L'hyperthyroïdie (appelée aussi dans des cas très prononcés — graves et rares —thyréotoxicose outhyrotoxicose) est lesyndrome clinique causé par un excès dethyroxine libre circulante (FT4) ou detriïodothyronine libre (FT3), ou les deux.
L'hyperthyroïdie consiste en l'augmentation des taux de T3 et de T4 dans le sang. Si cette hypersecrétion est secondaire à une maladie de la thyroïde (ce qui est vrai dans la quasi-totalité des cas), la TSH est effondrée (par rétrocontrôle)
La cause la plus fréquente chez le sujet jeune est lamaladie de Basedow et chez le sujet âgé, le nodule toxique ou le goitre multinodulaire, surtout si l'apport iodé de la nourriture est insuffisant[3]. Lesthyroïdites, entraînant le relargage d'hormones thyroïdiennes à la suite de la destruction cellulaire, comptent pour 10 % des hyperthyroïdies[4].
C'est la première cause d'hyperthyroïdie en termes de fréquence. Elle est plus fréquente chez la femme jeune. On retrouve de manière non constante un souffle à l'auscultation de la glande thyroïde qui est augmenté de volume, un discret gonflement des parties molles de la jambe (myxœdème prétibial) ou des globes oculaires légèrement proéminents (exophtalmie). Le diagnostic est fait en présence deTSI (Thyroid stimulating immunoglobulins) dans le sang des patients. La structure de cette TSI est proche de celle de laTSH et stimule ainsi la production d'hormones thyroïdiennes par la glande.
Lenodule toxique dePlummer est évoqué devant lenodule isolé de la glande thyroïde qui peut parfois être palpé et surtout, par la fixation d'iode radioactif de ce dernier de manière exclusive à lascintigraphie thyroïdienne, le reste de la glande n'étant plus visualisé. Il devient une cause importante d'hyperthyroïdie chez la personne âgée. Son traitement demande l'éradication du nodule, que cela soit par chirurgie ou par iode radioactif.
survenir après un accouchement (assez fréquente puisqu'elle concerne jusqu'à 10 % des parturientes, le plus souvent très discrète et guérissant sans séquelle).
Elle évolue parfois vers une hypothyroïdie (diminution des hormones thyroïdiennes) régressive.
La scintigraphie montre alors l'absence totale de fixation de l'iode radioactif (scintigraphie blanche).
legoitre multinodulaire : le goitre est révélé à l'examen clinique de la glande, il peut être suffisamment important pour causer des compressions des structures adjacentes. La fonctionnalité des nodules est affirmée par la scintigraphie thyroïdienne. Le traitement est essentiellement chirurgical : l'utilisation d'iode radioactif peut faire disparaître l'hyperthyroïdie clinique mais ne parvient pas, en règle générale, à faire diminuer le goitre[5] ;
l'association d'une maladie de Basedow et de nodules fonctionnels (syndrome de Marine-Lenhart)[6] ;
effet secondaire de la prise de certains médicaments, surtout du fait de leur richesse en iode dans le principe actif ou les excipients : antiseptiques contenant de l'iode (polyvidone), produits de contraste de radiologie, etc. L'amiodarone peut donner également des hypothyroïdies. L'hyperthyroïdie de l'amiodarone est plus fréquente dans les régions avec apports iodés insuffisants[7]. Elle impose l'arrêt de ce médicament lorsque c'est possible, en sachant que sa demi-vie prolongée (plus de 100 jours) fait que l'imprégnation en médicament va persister très longtemps.
La plupart des signes restent non spécifiques ou peuvent être discrets. La sévérité des signes est corrélée avec les taux hormonaux[8]. Ils sont toutefois plus frustes chez la personne âgée[9].
L'hyperthyroïdie peut se manifester par tout ou partie des signes ci-dessous.
Unpouls irrégulier pouvant correspondre à unefibrillation auriculaire, cette dernière pouvant être présente même en cas d'hyperthyroïdie dite sub-clinique[12].
Destremblements fins des extrémités, conséquence de l'excès de circulation sanguine rapide du sang (Attention, ce tremblement n'est pas d'origine neurologique !).
Le tout peut se compliquer soit :
d'uneinsuffisance cardiaque typiquement à haut débit, régressive le plus souvent après normalisation des hormones thyroïdiennes mais pouvant aboutir à des séquelles dans un tiers des cas[13] ;
Il existe une diminution de la force musculaire (myopathie endocrinienne) avec parfois diminution de la taille des muscles (atrophiemusculaire)[15].
La maladie peut se présenter sous forme dedépression ou irritabilité.
Dans les formes graves, l'hyperthyroïdie peut entraîner uncoma, des mouvements anormaux sous forme dechorée[16], des troubles du comportement pouvant ressembler à unepsychose.
L'hyperthyroïdie, même modérée (dite sub-clinique) peut se compliquer d'une décalcification osseuse (ostéoporose secondaire)[18].
