Jean Barthet, né le àNay et mort le auKremlin-Bicêtre, est unmodistefrançais. Il exerce aussi, plus secondairement, le métier dephotographe et s'adonne à la peinture en amateur.
Il passe toute sa scolarité au collège privé Saint-Joseph deNay, jusqu'au baccalauréat. Dans ce collège catholique, les prêtres le découvrent parfois en train de dessiner des femmes nues portant comme seul vêtement un chapeau sur la tête[5]. Sa première création artistique remonte d'ailleurs à cette période : pour un spectacle de bienfaisance au cinéma Ganel à Nay, il présente une scène (jouée sur une musique duFaust deCharles Gounod) dont il a créé les décors et la chorégraphie et dans laquelle il incarneMéphistophélès[6].
Il monte àParis à l'âge de 21 ans et commence sa carrière en travaillant chez le modiste Gilbert Orcel[5]. Quelques années plus tard, il aideAndré Courrèges, futur fondateur de la maisonCourrèges et béarnais comme lui, à s'installer dans lacapitale[1]. Courrèges le surnomme amicalement« Jean de la lune » ou« Jeannot Lapin »[1].
Depuis laSeconde Guerre mondiale, de plus en plus de modistes ferment leurs boutiques, le métier plus industriel dechapelier étant plus rentable[14]. La profession disparaît en grande partie[14]. Ainsi, Jean Barthet parvient à se faire un nom et un carnet de commandes dans ce métier devenu rare[14]. En 1964, son atelier accueilleClaude Saint-Cyr, dont le propre atelier de modiste a fermé, pour qu'elle travaille à ses côtés : leur collaboration dure jusqu'à la retraite de Saint-Cyr en 1972[15],[16]. Sur la métamorphose du métier, l'historienne de la modeCatherine Örmen explique qu'après la guerre où les femmes ont pris l'habitude de ne plus porter de chapeau,« la mode sophistiquée des années 1950 utilisa le chapeau comme le point d'orgue d'une toilette, mais déjà les modistes (Rose Valois(en),Gérard Albouy(en),Madame Agnès, Barthet...) virent leur clientèle diminuer : le mode de vie plus actif des femmes, la simplification de l'habillement et des usages le vouait à une lente mais sûre disparition. Réduit à la taille d'uncalot, d'unbonnet ou d'unecagoule, le chapeau disparut au cours des années 1960, pour les femmes autant que pour les hommes. Il n'est plus porté que dans circonstances exceptionnelles, cérémonies officielles ou privées, dont les mariages »[17].
C'est en réussissant à honorer en un temps record une commande de plus de cent chapeaux pour la danseuseKatherine Dunham — pour sa revue auCambridge Theatre(en) en 1952 — que Barthet se fait connaître du monde du spectacle[7]. Il attire les vedettes et les personnalités[8]. Dans les années 1960, il a notamment pour clientesSophia Loren,Grace de Monaco,Elizabeth Taylor et l'impératrice d'IranFarah Pahlavi[12]. L'impressionnant nombre de célébrités composant sa liste de clientes fait dire auChicago Tribune en 1965 qu'il possède« plus de stars comme clientes qu'Hollywood en asous contrat »[18].
En 1989, il est l'un des invités d'un numéro deDu côté de chez Fred dédié aux trente ans de la création de la poupéeBarbie, pour laquelle il crée des modèles de chapeaux[27].
Dans un contexte de crise du luxe, la maison Jean-Barthet dépose son bilan en 1991, avec alors un chiffre d'affaires d'environ deux millions de francs ; au cours des derniers mois, les effectifs sont réduits de trente à sept personnes[28].
À partir de la63e élection deMiss France en 1993 (où on le surnomme« le poète des chapeaux »), Jean Barthet confectionne les douze chapeaux portées par les douze demi-finalistes[29] : il continue ainsi dans les éditions de1994[30],1995[31] et1996[32], puis, pour les éditions de1997 et1998, il confectionne cinq chapeaux au lieu de douze, pour les cinq finalistes[33],[34]. Il est également membre du jury des finales des éditions de1992 et1994. Peu avant sa mort, il crée encore des chapeaux pour l'élection deMiss France 2000[35].
Jean Barthet a aussi confectionné des chapeaux pour le tournage de nombreux films[11]. Certaines de ses créations pour le cinéma demeurent célèbres, comme les capelines deCatherine Deneuve etFrançoise Dorléac dansLes Demoiselles de Rochefort[8],[10]. Dans les génériques de ces films, Jean Barthet est soit crédité dans la partie consacrée aux costumiers, soit à la fin du générique, dans les remerciements[note 2].
