Lors de sa première prestation d'acteur professionnel en 1919, Cagney est costumé en femme lorsqu'il danse dans le chœur de la revueEvery Sailor. Il passe plusieurs années dans levaudeville en tant que danseur et comédien, jusqu'à ce qu'il obtienne son premier rôle important d'acteur en 1925. Il obtient plusieurs autres rôles, recevant de bonnes critiques, avant de décrocher le rôle principal dans la pièce de 1929Penny Arcade.Al Jolson le remarque dans la pièce et achète les droits d'une adaptation cinématographique, avant de les vendre à laWarner Bros. à condition que James Cagney etJoan Blondell puissent reprendre leurs rôles dans le film. Après des critiques élogieuses, la Warner Bros. lui signe un contrat initial de 400 $ par semaine pour trois semaines. Lorsque les dirigeants du studio voient les premiers visuels du film, le contrat de Cagney est immédiatement prolongé.
Le cinquième film de Cagney,L'Ennemi public, est devenu l'un des films de gangsters les plus influents de l'époque. Remarquable pour une scène célèbre dans laquelle Cagney écrase un demi-pamplemousse sur le visage deMae Clarke, le film lui attire l'attention du public. Il devient l'une des plus grandes stars d'Hollywood et bénéficie d'un des plus gros contrats de la Warner Bros. En 1938, il reçoit sa première nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation subtile du dur à cuire/homme-enfant Rocky Sullivan dansLes Anges aux figures sales. En 1942, il remporte le trophée pour son interprétation énergique deGeorge M. Cohan dansLa Glorieuse Parade[5]. Il est nommé une troisième fois en 1955 pourLes Pièges de la passion avecDoris Day. Cagney prend sa retraite du théâtre et de la danse en 1961 pour passer du temps dans sa ferme avec sa famille. Il en sort 20 ans plus tard pour tenir un rôle dans le filmRagtime (1981), principalement pour l'aider à se remettre d'un accident vasculaire cérébral[6].
Cagney quitte la Warner Bros. à plusieurs reprises au cours de sa carrière, revenant à chaque fois dans des conditions personnelles et artistiques bien améliorées. En 1935, il poursuit le studio en justice pour rupture de contrat et gagne. C'est l'une des premières fois qu'un acteur prend le dessus sur un studio pour une question de contrat. Il travaille pour la société de cinéma indépendanteGrand National Films (dans deux films : la comédie musicaleHollywood Hollywood et le drameEnnemis publics) durant un an pendant que le procès est en cours de règlement, puis en 1942, il crée sa propre société de production, Cagney Productions, avant de retourner à la Warner sept ans plus tard. En référence au refus de Cagney de se laisser bousculer,Jack Warner l'a surnommé « l'opposant professionnel[7] ». Cagney effectue également de nombreuses tournées de troupes de l'United Service Organizations avant et pendant laSeconde Guerre mondiale et est président de laScreen Actors Guild pendant deux ans[8].
James Cagney naît dans le quartier deLower East Side àNew York en 1899[9]. Il est le second fils d'une famille de sept enfants. Son père, James Francis Cagney Sr, est barman et boxeur amateur d'origineirlandaise et sa mère, Carolyn, estnorvégienne par son père et irlandaise par sa mère.
Issu d'une famille défavorisée, Cagney doit réaliser de nombreux petits boulots au cours de sa jeunesse mais réussit en parallèle à être diplômé de laStuyvesant High School en 1918.
Sa carrière artistique commence véritablement en 1919, quand il apparaît en tant que danseur déguisé en femme dans la pièce de théâtreEvery Sailor, puis dans les vaudevilles et lesmusic-hall àBroadway. Réussissant à intégrer durablement la scène new-yorkaise des années 1920, Cagney y rencontre alors à cette époque Frances Willard « Billie » Vernon, qui devient sa femme en 1922 et avec laquelle il vit jusqu'à sa mort.
En 1930, le rachat par la société de productionWarner Bros. des droits d'une pièce de théâtre de Broadway intituléePenny Arcade dans laquelle jouaient James Cagney et sa partenaire sur scèneJoan Blondell, propulse les deux acteurs du théâtre au cinéma. Dans ce film, l'acteur incarne alors le premier rôle d'un style particulier qui revient de manière récurrente au cours de sa carrière, celui du « dur » aux traits attachants et que l'on se prend à comprendre et apprécier.
Il signe dans la foulée son premier contrat avec la Warner, et joue ensuite dans de nombreuxfilms de gangsters très populaires auprès du public :Au seuil de l'enfer (The Doorway to Hell) d'Archie Mayo, ou encore ce qui devient le premier film marquant de sa carrière,L'Ennemi public (The Public Enemy), où son interprétation reçoit un succès critique et populaire important. En rupture avec la représentation idéalisée des personnages principaux et des héros de l'époque, le film est notamment marqué par une scène devenue mythique où Cagney écrase unpamplemousse sur le visage de l'actriceMae Clarke[10].
Il tourne ensuite en 1930 et 1935 de nombreux films, parmi lesquelsTaxi! où il effectue des scènes de danse à l'écran,Prologues (Footlight Parade) etVoici la marine (Here Comes the Navy) qui marque sa première collaboration avecPat O'Brien et le début d'une longue amitié entre les deux hommes.
