Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il devient àParis élève deJacques-Louis David. Lauréat en 1801 du Grandprix de Rome enpeinture, il se rend enItalie en 1806 et y reste jusqu'en 1824. À son retour à Paris, il connaît une reconnaissance officielle, apparaissant comme le champion de la doctrine dubeau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il y retourne de 1835 à 1842.
Ingres a d'abord et à plusieurs étapes de sa carrière vécu de sesportraits, peints ou dessinés. Réputé peu sociable, il fut souvent mal traité par lacritique. Les tenants d'un style plus libre et d'une exécution plus rapide condamnaient sa manière tout comme les académiques, qui lui reprochaient notamment les déformations expressives qu'il faisait subir aux corps dans sesnus.
Jean-Auguste-Dominique Ingres est né àMontauban,Tarn-et-Garonne, le[3]. Il est l'ainé des cinq enfants d'Anne Moulet et du peintre etsculpteurJean-Marie-Joseph Ingres (1755-1814), qui favorise ses penchants artistiques, lui inculque les rudiments de son art et lui fait apprendre leviolon[4].
C'est en compagnie deGuillaume Roques (1778-1848), fils de son maître Roques[6], qu'il se rend àParis, en 1796, pour étudier sous la direction deJacques-Louis David, qui lui permettra de s’éloigner de sonnéo-classicisme en recherchant un idéal de beauté fondé sur de difficiles harmonies de lignes et de couleurs. Il peint leportrait d'amis ainsi que de l'astronome et explorateurPierre-François Bernier, dont il a fait la connaissance à Montauban. Il fréquente le peintreAnne-Louis Girodet (1767-1824) dans l'anciencouvent des Capucines où il a son atelier, et se lie d'amitié avec le sculpteur florentinLorenzo Bartolini (1777-1850)[7].
Deuxième finaliste duprix de Rome en 1800 grâce àScipion et le fils d'Antiochus, Ingres remporte le prix de Rome en peinture d'histoire à sa seconde tentative en 1801 avecLes ambassadeurs d'Agamemnon (Beaux-Arts de Paris), mais il ne peut s'y rendre immédiatement, en raison des évènements politiques sous leconsulat[6] et du manque de financement. Il s'installe avec d'autres élèves de David à l'ancien couvent des Capucines où il peint principalement des portraits, entre autrescelui de son père, aujourd'hui aumusée Ingres-Bourdelle[8], et sonAutoportrait à vingt-quatre ans (1804,Chantilly,musée Condé)[6], caractérisés par des fonds bruns très davidiens, des poses des trois quarts et des regards perçants tournés vers le spectateur. Il dessine d'après des œuvres du Louvre, principalement des statues antiques[7].
En 1806, Ingres découvre àRome,Raphaël, son « Dieu » qu'il ne connaissait que par de médiocres gravures et qui l'inspirera sa vie durant, et leQuattrocento, qui marquent définitivement son style. Il visite fébrilement musées, palais et églises[9].
Ces années de travail sont les plus fécondes avec les nus, les paysages, les dessins, les portraits, agrémentés en arrière-plan de paysages romains, et les compositions historiques de format plus modeste retraçant des épisodes de la vie de personnages célèbres du Moyen Âge et de la Renaissance. Les portraits dessinés constituent l'essentiel de ses revenus. Ses modèles sont principalement de riches voyageurs effectuant leGrand Tour de l'Europe[9].
Il est en pleine possession de son art et son séjour à Rome est aussi l'occasion de tisser des liens amicaux avec les grands commis de l'administration impériale : le comte de Tournon et sa mère,Edme Bochet et sa sœur,Cécile Bochet, épouseHenry Panckoucke, Hippolyte-François Devillers, le baron de Montbreton de Norvins. En France, cependant, ses toiles peintes en Italie ne plaisent pas. En 1810, à la fin de son séjour à laVilla Médicis, il décide donc de rester à Rome et de travailler pour l'administration impériale et la colonie française de Rome[6]. Il s'installe près de l'église de la Trinité-des-Monts, où il peintRomulus, vainqueur d'Acron (1812) etLe Songe d'Ossian destinés aupalais du Quirinal. Il peint encoreVirgile lisant l'Énéide pour laVilla Aldobrandini du généralMiollis[9].
