Durant les années 1950 et 1960, Cornwell a travaillé pour leMI5 et leMI6 et a commencé à écrire des romans sous le pseudonyme de « John le Carré ». Son troisième roman,L'Espion qui venait du froid (1963), est devenu unbest-seller international et demeure l'une de ses œuvres les plus connues.
Il prend la nationalité irlandaise peu avant sa mort.
John le Carré dit qu'il n'a pas connu sa mère, qui l'a abandonné quand il avait 5 ans, jusqu'à ce qu’il la retrouve à 21 ans. Sa relation avec un père tyrannique dont il fera le portrait dansUn pur espion (1986) a été difficile. L'homme, qui avait été emprisonné pour fraude à l'assurance, avait été un associé desjumeaux Kray (faisant partie des criminels les plus en vue à Londres dans les années 1950-1960) et était continuellement endetté. Son père l'envoya dans des écoles privées pour le sortir de ce milieu[1].
Il quitte son foyer pour suivre des cours à la Sherborne School avant d'aller étudier l'allemand et le français à l'université de Berne enSuisse[2] de 1948 à 1949. Il rejoint ensuite l'université d'Oxford auRoyaume-Uni avant d'enseigner quelque temps aucollège d'Eton puis de rejoindre leForeign Office pendant cinq ans[3]. Il est recruté par leSecret Intelligence Service alors qu'il est en poste àHambourg[4]. C'est en service actif qu'il écrit son premier roman (L'Appel du mort) en 1961. Sa carrière au sein du service de renseignement britannique prend fin après que sa couverture a été compromise par un membre duMI5,Kim Philby, agent double au service duKGB.
John le Carré est l'auteur de nombreuxromans d'espionnage se déroulant dans le contexte de laguerre froide, en particulier ceux mettant en scèneGeorge Smiley dans la « Trilogie de Karla » (La Taupe,Comme un collégien,Les Gens de Smiley) et dans d'autres romans. Son œuvre est à l'opposé de la mythologie de l'espion à laJames Bond : ses héros sont bien plus complexes et beaucoup plus discrets. La structure de ses romans est très élaborée et l'action n'y tient qu'une place réduite. Le Carré a cherché, après la fin de la guerre froide, à élargir son inspiration vers des sujets plus contemporains.
En, il publie un nouveau roman,L'Héritage des espions[5]. Cet ouvrage, suite deL’Espion qui venait du froid, revient sur l'opération « Windfall » : au moment où ses personnages Smiley et Guillam coulent une retraite tranquille, elle les rattrape ; car si « Windfall » a été pour l’Occident « une manne de renseignements en or », elle s’est aussi soldée par de lourds « dommages collatéraux »[6]
Peu de temps avant sa mort, David John Moore Cornwell (John le Carré) prend la nationalité irlandaise[7],[8] pour parer à l'incertitude que constituait selon lui leBrexit, mais aussi par désillusion face à ses concitoyens ayant préféré faire ce choix[9].
John le Carré meurt des suites d’unepneumonie au Royal Cornwall Hospital[10] àTruro dans les Cornouailles, le, à l’âge de89 ans[11].
En,The Times publie un article de John le Carré, intitulé « Les États-Unis sont devenus fous », qui condamne la guerre à venir en Irak. L'écrivain juge ainsi que« la manière dontBush et sa junte ont réussi à dévier la colère de l'Amérique, deBen Laden àSaddam Hussein, est l'un des meilleurs tours de passe-passe de relations publiques de l'histoire. »
En 2006, il contribue avec un article à un volume d'essais politiques intituléPas une mort de plus. Le livre est très critique envers laguerre d'Irak. Il reviendra par la suite sur le rôle des services secrets américains et britanniques dans le déclenchement de cette guerre.
Depuis la fin de laguerre froide, John le Carré s'est exprimé à plusieurs reprises de manière critique envers l'OTAN :
« Et il faudrait surtout se débarrasser de ce dinosaure qu'est l'OTAN. Cessons de nous croire, nous, Européens, en opposition avec la Russie, et rapprochons-nous d'elle. »
Il condamne de manière générale l'inféodation duRoyaume-Uni aux États-Unis :« … Notre politique étrangère se décide à Washington. Et il n’y a rien de plus triste. Il faut parvenir à nous détacher enfin de cette emprise[1]. »