de faire toute la vérité sur Marcial Maciel »[18].
Un légionnaire fait environ douze ans d’études. Il reçoit une formation qui se veut « intégrale », c'est-à-dire humaine, spirituelle, intellectuelle (il obtient en général une licence ou un doctorat enphilosophie,théologie,droit canon,histoire de l’Église,patristique ouÉcriture Sainte) et pastorale (pendant sa formation il a toujours un temps de catéchèse de jeunes ou adultes, ou de participation à des œuvres de charité…)
La congrégation est présente dans une vingtaine de pays et quatre continents, mais surtout sur le continent américain (Amérique du Sud,Mexique etÉtats-Unis).
Elle mène diverses actions auprès des pauvres, des indigènes, des jeunes, des femmes et des familles. Par exemple, le réseauMano amiga (Main amie) au Mexique, formé à partir de 1965, est composé d'une quinzaine d'écoles situées dans les zones les plus pauvres et les plus sous-développées, financées par les collèges payants de la congrégation, destinées à l’éducation gratuite des enfants pauvres[30].
Au Mexique, le papePaul VI a confié à la Légion lediocèse de Chetumal-Cancún (au sud-est duYucatán) en nommant à sa tête un évêque de la congrégation, le. Celui-ci est aidé par environ 10 % de prêtres légionnaires et laïcs duRegnum Christi.
La Légion du Christ est particulièrement présente dans le domaine des séminaires et lieux de formation des prêtres. Elle contrôle l'Athénée pontifical Regina Apostolorum à Rome[48] ; et a ouvert le (fête de l'Assomption)1991 àRome, à la demande du pape, le Collège pontifical internationalMaria Mater Ecclesiae (Marie Mère de l'Église), pour former les futurs formateurs qui interviendront dans les séminaires[49].
En France, la congrégation a ouvert en 1996 un petit séminaire enSeine-et-Marne, l'« école apostolique de l'Immaculée Conception », devenue simple école secondaire en 2015 : quatre prêtres et deux frères s'en occupent[50]. Elle dirige aussi deux petites écoles dans lediocèse de Nanterre, les écoles Bambolino et Everest. Elle anime laparoisse du Sacré-Cœur àBordeaux depuis 2014.
Les légionnaires du Christ et membres du Regnum Christi dirigent les universités et centres d’enseignement supérieurs suivants :
La Légion du Christ est à l'origine de l'agence de presse catholique,Zenit[53]. Elle publie également des magazines, parmi lesquelsL Magazin[note 1] en langue allemande etLeCristo Magazine[note 2] en langue anglaise.
La congrégation est également présente en Terre Sainte : le, par une lettre apostolique en forme demotu proprio, le pape Jean-Paul II a confié aux légionnaires du Christ l'Institut pontifical Notre-Dame de Jérusalem voué à l'accueil des pèlerins en Terre Sainte[54].
En 1948, des mises en cause visent déjà Maciel et conduisent Rome à annuler l’autorisation canonique de la Légion.
En 1956, le préfet de la Congrégation des religieux, le cardinalValerio Valeri, reçoit des plaintes très graves d’abus sexuels sur des mineurs en provenance du Mexique, et suspend Maciel de ses fonctions. (voir par exemple la lettre deSergio Méndez Arceo, évêque mexicain, au Secrétaire de la Congrégation des religieuxArcadio Larraona[58])
En 1958, la mort de Pie XII arrête l'enquête.
Pendant la période de vacance du siège pontifical, le cardinal vicaire de RomeClemente Micara rétablit Maciel dans sa charge.
Durant les quarante années suivantes, toutes les accusations reçues contre Maciel seront considérées comme étant des calomnies, jusqu'à la découverte au grand jour de l'évidence[59].
En 1998, une plainte est déposée par huit membres de la Légion du Christ à laCongrégation pour la doctrine de la foi (dirigée alors par lecardinal Ratzinger), accusantMarcial Maciel (fondateur de la Légion du Christ) d'abus sexuels[60]. Les faits se seraient déroulés dans les années 1950-1960, quand les plaignants avaient entre 10 et16 ans[2]. Le principal accusateur est un ancien prêtre de la Légion du Christ, Juan Vaca[61].
Lacongrégation et son père fondateur affirment, comme ils l'ont toujours fait, qu'il s'agit d'accusations mensongères[2],[62]. Le père Maciel avait déjà subi dans les années 1950 de graves accusations, qui ont motivé, entre 1956 et 1959, une enquête canonique du Vatican[60],[2]. Il avait alors été suspendu, puis disculpé[2].