Jean Barthet a eu l'occasion de photographier bon nombre de ses clientes, anonymes ou très célèbres, portant ses chapeaux[38]. Il a par exemple réalisé un importante quantité de clichés deBrigitte Bardot, dont une série de photos prises en1961, d'autres en1963 dans sa boutique au 107, rue du Faubourg-Saint-Honoré mais aussi des photos plus intimes, chez elle, àLa Madrague[39]. Il laisse un volumineux travail photographique argentique constitué de portraits d'enfants, de personnalités, de paysages, et de quartiers de Paris ou d'autres villes[10],[40].
Jean Barthet s'adonne aussi à lapeinture, en amateur[2],[35]. En, il expose ses créations — techniques mixtes peinture et collage[10] — dans une galerie parisienne, rue de Miromesnil[2],[35]. Par amitié,Sophia Loren honore l'exposition de sa présence, bien que Barthet, affaibli, n'y assiste pas[35],[41]. Barthet regrette de ne jamais avoir pu exposé ses photographies[10]. Après sa mort, en raison de la célébrité de ses sujets photographiés, certains de ses clichés font partie d'expositions[10],[42]. Ces photographies de vedettes sont régulièrement vendues aux enchères[43].
L'actriceSophia Loren, grande amie du modiste, arborant l'un de ses chapeaux en 1964.
Il a été un ami proche de nombreuses célébrités — le plus souvent ses clientes — dont notammentLauren Bacall,Brigitte Bardot etAlain Delon ou encore le mannequinLucky. Il s'est surtout lié d'amitié avecSophia Loren, dont il était le modiste préféré, auquel elle faisait appel pour ses films autant que pour sa garde-robe personnelle[35] ; il est ainsi le parrain de ses deux enfants[1].
Jean Barthet a un fils, Alexandre, né dans lesannées 1970, devenu à son tour modiste et couturier— il travaille quinze ans aux côtés de son père[44],[45]. Vu comme un provincial pittoresque à son arrivée à Paris, Jean Barthet reste toute sa vie attaché auBéarn, où il retourne souvent pour des réunions de famille[9],[46]. Jean Barthet meurt le dimanche àParis, des suites d'uncancer, à l'âge de 79 ans[2],[35]. Deux mois plus tôt, son état de santé l'avait empêché d'assister à l'exposition de ses tableaux et collage[35]. Le couturierJean-Louis Scherrer déclare :« D'un morceau de pain, il aurait fait un chapeau ! Je n'ai jamais vu quelqu'un aimer aussi passionnément son métier. Il avait le talent dans les mains. Il fallait le voir tourner la forme sur ses genoux, on voyait apparaître un chef-d'œuvre. Il était sculpteur plutôt que modiste »[35]. Jean Barthet est inhumé le dans le caveau familial àNay, après une cérémonie en l'église Saint-Vincent[22].
Sauf indication contraire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données cinématographiquesIMDb, présente dans la section« Liens externes ».
↑Certaines sources mentionnent, à tort, une naissance en1930.
↑Dans le générique du filmLes Couloirs du temps : Les Visiteurs 2, il est à la fois crédité dans la section« costumes » (« Les chapeaux sont de Monsieur Jean BARTHET ») et dans les remerciements.
↑Le modiste apparaît dans la scène durant laquelle Cora annonce à sa fille Philippine que son père est vivant, après avoir eu Jacquouille au téléphone, puis parmi les convives de la fête de mariage, d'abord derrière desmariachis puis une seconde fois, en train de danser sur la chansonScoubidou, massacrée par Jacquouille.
↑Au générique du filmLes Aventures de Rabbi Jacob, il est écrit« Robes et chapeaux : Jean Barthet » (les chapeaux apparaissent au mariage de la fille de Victor Pivert). Jean Barthet aurait donc aussi confectionné des robes dans sa carrière... ou alors il s'agit d'une simple erreur de la part de l'auteur du générique.
↑abc etd« Barthet aux enchères », surgqmagazine.fr,GQ,(consulté le) :« Maitre Cornette de Saint Cyr et Alexandre Barthet organisent une exposition sur la Haute Mode des années 50 jusqu'à aujourd'hui. […] Chapeau Barthet porté parMichael Jackson pourWorld Tour 1988 dans une œuvre de Gracer. […] Photographe et créateur de mode, Jean Barthet est surtout connu pour ses chapeaux. […] Le grand chapeau rouge deSophia Loren dans le filmPrêt-à-porter deRobert Altman. […] Jean Barthet a également collaboré avec les plus grandes maisons de mode telles que Chanel, Versace et Sonia Rykiel. […] Jean Barthet est surtout connu pour ses chapeaux portés par les plus grandes stars,Brigitte Bardot,Catherine Deneuve,Romy Schneider ou encoreElizabeth Taylor. ».