Il se marie en 1813 avec Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeunemodiste venant deGuéret[10]. En 1814, Madeleine tombe enceinte mais l'enfant, un garçon, meurt à la naissance. Au total, Ingres réalisa dix portraits de sa femme. Mais le plus célèbre tableau sur lequel elle apparait estLe Bain turc. Madeleine pose pour l'odalisque aux bras levés qui s'étire au premier plan. Le tableau a été réalisé en 1862, après la mort de Madeleine. Elle fut peinte d'après un croquis qu'Ingres avait réalisé en 1818. En 1850, il va à Châlons chez sa belle-mère pour connaître les lieux où sa femme a vécu, et y rencontre le notaire Louis Changy. Il semble y être retourné l'année suivante[11].
À la chute deNapoléon Ier en 1815, il perd sa clientèle[6] ; des difficultés économiques et familiales l’entraînent dans une période financièrement difficile pendant laquelle il peint, avec acharnement, tout ce qu’on lui commande, notamment des portraits, ce qu'il déteste mais réussit à merveille, ainsi que de petitstableaux historiques[6].
Il sollicite ses amitiés romaines et ses bonnes relations avec lesPanckoucke et les Bochet lui présententCharles Marcotte d'Argenteuil, ami deJacques-Édouard Gatteaux, ami proche d'Ingres. Très vite, Charles Marcotte d'Argenteuil devient un proche du peintre, jusqu'à devenir un de ses principaux mécènes jusqu'à son décès en 1864. Après la mort de Madeleine, ce dernier ira même jusqu'à lui présenter sa nièce,Delphine Ramel, qu'Ingres épousera le. De ce mariage, viendra la décision d'acheter la maison deMeung-sur-Loire avec son nouveau beau-frère, Jean-François Guille, notaire et conseiller général duLoiret, où il se retirera tous les étés pour bénéficier de la douceur et de la lumière de laLoire.
Ses revenus diminuent encore du fait de la concurrence de Xavier Fabre dans le domaine du portrait dessiné[9]. En 1820, il quitte Rome pourFlorence où il réside jusqu'en 1824[12], appelé par son amiLorenzo Bartolini, qu'il a connu dans l'atelier de David et dont il partage l'atelier malgré une tension permanente entre les deux hommes. Il y étudie Raphaël, les Anciens et les Grecs. Il obtient alors la commande duVœu de Louis XIII pour lacathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban, grâce à son ami avocat à Montauban, Jean-françois Gilibert, revenu au pays[6].
Il trouve finalement le succès en France avec sonVœu de Louis XIII exposé au Salon de 1824, où l'influence de Raphaël semble évidente. Il apparait alors comme le tenant duclassicisme face auxMassacres de Scio deDelacroix, exposés au même salon. Il reçoit à partir de 1824, honneurs et commandes officielles : il reçoit laLégion d'honneur, est reçu à l'Institut de France et accueille de nombreux élèves dans son atelier[6]. Il accepte en 1829 de devenir professeur à l'École des Beaux-Arts, mais entend désormais se consacrer principalement à de grandes commandes[13].
Homère déifié est l'une de ses premières commandes d'État, destinée au plafond d'une des nouvelles salles ouverte au Louvre et présenté au Salon de 1827[13].
Il peint de moins en moins de portraits dont il a horreur, mais en 1833, il expose lePortrait de Mme Ducaucey (1807) et lePortrait de Monsieur Bertin (1832) au Salon, qui surprend tout le monde[13]. L'année suivante, leduc d'Orléans lui commandeStratonice[14].
L'accueil mitigé de la critique et du public, de sa dernière peinture d'histoireLe Martyre de saint Symphorien exposée au Salon de 1834, l'affecte particulièrement. Il décide de ne plus exposer au Salon et repart à Rome fin novembre[15]. Il accepte la direction de l'Académie de France à Rome, où il reste jusqu'en 1841, et où il est considéré comme ayant été un bon directeur[13].
En 1839, le prince royal acquiertŒdipe explique l'énigme du sphinx[15]. La réception enthousiaste deStratonice par le prince royal le conduit à commander sonportrait avant même le retour d'Ingres en France[13].
En 1843, il accepte l'invitation du ducHonoré Théodoric d'Albert de Luynes de venir s'installer pendant plusieurs mois par an pour peindre, en vis à vis, deux immenses compositions –L'Âge d'Or etL'Âge de Fer – sur les murs de la salle de bal de sonchâteau de Dampierre. Au bout de cinq ans, découragé à la suite de la mort de son épouse en 1849, il y renonce, laissantL'Âge d'Or inachevé, et sans avoir commencéL'Âge de Fer. Quand il est à Paris, il se consacre principalement au portrait, souvent avec l'aide de collaborateurs[16].
