La mort de l'empereurJulien, en juin363 lors de labataille de Samarra, au milieu de lagrande campagne militaire romaine contre lesSassanides laisse l'armée sans chef alors même qu'elle se trouve profondément enfoncée en territoire ennemi. Certes, Julien avait, avant de partir en campagne, désigné son cousin le généralProcope comme son successeur potentiel.
Toutefois, celui-ci n'a pas tenu ses engagements : lui et toute l'aile gauche de l'armée sont en effet restés l'arme au pied, dans leroyaume d'Arménie ; dès lors, de très lourds soupçons de trahison se répandent au sein des légions impériales. Mais les troupes sont fortement divisées : une grave opposition éclate, entre les officiers desGaules, commeNevitta etDagalaiphus, et les officiers d'Orient commeVictor etArinthaeus, entre les soldatschrétiens et les soldatspaïens[1]. Cependant, la reconstitution des forces sassanides incite les officiers à se décider rapidement pour désigner un successeur à Julien, évitant ainsi une situation d'anarchie qui ne pouvait conduire qu'à un désastre militaire.
Leur choix se porte finalement sur le commandant de la garde impériale — le général Jovien, officierillyrien né vers331, àSingidunum[2] — qui, outre ses compétences militaires, a l'avantage d'être un chrétien tolérant. Les mérites de son père jouent également en sa faveur, à l'heure où l'armée cherche un « sauveur ». Il apparaît ainsi susceptible d'apaiser le climat de radicalisation religieuse qui s'est développé sousJulien, entre ceux qui soutiennent lechristianisme et ceux qui s'y opposent.
Contrairement à l'avis de certains officiers, Jovien refuse de continuer le conflit afin de négocier en position de force. Prenant acte du faible moral des troupes, et après deux escarmouches qui tournent à la défaveur des Romains, il négocie la paix avec l'empereursassanideChapourII. Celui-ci, en dépit du quasi-anéantissement de ses troupes, se montre intraitable. Jovien est contraint de signer une paix peu honorable, « nécessaire mais ignoble », en. L'Empire romain doit céder cinq des neufsatrapies acquises en297, leprotectorat d'Arménie, ainsi que quinze places fortes frontalières, s'il veut pouvoir ramener ses armées indemnes. Désormais, la frontière orientale de l'Empire est vulnérable aux potentielles offensives sassanides à venir.
Jovien a au moins permis de sauver les légions romaines de l'encerclement, et a évité de laisser les Sassanides capturer l'empereur comme ils l'avaient fait, un siècle plus tôt, avec l'empereurValérien. De tels événements auraient plongé l'Empire dans une crise politique terrible. En outre, l'empereur savait qu'il prenait le risque de tenter les usurpateurs potentiels en restant trop longtemps loin desprovinces romaines.
De retour sur le territoire de l'Empire, Jovien obtient la soumission deProcope qui renonce à la pourpre impériale. Jovien rappelle de sa retraite son beau-père le généralLucillianus et l'envoie àMediolanum pour établir son autorité sur les provinces occidentales[3],[4].
Chrétien convaincu, Jovien, comme son prédécesseur, promulgue un nouvelédit de tolérance, cette fois bien accepté de chacune des parties. Les chrétiens se satisfont de savoir leur destin entre les mains d'un de leurs co-religionnaires. Quant auxpaïens, ils sont rassurés du refus du nouvel empereur d'en revenir aux lois deConstanceII qui les pénalisaient.
Cependant, Jovien meurt brusquement, « dans la trente-quatrième année de son âge », sur la route deConstantinople, à Dadastane, au cours d'une nuit entre le 16 et le[5]. Il semble qu'il ait péri, soit asphyxié par les émanations d'unbrasero, soit des suites d'une indigestion[5]. Selon l'Épitomé de Caesaribus, il serait mort subitement, « étouffé par une indigestion et par l'odeur de lachaux dont on venait de donner une couche à sa chambre. »[6]
↑a etbBenoîtJeanjean etBertrandLançon,Saint Jérôme, Chronique : Continuation de la Chronique d'Eusèbe, années 326-378. Suivie de quatre études sur Les Chroniques et chronographies dans l'Antiquité tardive (IVe – VIe siècles), Presses universitaires de Rennes,(ISBN978-2-7535-2583-2),p. 99 ; l'Épitomé de Caesaribus donne l'âge de quarante ans environ.