D'après Jean-Marie Guenois, journaliste àLa Croix, l’instruction de l'enquête de 1998 est, selon le témoignage du cardinal Ratzinger à l’évêque de Coatzacoalcos (Mexique), gelée en 1999 à la demande de Jean-Paul II, en raison de la floraison de vocations dans cette œuvre et parce que les faits, qui remonteraient à plus de quarante ans, sont effectivement prescrits[2]. Les dirigeants des Légionnaires du Christ bénéficiant en effet de précieux appuis à Rome, il est possible qu'une partie des membres de la curie romaine veuillent protéger la congrégation en lui évitant un scandale touchant son fondateur[63],[62]. D'après leNational Catholic reporter, le cardinalAngelo Sodano, secrétaire d'État du Saint-Siège, s'est ainsi personnellement opposé à la poursuite de l'enquête par le cardinal Ratzinger et la congrégation pour la doctrine de la foi[62],[64].
En, alors que Marcial Maciel vient, à nouveau, d'être honoré au Vatican pour l'ensemble de son œuvre, le cardinalJoseph Ratzinger décide, de son propre chef, la reprise de l'enquête[62],[64],[65]. En, il envoieCharles Scicluna auMexique pour enquêter sur les faits et interroger des témoins[2]. Le, leSaint-Siège rappelle toutefois que ce voyage ne signifie pas l'ouverture d'un procès canonique, et qu'il n'est pas encore question d'en ouvrir un[2].
Le, un an après que le pèreÁlvaro Corcuera a succédé au père Maciel comme directeur général de la Légion du Christ, le Saint-Siège annonce dans un communiqué[66] qu'il ordonne à Marcial Maciel de renoncer à tout ministère sacerdotal public et « de conduire une existence retirée dans la prière et la pénitence ». Cette sanction, approuvée parBenoît XVI, est interprétée par certains journalistes comme le signe que le Saint-Siège a jugé crédibles les accusations portées contre le père Maciel[65],[2]. Elle est au contraire vue par le mouvement comme ne remettant pas fondamentalement en cause le fondateur de la congrégation[67],[68].Marcial Maciel meurt le et c'est le début de découvertes toujours plus scandaleuses.
Le, leNew-York Times révèle que le père Maciel a mené une double vie et a eu, au moins, une fille[60],[69]. Le lendemain, la Légion du Christ, par l'entremise de Jim Fair, porte-parole des Légionnaires du Christ aux États-Unis, regrette publiquement et officiellement la conduite de son fondateur. Jim Fair confirme que le pèreMarcial Maciel, décédé l'année précédente et inhumé dans son village natal de Cotija, au Mexique, avait eu une liaison avec une femme dont il a eu une fille[56].
En, le Pape décide d'unevisite apostolique des institutions des Légionnaires du Christ. Une commission, composée de plusieurs évêques, mène une enquête approfondie sur le père Marcial Maciel et la congrégation[60],[70].
La double vie du père Maciel, utilisant plusieurs fausses identités, et gérant d'une façon opaque une fortune considérable, est de plus en plus mise au jour[71]. Pour le sociologue etpsychanalyste Fernando Gonzalez, auteur de deux ouvrages sur la Légion du Christ, son fondateur « était un calculateur rusé qui s'adaptait parfaitement à chaque situation »[60],[5].
Le, l'enquête dans la congrégation est terminée, le rapport final est rendu au Saint-Siège le[72],[62],[64],[6].
Le, dans un communiqué, les responsables de la Légion du Christ reconnaissent que leur fondateur a commis des « actes d'abus sexuel sur des séminaristes mineurs ». Ils admettent ne pas avoir cru et écouté les personnes ayant dénoncé ses abus. Ils souhaitent rechercher la réconciliation et le dialogue avec ceux qui ont souffert et faire la vérité sur l'histoire de leur congrégation[57].
Le1er mai, le Saint-Siège dénonce explicitement les délits du père Marciel Maciel, le rapport le concernant faisant état de comportements très graves et objectivement immoraux, confirmés par des témoignages incontestables. Les actes commis par lui démontrent, selon le Saint-Siège, une vie sans scrupules et une absence de sentiment religieux authentique[34].
