Leskofun(古墳?) sont desmonuments funéraires (tumulus)japonais datés d’entre leIIIe et leVIIe siècle, qui ont donné leur nom à lapériode Kofun[2].
Leskofun se présentent sous plusieurs formes, les ronds et les carrés étant les plus simples. Un style caractéristique est lekofun en forme de trou de serrure dont l'apparition sert de point de départ à la période. Ceux-ci sont composés, en plan, d'un triangle isocèle sécant à un disque placé sur son axe de symétrie. Mais le disque peut aussi être remplacé par une forme carrée[3]. Leur taille varie de quelques mètres, en particulier les tertres ronds autour d'une dizaine de mètres, à plus de 400 m de longueur. Des terres cuites sans glaçure, appeléeshaniwa, sont à demi-enfouies, alignées autour ou disposées sur le tertre. Les plus nombreuses ont la forme générale d'un cylindre, parfois support de représentation de coupes, et tout un autre ensemble à caractère figuratif : maisons, personnages, objets, animaux.
Les chambres funéraires et leur dépôt funéraire, sous le tertre ainsi que les tertres eux-mêmes, ont eu une évolution considérable tout au long de la période Kofun et sur la partie ouest de l'archipel, avec de fortes variations d'une région et d'une période à l'autre. Ces variations reflètent les transformations culturelles et sociales, et les évènements politiques qui agitent cette période.
Ces vestiges archéologiques représentent une source contemporaine d'informations japonaises très précieuse puisque les sources écrites nippones sont postérieures.
Cestumulus, dont la forme a varié au cours des siècles et des lieux, sont souvent, vus de haut, en forme de trou de serrure (trapèze surmonté d'un cercle) mais peuvent être aussi ronds(円墳,enfun?), octogonaux(八角墳,hakkakufun?), carrés(方墳,hōfun?)[4], rectangulaires(前方後方墳,zenpō-kōhō-fun?), etc. Les formes mixtes :zenpō-kōen-fun(前方後円墳?,kofun en carré devant-rond arrière) en trou de serrure sont les formes dominantes, mais il en existe aussi en forme de cône précédé d'une terrasse carrée (comme l'Otomeyama kofun[5]). La chambre funéraire, qui pouvait être peinte, se trouve dans la partie ronde, tandis que la partie arrière, montée vers la partie ronde, accueillait les offrandes. L'avant était généralement orienté vers le sud ou l'ouest. On y disposait dessus et tout autour deshaniwa(埴輪?), des terres cuites funéraires, qui délimitaient cet espace sacré et le protégeaient. Le tertre pouvait également être entouré de fosses contenant de l'eau qui symbolisaient alors la séparation entre le monde de la mort et celui de la vie.
En2013, des fouilles archéologiques aukofun deHaze Nisanzai kofun (ja) (peut-être la tombe de l'empereurHanzei) àSakai ont mis au jour des trous de poteaux que l'on interprète comme les piliers d'un pont en bois. Il est possible que desrituels funéraires aient été accomplis sur cette structure[6].
On peut distinguer quatre périodes[9] :
Leskofun impériaux n'ont toujours pas été explorés car ils sont considérés comme des tombes privées et non comme un bien culturel. L'Agence impériale, qui est chargée de leur gestion, bloque les recherches archéologiques par souci de gestion et de conservation du patrimoine, pour des raisons religieuses, et peut-être aussipar crainte de résultats qui pourraient remettre en cause l'identité et le statut des défunts[non neutre]. Les chercheurs ont cependant des autorisations très occasionnelles d'y pénétrer lorsque ces tertres nécessitent des travaux de restauration.
Les chambres intérieures deskofun pouvaient être décorées. Les plus anciennes, jusqu'à la deuxième moitié duVIe siècle, comportent des triangles peints en rouge et en noir.Dans leKyūshū, les chambres funéraires de la dernière période comportent des parois et dessarcophages ornés de motifs incisés ou peints. Les couleurs alors utilisées sont lerouge, lenoir, lejaune, leblanc et levert. Cette pratique décorative va peu à peu toucher un secteur plus vaste.
