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Hyacinthe de Bougainville | ||
![]() Hyacinthe de Bougainville, vers 1830. | ||
Naissance | àBrest | |
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Décès | (à 64 ans) àParis | |
Origine | ![]() | |
Allégeance | ![]() ![]() ![]() | |
Arme | ![]() ![]() | |
Grade | contre-amiral | |
Distinctions | Chevalier de Saint-Louis Commandeur de la Légion d'honneur Baron de l'Empire | |
Famille | Famille de Bougainville | |
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Le baronHyacinthe Yves Philippe Florentin de Bougainville est unamiralfrançais, né àBrest le et mort àParis le(à 64 ans).
Hyacinthe de Bougainville, né àBrest le[1], est le fils du navigateurLouis-Antoine de Bougainville[2], qui s’est illustré en effectuant en 1766-1769 le premier tour du monde organisé par laMarine royale, et de Marie-Joséphine Flore de Montendre, qui passe pour une des plus jolies femmes de son temps[3]. Il n'a pas encore dix-huit ans quand, le4frimaireanVIII (), il est admis à l'École Polytechnique[4],[5]. Le mathématicienHachette, adjoint deMonge dans le département consacré à lagéométrie descriptive, précise dans saCorrespondance sur l'École impériale Polytechnique que Bougainville fait partie de la promotion 1799 de l'An VIII[6],[Note 1].
Pourtant huit mois plus tard, le1erthermidoranVIII ()[4], Bougainville donne sa démission sans achever sa scolarité, mais il peut néanmoins s’honorer du titre d'ancien élève[8] que lui confèreFourcy, bibliothécaire et secrétaire du Conseil d'administration de l'École polytechnique (1818-1842), qui est le premier à proposer, en annexe de son ouvrage, une liste générale des anciens élèves à propos de laquelle il observe :« Il n’est pas douteux qu’une liste générale des anciens élèves de l’Ecole polytechnique ne soit agréable à ceux qui peuvent s’honorer de ce titre[9] » !
La démission de Bougainville ne manque pas de surprendre et l'on peut supposer qu’elle est provoquée par la perspective, évidemment fort intéressante pour un jeune homme de dix-neuf ans, de participer auvoyage de découvertes aux terres australes sous les ordres deNicolas Baudin, à la préparation duquel, sur le plan scientifique, l’Institut, récemment créé en1795 pour remplacer les anciennes académies supprimées par laConvention, joue un rôle déterminant en créant à cet effet une commission comprenant lafine fleur des savants de l’époque :Lacépède,Jussieu,Laplace,Cuvier,Bougainville,Fleurieu,Bernardin de Saint-Pierre, et quelques autres moins célèbres. C’est la première fois, dans l’histoire des voyages de découvertes, qu’est mis à contribution un tel nombre de sommités scientifiques, chargées de préparer les instructions qui seraient données au chef de l’expédition[10].
Cette démission s'accompagne d'une nomination simultanée en au grade d'aspirant de Marine de2e classe, suivie d'un ordre d’embarquement[11] daté du28thermidoranVIII () sur la corvettele Géographe que commandeBaudin[12]. L'expédition appareille duHavre le27vendémiaireanIX () pour unvoyage qui s'achève pourle Naturaliste, après une campagne de trente-deux mois, le18prairialanXI () auHavre, d'où il est parti deux ans sept mois et dix-huit jours auparavant[13], pourle Géographe àLorient, le4germinalanXII (), après une campagne de quarante-deux mois[14] et un périple de 63 000milles.
Bougainville s’entend très mal avec son chef sorti du rang, d’origine modeste, qui a progressé dans la marine marchande, à défaut d’être accueilli selon ses mérites dans laMarine royale et s'est même fait un temps mercenaire au service de l’empereur d’Autriche. Il n'est pas le seul, car le caractère irascible et maladroit deBaudin lui aliène tout son état-major d’officiers et de “savants” ; le jeune astronomeBernier écrit de lui :« grave et solitaire, il repoussait tout le monde par ses manières brusques et malhonnêtes[15] ». Cela n'empêche pas Baudin de promouvoir le jeune officieraspirant de1re classe provisoire le àTimor[12].
