Jacques Audiberti naît le, fils unique de Louis Audiberti, maître-maçon à Antibes, et de sa femme, Victorine. De 1905 à 1914, il fait ses études primaires, puis secondaires àAntibes, qu’il est obligé d’interrompre pour raison de santé. Il commence à faire paraître poèmes et chroniques auRéveil d’Antibes.Edmond Rostand, à qui il a envoyé des poèmes, lui adresse ses encouragements ainsi qu’une photo dédicacée qu’Audiberti conservera longtemps. Il découvre avec émerveillement le cinéma. De 1918 à 1924, il est commis-greffier au tribunal de Commerce où son père a été nommé juge. Audiberti monte àParis. Recommandé par un condisciple, Émile Condroyer, il entre auJournal qu’il quittera l’année suivante pourLe Petit Parisien où il couvre les faits divers en banlieue parisienne. ParBenjamin Péret, également journaliste auPetit Parisien, il approche lemouvement surréaliste sans jamais lui appartenir. Il fréquente beaucoup laBibliothèque nationale. Deux ans plus tard, il se marie avec une jeune institutrice antillaise, Élisabeth Cécile Amélie Savane (1899-1988), dont les prénoms composeront le titre d’un poème paru en 1936 et qui sera connue comme traductrice de l'anglais sous le nom d'Amélie Audiberti[2]. Elle sera notamment la première traductrice du roman1984 deGeorge Orwell[3] en 1950. Deux filles naîtront de cette union : Jacqueline etMarie-Louise Audiberti.
En 1930 paraît à compte d’auteur, grâce à l’aide financière de son père, un premier recueil de poèmes,L’Empire et la Trappe. Soutenu parJean Paulhan, Audiberti collabore à diverses revues et est nommé, en 1935, reporter auPetit Parisien. Parmi ses connaissances et amis, figurentJean Cassou,Valery Larbaud,Léon-Paul Fargue. En 1933 débute la correspondance avec Jean Paulhan qui ne s'achèvera qu'en 1965, quelques semaines avant sa mort.Race des hommes, recueil de poésie publié à la NRF en 1937, reçoit le Prix de poésie de l’Académie Mallarmé en 1938. Audiberti rencontre, à cette occasionPaul Valéry etJean Cocteau.Le Petit Parisien l’envoie en 1939 à la frontière espagnole lors de la déroute de l’armée républicaine : « Je vis laguerre d’Espagne. Je vomis. » Audiberti suit l’exode pour le journal, puis interrompt sa collaboration quand le journal passe sous contrôle allemand. Audiberti donne des critiques cinématographiques. Il poursuit son œuvre poétique et romanesque tout en voyageant :Aurillac,Toulouse,Val-d'Isère.
De 1941 à 1943, il travaille au journalComœdia pour lequel il rédige de nombreuses critiques cinématographiques qui donnent une vision du cinéma sous l'occupation. Il se lie d’amitié avec le futur cinéasteJacques Baratier. Il passe la fin de la guerre àAntibes. Il y traduit les épisodes amoureux de laJérusalem Délivrée sous le titreLes flèches d'Armide (1946, nouvelle édition 1993)[4].
De 1954 à 1964 il publie des romans et connaît le succès au théâtre. En 1962, la création à laComédie-Française deLa Fourmi dans le corps provoque une bataille mémorable entre des abonnés choqués et un public plus « averti » ne cachant pas son adhésion enthousiaste, tandis que son amiJacques Baratier adapte au cinéma son romanLa Poupée. Audiberti contribue à cette réalisation et en fait le récit dans un article paru dansLe Nouveau Candide,no 78, enoctobre.
Audiberti reçoit en 1964 legrand prix national des Lettres pour l’ensemble de son œuvre ainsi que le prix des Critiques. Dès 1960,Marcel Maréchal met en scène avec son accord et son soutien nombre de ses pièces :L'Opéra du monde, Cavalier seul, La Poupée… Souffrant d’un cancer, il subit une première opération. Il correspond avecFrançois Mauriac.
Jacques Audiberti meurt en 1965, quelques semaines avant la publication de son roman-journalDimanche m’attend. Son amiClaude Nougaro lui rend hommage cette même année avec saChanson pour le maçon (le père d'Audiberti). Il est inhumé dans le caveau de sa belle-famille aucimetière parisien de Pantin (32e division)[6].
La ville d'Antibes lui rend hommage avec un lycée portant son nom. Elle a créé le Prix Audiberti en 1979[7].
En 2020, l'association des Amis de Jacques Audiberti crée le « prix Jeune Audiberti », décerné au terme d'un concours d'écriture réservé aux jeunes de moins de 26 ans[8].
La Pluie sur les boulevards. Angers, Au masque d’or, 1950, 76 p.
Le Globe dans la main, Tome I. L’Amour. Paris, Forêt, 1950, 32 p.
Le Globe dans la main, Tome II. La Médecine. Paris, Forêt, 1951, 32 p.
L’Ouvre-Boîte (en collaboration avecCamille Bryen), Paris, Gallimard, 1952, 201 p.
Marie Dubois. Paris, Gallimard, 1952, 285 p.
Théâtre, Tome II.La fête noire[9].Pucelle.Les Naturels du Bordelais. Paris, Gallimard, 1952, 304 p.
Madame Filoumé, adaptation en français de la pièceFilumena Marturano (1946) d'Eduardo De Filippo, créée le 25 octobre 1952 au Théâtre de la Renaissance, à Paris.
Théâtre, Tome IV. Cœur à cuir. Le Soldat Dioclès. La Fourmi dans le corps. LesPatients, L’Armoire classique. Un bel Enfant. Paris, Gallimard, 1961, 287 p.
Théâtre, Tome V. Pomme, Pomme, Pomme[10]. Bâton et ruban. Boutique fermée. La Brigitta. Paris, Gallimard, 1962, 258 p.
La Poupée. Scénario et dialogues. Paris, Gallimard, 1962, 126 p.
Les tombeaux ferment mal. Paris, Gallimard, 1963, 236 p.
Chiens écrasés, illustrations de Reinhoud, 24 pages, 1991
Une époque est finie, 8 pages, 1999
Chiens écrasés, 120 pages, 2000
Le poète, 56 pages, 2001
J’ai dû dormir une seconde, illustrations de Reinhoud, 120 pages, 2002
Contribution à l'énigme, 72 pages, 2005
Pastel Friseur, illustrations de Bernard Dufour, 16 pages, 2006
Jacques Audiberti a, en outre, collaboré à de nombreux périodiques. Voir, pour la liste, la bibliographie fournie par Jean-Yves Guérin dansLe Théâtre d’Audiberti et le baroque, Paris, Klincksieck, 1976,p. 248.
Une association des Amis de Jacques Audiberti fut créé en 1973, laquelle publie des cahiers contenant des textes écrits par Audiberti ainsi que des articles le concernant.