L'islam est la religion majoritaire duKazakhstan : un recensement de 2009 établit que 70 % de la population est musulmane[1]. L'ethniekazakhe est majoritairementsunnite d'obédiencehanafite, et son chef spirituel est Nysambaï-Uly[2].Le Kazakhstan est le pays musulman le plus septentrional du monde. L'ethnie kazakhe y constitue plus de la moitié de la population, mais d'autres groupes ethniques comme lesOuzbeks, lesOuighours et lesTatares vivent aussi au Kazakhstan[3]. L'islam a été introduit au Kazakhstan auVIIIe siècle par lesArabes. Une communautéahmadiyya est présente depuis 1991 au Kazakhtsan, surtout àAlmaty[4].
L'islam a été introduit au Kazakhstan à partir de 714, lorsque les Arabes sont arrivés enAsie centrale[5],[6].L'islam a d'abord pris place dans le Sud duTurkestan, puis s'est répandu peu à peu au Nord[7]. Il a pris racine avec l'activité missionnaire des juristessamanides, notamment aux alentours deTaraz[8], où une part importante de Kazakhs ont embrassé l'islam. Dans un second temps auXIVe siècle, laHorde d'or a propagé l'islam parmi les Kazakhs et d'autres tribus d'Asie centrale. AuXVIIIe siècle enfin, alors que grandissait l'influencerusse dans la région,Catherine II manifesta la volonté d'affermir l'islam dans la région en envoyant prêcher des clercs musulmans, pour élever moralement les Kazakhs, qui étaient perçus comme des sauvages et des ignorants[9].
La politique russe a ensuite changé peu à peu, pour réintroduire dans laconscience collective kazakhe des coutumes pré-islamiques[10]. Pour ce faire, des personnages historiques kazakhs pré-islamiques ont été mis en valeur, et on a envoyé des Kazakhs dans des institutions militaires russes d'élite pour leur faire sentir leur infériorité[10]. En réponse à cette politique, les chefs religieux kazakhs ont cherché à apporter une ferveur religieuse grâce aupanturquisme, bien que cela occasionnât de nombreuses persécutions[11]. Pendant la période soviétique, les institutions musulmanes n'ont survécu que là où ils étaient majoritaires, et par une pratique quotidienne de l'islam[12]. Pour conformer la culture kazakhe à l'idéologiecommuniste, de nombreux aspects de la culture kazakhe comme les relations conjugales étaient transformés.
Plus récemment, les Kazakhs se sont progressivement efforcés de revitaliser les institutions islamiques après la chute de l'Union soviétique. Le Kazakhstan affirme une foi musulmane nonfondamentaliste, surtout faite de dévotions dans les campagnes[13]. Les descendants des guerriers musulmans et des missionnaires duVIIIe siècle jouissent d'un grand prestige dans leur communauté[14]. Les hommes politiques kazakhs ont cherché eux aussi à encourager la conscience musulmane. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères Marat Tazhin a affirmé récemment que la Kazakhstan « attache une grande importance à l'histoire, la culture et l'héritage musulmans ».
Les autorités soviétiques avaient cherché à encourager une pratique contrôlée de l'islam avec l'administration spirituelle des musulmans d'Asie centrale et du Kazakhstan, un parti politique au rôle unificateur. En même temps, l'Union soviétique interdisait laliberté religieuse. Mais depuis l'indépendance du Kazakhstan, l'activité religieuse a augmenté de façon significative : la construction de mosquées et demedersas s'est accélérée dans les années 1990, avec l'aide financière de laTurquie, de l'Égypte et surtout de l'Arabie saoudite[15]. En 1991, 170 mosquées étaient actives, et plus de la moitié avaient été construites récemment. On estime qu'il y a actuellement 230 communautés musulmanes actives au Kazakhstan.
En 1990,Noursoultan Nazarbaïev, le premier secrétaire du Parti communiste du Kazakhstan, crée une base pour l'islam en retirant le Kazakhstan de l'autorité du conseil musulman d'Asie centrale, une administration pro-soviétique orientée religieusement. Au contraire, il crée un conseil demuftis séparé, autorité religieuse autonome des musulmans kazakhs. S'inspirant des gouvernements islamiques de leurs voisinsiranien etafghan, les rédacteurs de la constitution de 1993 ont interdit les partis politiques religieux. La constitution de 1995 stipule que l'État est laïc ; elle interdit les organisations qui suscitent des désaccords religieux, politiques ou raciaux, et impose un contrôle strict des organisations religieuses étrangères. Le Kazakhstan est le seul État d'Asie centrale a n'avoir pas assigné de statut spécial à l'islam. Néanmoins, il a rejoint l'Organisation de la coopération islamique cette même année. Ce choix est autant lié à la politique étrangère de Nazarbaïev qu'à des considérations intérieures. Conscient du grand potentiel d'investissement des pays duMoyen-Orient, Nazarbaïev a rendu visite à l'Iran, à la Turquie et à l'Arabie saoudite. Il a pris l'option de faire du Kazakhstan un pont entre les musulmans et l'Occident. Ainsi, il choisit de n'avoir qu'un statut d'observateur dans l'Organisation de coopération économique, qui rassemble surtout des nations musulmanes. Lorsque le président Nazarbaïev se rend à la ville sainte deLa Mecque en 1994, il prend soin de se rendre aussi auVatican lors du même voyage pour rendre visite au papeJean-Paul II[16].
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