En 1848, larévolution de février chasse Louis-Philippe du trône. Son épouse meurt en 1849 ; il se remarie en 1852 avec la prude Delphine Romet[15].
En 1853, il fait l'acquisition d'une résidence dans la commune deMeung-sur-Loire (département duLoiret), où il fait des séjours réguliers jusqu'en 1866[17].
Il réalise dès lors une importante série de toiles religieuses et achèveJésus parmi les docteurs, restée inachevée à la chute de la monarchie de Juillet. Mais, dans cette période tardive, il se révèle surtout dans le genre dunu[16]. Il achève laVénus Anadyomène commencée à Rome en 1807-1808, qui est refusée parBenjamin Delessert et entre dans la collectionFrédéric Reiset. L'année suivante, il achève avec ses élèvesPaul Balze etAlexandre Desgoffe,La Source (musée d'Orsay), commencée à Florence en 1820[15]. Il réalise enfinLe Bain turc, qu'il vend quelques semaines avant sa mort àKhalil Chérif Pacha, le sulfureux propriétaire, entre autres, deL'Origine du monde deGustave Courbet[16].
Conformément à la volonté de l'artiste de léguer à sa ville natale une grande partie de ses dessins (4 500) ainsi que certains objets personnels, lemusée Ingres ouvre ses portes au milieu duXIXe siècle dans l'enceinte de l'ancienpalais épiscopal de Montauban ;Armand Cambon, Montalbanais élève d'Ingres, fut son exécuteur testamentaire et le premier conservateur du musée.
Henry Lapauze (1867-1925), historien d'art spécialiste d'Ingres, conservateur duPetit Palais à Paris, mais surtout président du comité Ingres, organise en[23] avec la municipalité de Montauban les festivités en hommage à Ingres et de l'inauguration du musée Ingres : de nombreuses célébrités littéraires et artistiques entouraientAlfred Roll, président de laSociété nationale des beaux-arts, etLéon Bérard, sous-secrétaire d'État aux beaux-arts. Un poème deDaniel Lesueur intituléIngres de Montauban sera dit par Louis Brémont.
Dominique Ingres fut aussi excellent violoniste ce qui lui permit de financer ses etudes de dessin : il fut deuxième violon de l’Orchestre du Capitole de Toulouse. De ce loisir est née l’expression « violon d’Ingres » dès la fin du XIXe siècle dans l’entourage deThéophile Gauthier.
Uneavenue du 16e arrondissement de Paris porte son nom.
À la mort accidentelle du prince, le roi et la reine lui commandent lesvitraux de lachapelle Notre-Dame de-la-Compassion, dont quatorze grandes figures en pied à grandeur d'exécution pour lamanufacture de Sèvres. En 1842, Louis-Philippe lui commande un tableau pour la chapelle duchâteau de Bizy,Jésus parmi les docteurs (musée Ingres Bourdelle, Montauban). L'aquarelle préparatoire est offerte àLouise-Fernande de Bourbon, duchesse de Montpensier, au moment de son mariage en 1846. L'année suivante, le princeAntoine d'Orléans (1824-1890), duc de Montpensier, lui commande une copie deVirgile lisant l'Énéide[25].
Il achèteStratonice92 000 francs à la vente du princeDemidoff en 1863, par l'intermédiaire d'Édouard Bocher. En 1867-1870, il tente d'acquérir le grand dessinHomère déifié (Musée du Louvre). En 1879, il acquiert en bloc la collection des quarante tableaux de Frédéric Reiset, dont trois chefs-d'oeuvre de l'artiste :Autoportrait à l'âge de vingt-quatre ans,Portrait deMme Duvaucey etVénus anadyomène[15].
Les princes de la maison d'Orléans lui restent attachés en raison principalement de ses liens avec le défunt prince royal[26].
Ingres se détache dunéo-classicisme par la subordination de la forme à l'expression, simplifiant ou déformant l'anatomie pour se rapprocher de l'expression du caractère individuel (DP). Il s'oppose aussi à l'enseignement officiel sur la nature du beau idéal. Pour l'Académie, celui-ci se traduit par un jeu de proportions canoniques, et la profondeur du savoir du peintre s'obtient par la connaissance de l'anatomie artistique, tandis qu'Ingres réprouve l'étude de l'intérieur du corps humain au profit de l'observation fine de la morphologie[27], qui aboutit à représenter non pas un idéal générique, mais celui correspondant à l'individualité du modèle, et pratique la simplification des formes, condamnant la représentation du détail à l'intérieur du modelé (DP).
