Son œuvre, traduite en plusieurs langues, lui a valu une certaine notoriété et une reconnaissance critique au-delà même du monde de la bande dessinée. Lauréat dugrand prix de la ville d'Angoulême en 1985 et duprix Saint-Michel, en 1977 et 1979, il a reçu de nombreuses autres récompenses, dont trois autres prix dufestival d'Angoulême, deuxprix Max et Moritz (Allemagne) et deuxprix Eisner (États-Unis).
Il dessine sa première bande dessinée en 1958-1959, après la découverte des albums d'Edgar P. Jacobs[3] :La Marque verte, en référence au sixième album de Blake et Mortimer,La Marque Jaune.
À cette époque, il produit également des dessins de presse, notamment au sein de la presse militante des années 1980. Il est l'auteur deA la tête du client, réalisé pour le supplément n°1 de l'agence de presse IM'média d'automne 1984[7].
Nommé chevalier de laLégion d'honneur en 2013[9], il refuse cette distinction en indiquant ne vouloir « rien recevoir, ni du pouvoir actuel, ni d'aucun autre pouvoir politique quel qu'il soit »[10].
Jacques Tardi est décrit en 2018 comme« un artiste profondément engagé au service de la mémoire et de l'histoire contemporaine »[11]. SelonPatrick Gaumer, il fait partie des« artistes les plus importants et les plus originaux de la bande dessinée internationale »[4].
En, Jacques Tardi est signataire d’une pétition en collaboration avec des personnalités issues du monde de la culture pour boycotter la saison culturelle croisée "France-Israël", qui selon l'objet de la pétition sert de « vitrine » à l'État d'Israël au détriment du peuplepalestinien[14]. En, il cosigne une tribune dans leGuardian[15] en soutien des artistes palestiniens ayant appelé à boycotter l'édition 2019 du concours de l'Eurovision qui doit se tenir en Israël[16]. En 2019, il cosigne dansMediapart un appel au boycott de l'Eurovision à Tel Aviv[17].
Il participe régulièrement à des évènements de soutien à la librairie anarchisteLe Jargon Libre, tenue par son amieHellyette Bess[18].
Jacques Tardi est marié avec la chanteuse et traductriceDominique Grange[19] depuis le[20] ; ils sont parents, par adoption, de quatre enfants nés au Chili[21].
L'œuvre de Tardi présente des thèmes récurrents comme lesfaubourgs deParis, lesanars, quelquesmonstres, des soldats et la guerre, et, partout, lamisère, larévolte… De ses choix d'auteurs (adaptés, illustrés commeCéline,Daniel Pennac,Jean Vautrin,Léo Malet…) se dégagent des cohérences affectives, imaginaires, mais aussi politiques.
Son style peut sembler proche de laligne claire deHergé, mais les ouvrages de Jacques Tardi ont une nette tendance à ridiculiser le concept du « héros », ses personnages peuvent être desantihéros complets, des victimes de la marche du monde sans prise (sauf accidentelle) sur celui-ci, voire de simplestémoins refusant d'agir autrement que pour leur propre compte.
LaPremière Guerre mondiale est un événement omniprésent dans l'œuvre de Tardi[22]. Toute l'œuvre de Tardi est ponctuée d'albums qui lui sont directement consacrés (La véritable histoire du soldat inconnu,Le Trou d'obus,Où vas-tu petit soldat ?,C'était la guerre des tranchées, etc.), ou dont l'action se situe en amont ou en aval de cette période (Adieu Brindavoine, et les aventures d’Adèle Blanc-Sec, lesquelles débutent avant la guerre et reprennent après la guerre). On note toutefois une évolution : les premiers ouvrages utilisent la guerre comme un support, un fond pour raconter une histoire de bande dessinée tandis que les ouvrages plus récents sur ce thème sont plus historiographiques, exposant crûment la chronologie et les faits de la « der des ders ».
Pour finir, certains des détracteurs[Qui ?] de son œuvre lui reprochent son aspect« partisan ». De fait, Tardi dénonce régulièrement, à travers ses personnages, leurs discours et les péripéties auxquelles ils sont mêlés, les notions de patriotisme et de nationalisme[réf. nécessaire], les jugeant responsables de toutes les turpitudes et violences interétatiques duXXe siècle.
LaSeconde Guerre mondiale est aussi présente dans l'œuvre de Tardi : en tant que toile de fond dans les albums des années 1980 (120 rue de la Gare ouUne gueule de bois en plomb, par exemple), et comme thème principal dans les récits plus récents (notammentMoi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II-B, qui se fonde sur le témoignage du père de l'auteur, officier dans les chars).
Tardi vit et travaille depuis des décennies dans la capitale française et« a montré son goût certain et son talent extrême pour restituer Paris »[6] ainsi que l'attachement qui le lie à la ville dans la presque totalité de ses albums, de ses adaptations desNouveaux mystères de Paris de Léo Malet mettant en scène Nestor Burma à la sérieAdèle Blanc-sec.Le Cri du peuple s'inscrit dans le prolongement de ce thème récurrent[6].
L'auteur a également mis un soin particulier à la réalisation de nombreuses lithographies, sérigraphies, estampes pigmentaires, affiches et cartes postales évoquant Paris:
Le Secret de l'étrangleur, d'après le romanMonsieur Cauchemar dePierre Siniac, Casterman, 2006. Prépublié en cinq livraisons mensuelles format journal vendues en librairies sous le titreL'Étrangleur[31].
Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II-B, Casterman :
Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II-B, 2012
Mon retour en France, 2014
Après la guerre, Casterman, 2018
Le Dernier Assaut (dessin et scénario),Dominique Grange (scénario et musique), édition comprenant un CD audio de quatorze chansons interprétées par Dominique Grange et les musiciens d'Accordzéâm, Casterman, 2016
Laurent Albaret,Guerre et poste. L'extraordinaire quotidien des Français en temps de guerre,Musée de La Poste et Casterman, 2007. Catalogue d'exposition.
Pigalle,Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant,Boucherie Productions, 1990
↑ab etcRobert Rouyet, « C'est la canaille eh bien, j'en suis. Osez, osez le défier, notre superbe drapeau rouge, rouge du sang de l'ouvrier »,Le Soir,.
↑Jacques Tardi,Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B,Casterman,,p. 77.
↑Dominique Grange et Jacques Tardi,Élise et les Nouveaux Partisans,éditions Delcourt, p. 161.
↑Yves-Marie Labé, « Dessiner l'enfer : Quand la BD représente la première guerre mondiale »,Le Monde - Monde des livres,(lire en ligne)
↑Christine Ferniot et J.B., « Les écrivains et la guerre »,Lire, :« L'iconographie de la Grande Guerre doit beaucoup au génie de Jacques Tardi. »
↑Dominique Bry, « La putain de guerre de Jacques Tardi et Jean-Pierre Verney »,Mediapart, :« Par son association avec Jean-Pierre Verney, spécialiste de la Grande guerre,Putain de Guerre s’inscrit dans le droit fil de cette démarche historiographique. En mêlant récit de fiction, mais avec le souci de la véracité et la rigueur de la reconstitution historique. »
↑« Ce procédé associe 11 encres pigmentaires à base d'eau qui permettent d'obtenir des couleurs vives et durables sur un papier d'art. Il est considéré comme une alternative plus respectueuse de l'environnement aux techniques d'impression traditionnelles, comme la lithographie ou la sérigraphie. » Source:Proust.art.