↑abcdefghijk etlAnonyme, « Jean Barthet, photographe », surfr.actuphoto.com(consulté le) :« Première consécration : la ville de Boston lui décerne la coupe du plus jeune talentueux modiste en présence de Cristóbal Balenciaga et Christian Dior [...] Il travaille pour la couture : Chanel, Carven, Courrèges, Paco Rabanne, Jean-Louis Sherrer, Ungaro, mais aussi pour le prêt-à-porter de luxe : Sonia Rykiel, Karl Lagerfeld, Kenzo, Claude Montana, Thierry Mugler, Gianni Versace, Chloé [...] Le cinéma et le théâtre, citons les 400 chapeaux deLa Folie des Grandeurs, ceux de Romy Schneider dansLa banquière etLe vieux fusil, Catherine Deneuve dansFort Saganne et les inoubliablesDemoiselles de Rochefort. ».
↑a etb(en) Monique, « Latest from Paris »,Latest from Paris, surarchives.chicagotribune.com,Chicago Tribune,(consulté le) :« Fringed kerchiefs for Movie starSophia Loren [she loves them for travelling]; a pink satin wimple bonnet for the officials occasions of Princess Grace of Monaco and wiglike chignons in crocheted felt selected byIran's EmpressFarah Dibah for cocktail dates are among the recently delivered creations of Jean Barthet. This top milliner at 107, Faubourg Saint Honore, hat just shown his spring and summer collection - which, on the basis of past experience, means thatElizabeth Taylor should walk in at any moment to snap up a dozen or two. […] ».
« PARIS - The milliners are getting scarcer. Each season a few more have gone under and now they're practically collector's items. One of the survivors is Jean Barthet, a youngish man who knows how to threat the milliner's materials to make hats in the spirit of our times. Cane, for example, in a much lighter variety than might be used in chair setting, is fashioned into straw sailors, and hand crocheted cloches with tree-inch deep brims look sufficiently nonchalant for today's wear. Barthet also shows all sizes of snoods in latticed Milan straw that seem to grow out and hoods shaped after the successful fur jobs of this winter looked interesting when they were executed in rolls of black veiling. »
.
↑(nl) Belga, « Hoedenmaakster Claude Saint-Cyr overleden », surgva.be,Gazet van Antwerpen,(consulté le) :« Saint-Cyr sloot haar winkel in 1964 toen hoeden uit de mode geraakten. Daarop ging ze samenwerken met Jean Barthet, die hoeden voor de sterren en de jet-set leverde. Dat duurde maar enkele jaren, waarop Saint-Cyr er in 1972 voorgoed de brui aan gaf. ».
↑(en) Suzy, « Jamaican hope »,Suzy says, surChicago Tribune (archives),(consulté le) :« • PARIS COUTURIERJean Barthet, dining at L'Etoile, was recounting that he could only be inNew York for one day as he is so bloody busy designing regal balls gowns forEmpress Farah Pahlevi ofIran and all her ladies-in-waiting to wear the far flung festivities celebrating the 2500th anniversary of the Persian Empire. Jean didn't mention whether he was designing the wardrobe for the Shah of Iran - but it was probably because his mouth was full. ».
↑ab etc« Jean Barthet modiste des stars »,Sud Ouest,, B, édition du Béarn départementale.
↑a etbL'Officiel de la mode, « Papier, triomphe et invention »,L'Officiel était là, surpatrimoine.editionsjalou.com,éditions Jalou, n°645, 3e trimestre 1978(consulté le) :« Jean Barthet, le plus célèbre des chapeliers parisiens, vient de réussir un exploit« en papier » comme l'a prouvé son étonnante exposition à la« Galerie de Nesles », deThibaut d'Orléans. On pouvait y admirer des cocottes 1900, des danseuses deFrench cancan, d'audacieuses baigneuses modernes et des frileuses en fourrures, habillées uniquement de papier« tout usage » aux tons délicats et tendres ! Cette exposition a connu un triomphe et a valu à son auteur d'être nommé« artisan d'art » par l'association d'encouragement aux métiers d'art. »,p. 17.
↑(en) dovima2010, « Jean Barthet - Milliner (galerie d'images) », surFlickr(consulté le) :« Jean Barthet was born in 1930 in the Pyrenees, France. He arrived in Paris in 1947 and launched his first collection of hats in 1949. By the early 1960's, he was one of France's most prominent milliners, with a clientele that included film stars and jet-setters. He is a member of the Chambre Syndicale de la Couture Parisienne which enabled him to provide hats for Haute Couture designers. He provided the fashion designers Claude Montana, Sonia Rykiel, Karl Lagerfeld and Emanuel Ungaro with hats for their collections. He died in 2000. »
↑a etb« B comme Barthet - Jean Barthet (1920 - 2000) »,ADCDaire deBB, surbrigittebardot.canalblog.com,(consulté le) :« Il existe toute une série de photos de Brigitte prise en studio en 1961, où elle porte différents modèles de chapeaux de Jean Barthet. Mais aussi dans la boutique de Barthet en 1963, située au 107 rue du Faubourg Saint-Honoré. Mais Jean Barthet va aussi photographier Brigitte dans des moments plus intimes, chez elle, à La Madrague. Il s'occupera aussi des chapeaux qu'elle porte dans le filmLes Pétroleuses en1971. ».
