Unjardin potager[1] oupotager est unjardin ou une partie de jardin où se pratique laculture vivrière deplantes potagères destinées à la consommation familiale, soit principalement des légumes, des fruits non cultivables enverger et desplantes aromatiques. Le jardin potager, en plus de sa fonction alimentaire et de son intérêt économique[2] peut avoir un rôle ornemental, une vocation éducative, constituer une activité deloisir bonne pour la santé physique et morale et contribuer au maintien de labiodiversité animale et végétale.
Pendant les périodes de pénurie, notamment pendant les guerres, les jardins potagers permettent d'assurer une production alimentaire complémentaire. Plus récemment c'est le plaisir de produire soi-même des fruits et des légumes qui est le plus souvent la première motivation des jardiniers. Pour les habitants des villes (ou des zones périurbaines) et du fait du confinement imposé par la crise du Covid-19, le jardinage a connu un nouvel essor car il permet de faire de l'exercice physique et de passer du temps à l'extérieur, surtout pour des populations plus jeunes.
Le poids économique et alimentaire des jardins potagers est loin d'être négligeable. Dans la France contemporaine, l'Insee les prends en compte lors des enquêtes sur la consommation des ménages. En 1994, selon l'Insee, les productions d'un potager permettent à un ménage d'assurer 41 % de son budget en fruits et légumes; cette proportion est plus élevée dans lesjardins ouvriers et familiaux. Au début d es années 2000, l'autoconsommation s'établirait à 23 % des dépenses par personne en légumes et à 12 % en fruits[3].
La création et l'organisation d'un potager n'est pas un point anodin : biens conçues, elles permettront d'optimiser les résultats et de faciliter les travaux.
Le jardin potager accueille de façon bénéfique des espèces adaptées à sa localisation géographique et sonclimat. Son environnement est également un point à prendre en compte. Il peut être complété par uneserre pour permettre des cultures nécessitant plus de protection contre le froid, le vent ou lesparasites.
La grande majorité des plantes cultivées ont besoin d'unensoleillement suffisant pour se développer. Un jardin exposé au sud, au sud-est ou au sud-ouest et qui soit protégé au nord et au nord-est par un mur, une maison, un rideau d'arbres ou un talus est toujours préférable. Une exposition à l'est ou au nord sera difficile. Dans l’hémisphère nord, les terrains inclinés vers le sud-est sont plutôt favorables. Au contraire, les pentes regardant le nord ou l’ouest ne le sont pas. Il faut naturellement éviter l’ombre des grands arbres ou de murs élevés. Cette constatation est à inverser pour l’hémisphère sud.
Au départ, les anciennestourbières, lesmarais asséchés (d'où le nom de « maraîcher » donné auxcultivateurs de légumes) sont bien adaptés. Les prairies, les pelouses une fois défoncées en profondeur sont excellentes. Mais de nombreux sols divers, après un travail régulier et des apports importants enmatières organiques peuvent à la longue faire de bons sols de potager.
Il est toujours utile de faire une analyse de sol pour déterminer les types d'engraissements qui permettront de l'améliorer et/ou de détecter des causes de difficultés particulières (carences, excès, présence éventuelle de polluants , etc.).
Dans les contextes de sols pollués (par les métaux et métalloïdes, ou les pesticides notamment), les légumes récoltés dans les potagers peuvent êtres des sources de contamination des consommateurs, plus ou moins selon la biodisponibilité et la toxicité des polluants (biodégradables ou persistants).
Lever de terre est l'un des bioindicateurs permettant d'évaluer la qualité des sols ; mais de par son activité essentielle debioturbation il peut bioaccumuler, remonter ou disperser certains polluants persistants et modifier leur présentationbiochimique (et donc leur biodisponibilité et leur toxicité). Si le ver de terre est lui-même victime de ces polluants, lescycles biogéochimiques vitaux peuvent être perturbés. Via labioturbation, le ver de terre a des effets sur la phytodisponibilité, labioaccessibilité et labiodisponibilité pour l'homme de nombreux polluants (notamment démontrés par des études enmésocosmes, in vitro et in situ).