Il participe avec ardeur auxlevés hydrographiques conduits par l’expédition et est particulièrement apprécié de son dernier chefHamelin. Dès le retour auHavre duNaturaliste, où Bougainville est passé le[12] auport Jackson[a 1], après queBaudin a décidé de le renvoyer en France pour le remplacer parle Casuarina, il est effet promuenseigne de vaisseau le3brumaireanXII ()[16], en même temps que son camarade d'expéditionMaurouard qui l'a accompagné au retour.
Entre-temps,Bonaparte projette de mener l'invasion de l'Angleterre et tout le pays se mobilise pour armer la flotte de l'armée d'Angleterre. Bougainville est affecté fin1803 à laflottille de Boulogne puis à l’état-major de l’amiralBruix avant de faire partie de la délégation de marins qui se rend ausacre de Napoléon Ier. Il commande ensuite la8e division de la flottille, puis lacanonnière 114[17] et participe à un combat au large ducap Gris-Nez. Embarqué en 1807 sur la frégatela Revanche, il fait campagne pour chasser les pêcheurs anglais des côtes duGroenland et est promulieutenant de vaisseau le[18].
Officier de manœuvre sur le vaisseauCharlemagne[19] à l’escadre de l’Escaut[20] en 1808-1809 Bougainville commande ensuite les corvettesle Hussard[21] etl'Égérie[22]. Le, à vingt-neuf ans, il est promu capitaine de frégate[23], un avancement tout à fait exceptionnel, et faitbaron d’Empire le suivant[24].En il prend le commandement de la frégatela Cérès àBrest. Partie de Brest avecla Clorinde en,la Cérès est attaquée au large des côtes duBrésil, face àRio de Janeiro, par deux vaisseaux anglais et capturée. Fait prisonnier le[25] et conduit en Angleterre, Bougainville est libéré à lapaix de mai 1814, traduit devant unconseil de guerre où il est acquitté[3],[11].
Malgré une première carrière prometteuse sous lerégime impérial, Bougainville se rallie apparemment sans difficulté à laRestauration au retour desBourbons. Sa carrière ne subit aucune interruption puisqu’en 1816 il est affecté comme second sur la frégatela Cybèle envoyée en campagne d’abord àTerre-Neuve, puis dans l’océan Indien et enmer de Chine, spécialement sur les côtes de l’Annam et duTonkin où les négociants français, surtout bordelais, essaient de reprendre des activités commerciales. Débarqué malade àManille[a 2] en, il rentre en France sur un navire marchand en pour prendre l’année suivante le commandement de laflûte de chargela Seine envoyée auxAntilles et sur les côtes d’Amérique du Nord[3].
Promucapitaine de vaisseau le[26], Bougainville prend en le commandement dela Thétis, une grossefrégate de quarante-quatre canons, avec laquelle il va d’abord effectuer trois campagnes enMéditerranée et auxAntilles avant d’entreprendre un tour du monde de à dont il fait le récit détaillé publié en1837. Il s'agit d'un voyage non plus à but « purement scientifique » comme l'expédition Baudin desa jeunesse mais, pour« montrer le pavillon du roi dans les mers où notre commerce cherche à s’ouvrir des débouchés » et de s’efforcer de développer dans ces régions « des sentiments d’estime et d’amitié pour la France », selon les instructions[27],[3] remises à Bougainville par leministreClermont-Tonnerre, qui l'a côtoyé à l'École polytechnique où il devient son ami[28],[29]. Il doit notamment faire escale àTourane en qualité d’envoyé du roi de France pour remettre à l’empereur d’Annam une lettre deLouis XVIII et un ensemble de cadeaux préparé parChateaubriand,ministre des Affaires étrangères.