Les motifs dominants, à partir de la seconde moitié duVIe siècle, sont en rapport avec le dernier voyage de l'âme (chevaux, oiseaux, bateaux) ou abstraits (spirales magiques, cercles concentriques, doubles boucles en C). Ceschokkomon(直弧文?), décors de droites et de courbes) sont l'une des caractéristiques dukofun, où ils font l'une de leurs premières apparitions, mais ils deviendront par la suite une des dominantes de l'art japonais. Ils se constituent donc de séries d'arcs brisés opposés à des diagonales ou des croix. On les trouve essentiellement sur les lieux ou objets associés aux sépultures.
Le kofun attribué à l'empereur « légendaire »Nintoku(仁徳天皇,Nintoku Tennō?,313 -399), à Sakai dans la région d'Ōsaka[13], est l'une des plus grandes sépultures du monde car l'ensemble mesure, avec les douves (trois fossés, dont un large et un étroit, pleins d'eau et entourés de bandes de terre boisée), 320 000 m2. Le tertre mesure, pour sa part, 725 m de long, 305 m de large et 35 m en son point le plus haut. La partie ronde est constituée de trois vastes niveaux. Selon l'archéologueSueji Umehara, environ mille hommes auraient travaillé pendant quatre ans pour la seule réalisation du terrassement.
Le site contient un grand nombre dehaniwa sur son sommet et ses contours. L'intérieur du premier fossé en dénombre une rangée de 17 775 pièces enterrées au total, dont la partie supérieure apparente mesure en moyenne 33 cm de haut et offre un éventail varié de sujets.
Il n'a jamais été fouillé mais l'effondrement de la partie principale en 1872 a mis au jour la chambre funéraire. Elle contient un sarcophage de pierre d'un volume de 9,5 m3 et un mobilier funéraire contenant notamment des armures en bronze doré, des armes de fer et de bronze et un vase en verre perse.
Le monument est entouré d'une dizaine d'autres petites tombes. L'une d'elles, fouillée en 1912 a révélé de nombreux miroirs, perles et ornements divers dont unmagatama de jade d'une longueur exceptionnelle de 8 cm.
Également à Sakai, lekofun enzempōkoen de l'empereur Ojin(応神天皇,Ojinryō?,応神陵), père de l'empereur Nintoku, dont les dimensions sont à peu près comparables au Nintokuryō, n'a pas été fouillé.
Le tombeauIshiyama (石山, « la montagne de pierre ») dans laPréfecture de Mie (三重県,Mie-ken) enzempōkoen, remarquable pour ses trois rangées dehaniwa, contenait trois cercueils de bois creusés dans un arbre et enveloppés d'argile ainsi qu'un mobilier funéraire fort riche. Il est daté duIVe siècle.
Le grand tumulus enzempōkoen de Shikinzan (資金山) près d'Ōsaka, fouillé en 1947, contenait un important mobilier funéraire : armement complet, perles,magatama, miroirs… Il est daté aux environs duIVe-Ve siècle. La chambre funéraire consiste en un long couloir dallé, encadré de murs en pierres irrégulières et recouvert d'énormes dalles plates.
La tombe deSenzoku (千足) dans lapréfecture d'Okayama (岡山県,Okayama-ken), particulière pour sa forme dite entategaishiki (encoquille Saint-Jacques), est célèbre pour son riche mobilier funéraire et la décoration gravée sur ses parois enchokkomon (décor de droites et de courbes).
Lekofun d'Ishibutai (石舞台) (environVIIe siècle) se situe dans le parc historique national d'Ishibutai àAsuka (飛鳥) auprès de nombreux temples et vestiges d'anciens monuments importants. Excavé en 1933, il est caractérisé par une imposante entrée latérale en rochers massifs mais, à cause d'une érosion due à une immersion partielle sous des rizières, la chambre funéraire est exposée en plein air. Le poids du plus grand des rochers qui la compose (partie méridionale du plafond) est estimé à 75/77 tonnes. On l'attribue à Soga no Umako (蘇我馬子).
On a récemment découvert lekofun deShijun dans le département deNara (奈良), qui était jusque-là également immergé sous des rizières.
