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Jean Ziegler | |
![]() Jean Ziegler en 2009. | |
Fonctions | |
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Vice-président ducomité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies | |
En fonction depuis le | |
Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation duConseil des droits de l'homme des Nations unies | |
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Successeur | Olivier de Schutter |
Conseiller national | |
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Législature | 43e,44e et45e |
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Législature | 38e à41e |
Conseiller municipal àGenève | |
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Biographie | |
Nom de naissance | Hans Ziegler |
Date de naissance | (90 ans) |
Lieu de naissance | Thoune ouBerne |
Nationalité | Suisse |
Parti politique | Parti socialiste |
Conjoint | Erica Deuber Ziegler |
Enfants | Dominique Ziegler |
Diplômé de | Université de Berne Université de Genève |
Profession | Sociologue Écrivain Professeur d’université |
Distinctions | Chevalier des arts et des lettres (1994) Médaille d'or du Président de laRépublique italienne |
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Jean Ziegler, né le àThoune ouBerne, est unhomme politique,altermondialiste etsociologuesuisse. Il a été rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation dans le monde. Il est vice-président du comité consultatif duConseil des droits de l'homme des Nations unies depuis 2009.
Jean Ziegler naît Hans Ziegler le àThoune[1],[2] ouBerne[3],[4]. Il estoriginaire de Berne et, à partir de 1969, deGenève[3].
Il est le fils de Hans Ziegler, président du tribunal de district deThoune, et d'Elisabeth Walther[3].
Il épouse en 1965 Wedad Seinier avec laquelle il a un fils,Dominique Ziegler, dramaturge et metteur en scène de théâtre, puis, en secondes nocesErica Deuber, en 1999[3].
Après des études de droit et de sociologie àBerne,Genève,Paris etNew York, Jean Ziegler obtient un doctorat en droit en 1958 et unehabilitation en sociologie en 1967 à Berne[3].
Dans le livreJean Ziegler parle aux Arabes, écrit en2003 parRiadh Sidaoui, l'auteur parle de la première fois où Ziegler a rencontréChe Guevara quand il s'est rendu à Genève (1964) à la tête de la délégation politique, à l'âge de 30 ans. Jean Ziegler est allé le voir à l'hôtel et lui a demandé de pouvoir l'accompagner àCuba pour participer aux guerres contre l'hégémonie américaine et les dictatures en Amérique latine… Alors Che Guevara lui aurait dit :« Tu es né dans cette ville... Le cerveau du monstre est ici. C'est dans cette ville que tu devras combattre... ce qui est bénéfique pour vous et pour nous ». Collaborateur à la revueAfrique-Asie dans les années 1970 et 1980, il défend les interventions cubaines en Afrique.
En 1970, Jean Ziegler aurait facilité le contact entreFarouk Kaddoumi, le chef de la politique étrangère de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) (cette organisation menait alors de fréquentes opérations guérillas) et le conseiller fédéralPierre Graber, chargé des Affaires étrangères. Il prétend qu'un accord officieux, dont les autres membres du gouvernement suisse n’ont pas été informés, a été trouvé. Aux termes de celui-ci, la Suisse doit rester épargnée par le terrorisme palestinien mais s’engage à soutenir l’OLP dans ses efforts pour sa reconnaissance diplomatique auprès du siège des Nations unies à Genève. Dans la foulée, la Suisse renonce à porter plainte contre un suspect palestinien de l’attentat contre levol Swissair 330 àWürenlingen. Cet accord officieux a été tenu secret jusqu’en, date à laquelle Jean Ziegler a rendu public son rôle de facilitateur « par respect et en mémoire des 47 victimes de Würenlingen et de leurs familles, qui ont droit à la vérité[5] ». Cette version est vivement mise en doute par deux anciens délégués duCICR, Michel Barde etMarcel Boisard, qui avaient participé aux négociations pour la libération des passagers otages deZarka enJordanie[6], ainsi que par les historiensSacha Zala (it), Thomas Bürgisser et Yves Steiner, collaborateurs desDocuments diplomatiques suisses (Dodis), qui qualifient ce prétendu accord de « hautement invraisemblable »[7].
Jean Ziegler est le rapporteur spécial pour ledroit à l'alimentation duConseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à 2008, poste auquel lui succèdeOlivier De Schutter. Il est actuellement vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
En 1972, il est nommé professeur desociologie à l'université de Genève malgré l'opposition de la philosopheJeanne Hersch, elle-même enseignante émérite de l'académie genevoise et membre elle aussi duParti socialiste suisse[8] ; elle conteste alors son manque de rigueur scientifique et dénonce ses convictions partisanes[9]. Il occupera ce poste jusqu'en 2002[3]. Il enseigne également à l'université de Grenoble et à l'université Paris 1[10]. Il publie de nombreux ouvrages.
