Il naît en 1904 àWarwick, enAngleterre. Il est l'aîné d'une fratrie de trois enfants, fils de Edward Hicks, journaliste dans un journal local[1], et de Dorothy Catherine Stephens.
Il fait ses études auClifton College entre 1917 et 1922, où il étudie lelatin et legrec et reçoit un enseignement poussé enmathématiques. Il est admis au sein duBalliol College à Oxford, où il étudie entre 1922 et 1926. Il s'y spécialise en mathématiques.
En 1923, il rejoint la faculté de philosophie, politique et économie (PPE) d'Oxford sans vraiment être qualifié dans aucune des matières.
En 1925, il présente sa thèse nomméeSkilled and Unskilled Wages in the Building and Engineering Trades.
Entre la fin de l'année 1928 et l'été 1929, il effectue un séjour d'enseignement àJohannesbourg où il observe le comportement monopoliste des syndicats, réservés aux travailleurs blancs et qui visent à protéger la situation privilégiée de la minorité blanche face à la majorité noire. Hicks dira que cette expérience a fait de lui un partisan du libre marché.
Dans lesannées 1930, lamacroéconomie en est encore à ses balbutiements, et Hicks devientmaître de conférences à laLondon School of Economics. Hicks raconte avoir choisi la profession d'économiste« afin de gagner [sa] vie », en effet, on l'avait convaincu que l'économie était en pleine expansion et qu'il y trouverait facilement un emploi. Il se spécialise tout d'abord dans l'économie du travail, dressant un descriptif des relations industrielles mais s'oriente rapidement vers le versant analytique de cette science humaine. Il se rend compte que les mathématiques, alors partiellement ignorées, pourraient être utiles pour assurer la base théorique de l'économie.
Dalton qui connaissaitPareto, car il l'avait lu pendant un séjour en Italie durant laPremière Guerre mondiale, conseille à Hicks qui maitrise l'italien et le français de consulter cet auteur.
De 1935 à 1938, il devient maître de conférences à l'Université de Cambridge et écritValeur et capital, basé sur son travail londonien. De 1938 à 1946, il est professeur à l'Université de Manchester. C'est là qu'il rédige son œuvre sur l'économie du bien-être et son implication dans la comptabilité sociale.
Il est faitChevalier en 1964[2]. En 1972, il partage avecKenneth Arrow le« prix Nobel » d'économie en raison de« leurs contributions novatrices à la théorie de l’équilibre général et à la théorie du bien-être », ce partage ne l'enchante guère, pas plus que la raison pour laquelle ce prix lui est décerné[3].
Dans sa monographie, Omar Hamouda le qualifie d'« économiste des économistes »[3],[4].
L'ouvrage majeur de Hicks estValue and Capital, publié en 1939. Dans ce livre, Hicks apporte des avancée microéconomie, et dans lathéorie du consommateur. En particulier, Hicks étend la théorie existante, qui se limitait à un échange d'un seul et unique bien. Hicks étend l'analyse à un échange de plusieurs biens, mettant en lumière la notion de substituabilité et complémentarité entre biens. Hicks introduit la notion d'utilité ordinale, qui diffère de la notion d'utilité cardinale qui était la seule utilisée jusqu'alors. Une fonction d'utilité associe un nombre à la consommation d'un panier de biens. Si l'utilité est ordinale, alors seuls des niveaux d'utilités peuvent être comparés entre eux. Le fait que la fonction d'utilité associée à un panier A est supérieure à celle associée à un panier B équivaut, au sens mathématique du terme à dire que le panier A est préféré au panier B. Contrairement à une utilité cardinale, la valeur associée à la consommation du panier de bien n'a pas de valeur en elle-même.
Il est le créateur dumodèle IS/LM, qui est une transcription de laThéorie générale deJohn Maynard Keynes en termesnéoclassiques. Le modèle définit une relation entre les taux d'intérêtsi et le revenuy. La courbeIS représente les situations pour lesquelles l'investissement est égal à l'épargne (S pourSavings en anglais) et la courbeLM, la demande de liquiditéL de monnaie est égale à l'offreM de monnaie. Le modèle IS/LM fait de John Hicks le premier desnéo-keynésiens.
John Hicks fait paraître une ébauche de sa modélisation dans l'articleKeynes and the Classics en 1937, un an après la publication de laThéorie générale. Son modèle représente l'équilibre du système économique quand il y a à la fois équilibre sur le marché des biens et services, représenté par la relation IS, et équilibre sur le marché financier, représenté par la relation LM. L'intersection des courbes représentatives de ces deux relations est appelée la "croix hicksienne". Par ailleurs, c'est un modèle macroéconomique à système de prix fixe qui donne aux autorités publiques un outil pour établir une politique budgétaire ou monétaire.
Dans son livreValeur et capital, Hicks est un des premiers à mettre en œuvre la dichotomie entre micro-économie et macro-économie, dichotomie habituellement attribuée àPaul Samuelson[5].
John Hicks et Paul Samuelson sont considérés comme « les pères » de la macroéconomie traditionnelle actuelle[6], et de lasynthèse néo-classique.
J.R. Hicks,Théorie mathématique de la valeur en régime de libre concurrence, Paris, Hermann, 1937
John Hicks,Valeur et capital : Enquête sur divers principes fondamentaux de la théorie économique [« Value and Capital: An Inquiry into Some Fundamental Principles of Economic Theory »], Dunod, (réimpr. 1968), 320 p.
↑Edward Hicks était passionné par l'histoire, il publiaSir Thomas Malory : His Turbulent Career en 1928. John et sa sœur cadette, Phyllis, seront eux aussi passionnés d'histoire.
Carlo Benetti, Gilles Dostaler, Omar Hamouda, Didier Bévant, Michel Rosier, Christian Tutin, Catherine Martin, Ludovic A. Julien, Xavier de la Vega et Jean-Luc Gaffard, « . »,Cahiers d'économie Politique « J.R. Hicks : une oeuvre multi-dimensionnelle »,
Omar F. Hamouda,John R. Hicks : The economist's economist, Wiley-Blackwell,, 316 p.
K. Puttaswamaiah,John Hicks : His Contributions to Economic Theory and Application,, 384 p.
(en)Autobiographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — lePrize Lecture — qui détaille ses apports)