Bougainville appareille deBrest le, puis fait une brève escale àSanta Cruz de Ténériffe[30],[a 3] qu'il quitte le[31]. Après avoir franchi l'équateur le[32],[33], doublé lecap de Bonne-Espérance[a 4] le,la Thétis arrive le à l’île Bourbon[34] où elle retrouve lacorvettel’Espérance venant deRio de Janeiro[a 5] pour continuer le voyagede conserve[35]. Les deux navires mettent le cap surPondichéry[36],[a 6] qu'ils quittent le pour gagner ledétroit de Malacca[37],[a 7] après avoir traversé l’archipel des Nicobar[38],[39] et le, ils arrivent au poste anglais dePulau Pinang[40],[41],[a 8] à la population très cosmopolite de sorte que« l’Éternel y est-il adoré de vingt manières différentes et voit-on s’élever dans l’enceinte de la ville des temples protestants, hindous, chinois, une église catholique, des chapelles de missions et des mosquées[42] ».
Bougainville s’engage ensuite dans ledétroit de Singapour et le, il mouille àSingapour[43],[a 9] dont il donne la première description française. Après un départ le lendemain, les deux navires font escale àManille[44] qu'ils atteignent le au mouillage deCavite[45],[46],[a 10]. Les réparations del’ Espérance – refonte entière de lapoulaine,beaupré hors de service[47] – prennent beaucoup de temps d'autant plus que le éclate un « ty-foong[48] » qui n'arrange pas les choses, si bien quela Thétis appareille seule le[49] pourMacao[50] où elle mouille le[51]. Bougainville ne pousse pas jusqu’à Canton mais les renseignements qu’il obtient le persuadent que tout le commerce des deux villes, véritables poumons commerciaux de laChine est entre les mains desAnglais et desAméricains, l’opium et l’argent y tenant une place considérable[52]
Le,la Thétis atteintTourane[53],[54] ; conformément aux instructions reçues au départ, Bougainville tente de renouer les contacts avec l’empereur d’AnnamMinh Mạng, mais les négociations s'avèrent difficiles en raison de l’absence du consul de FranceChaigneau avec lequel il doit« se concerter particulièrement » et« n'agir que d'après les directions de cet agent politique[55] ». Il ne peut obtenir l’audience impériale espérée et plusieurs entretiens avec des marchands n’aboutissent qu’à des échanges de cadeaux et à des déclarations de bonnes intentions. Rejointe parl’ Espérance réparée,la Thétis quitte Tourane le pour prendre la route du sud et, le, elle arrive en vue desîles Anambas[56], au large de laMalaisie[57], enfin le sur la côte nord deJava, devant le port deSurabaya[58],[59],[a 11]. H.de Bougainville est le premier à cartographier les îles de l’archipel des Anambas[60].
Bougainville est somptueusement reçu par le sultan de l’île deMadura[61] dans l'archipel desgrandes îles de la Sonde.
Après cette agréable escale,la Thétis etl’Espérance reprennent la mer vers ledétroit de Lombok[62] pour gagner les côtes occidentales de l’Australie que Bougainville visitait vingt-trois ans auparavant avec l’expédition Baudin. Les deux navires contournent le continent par l’ouest et le sud, passent au large de laTasmanie. Le mauvais temps ne leur permet pas de relâcher àHobart[63], et en ce, dixième anniversaire deWaterloo, Bougainville éprouve :« un vif mouvement de dépit en pensant que ce point si favorable au commerce et à la navigation des mers australes était devenu le partage d’une autre nation éclairée par nos travaux mêmes sur l’importance dont il pouvait être[64] ». Le, la vigie signale le phare duPort Jackson[65],[a 1] : c’est l’arrivée àSydney[66],[a 12] où le séjour dure près de trois mois.
Bougainville est ébloui par les progrès réalisés depuis1802 par cette colonie« parvenue à ce point de croissance, qu'elle peut sans danger s'essayer à marcher seule et se passer du secours de la mère patrie[67] ». Très bien accueilli par legouverneur généralSir Thomas Brisbane, il analyse avec lucidité la politique anglaise dans cette région du monde et les causes de son succès :« Ce génie, c'est celui de laGrande-Bretagne, celui de la nation de notre époque, qui possède au plus haut degré la science de la colonisation. ... Le grand secret de tous ces prodiges, c’est l’esprit de suite et de prévoyance, parfaitement secondé à la vérité par le caractère aventureux de nos voisins d’outre-mer [outre-Manche], leurs habitudes cosmopolites et les facilités qu’ils trouvent à s’y livrer dans l’extension prodigieuse de leur commerce[68] ». Au moment de quitter le pays il note en conclusion :« La Nouvelle-Galles du Sud est le chef-d’œuvre de l’esprit de colonisation et c’est plutôt à imiter qu’à détruire un si bel édifice que doivent tendre les efforts et le vœu de tout peuple civilisé[69] ».