Eugène Delacroix a d'abord applaudi Ingres ; il s'est montré, dans ses écrits, respectueux, voire admirateur de son ainé. SonJournal, publié après sa mort, le montre parfois satisfait de lui[29], mais après quarante ans de concurrence dans les Salons et les commandes publiques[30], plus polémique, lui reprochant son« goût mêlé d’antique et de raphaëlisme bâtard », auquel il dit préférer encore celui de l'École deDavid entendant sans doute par là que Ingres commet l’erreur de« se [croire] semblable àRaphaël en singeant certains gestes, certaines tournures qui lui sont habituelles[31] ».
Vincent van Gogh écrivait à son frèreThéo :« Un Ingres, unDavid, des peintres dont vraiment la peinture n’est pas toujours belle, combien ils deviennent intéressants, quand mettant de côté leur pédantisme, ils s’oublient à être vrais, à rendre un caractère[34]. »
Edmond de Goncourt, volontiers cinglant, dénigrera le tableauBain antique vu à l’expositionKhalil-Bey de 1867 en évoquant :« une mêlée de corpsmannequinés, avec des disproportions presque caricaturales, une assemblée de sauvagesses de la Terre de Feu, découpées dans du pain d’épice, des corps qui retournent à la primitivité embryonnaire des premières académies de l’art. » Quelque vingt ans plus tard, son avis n’a pas changé :« Et les pauvres petites misérables mines de plomb deM. Ingres, est-ce de l’art assezgringalet à côté des préparations deLa Tour, de la préparation deChardin […][35]! »
Paul Gauguin écrit à propos de Ingres que« cette froideur apparente qu’on lui reproche cache une chaleur intense, une passion violente. » Il admire chez le maître« un amour des lignes […] grandiose, et une recherche de la beauté dans sa véritable essence, la forme[37]. »
AuXXe siècle,Pablo Picasso fait plusieurs fois référence à son œuvre avec, en particulier, uneGrande odalisque d’après Ingres peinte en 1907 et déclare :« Il est notre maître à tous »[réf. nécessaire]. Il trouve dans Ingres« la simplification des formes et la pureté du trait[40] ».
Henri Matisse se réfère à sa« couleur presque compartimentée et entière », notant qu'il fut le premier à« utiliser des couleurs franches, sans les dénaturer[42] ».
Dans un autre genre,Man Ray lui rend hommage sur le thème des nus féminins de dos dans son célèbreViolon d’Ingres (vers 1920), photographie d’une modèle dénudée sur laquelle il a dessiné les ouïes de l’instrument de musique.
Son œuvre recouvre essentiellement trois genres, lapeinture d’histoire, principalement exécutées lors de son séjour italien, lesportraits et lesnus féminins.
Ingres attache au dessin une grande importance et déclarait à ce sujet :« Une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte[76]. » La galerie de portraits réalistes qu’il laisse, constitue un miroir de la société bourgeoise de son temps, de l’esprit et des mœurs d’une classe à laquelle il appartient et dont il trace les vertus et les limites. Ingres s’intéresse beaucoup à la texture des vêtements et desétoffes (velours,soie,satin,cachemire…) qu’il intègre dans ses œuvres afin de noter la classe sociale du personnage. Il s’inspire, à ses débuts, de l'esthétique de l’art grec, avant de se tourner vers une approche plus souple des courbes et des drapés. Ingres n'hésitait pas à accentuer l'anatomie de ses modèles pour atteindre son idéal de beauté ; ainsi, il rajouta trois vertèbres à saGrande Odalisque (DP).
Hector et Andromaque (?), graphite et lavis gris, H. 0,353; 0,510 m[78]. Il est d'usage de considérer ce dessin comme une étude pour l'épreuve du concours du prix de Rome de 1801 dont le sujet est les adieux d'Hector et d'Andromaque. Cette composition traduit sa formation dans l'atelier deJacques-Louis David.
Feuille de croquis, plume, encre brune sur calque brun. H. 0,200 ; L. 0,179 m[79]. Alors pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Ingres réalise ces croquis qui témoignent d'un projet d'envoi, une représentation d'Hercule et les Pygmées. Il délaisse cette idée pour uneVénus anadyomène, puis pourJupiter et Thétis.