Saitobaru (西都原), dans lapréfecture de Miyazaki (宮崎県,Miyazaki-ken), est une grande terrasse sur laquelle ont été trouvés 330 tumuli de taille et de forme diverses, dont 32 grandskofun enzempōkōen, voire en forme de « miroir à manche ». Le site est fouillé depuis 1912. Ceskofun sont caractérisés par leur qualité de construction et par leur mobilier funéraire plus régional.
Le tumulus d'Iwatoyama (岩戸山) àYame est l'un des plus grands duKyūshū. On en trouve une description dans leNihon Shoki (日本書紀) et dans leChikugo kuni fudoki rédigé auVIIIe siècle et sa célébrité a malheureusement provoqué la dissémination de ses éléments.
Lekofun deFunayama (船山) (préfecture de Kumamoto,熊本県,Kumamoto-ken), toujours enzempōkōen, appartient à un ensemble de tombes (kofungun) près du fleuve Kikuchi. Fouillé en 1873, il révéla un sarcophage en « forme de maison » (家型,iegata) et une épée droite (剣,tsurugi) inscrite particulièrement intéressante datée de438 et indiquant la présence d'écriture chinoise au Japon.
Le tumulus rond d'Idera (井寺) (熊本県, Préfecture de Kumamoto) a commencé à être fouillé dès la fin de l'ère Edo (江戸時代) . Il est remarquable pour ses dalles incisées et peintes (notamment deschokkomon). La chambre funéraire, bâtie en roches volcaniques dumont Aso (阿蘇山), a été fouillée en 1902. LaSeconde Guerre mondiale a hélas endommagé la sépulture.
Ouvert en 1934, le tumulus d'Ōtsuka (王塚) (préfecture de Fukuoka,福岡県,Fukuoka-ken), malgré la perte de sa partie « carrée », reste un monument d'importance, particulièrement grâce à sa chambre funéraire peinte et gravée. L'illustration la plus saisissante est peut-être la représentation de deux cavaliers dans le passage entre l'anti-chambre et la chambre proprement dite. Il contenait également l'un des plus riches mobiliers funéraires du Kyūshū.
Lekofun deSekijinyama (石人山) (préfecture de Fukuoka) enzempōkoen tient son nom d'un « homme de pierre » (石人,sekijin) en armure situé à l'entrée du tumulus rond. Le tumulus, initialement entouré de douves, est actuellement particulièrement endommagé dans son ensemble. Lors de sa fouille (1938), le mobilier funéraire avait déjà disparu mais le sarcophage d'une superbe manufacture était toujours en place. Le couvercle « en forme de toit » (屋根型,yanegata), décoré enchokkomon (non sans rappeler les décors de Senzoku dans le Kansai), en est particulièrement impressionnant. Il est cependant tellement massif que l'accès au sarcophage, une fois le couvercle mis en place, se faisait par une porte aménagée sur l'un des petits côtés.
Le petit tombeau deTakehara (竹原) (toujours dans la préfecture de Fukuoka) a été découvert en 1956. Il est remarquable pour ses peintures qui ornent le mur du fond de la chambre funéraire. Ces peintures en font l'un dessōshoku kofun (装飾古墳) (tombeaux à décor) les plus originaux. Le temps a transformé ce tumulus enzempōkoen en tumulus rond. Les autres parois de l'antichambre et de la chambre funéraire sont également peintes.
Un cheval a été enterré dans lekofun de Kamidaimachi (Tsukawara,préfecture de Kumamoto), où l'on a également trouvé d'autres restes osseux équins ainsi qu'un harnais[14].
Le tumulusShōrinzan (松林山) près d'Iwata (磐田) dans lapréfecture de Shizuoka (静岡県,Shizuoka-ken) également en forme dezempōkoen a été fouillé en 1931. Il a dévoilé un important mobilier funéraire (de très beaux miroirs, des perles, desmagatama, des armements…) qui semble être le plus ancien de la région d’Iwata.
La région deYoshimi Hyakketsu (吉見百穴), dans lapréfecture de Saitama (埼玉県,Saitama-ken), est particulièrement riche en sépultures anciennes et notamment en tumuli ronds ou enzempōkoen, témoignant d'une société divisée en nombreuses petiteschefferies.
Alors que la période Kofun se termine en principe auVIIe siècle, leskofun de type Hokkaido sont construits duVIIe siècle auXe siècle environ.
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