Éternel entêté, James Cagney profite de son succès grandissant auprès du public pour renégocier à plusieurs reprises son contrat avec la Warner concernant son rythme de tournage et son salaire. En 1935, à la suite du filmBrumes (Ceiling Zero, 1936), il décide de rompre son contrat et d'aller en justice, estimant avoir été lésé par son studio. Pendant la durée du procès, Cagney se retire à la campagne pour devenir fermier, et ne tourne plus qu'avec le studio indépendantGrand National Films où il continue à marquer la critique par ses interprétations.
En 1937, il remporte une double victoire dans son procès contre la Warner : juridique mais également financière, le studio se décidant en effet à proposer à sa star un salaire de 150 000 dollars et un maximum de deux films par an en échange de son retour devant la caméra.
James Cagney reprend sa carrière à la Warner en 1938, et joue à cette occasion dans deux films,Le Vantard (Boy Meets Girl) deLloyd Bacon et surtoutLes Anges aux figures sales (Angels with Dirty Faces) deMichael Curtiz, tous deux joués avecPat O'Brien comme partenaire. Des deux films, le second est certainement celui qui lui permet de développer le plus son jeu, avec un rôle plus sombre et profond de gangster aux motivations ambiguës. Le film marque également la première des trois collaborations entre Cagney et l'acteurHumphrey Bogart (qui apparaît encore à l'époque dans des seconds rôles), ainsi que sa première nomination à l'Oscar du meilleur acteur.
En 1939, il joue dansLes Fantastiques Années 20 (The Roaring Twenties). C'est sa première collaboration avec le réalisateurRaoul Walsh, et la dernière avec Bogart. Le film symbolise également la pause de Cagney dans le registre du film de gangster, il faut ensuite en effet attendre dix ans (L'Enfer est à lui en 1949) pour qu'il retrouve un rôle de ce type.
Entre et, James Cagney retrouve le circuit indépendant en fondant avec son frèreWilliam Cagney sa propre société de production. Pendant cette période il tourne peu et cherche à se détacher de son image de mauvais garçon, mais le public n'accroche pas à sa nouvelle image. En, à la suite de plusieurs échecs et d'un litige avec le studio deSamuel Goldwyn, il se voit obligé de revenir dans le circuit des majors et retrouve la Warner pour le filml'Enfer est à lui (White Heat) deRaoul Walsh. Ce film marque pour l'acteur un retour retentissant au rôle de gangster, avec une interprétation très remarquée et encore plus noire que dans ses films des années 1930. La dernière phrase de Cagney dans le film —« Made it, Ma! Top of the world! » — est classée18e meilleure citation de l'histoire du cinéma américain par l'American Film Institute.
Les années suivantes, il joue avec succès dans des comédie musicales et des films de gangster. Sa société de production est cependant contrainte de fermer en. L'année 1955 est certainement une année faste ; il joue en effet pourNicholas Ray dansÀ l'ombre des potences (Run For Cover), puis dansLes Pièges de la passion (Love Me or Leave Me) deCharles Vidor pour lequel il reçoit sa seconde nomination aux Oscars, 17 années après la première. Il joue également la même année dansPermission jusqu'à l'aube (Mister Roberts) deJohn Ford avecHenry Fonda,Jack Lemmon, etWilliam Powell pour l'ultime apparition de ce dernier à l'écran. Le film reçoit plusieurs Oscars dont celui dumeilleur film et dumeilleur second rôle pour Jack Lemmon.
En, il collabore pour son avant-dernier film avecBilly Wilder dans la comédieUn, deux, trois (One, Two, Three) où l'on retrouve son style de jeu encore énergique, rapide et efficace. À sa sortie, le film peine cependant à trouver son public.
Crypte de James Cagney au Gate of Heaven Cemetery.
Refusant dès lors tout rôle et luttant avec la maladie, l'acteur se retire des écrans et participe plus que sporadiquement à des événements mondains. Victime d'une premièrecrise cardiaque en qui l'empêche ensuite de monter à cheval ou de danser, il fait finalement sa dernière apparition significative à l'écran dansRagtime deMiloš Forman, en.
↑John McCabe,Cagney (NY: Knopf Doubleday, 2013).(ISBN0307830993); and NJ Senate con. res. 39 (1998), Nicholas J. Sacco, sponsor; searchable at www.njleg.state.nj.us
↑J. S. La mort de James Cagney - La violence et l'angoisse. Le Monde, 1er avril 1986.Lire en ligne
↑Peter B. Flint. James Cagney Is Dead at 86; Master of Pugnacious Grace. New York Times, 31 mars 1986.Lire en ligne
↑Gene Siskel. Movie legend James Cagney dies. Chicago Tribune, 31 mars 1986.Lire en ligne
↑Louis Skorecki. «Johnny le vagabond». Film de William K. Howard. Cagney en incorruptible. Libération, 10 mai 1995.Lire en ligne
↑Craig Campbell. The story of James Cagney, part one: Stepping up from chorus girl to the movie industry’s favourite gangster. The Sunday Post, 14 octobre 2019.Lire en ligne