Etude de figures, plume, encre brune sur calque. H. 0,057 ; L. 0,087 m[80]. Ce dessin pourrait être une première pensée pourŒdipe expliquant l'énigme du Sphinx, peint en 1808 comme envoi de Rome. C'est à la plume, d'un trait rapide, qu'Ingres traçait les premières lignes d'une composition.
Intérieur de l'église Sainte-Praxède à Rome, graphite, plume, encre brune, aquarelle, gouache et rehauts d'or. H. 0,254 ; L. 0,184 m[81]. Cette ambitieuse aquarelle reflète l'éblouissement d'Ingres lors de son séjour à Rome entre 1806 et 1820. Il y représente plus particulièrement la chapelle Saint-Zénon, avec son riche décor de mosaïque, témoignant de son goût pour le genre historique et pour l'architecture des premiers siècles de la chrétienté.
Etude de jeune homme nu assis [Raphaël peignant sur des tableaux de son maître], graphite. H. 0,360 ; L. 0, 270 m[82]. Cette feuille est une esquisse pour un des tableaux qui devaient composer un cycle sur la vie deRaphaël, jamais achevé. Cette étude fut exécutée d'après un modèle vivant dans lequel Ingres avait sans doute vu l'incarnation du type raphaélesque.
Etude de drapé pourJésus remet à saint Pierre les clefs du Paradis, pierre noire et rehauts de craie sur calque brun. H. 0,348 ; L. 0, 223 m[83]. Cette étude est à rattacher à l'abondante série de dessins préparatoires exécutés par Ingres pour ce tableau. La disposition des plis présente des similitudes avec le manteau de saint Paul placé derrière Jésus dans l'œuvre définitive.
Femme nue couchée et études de têtes et de bras, graphite. H. 0,210 ; L. 0,343 m[84].Verso: reprise de la même figure par transparence. La position de la femme nue n'est pas sans rappeler celle des allégories de huit villes au sein de l'Apothéosede Napoléon Ier, peinte au plafond du salon de l'Empereur dans l'ancien hôtel de ville à Paris (brûlé en 1871). Cette feuille témoigne du retour d'Ingres au thème des odalisques vers 1854, et de ses recherches à la fois réalistes et idéalisées du corps.
Portrait de madame Leblanc, graphite. H. 0,295 ; L. 0,220 m[85]. Inscription en bas à droite:offert à Madame Leblanc par son très humble serviteur Ingres. Ce portrait est traditionnellement identifié comme étant celui de sa destinataire, Françoise Leblanc (1788-1839). Cette hypothèse est étayée par la dédicace et la comparaison du visage avec d'autres portraits, notammentcelui réalisé par Ingres et conservé auMetropolitan Museum of Art à New-York.
Portrait de madame Ingres, née Madeleine Chapelle, cousant, graphite. H. 0,151 ; L. 0,125 m[86]. C'est à la dérobée qu'Ingres observe sa femme dans cette étude, livrant un rare exemple de portrait intime. Marie-Madeleine Chapelle, qui était modiste, est ici saisie dans une mise en page qui n'est pas sans évoquer la peinture hollandaise du Siècle d'or, et notammentLa Dentellière deJohannes Vermeer.
L'Iliade, graphite. H. 0,312 ; L. 0,214[87]. Cette feuille est une étude pour la figure de l'Iliade, assise à la droite d'Homère dans l'Apothéose d'Homère, qui était à l'origine un plafond réalisé pour le musée Charles X. Pour cette figure précise, Ingres s'inspira vraisemblablement d'un relief votif antique reproduit par Galestruzzi dans une estampe dont il possédait un exemplaire.
Etude pour le vœu de Louis XIII, pierre noire, graphite et rehauts de craie blanche[88]. Cette étude de tête et de bras d'enfant est à rattacher aux recherches menées par Ingres pourLe vœu de Louis XIII, recherches exigeantes sur la forme, reprise et perfectionnée.
Etude de draperies: deux variantes pour les plis d'un manteau, graphite. H. 0,353 ; L. 0,231 m[89]. Cette double étude de draperie fait partie du corpus des dessins préparatoires auMartyre de saint Symphorien, et montre les recherches du peintre pour le mouvement du manteau de saint Symphorien. Pour sa composition peinte, Ingres privilégie l'étude d'après le modèle vivant, multipliant les dessins préparatoires où chaque figure et drapé sont étudiés avec soin.
