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En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?Directeur de l'École normale supérieure | |
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Nom de naissance | Jean Gaston Constant Hyppolite |
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Jean Hyppolite, né le àJonzac et mort le àParis15e[1], est unphilosophe français, spécialiste deHegel ; il a été professeur auCollège de France après avoir dirigé l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.
Successeur deMartial Guéroult au Collège de France et proche ami deMaurice Merleau-Ponty, il a été un pédagogue renommé, célébré par ses élèves, dontGilles Deleuze,Jacques Derrida,Gérard Granel ouÉtienne Balibar, ainsi queMichel Foucault, son successeur auCollège de France.
Jean Hyppolite entre à l'École normale supérieure en même temps queJean-Paul Sartre,Georges Canguilhem etRaymond Aron. Il est reçu3e à l'agrégation de philosophie en 1929, terminant derrièreSartre etSimone de Beauvoir, mais devantPaul Nizan[2].
Il assiste, avec plusieurs autres intellectuels, aux cours deAlexandre Kojève sur laPhénoménologie de l'esprit deHegel à l'École pratique des hautes études, qui ont lieu de 1933 à 1939. Pourtant, sa propre interprétation de la pensée hégélienne se distingue de celle de Kojève par sa résistance à la tendance humaniste de celle-ci.
Professeur aulycée Henri-IV, il est ensuite professeur à l'Université de Strasbourg, aux côtés deGeorges Canguilhem, puis à laSorbonne avant de devenir directeur de l'École normale supérieure (Ulm) en 1954, fonction qu'il exerce pendant neuf ans tout en poursuivant ses activités d'enseignement. En 1963, il est élu au Collège de France, en tant que titulaire de la Chaire d'histoire de la pensée philosophique, succédant àMartial Guéroult qui était titulaire de la chaire d'histoire des systèmes philosophiques. Les deux volumesFigures de la pensée philosophiques rassemblent ainsi divers textes d'histoire de la philosophie, portant surPlaton,Descartes,Fichte,Hegel,Feuerbach,Marx,Freud,Bergson,Husserl,Alain,Jaspers,Heidegger,Bachelard,Merleau-Ponty etSartre.
Comme nombre de ses contemporains, il s'intéressait beaucoup à l'existentialisme et à laphénoménologie, ainsi qu'austructuralisme et aumarxisme. Par ailleurs, sa leçon inaugurale au Collège de France fait état de son intérêt pour la spécificité de la philosophie par rapport à l'histoire et aux sciences, explorant notamment le concept d'une vérité philosophique distincte des vérités scientifiques, à partir du constat qu'un système philosophique ancien ne se laisse pas dépasser par les philosophies plus nouvelles. Il s'interroge également, après Husserl et Heidegger, sur ce que signifie faire de la philosophie après Hegel, dernier auteur d'un système philosophique: s'il accepte, à la rigueur, l'idée heideggérienne d'une « fin de lamétaphysique », il considère toutefois que la philosophie continue à jouer son rôle, bien que celui-ci soit modifié, notamment en raison du progrès scientifique. Pour lui, la philosophie se caractérise à la fois par une exigence de cohérence, qu'on voit à l'œuvre dans l'analyse des démonstrations effectuées par les auteurs de systèmes philosophiques, et par l'exigence de rendre compte de l'expérience vécue. La première exigence distingue la philosophie de l'art, la seconde des sciences. Cette démarche est illustrée, par exemple, par le fait de publier la traduction de laPhénoménologie de l'esprit avant d'en proposer le commentaire.Canguilhem écrivait ainsi:
« Quoi de plus simple – mais quelle singularité à l’époque -, que cette déclaration dans la Préface à la traduction de laPhénoménologie de l’esprit : « C’est en préparant un travail d’ensemble sur la Phénoménologie que nous avons été conduit à rédiger cette traduction. » Hyppolite traduit le texte qu’il entend commenter, en publie la traduction avant le commentaire, met n’importe qui en mesure de confronter le commentaire au texte. La probité, en philosophie comme ailleurs, consiste à exposer sa preuve à l’improbation éventuelle[3]. »