↑Janie Samet, « PARITÉ. Le sexe faible prend des forces : Chapeau les femmes ! »,Le Figaro,no 17214,,p. 25 :« La plus belle des belles a montré de quelle étoffe elle était faite. Sophia Loren a volé jusqu'à Paris pour quelqu'un qui, pendant quelque vingt ans, lui a voulu du bien en ajoutant à son mystère. La fidélité ne court pas la vie pour qu'on ne la salue pas chapeau bas. Jean Barthet était son modiste. Or il est gravement malade au point de n'avoir pu assister au vernissage de son exposition. Soixante-six tableaux, peintures et collages à la beauté surréaliste (…) Les chapeaux désertèrent la mode, et les clientes ses salons… Pourtant, les siens connurent de fortes têtes. (…) Et Sophia Loren qui devint son amie pour le meilleur et pour le pire. Le pire étant aujourd'hui. En assistant à son vernissage Sophia savait qu'elle attirerait à la Galerie la nuée de photographes qui ne se déplacent que pour les « people ». On aurait aimé que les couturiers en fassent autant mais la mode a rarement la mémoire du cœur… Et c'est encore Sophia Loren, qui, une heure avant de reprendre l'avion pour Londres, alla raconter à Jean Barthet ce que le Tout-Paris avait dit de son exposition ».
↑Raphaël Fresnais, « R Gallery passe à l'heure américaine », surOuest-France,(consulté le) :« En cette rentrée, elle fait exception à la manière d'un clin d'oeil au Festival du cinéma américain de Deauville. Au total, une vingtaine de clichés argentiques de photographes reconnus comme Luc Fournol, Tony Frank ou Jean Barthet, pris entre 1950 et 1975. C'est un peu grâce à ce dernier, modiste de renom, ou plus exactement grâce à son agent de fils Alexandre, que Brigitte Bardot, Sophia Loren, Audrey Hepburn, Alfred Hitchcock, Alain Delon ou le duo Gainsbourg - Depardieu s'affichent à Trouville. ».
↑a etbL'Express Styles, « 5 ventes aux enchères à histoire », surlexpress.fr,L'Express,(consulté le) :« Les chapeaux de Jean Barthet ont défilé chez les grands couturiers et coiffé Grace Kelly, Brigitte Bardot. William Klein et Frank Horvat les ont même photographiés. Trente de ses créations et une cinquantaine de photos sont vendus aux enchères. Pour compléter le catalogue, le fils du créateur, Alexandre, a sollicité des artistes contemporains qui ont œuvré sur le thème du couvre-chef. Cinquante toiles signées Peter Klasen, Miss Tic, Bernard Rancillac, Nicolas Vial… seront dispersées. ».
↑(en) « Vanity Fair Photo Shoot, part 9: Lady Gaga in Jean Barthet », surgagafashionland.com,(consulté le) :« Gaga’s Alexander McQueen look from Vanity Fair photo shoot was accessorized with a pair of black Sermoneta gloves, vintage studded leather corset belt from the 1980 from New York Vintage, Kenneth Jay Lane earrings and fabulous black fluffy feather satin ribbon embellished runway hat by French milliner Jean Barthet, yet another piece from New York Vintage impressive one-of-a-kind rental only vintage archive. ».
↑(en) Katie Jones, « How Nicole Kidman Became Grace of Monaco », surmydaily.co.uk,(consulté le). Gigi Lepage, costumière du film :« We were very lucky with the support from fashion houses.Christian Dior reproduced two magnificent women's suits designed byMarc Bohan, then the artistic director ofDior.Chanel also collaborated with us in recreating a suit ensemble and Hermes helped us with Kelly's scarves as well as the Kelly handbag archives. For shoes, we contactedSalvatore Ferragamo andJimmy Choo and all her gloves were made exclusively byMaison Fabre. Alexandre Barthet, son of Jean Barthet who was the princess's milliner designed the hats and Philippine Pinton, granddaughter of Francois Pinton, Grace of Monaco's eyewear designer, designed the eyewear for us. Lastly, Swarovski came on board for the realisation of the crystal ball gown ».