Ces paramètres dépendent fortement des caractéristiques physico-chimiques des sols (acidité notamment). L’analyse des communautés de vers de terre d'un site contaminé permet d’évaluer la qualité des sols (via des mesures d’abondance, de diversité et de taux de juvéniles de ces animauxbioindicateurs[4].
Un jardin potager peut être agencé de différentes manières. Le travail peut être facilité si sa forme est assez régulière :
Par exemple :
un jardin carré partagé en quatre parties égales par deux allées en croix de 1 m de large ;
un jardin de forme allongée divisé en trois bandes de deux allées parallèles si sa longueur suit la ligne Est-Ouest, en deux moitiés par une allée centrale si sa longueur est dirigée Nord-Sud.
Les planches de légumes peuvent autant que possible avoir leur plus grande dimension dans l'axe Est-Ouest. Toutefois, s'il s'agit d'un terrain incliné, il est conseillé de créer des planches dont la plus grande dimension sera perpendiculaire à la pente de façon à éviter le ravinement produit par les eaux de pluie. Si la pente est forte, il est préférable de créer desterrasses.
Le passepied, à aménager entre chaque planche, aura environ 40 cm de large (la largeur d'unrâteau). La longueur à donner aux planches dépend de la dimension de la parcelle. Les allées et les planches peuvent se tracer aucordeau et à l'aide du râteau ou de laserfouette.
Certains légumes se développant sur plusieurs mètres au sol (cucurbitacées) ou en hauteur (haricots,tomates), il faut anticiper ce type de croissance dans la conception initiale du jardin pour éviter que les plantes ne se recouvrent ou se fassent de l'ombre l'une l'autre.
Il est important de pratiquer unerotation culturale afin d'éviter de « fatiguer » la terre en cultivant toujours les mêmes espèces au même endroit et de réduire les risques de développement demaladies et deravageurs spécifiques d'une espèce ou d'espèces voisines.
Pour limiter la concurrence entre les plantes de même genre et favoriser des interactions bénéfiques, il est utile d'associer des « plantes compagnes »[6].
On peut également planter en bordure du potager desfleurs (telles quecosmos ouœillet d'Inde par exemple) pour le plaisir des yeux mais aussi pour leur capacité à attirer certains pollinisateurs ou repousser certainsparasites[7].
Lesarbres fruitiers sont à placer auverger, et non au potager, afin de ne pas faire trop d'ombre aux plantes du potager ; toutefois, dans les régions à fort rayonnement solaire, des arbres judicieusement disposés en périphérie du jardin créeront unmicroclimat favorable jusqu'à la récolte.
Le jardin potager peut être agrémenté d'accessoires utiles comme unhôtel à insectes collectif ou d'abris monospécifiques à l'image desnichoirs à osmies, tout comme il peut également contenir des éléments plus culturels comme l'épouvantail.
Le tableau ci-dessous détaille les mois où semer (S) et ceux où planter ou repiquer (P) les différentes espèces[réf. nécessaire]. Il s'agit d'un calendrier construit pour lebassin parisien, enFrance. Si la localisation du jardin est dans une région auclimat plus chaud ou plus froid, le calendrier des cultures doit être avancé ou reculé de une à plusieurs semaines.
Différents concours sont organisés autour des potagers, dont desconcours des plus beauxlégumes dans de nombreuses villes et pays.
EnFrance, le Concours national des jardins potagers est organisé chaque année depuis 2001 par la section jardins potagers et fruitiers de laSociété nationale d'horticulture de France (SNHF)[8]. Des prix récompensent les jardins les plus méritants dans cinq catégories : jardin potager privatif,jardin familial, jardin potager situé dans un environnement paysager, jardin ou parcellepédagogique,jardin potager partagé.
Stéphanie De Margerie,Potager 2000, préétude en vue d'une nouvelle gestion du Potager du Roi à Versailles ; mémoire de DESS, ENSP Versailles/ Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 1995.
Yves-Marie Allain,Une histoire de jardins potagers, Edition Quae 144 pages[1]
Joyce Russel,Construire un potager hyperproductif, Chine, Marabout,, 192 p.(ISBN978-2-501-12511-6)