Saint Philippe, graphite. H. 0,400 ; L. 0,171 m[90]. EtSainte Radegonde, graphite. H. 0,372 ; L. 152 m[91]. Ces deux études sont préparatoires aux vitraux de lachapelle commémorative Saint-Ferdinand bâtie pour rendre hommage au duc d'Orléans, fils de Louis-Philippe et Marie-Amélie de Bourbon, mort en 1842, et à un vitrail de lachapelle royale de Dreux consacrée à sainte Radegonde, épouse de Clotaire Ier. La fabrication des vitraux, d'après les cartons d'Ingres, fut confiée aux peintres verriers de la manufacture de Sèvres.
Feuille d'études, plume sur papier vergé. H. 0,152 ; L. 0,114 m[92].Verso : figure drapée à mi-corps à la plume, encre brune. Ce dessin rapide à la plume évoque la figure de Jupiter chevauchant un aigle qui apparaît dans l'aquarelle collée sur cuivreLa Naissance de la dernière muse (Louvre), présentée au Salon de 1859.
Autoportrait de l'artiste à la fin de sa vie, graphite. H. 0,194 ; L. 0,147[93]. Ce dessin est à rapprocher de trois de ces autoportraits peints au cours de la dernière décennie de sa vie et notammentcelui de 1859 conservé au Fogg Art Museum, conçu comme un pendant de celui de sa femme Delphine Ramel. La pose choisie est empruntée à l'Autoportrait à l'âge de 63 ans deRembrandt.
Jean Charles Auguste Simon, dit Simon fils (23 septembre 1802- 23 septembre 1803), pierre noire, estompe et rehauts de craie banche sur papier vélin crème, 40,8 x 35,9 cm[94].
Jean Charles Auguste Simon, dit Simon fils, 1806, crayon de graphite-antimoine sur papier vélin crème, 26,9 x 21,5 cm[95].
Après la mort accidentelle du prince d’Orléans le 13 juillet 1842, le roi et la reine décident d'élever une chapelle sur les lieux de l'accident, la chapelle Saint-Ferdinand, aujourd'huiéglise Notre-Dame-de-Compassion de Paris. Ils chargent Ingres de la réalisation de l'ensemble desvitraux. Ce dernier réalise dix-sept cartons en moins de deux mois, dont quatorze grandes figures en pied à grandeur d'exécution pour la manufacture de Sèvres[25].
Très satisfait, Louis-Philippe lui commande dès juillet 1843, neufs cartons pour lachapelle royale de Dreux. Il en réalise sept pour 7 000 francs[96].
Le duc d'Aumale lui commande une suite de vitraux pour la chapelle duchâteau de Chantilly en octobre 1847 qui ne sera jamais réalisée[25].
Lorsqu'en septembre 1847, les cartons de ses différents vitraux sont exposés au musée du Luxembourg, les critiques condamnent la ressemblance des visages des saints avec ceux de la famille royale, le journal légitimisteL'Ami de la religion évoquant« une espèce de canonisation usurpée ». Les médiévistes lui reprochent le fait que les études soient grises, un vitrail devant être coloré, en verre épais. Ils ne comprennent pas ce nouvel art du vitrail, loant tout au mieux le dessin du maître. Ingres réalise un tour de force en réalisant ces vitraux avec une rapidité d'exécution inhabituelle et une variété stupéfiante dans les compositions[96].
Les figures ont très variées dans leurs attitudes et compositions. Elles présentent toutes un même fond bleu, sont dignes et hiératiques, à l'exception de l'archangeRaphaël, à la silhouette dansante, représenté dans un geste d'orant, les mains au-dessus de la tête[97].
Ces commandes conduisent Ingres à s'intéresser à l'art du vitrail, travaillant avec les maîtres verriers de la manufacture de Sèvres, collaborant avecLouis Robert, directeur de l'atelier de peinture, l'amenant à apporter une contribution majeure au renouveau de l'art du vitrail auXIXe siècle et à l'élaboration d'une nouvelle école du vitrail[98].
Du 5 février au 31 mai 2009 au musée national des beaux-arts du Québec et du 3 juillet au 4 octobre 2009 au musée Ingres de Montauban, expositionIngres et les modernes[44].