Certaines thyrotoxicoses peuvent ainsi faciliter unsaturnisme inattendu, via une contamination de l'organisme par relargage duplomb antérieurement stocké dans les os[19]. Dans ce dernier cas, l'augmentation de la plombémie est accompagnée d'une augmentation du taux sérique d'ostéocalcine qui reflète l'augmentation duremodelage osseux qui accompagne souvent l'hyperthyroïdie[19]. Inversement ou en retour le plomb pourrait affecter la thyroïde en inhibant la captation d'iode, phénomène d'abord observé chez l'animal puis confirmé chez l'Homme dans les années 1960[20],[21], y compris dans un cas d'intoxication saturnine liée à la présence d'une balle en plomb non extraite de l'organisme[22]. On observe une élévation de l'hormoneTSH ou une chute de lathyroxine sérique et libre, en cas d'exposition chronique et plutôt quand la plombémie dépasse 60 µg/100mL[23].
Le diagnostic est établi par un examen sanguin : mesure du taux deTSH dans le sang. Un taux effondré deTSH est spécifique d'une hyperthyroïdie périphérique (l'immense majorité des hyperthyroidies, secondaire à une atteinte de la thyroïde). Le diagnostic est confirmé par une mesure du taux de T3 libre et T4 libre sanguin que l'on retrouve augmenté. L'augmentation de ces deux hormones peut cependant être dissociée avec des cas rares d'hyperthyroïdie à T3, la T4 étant normale[24]. Si la TSH est basse et la T4 et T3 sont normales sur des dosages répétées, on parle d'« hyperthyroïdie infraclinique ».
Une fois le diagnostic fait, il reste à rechercher la cause. Il est indispensable de doser lesanticorps spécifiques (Anticorps anti-récepteur de la TSH, anti-thyroglobuline, anti-thyropéroxydase « anti-TPO ») et de réaliser un examen d'imagerie de la thyroïde :échographie (par ultrasons) ouscintigraphie (par injection d'un isotope radioactif qui se fixe sur la glande thyroïde et dont le rayonnement est détecté par une caméra à scintillations). Ces examens précisent l'aspect de la glande et la répartition géographique de son activité (fixation à la scintigraphie).
La prise en charge de l'hyperthyroïdie a fait l'objet de la publication derecommandations par l'American Thyroid Association en 2016[25]. Les recommandtions européennes concernent plus spécifiquement la maladie de Basedow et datent de 2018[26].
Le choix du traitement dépend de la cause, de la sévérité et du terrain.
Un traitement d'urgence est l'ingestion desolution saturée d'iodure de potassium (SSKI), un fort taux d'ion iodure permettant de stopper temporairement la sécrétion de thyroxine par la thyroïde.
Elle consiste en l'ablation de la totalité ou d'une grande partie de la glande thyroïdienne. La chirurgie se doit de respecter lesglandes parathyroïdes de petite taille et situées en arrière de la thyroïde. Elle doit également passer en dehors dunerf récurrent qui remonte en arrière de la glande. La section de ce nerf peut entraîner un changement de la voix (dysphonie) du fait qu'il innerve les cordes vocales.
Dans le cas de l'hyperthyroïdie, uneradiothérapie métabolique peut être prescrite. Il s'agit de l'ingestion d'iode 131 radioactif qui va se fixer sur la glande thyroïde et la détruire. Ce traitement n'est proposé qu'à certaines formes de maladie de Basedow et est naturellement inefficace en cas de non fixation de l'iode sur la glande (scintigraphie blanche).
Elle expose à un risque d'hypothyroïdie (comme la chirurgie par ailleurs) qui est facilement traitée par la prise d'hormones thyroïdiennes.
Il s'agit de médicament inhibant la production d'hormones thyroïdiennes, comme leméthimazole (aliasthiamazole), lecarbimazole ou lepropylthiouracile. Le délai d'efficacité peut être long. Deux techniques de prescription peuvent être utilisés : la titration (ou recherche de la dose minimale efficace) ou la prescription à doses importantes conduisant à unehypothyroïdie et à une substitution hormonale associée[27].
Elle est définie par un taux bas de TSH et un taux normal de T4 libre et de T3 totale[28]. Plus de la moitié des hyperthyroïdies sont sub cliniques et leur prévalence serait de 0,7 % aux États-Unis[29].
Un traitement systématique d'emblée n'est pas recommandé : une surveillance régulière du taux des hormones doit être faite et le traitement débuté à l'élévation de ces dernières[25].
C'est l'une desmaladies hormonales les plus fréquentes chez le chat, souvent provoquée par unetumeur bénigne (non cancéreuse) de la thyroïde. Cette maladie a été décrite pour la première fois dans les années 1970.
↑Wustmann K, Kucera JP, Zanchi A et al.Activation of electrical triggers of atrial fibrillation in hyperthyroidism, J Clin Endocrinol Metab, 2008;93:2104-2108
↑Siu CW, Yeung CY, Lau CP, Kung AW, Tse HF,Incidence, clinical characteristics and outcome of congestive heart failure as the initial presentation in patients with primary hyperthyroidism, Heart, 2007;93:483-487