L'iconographiehindoue permet de reconnaître la représentation d'un dieu, sa forme (murti) ou d'autres êtres. Celle-ci fait l'objet d'un culte, notamment ledarshan, la vision cultuelle. Cette adoration des images est ancienne.« Certains pensent que l'adoration des images provient du fait que les disciples du Bouddha auraient désiré vénérer son image après sa mort, mais il semble que la vénération des images par les hindous serait antérieure au Bouddha[1]. »Patanjali parle de« fixer son attention sur un objet extérieur[2] » et le grammairienPanini semble faire allusion à des représentations qui ne seraient pas vénales mais voués au culte[2]. Lamurti est reconnaissable à ses attributs (āyudha), ses postures, ses coiffures, ses montures et sesmudras[3], qui sont des positions de doigts et de mains, incluses dans leyoga et leNâtya-shâstra. Les attributs des dieux dans l'iconographie hindoue peuvent être interprétés symboliquement par les fidèles de manière à leur donner des éclairages sur leur foi. Ainsi beaucoup de représentations deGanesh, le montrent avec sa monture, le rat, à ses pieds peut signifier qu'il dominait son ego, symbolisé par le rat. Le darshan est la vue, le regard porté par le fidèle envers les yeux d'une statue, d'une image d'une divinité. Ce contact est censé apporté des bénédictions au croyant et la paix intérieure[4]. La murti peut être sur une image en papier ou une statue en bois, pierre, métal. Les prières dites alors sont auspicieuses et s'inscrivent dans lebhakti yoga, une des voies de la réalisation de l'hindouisme pour atteindre l'éveil, lemoksha. Des messages, des prières spécifiques peuvent être ainsi transmis aux dieux[5]. Les représentations peuvent également êtreaniconiques, telles que lesyantras, le signeOm̐, et leslingams deShiva, qui font partie également de l'iconographie hindoue.
Les sources écrites de l'iconographie peuvent être des textes techniques, tels que lesShilpashastra, qui traitent des représentations plastiques proprement dites, lesVastushastra,Traité des habitations, traitant plus généralement de l'habitat, qui contiennent des chapitres traitant de ces représentations[6]. Certains traités encyclopédiques tels laBrihat-Samhita deVarahamihira contiennent un chapitre sur l'iconographie. Les textes religieux, tels que les épopées (leMahabharata et leRamayana), lesPurana,Tantra et autres, tels lesMahatmya, qui peuvent être plus exactement liés à un ensemble de légende d'un lieu et/ou d'un dieu en particulier, contiennent également beaucoup de descriptions des représentations divines[7]. Les "vers de méditations" (dhyana-shloka), des vers mnémotechniques permettant de visualiser une divinité, bien qu'ils soient généralement d'origine tantrique, sont récités par des fidèles d'autres identités religieuses et servent de source à de nombreuses représentations[8]. Lanumismatique peut également donner des indications quant à l'iconographie de Dieux précédant l'apparition de leur représentation sur les temples qui nous est restée[9]. Parfois, ce sont les représentations elles-mêmes qui sont accompagnées d'un inscription descriptive.
Les attributs des dieux sont appelés ayudha (IAST :āyudha), armes, bien que ceux-ci ne soient pas des toujours des armes, mais d'autres objets, tels que des lotus, la conque (shankha), etc. Les attributs de dieux particuliers ont fréquemment un nom propre (l'arc deShiva s’appelleajagava oupinaka, celui deVishnuśṛṅga, celui d’Arjunagandiva, etc.) et ils peuvent prendre une forme humaine (attribut humain,ayudha purusha), comme le disque (chakra) et la massue (gada) de Vishnu qui sont alors nomméschakra-purusha etgada-devi. Ils peuvent également être simplementmimés par la position des mains (mudra), comme la flûte deKrishna dans de nombreux bronzes. L'un des principaux textes traitant d'iconographie, leVishnudharmottara recommande au peintre et au sculpteur d'étudier la danse[10], qui par desmudra mime de manière stylisée actions et objets.
Les montures (vāhana) des dieux, tels que l'aigle (Garuda) deVishnou, le taureau (Nandi) de Shiva, lemakara deVaruna etGangâ sont également représentatifs de ceux-ci.
Comme enyoga les postures s'appellentasana (IAST:āsana), terme signifiant« posture, manière d'être assis »[11], mais désignant techniquement toutes les postures.
Ce mot signifiant également « siège », les textes peuvent parfois être sujet à interprétation, en particulier pour l'expressionpadmasana, « position du lotus » qui peut également signifier « siège de lotus », sur lequelLakshmi se tient ou s'assoit fréquemment. Pour les sculptures, ces sièges ou trônes (également appeléspitha) sont stylisés. Les trônes à bases rectangulaires sont appelés bhadra et ceux à quatre pieds en formes de lions stylisés simhasana[12].
Les gestes (mudra et hasta) les plus fréquents chez les dieux sont l'abhaya-mudra, signifiant « n'aie pas (a) crainte (bhaya) » montrant la main levée paume vers l'extérieur et lavarada-mudra, signifiant le « don (da) de faveur (vara) » où la main est tendue vers le bas, paume à l'extérieur. Les serviteurs et adorateurs joignent les deux mains, comme pour saluer, l'anjali-mudra.
Les coiffures sont également des indices de l'identité comme des fonctions des dieux. La coiffure de tresses en chignon (jata-mukuta) est caractéristique des ascètes, comme deShiva, deBrahma ou deParvati pratiquant l'ascèse. La tiare ornée d'un diadème (kirita-mukuta) orneVishnu et fréquemment sesavatars (Lorsqu'il pratique l'ascèse,Râma peut aussi porter le jata-mukuta). Les déesses ont souvent une coiffure en forme de corbeille, lekaranda-mukuta.
Certaines parures, telles que le joyaukaustubha (en) ou la guirlande de fleurs (vana-mala) deVishnou sont caractéristiques des personnages représentés.
Jan Van Alphen,Images de l'Hindouisme,Musées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles, 1987