↑« Fille de Mathieu Lambert Chapelle, menuisier, et de Jeanne Nicaise, elle a été baptisée en l'église Saint-Alpin de Châlons le. » Cité par François Lefèvre in « Le peintre Ingres et Châlons-en-Champagne »,Bulletin de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, n°49, printemps 2017.
↑Christian Jamet,Quelques anciens du petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin : Portraits et témoignages, Orléans, Orsud,, 106 p.(ISBN9782954555935)
↑a etbIngres et les modernes (Catalogue de l'exposition organisée conjointement par le Musée national des beaux-arts du Québec et le musée Ingres de Montauban en 2009), Paris, Somogy, éditions d'art,, 336 p.(ISBN978-2-7572-0242-5),p. 264
« À l'occasion de l'année Ingres, Bernard Fauchille, le directeur des musées de Montbéliard, a choisi de présenter « Bonjour Monsieur Ingres » au musée d'art et d'histoire Beurnier-Rossel.Cette exposition se compose de dessins et de peintures réalisés entre 1982 et 2006 par Braun‑Vega à partir des tableaux de jean-Auguste-Dominique Ingres. »
↑Georges Vigne et M-H Lavallée,Les élèves d'Ingres, [catalogue de l'exposition du musée Ingres de 1999].
↑Prix de Rome en sculpture en 1832, devient son élève à la demande d'Ingres.
↑Les Beaux-Arts de Paris possèdent une importante collection de dessins d'Ingres. Voir, Emmanuelle Brugerolles (dir.),Ingres et ses élèves, Carnets d’études 39, Beaux-arts de Paris éditions, 2017.
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane,Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts,, 470 p.(ISBN9 788836 651320), n°153
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane,Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts,, 470 p.(ISBN9 788836 651320), n°154
Ingres - Petit Palais, 1967, Paris,Réunion des Musées nationaux, 359 pages (catalogue de la rétrospective Ingres présentée auPetit Palais d'octobre 1967 à janvier 1968) ;
Vincent Pomarède, Stéphane Guégan,Louis-Antoine Prat, Eric Bertin (dir.),Ingres (1780-1867), coéditionGallimard / musée du Louvre Éditions, 408 pages, 325 illustrations en couleurs, Paris, 2006(ISBN2-35031-051-5) (catalogue de la rétrospective Ingres présentée auMusée du Louvre de février à mai 2006) ;
SébastienAllard et Marie-ClaudeChaudonneret,Ingres : la réforme des principes : 1806-1834, Lyon, Fage,, 168 p.(ISBN2-84975-073-5).
Mathieu Deldicque et Nicole Garnier-Pelle,Ingres : L'artiste et ses princes, Paris/Chantilly/impr. en Lettonie, In Fine éditions d'art, château de Chantilly,, 289 p.(ISBN978-2-38203-119-3).
Henry Lapauze,Les dessins de J-A-D. Ingres du Musée de Montauban, préface de Henry Roujon, édit. JE. Bulloz, 1901, 308 p.
Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Charles Blanc 1902.
Henry Lapauze,Le roman d'amour de M. Ingres, Éd. P. Laffitte, 1910, 226 p.
HenryLapauze,Ingres, sa vie et son œuvre (1780-1867) : D'après des documents inédits, Paris, Imprimerie Georges Petit,(BNF30738139,lire en ligne),chap. II.
Georges Vigne,Les dessins secrets de Monsieur Ingres,Toulouse, Le Pérégrinateur Éditeur, 1997.
Georges Vigne,« Ingres de 1700 à 1806 Enfance et adolescence Montauban, Toulouse et paris, 1780-1806 », dans Mathieu Deldicque et Nicole Garnier-Pelle,Ingres. L'artiste et ses princes, In Fine éditions d'art, château de Chantilly,(ISBN978-2-38203-119-3).
Georges Vigne,« Premier séjour italien - Rome et Florence, 1806-1824 », dans Mathieu Deldicque et Nicole Garnier-Pelle,Ingres. L'artiste et ses princes, In Fine éditions d'art, château de Chantilly,(ISBN978-2-38203-119-3).
Ingres et sa postérité jusqu'à Matisse et Picasso, [catalogue d'exposition], Montauban, musée Ingres, 1980.
Ingres et les modernes (Catalogue d'exposition), Québec (Canada)/Paris/Montauban, Somogy, Musée national des beaux-arts du Québec, Musée Ingres,, 336 p.(ISBN978-2-7572-0242-5)