Les deux navires appareillent de Sydney le pour traverser lePacifique sud d’une seule traite et arriver le àValparaiso[70],[a 13] dont Bougainville fait une description peu séduisante[71]. Le[72],la Thétis etl'Espérance prennent la route duCap Horn[73] qu’elles franchissent le, sans le voir en raison du gros temps[74], pour gagner lesîles Malouines, toujours inhabitées, où ne subsistent que quelques ruines de l’établissement crée en1764 parson père[75]. Le, c’est l’arrivée àRio de Janeiro[76],[a 14],[77] pour un séjour de trois semaines. Bougainville analyse la situation politique nouvelle qu'a créée la proclamation d’indépendance du Brésil le, suivie du couronnement le de l'empereurPierre Ier ; il déplore« l'uniformité de la vie que l'on mène en cette ville, la plus triste et la plus maussade du monde pour les étrangers[78] », mais fait observer que« cette contrée si fertile et si heureusement située n’attend que des bras et des institutions vraiment libérales pour prendre rang parmi les empires les plus florissants[79] ».
« La Thétis etl'Espérance firent leurs préparatifs de départ dans les premiers jours d'avril pour retourner en France. Le 8 nous fumes mouiller sous l'île deBon-voyage (pt) en attendant la brise, et le 10 au matin nous sortîrmes de la baie pour commencer à faire route. Nous coupâmes l'équateur le 3 mai, par 27 30' à l'ouest du méridien de Paris[80] ; et après soixante-quatorze jours de traversée durant lesquels nous éprouvâmes des calmes prolongés, nous mouillâmes en rade deBrest le. sans avoir touché jusque-là ni vu terre nulle part[81] ».
Malgré la qualité des travaux effectués pendant ce tour du monde, Bougainville est assez peu récompensé. En, il est nommé gentilhomme de la Chambre du roiCharles X, puis reçoit le commandement duScipion auLevant en1828[82].
Larévolution de Juillet 1830 semble avoir donné un coup de frein à sa carrière puisque Bougainville reste un certain temps sans affectation, sans doute occupé à la rédaction de son récit, publié seulement en 1837. Commandant supérieur de la marine àAlger, il est élevé au grade decontre-amiral le[83]. En il entre auConseil d'amirauté, ancêtre du Conseil supérieur de la Marine et devient président du Conseil des travaux[84], organisme appelé à jouer un rôle important au moment où la marine entre dans une ère de révolutions technologiques avec l’arrivée de la propulsion à vapeur et de bien d’autres innovations. Il meurt célibataire peu avant d’atteindre la limite d’âge, le(à 64 ans) à Paris,no 3rue de la Cerisaie[85],[86],[2].
Comme beaucoup d’officiers de sa génération, il avait été envoyé autour du monde pour« faire du renseignement ». Malheureusement, à Paris, on ne se soucia guère de tirer parti de la somme des données politiques, diplomatiques, commerciales, militaires qu’il avait si consciencieusement collectées[3].
Armoiries | Blasonnement |
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Armes du baron de Bougainville et de l'Empire Coupé, au premier parti de sable et de gueules ; le sable au signe du Sénat, le gueules au signe des barons tirés de l'armée ; au deuxième d'azur à deux épées hautes en sautoir d'or, chargées d'une ancre en pal du même et surchargées d'un globe terrestre d'argent, en abîme.[88],[89] |
Sur les cartes de l'Australie, Bougainville a laissé son nom :
Les papiers personnels de Hyacinthe de Bougainville sont conservés auxArchives nationales sous la cote 155AP[97].
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