Joseph Addison, né le à Milston et mort à Londres, est un homme d'État, écrivain et poèteanglais. Il est connu surtout pour avoir fondé avec son amiRichard Steele le magazineThe Spectator en 1711 et le journalTatler en 1709.
Né dans leWiltshire, Addison a étudié àOxford. Sur les bancs de l'université, il se distingua par des poésies latines et composa, à 22 ans, un poème sur lapaix de Ryswick, qui lui fit obtenir du roiGuillaume III une pension de 300 livres sterling, puis voyagea enFrance et enItalie, publiant à son retour en 1702, la relation de son voyage, ainsi que desDialogues sur les médailles.
En 1704, il célébra labataille de Blenheim, dans une ode (The Campaign) qui eut beaucoup de succès. Il fut nommé en récompense commissaire des appels ; l'année suivante, il fut faitsous-secrétaire d'État, et accompagna peu après en Irlande, en qualité de première secrétaire, lemarquis de Wharton, qui venait d'en être nommé vice-roi.
En 1709, et dans les années suivantes, il travailla, avec Richard Steele, à la rédaction duBabillard, duSpectateur, dont il fut l’un des fondateurs et dont il fit en partie le succès. Les articles qu'il y inséra en grand nombre sont des modèles de finesse, d'élégance, de bon goût, de pureté de style, et d'une critique saine et judicieuse, qui cependant s'égara quelquefois, témoin ses appréciations injustes sur Shakespeare. Il écrivit également dansTuteur(en), périodique, où la littérature, la morale et la politique étaient traitées d'une manière supérieure. Son style est demeuré classique. Sa manière d'écrire, selonVoltaire, est un excellent modèle en tout pays.
Il a été moins heureux au théâtre. Son opéraRosemonde premier essai d'un drame lyrique en langue anglaise, n'eut aucun succès. En 1713, il fit représenterCaton, tragédie dans le genre classique qui eut une vogue extraordinaire, mais due en partie aux circonstances politiques. Il la fit suivre, en 1715, d'une comédie moins connue,le Tambour (imitée parDestouches), œuvre spirituelle, mais de peu d'effet. Il rédigeait en même temps des journaux et des pamphlets politiques, tels que leWhig Examiner, leFree-Helder (leFranc-Tenancier).
Après la mort de la reineAnne, il revint aux affaires et fut élevé, en 1717, au poste de secrétaire d'État, mais peu propre à de telles fonctions, il ne tarda pas à démissionner. On lui a donné une pension de 1 500 livres sterling en dédommagement.
Dans sa retraite, il entreprit uneDéfense de la religion chrétienne, mais ne put l'achever. Comme poète, il se distingue par l'élégance et la grâce, mais il ne va pas au-delà. Comme prosateur, il manque souvent de profondeur, mais il est toujours limpide, correct, élégant, habile à saisir les ridicules, et d'un goût généralement exquis dans sa sobriété. C'est lui qui contribua le plus à faire apprécier le génie deMilton, méconnu jusque-là. Sa vie, par Johnson, a été traduite par Boulard, Paris, 1805. Les économistes se sont emparés de Joseph Addison, et le considèrent comme un des leurs ; en effet, on trouve, dans leSpectateur, différents articles admirablement écrits sur les avantages du commerce. Dans sonTraité d'économie politique,Jean-Baptiste Say rappelle les paroles remarquables du célèbre poète moraliste qui, chaque fois qu'il voyait une plantation, s'écriait : « Un homme utile est passé par là. »
Addison peut être considéré comme le premier théoricien de l’esthétique et l’un des plus influents du xviiie siècle. Il traite dugoût, des sources de l'imagination[1],
En politique, il était attaché au partiwhig et eut de puissants protecteurs dontCharles Montagu. Il était lié avec les plus grands écrivains de son temps particulièrement avec Richard Steele etCongrève. Ses œuvres ont été publiées en 1761 àBirmingham, et en 1856 àLondres. Presque tous ses écrits ont été traduits en français, notammentPhilippe-Charles Aubry.
La dernière partie de la vie d'Addison n’a pas été sans problèmes. En 1716, après avoir travaillé comme précepteur pour son fils, il a épousé Charlotte, comtesse douairière de Warwick, femme orgueilleuse qui ne l’a pas rendu heureux. Elle était arrogante et impérieuse tandis que son beau-fils,Edward Rich, était un débauché hostile.
Sa carrière politique continua, et il fut secrétaire d'État au département du Sud de 1717 à 1718. Son journal politique,The Freeholder, fut très critiqué etAlexander Pope, dansUne Épître au Dr Arbuthnot, en fit un objet de dérision, le nommant « Atticus », et le comparant à un additionneur, « prêt à blesser, et craint cependant de frapper[2]. »
La timidité d'Addison en public a limité son efficacité en tant que député. En 1718, il a été contraint de démissionner de son poste de secrétaire d'État en raison de sa mauvaise santé, mais il est resté député jusqu'à sa mort à Holland House, à Londres, le à 48 ans. Il a été enterré dans l’abbaye de Westminster. Le, une ville du nord de l'État deNew York (Middletown) a été rebaptisée Addison, en son honneur[3].
Le personnage d'Addison a été décrit comme gentil et magnanime, bien que quelque peu froid et sans passion, avec une tendance à l'excès convivial. Ses manières et sa conversation attrayantes ont contribué à sa popularité générale. Il mettait souvent ses amis dans l'obligation d'obtenir des faveurs substantielles, mais il faisait preuve d'une grande patience envers ses quelques ennemis. Ses essais sont connus pour leur clarté et leur style élégant, ainsi que pour leur humour joyeux et respectueux[4].
Madeleine Descargues-Grant, « Joseph Addison,Essais de critique et d'esthétique, introduction, commentaires et notes par Alain Bony », In: XVII-XVIII.Revue de la société d'études anglo-américaines desXVIIe et XVIIIe siècles, N°61, 2005,p. 176-180,[lire en ligne]