Il est conseiller municipal (socialiste) de la ville deGenève de 1963 à 1967[11]. Il est membre du parlement fédéral suisse (représentant du canton de Genève) du au et du au (parti socialiste)[4]. En 1975, il dépose une initiative parlementaire pour l’exercice du droit de vote et d’éligibilité à 18 ans au lieu de 20. Acceptée par le Parlement, cette initiative parlementaire est une étape importante sur la voie de l'adoption totale du projet en 1991[12].
Jean Ziegler est le premier dirigeant de la communauté d'Emmaüsgenevoise. Il rencontre l'abbé Pierre à Paris en 1952.
Il est également membre honoraire du conseil d'administration de laFondation France Libertés[13].
Jean Ziegler, selon le biographe deTariq Ramadan, a joué un rôle clef dans l'ascension de ce dernier[14].
Au début des années 2020, il fait partie du « conseil scientifique » de l'Institut La Boétie[15].
De2000 à mars2008, il est rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation (des populations) duConseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies.
En tant que rapporteur spécial, il a étudié le niveau d'alimentation des populations de nombreux pays (Niger,Éthiopie,Inde,Bangladesh,Mongolie,Brésil,Palestine,Bolivie,Cuba,Guatemala, etc. ), publiant chaque année de son mandat, pour l'Assemblée générale des Nations unies, un rapport sur la situation[16].
En 2005, dans un ouvrage intituléL'Empire de la honte, il dénonce le fait que« la faim est [...] la principale cause de mort sur notre planète. Et cette faim est faite de main d'homme. Quiconque meurt de faim meurt assassiné. Et cet assassin a pour nom la dette »[17]. Dans ses travaux, il met également en avant la malnutrition chronique, ouhidden hunger (faim invisible), qui affecte deux milliards de personnes[18]. Les carences enmicronutriments qu'elle implique« provoquent des maladies souvent mortelles » (kwashiorkor,anémie,rachitisme,cécité)[19].
En 2008, il met en lumière le rôle néfaste du développement de la culture desagrocarburants pour l'évolution du prix des denrées sur les marchés mondiaux[20],[21] :
« On estime qu’il faut environ 200 kg de maïs pour remplir le réservoir d’une voiture de biocarburant (une cinquantaine de litres), ce qui est suffisant pour nourrir une personne pendant un an. Le risque est donc grand d’entraîner une concurrence entre aliments et carburants qui laissera les pauvres et les victimes de la faim des pays en développement à la merci de prix des aliments, de la terre et de l’eau qui augmentent rapidement. »
— Rapport du Rapporteur spécial... (2008)[20].
En, alors qu'il n'exerce plus la fonction de rapporteur spécial, Jean Ziegler publieGéopolitique de la faim, dans lequel il continue à dénoncer le scandale de la malnutrition qui se perpétue auXXIe siècle. Ainsi, il a qualifié de « crime contre l'humanité » le fait d'abandonner lescultures vivrières au profit desagrocarburants[22],[23] :
« Le rapport annuel de laFAO estime que l’agriculture mondiale pourrait aujourd’hui nourrir normalement 12 milliards d’humains, presque le double de l’humanité. Au seuil de ce nouveau millénaire, il n’y a plus aucune fatalité, aucun manque objectif. La planète croule sous la richesse. Un enfant qui meurt de faim est assassiné[24]. »
Depuis 2009, il est membre du comité consultatif duConseil des droits de l'Homme des Nations unies, poste auquel il a été réélu le puis de nouveau réélu en 2016[25].
Il est membre du comité de parrainage dutribunal Russell sur la Palestine, dont les travaux ont commencé le.
Jean Ziegler a participé aux travaux de reconnaissance de la spoliation de déportés de leurs comptes bancaires en Suisse au profit de l'Allemagne nazie. Son travail est décrit dansLa Suisse, l'or et les morts, paru en 1997 auxéditions du Seuil. Il y explique comment les banquiers suisses ont aidé à financer la machine de guerre desnazis.
Jean Ziegler est l'auteur de plusieurs livres sur lamondialisation et sur ce qu'il considère être descrimes commis au nom de lafinance de marché mondiale et ducapitalisme, condamnant en particulier le rôle de laSuisse. Il s'oppose à la « théorie du ruissellement » (les plus riches, par leur consommation, créeraient des débouchés et de l'emploi), qui justifierait l'existence des riches par leur rôle dans laredistribution des richesses. Il critique fortement l'action duFMI, qui conditionne ses aides financières à desplans d'ajustement structurels, qui supposent notamment laprivatisation desservices publics, conduisant souvent, selon lui, à leur dégradation avec des conséquences tragiques sur lasanté publique et l'alimentation dans les pays les plus pauvres. Il rejoint sur ce pointJoseph Stiglitz, qu'il qualifie néanmoins de« déserteur qui s'attaque à son ancien patron »[26]. Enfin, il accuse lesÉtats-Unis (« l'empire américain contre la démocratie planétaire ») d'être le bras armé desentreprises multinationales. Il insiste sur la spécificité de lapolitique étrangère des États-Unis, et leur refus de nombreusesconventions internationales (Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, contre la sanction judiciaire des crimes de guerre - Convention de Rome, 1998, contre le concept de droits économiques, sociaux et culturels -Conférence de Vienne, 1993).