Deux frères légionnaires du Christ de l'école apostolique deMéry-sur-Marne (diocèse de Meaux) tenue par la congrégation sont accusés en 2004 et 2005 d'avoir commis des attouchements sur huit adolescents. L'un d'eux est en fuite. Ils ont été jugés àMeaux et le substitut du procureur a requis deux ans de prison contre le frère E., deux ans de prison avec mandat contre le frère T. F., de nationalité mexicaine, enfui au Mexique. Délibéré le[73]. le frère E. a été condamné à deux ans de prison avec sursis, mise à l'épreuve et soins psychologiques, et 10 000 euros de dommages et intérêts. Le frère T. a été condamné à deux ans de prison ferme avec mandat d'arrêt, et près de 12 000 euros de dommages et intérêts. Les deux hommes ont été inscrits au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes)[74].
Selon un rapport interne publié en 2019, 175 mineurs auraient été victimes d’abus de la part de 33 prêtres et diacres de la Légion du Christ[75].
En 2017, l’enquête « Paradise Papers » révèle l’existence de structures offshore créées pour opacifier les avoirs de la congrégation[76].
La Légion du Christ est aussi citée dans lesPandora Papers en octobre 2021. L'enquête révèle l'existence de trois structures opaques liées à la congrégation en Nouvelle-Zélande qui auraient permis d’exfiltrer des centaines de millions de dollars vers l’étranger jusqu'en 2010. À cette date, la situation financière « préoccupante » de la congrégation l'avait empêchée de dédommager les victimes de violences sexuelles à la hauteur de ce qu’elles réclamaient[77].
L'activisme des légionnaires du Christ est parfois vu comme étant trop directif. En France, notamment, l'ouverture d'un petit séminaire soulève des problèmes sur l'âge du discernement[6]. Cependant en 2015, le petit séminaire a été ouvert aux élèves ne se préparant pas à la prêtrise. Les Légionnaires du Christ sont parfois considérés comme des concurrents par les ordinaires diocésains. C'est notamment parce qu'il les accusait de « créer une Église parallèle » que l'archevêque du Minnesota (États-Unis),Harry Joseph Flynn (en), a interdit toute activité des légionnaires du Christ dans son diocèse. Lediocèse de Columbus, dans l'Ohio, a adopté la même politique envers les Légionnaires etRegnum Christi dès[78].
Il leur est aussi reproché d'être trop proches des milieux d'affaires et de gérer des sommes importantes sans suffisamment de transparence[62],[64]. Une partie de la hiérarchie catholique est aussi très critique envers le père Maciel. PourEdwin O'Brien,archevêque de Baltimore, le père Maciel est un « entrepreneur génial qui, avec des tromperies systématiques, a utilisé la foi pour manipuler les autres en fonction de ses intérêts égoïstes »[60].
En, une enquête duNational Catholic Reporter dévoile un intense travail de lobbying au Vatican, le père Marcial Maciel et des membres de la congrégation s'étant montrés souvent très généreux avec certains responsables de la curie romaine et des personnes proches du papeJean-Paul II. D'après leNational Catholic Reporter, ces relations d'amitié soigneusement entretenues ont pu protéger la congrégation des critiques contre son mode de fonctionnement[62],[64].
Les différentes vies parallèles du père Maciel pourraient avoir été protégées par certains membres haut placés de la congrégation. Ainsi, par un vœu spécial, levé seulement en 2006 à la demande expresse du Saint-Siège, les prêtres de la congrégation s'obligeaient à ne pas critiquer leurs supérieurs[60],[5]. Plusieurs prêtres de la congrégation la quittent en 2009, soulignant des manquements de leurs responsables dans l'élucidation des affaires concernant le père Maciel[5]. D'après le journalLa Croix, un argumentaire avait été envoyé par la direction territoriale États-Unis-Canada de la Légion à ses membres, leur indiquant comment répondre aux évêques venus enquêter en 2009-2010[5].
Il semble aussi qu'une constitution secrète, non approuvée par le Saint-Siège, ait été utilisée à l'intérieur de l'institution. Les membres s'engageaient à ne pas divulguer son existence. Une subordination absolue au supérieur et l'engagement à renoncer à son propre jugement seraient exigés par cette constitution[5].
Le, le quotidienReforma annonce qu'en raison des premiers résultats de l'enquête apostolique en cours, le Saint-Siège aurait déjà pris la décision de nommer un administrateur apostolique et envisagerait de procéder à une refondation de la Légion[5].