À l'instar de Guéroult, Jean Hyppolite est l'une des principales figures de la tradition française d'histoire de la philosophie, qui considère que celle-ci fait partie de la philosophie elle-même. C'est d'ailleurs, selon lui, l'un des enseignements d'Hegel, qui a voulu récapituler dans son système l'ensemble de l'histoire de la pensée philosophique. Sa conception de l'histoire de la philosophie est pour autant complexe, comme l'indique le titulé de sa chaire au Collège de France, ce que rappelleMichel Foucault:
« Historien de la philosophie, ce n’est pas ainsi qu’il se définissait lui-même. Plus volontiers, plus exactement, il parlait d’une histoire de la pensée philosophique. Dans cette différence se logeaient sans doute la singularité et l’ampleur de son entreprise[4]. »
Jean Hyppolite reste célèbre pour son travail surHegel et, de façon plus générale, pour ses travaux d'histoire de la philosophie. Il a écrit la première traduction française de laPhénoménologie de l'esprit et publié un grand commentaire de cet ouvrage, intituléGenèse et structure de la Phénoménologie de l'esprit de Hegel (Paris, Aubier-Montaigne, 1946). Parmi ses remarquables ouvrages sur l'hégélianisme, il faut également signaler sonIntroduction à la philosophie de l'histoire deHegel etLogique et Existence. Sa connaissance intime de Hegel n'allait cependant pas de pair avec un hégélianisme, comme chezKojève: à plusieurs reprises, Hyppolite prenait ses distances avec ladialectique hégélienne ou son projet systématique, affirmant ainsi, par exemple, dans ses travaux surFichte que celui-ci était plus actuel que Hegel, en raison de l'ouverture et de l'actualité des problèmes qu'il avait posés.
À propos de sa traduction de laPhénoménologie de l'esprit, on peut citer cette remarque d'Alain Badiou :
« J'ai été extraordinairement frappé par une observation que m'a faite une fois un de mes traducteurs en allemand, Jürgen Brankel, un philosophe de Hambourg, qui m'a déclaré qu'il était passionné par la traduction française de la Phénoménologie de l'esprit par Jean Hyppolite, infiniment plus que par le livre de Hegel. Il considérait qu'en réalité, le livre de Hegel en allemand était un livre passablement informe, brouillé, un typique livre de jeunesse, disait-il, et que Hyppolite en avait fait un véritable monument, tout à fait nouveau et que, en vérité, il fallait distinguer tout à fait la Phénoménologie de l'esprit de Hegel et la traduction de la Phénoménologie de l'esprit par Hyppolite, qui était un livre de plein exercice dans lequel selon lui la philosophie allemande devait immédiatement et impérativement puiser[5]. »
Le lycée deJonzac porte son nom[6].
Robert Lapoujade a peint un portrait de Jean Hyppolite.
Michel Foucault lui a rendu hommage dans sa leçon inaugurale au Collège de France :
« Hyppolite avait pris soin de donner une présence à cette grande ombre un peu fantomatique de Hegel qui rôdait depuis leXIXe siècle et avec laquelle obscurément on se battait. C'est par une traduction, celle de laPhénoménologie de l'esprit, qu'il avait donné à Hegel cette présence ; et que Hegel lui-même est bien présent en ce texte français, la preuve en est qu'il est arrivé aux Allemands de le consulter pour mieux comprendre ce qui, un instant au moins, en devenait la version allemande[7]. »
Jean d'Ormesson, qui l'a connu enhypokhâgne aulycée Henri-IV, lui rend hommage à sa manière habituelle :
« La foudre me tomba dessus avec Jean Hyppolite. Je dois à la vérité d'avouer […] que je ne comprenais presque rien à ce qu'il nous racontait. Jean Hyppolite était un spécialiste de Hegel[8]. »
Gilles Deleuze lui consacreEmpirisme et subjectivité, monographie surDavid Hume.
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