Il écrit en français et en allemand.
We Feed the World est unfilm documentaire sorti en inspiré parL'Empire de la honte, un livre de Jean Ziegler. Ce documentaire de l'Autrichien d'Erwin Wagenhofer donne à plusieurs reprises la parole à Jean Ziegler.
En 2019, il publie dans la collection « Quoi de neuf ? » aux éditions Le Bord de l'eauLe Socialisme arabe, un livre surGamal Abdel Nasser où, à partir du discours de nationalisation ducanal de Suez prononcé par le président égyptien, il tente d'expliquer les difficultés pour un pays pauvre à s'affranchir des grandes puissances libérales.
En, lors de l'affaireGaraudy, il apporte dans un premier temps son soutien à l'auteurnégationniste desMythes fondateurs de la politique israélienne, au nom de la liberté d'expression, sous la forme d'une lettre que l'avocatJacques Vergès verse au dossier de la défense et rend publique en même temps que celle de l'abbé Pierre. Par la suite, Jean Ziegler déclare lors d'interviews auJournal du dimanche et auMonde qu'il condamne « avec la plus grande fermeté toutes les entreprises et propos négationnistes visant à nier ou à relativiser le génocide du peuple juif par les nazis » et accuse Garaudy, dans un article publié parCharlie Hebdo, d'avoir détourné la lettre qu'il lui avait adressée[27].
En 2009, leComité des Juifs américains s'oppose à la réélection de Jean Ziegler auHaut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, lui reprochant son soutien passé au négationnisteRoger Garaudy, et ses critiques d'Israël[28]. Ziegler, récusant toute forme d'antisémitisme, considère en effet que la politique menée par Israël sur lesterritoires occupés constitue une violation dudroit international, notamment en ce qui concerne le droit à l'alimentation des populations palestiniennes, ce qui lui vaut l'inimitié de plusieurs associations israéliennes, ainsi qu'il le décrit dans son livreChemins d'espérance.
Une controverse est née au début des années 1980 lorsque Jean Ziegler suggéra au gouvernement fédéral d'inviterMouammar Kadhafi en Suisse. Lorsqu'on le lui a demandé, Ziegler confirma que Kadhafi l'avait invité plusieurs fois. Il s'en explique dans son livreChemins d'espérance (paru en 2016), indiquant que Kadhafi le connaissait pour avoir lu, notamment, son ouvrageLa Haine de l'Occident. Ziegler affirme avoir refusé toute invitation en Libye après les bombardements des années 1980 et la répression de Kadhafi, expliquant que « [son] refus fut certainement trop tardif » et qu'il en éprouve « du regret ». LeTime Magazine l'a décrit en 1989 comme membre du jury duprix Kadhafi des droits de l'homme[29]. Cependant, Jean Ziegler a, depuis 2011, démenti avoir créé ce prix, l'avoir financé, avoir reçu le prix ou avoir fait partie du jury[30], puis a reconnu en 2013 l'avoir reçu et refusé en 2002[31]. OutreMouammar Kadhafi[32] etFidel Castro[33],[34], avec lesquels il a entretenu des contacts réguliers, Jean Ziegler a apporté son soutien à plusieurs autres chefs d'État. En 1986, il intervient comme conseiller pour la rédaction de la Constitution éthiopienne, le pays étant néanmoins sous la présidence du dictateurMengistu Haile Mariam[35],[36]. En 2002, il soutient la réforme agraire impliquant des expropriations de fermiers blancs en cours au Zimbabwe par le présidentRobert Mugabe : « la réforme agraire est une exigence absolue au Zimbabwe, comme en Afrique du Sud. Les Blancs sont des colonisateurs. Ce ne sont pas des gens qui sont venus après l'indépendance acheter des terres. Ils sont sur des terres spoliées »[37]. Selon le journalJeune Afrique cette réforme agraire, « entraîna l’effondrement de la production agricole du pays (en 2016 le pays produisant 16 fois moins de blé que dans les années 1990) »[38].
Il a obtenu plusieursdoctoratshonoris causa :
La plupart de ses livres sont traduits dans les principales langues. Plusieurs d'entre eux sont des bestsellers à l'international.
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