Sa haute teneur enacides gras saturés est l'objet de critiques en ce qui concerne ses effets sur lasanté humaine pour plusieurs raisons. La première est que les acides gras saturés ne font pas partie desacides gras essentiels. Ils ne sont donc pas indispensables à l'alimentation humaine et favorisent au contraire l'obésité. La seconde concerne leurs effets directs sur la santé humaine. Ainsi, uneméta-analyse reprenant toutes les études scientifiques publiées sur le sujet conclut en 2015 que l'huile de palme a un impact négatif sur le taux de cholestérol semblable à celui des graisses animales, proche de celui des graisses hydrogénées, et bien plus fort que celui des huiles végétales riches en acides gras insaturés (olive, arachide, etc.).
LesONG dénoncent, quant à elles, le développement des plantations de palmiers à huile, car il entraîne une importantedéforestation en Malaisie, Indonésie etPapouasie-Nouvelle-Guinée, et constitue une grave menace pour diverses espèces animales vivant dans ces forêts et déjà en danger d'extinction (orangs-outans, gibbons, tigres…). Cependant, le palmier à huile produit beaucoup plus par hectare que les cultures concurrentes (colza,tournesol,soja) à la teneur enacides gras essentiels toutefois plus élevée. Si on devait donc le remplacer par celles-ci, sans réduire la production, cela engendrerait davantage dedéforestation. Cette productivité en fait également l'huile la moins chère.
L'usage alimentaire et médicinal d'huile de palme remonte au moins à 5 000 ans, comme l'attestent des fouilles archéologiques enÉgypte[3]. Lespalmiers à huile sont probablement originaires desforêts tropicales humides de l'Afrique de l'Ouest, où ils sont exploités localement avant d'être introduits en Égypte par des commerçants arabes[4] et au Brésil par les colons portugais auXVe siècle[5].
En 1851, le roiSodji dePorto-Novo signe un traité de commerce et d'amitié avec la France pour le commerce de l'huile de palme[9]. Il fait planter de nouvellespalmeraies au nord de Porto-Novo, sur les conseils des négociantsafro-brésiliens qui tirent bénéfice destraites négrières, réprimée par leBritish African Squadron[10]. Il fait planter de nouvellespalmeraies au nord dePorto-Novo, dont les savonneries marseillaises seront le débouché.
Vers 1870, l'huile de palme constitue la principale exportation de certains pays d'Afrique de l'Ouest, comme le Ghana et le Nigeria[8]. En 1885,William Lever fabrique à Liverpool à échelle industrielle du savon à base d'huile de palme qu'il importe d'Afrique de l'Ouest[11]. Sa fabrique de savonLever Brothers est devenue par la suite la multinationaleUnilever. Jusqu'auXIXe siècle, l'éclairage est assuré par desbougies ensuif dangereuses et à la combustion âcre. Les travaux scientifiques deMichel-Eugène Chevreul conduisent au remplacement de ceschandelles par des bougiesstéariques, notamment à base d'huile de palme comme en fabrique depuis cette époque l'entreprise londoniennePrice's Candles(en)[12].
En 1854,Price's Candles brevette un procédé dedistillation de l'huile de palme qui permet de produire laglycérine utilisée dans de nombreuses compositionspharmaceutiques etcosmétiques et dans les pellicules de photos : lanitroglycérine. Néanmoins l'huile de palme est progressivement supplantée par leshuiles minérales et les dérivés du pétrole.
En 1981, les insectesElaeidobius kamerunicus qui sont les seuls à polliniser les palmiers sont introduits en Malaisie et Indonésie permettant la culture à grande échelle de celui-ci[14].
L'huile vierge de palme est de couleur rouge à orange, en raison de sa très forte concentration encaroténoïdes[15]. À température ambiante, elle est généralement semi-solide du fait de la forte proportion d'acides gras saturés[15]. Lorsqu'elle est raffinée pour des usages en agroalimentaire ou en cosmétique, l'huile de palme est de couleur dorée, voire ivoire ou blanche[16].
L'huile de palme brute, de couleur rouge (non raffinée, ni traitée) est considérée comme l'aliment naturel le plus riche en Alpha etβ-carotène : (500 à 700 mg/kg), elle en contient environ 15 fois plus que la carotte. Cette particularité a été utilisée au Burkina Faso pour lutter contre les carences en vitamine des populations (leβ-carotène pouvant se transformer dans le corps envitamine A)[17]. C'est également la deuxième huile la plus riche envitamine E (tocophérols ettocotriénols[18]), après l'huile de germe de blé. Cette richesse en β-carotène et en vitamine E de l'huile de palme vierge, disparaît après raffinage, chauffage et cuisson. Ces nutriments n'existent plus ou sont très fortement diminués dans l'huile de palme classique.
En 2020, à l'échelle mondiale, l’huile de palme est principalement utilisée dans l’industrie alimentaire (près de 80 %), dans l’oléochimie (savon, cosmétiques, etc., environ 10%) et en tant qu’agrocarburant (environ 10 %)[21]. En Europe, un tiers des importations d'huile de palme servent à fabriquer les biocarburants[21] ; en France, cette part est même de 60 %[22].
Avec plus de 50 millions de tonnes produites chaque année, c'est l'huile végétale la plus consommée au monde (35 % de la consommation mondiale en 2017)[23].
Les traces les plus anciennes d'huile de palme remontent à 5 000 ans. Elles ont été retrouvées sur une jarre en terre dans une tombe d'Abydos, enÉgypte.
L’huile de palme rouge (ou orangée) est utilisée traditionnellement dans les pays producteurs d’Asie, d’Afrique et du Brésil[28].
Afin de remplacer les graisses animales plus chères et difficiles à travailler (comme lebeurre), l'agro-industrie a utilisé les huiles végétales hydrogénées (comme celles présentes dans certainesmargarines). Or, le processus d'hydrogénation induit la formation d'acides gras trans, reconnus comme contribuant aux maladies cardiovasculaires[29],[30]. Les industriels se sont alors tournés vers l’huile de palme, qui possède, une fois raffinée, des qualités physiques et organoleptiques satisfaisantes pour la fabrication de nombreux aliments :
avec sa forte concentration d'acides gras saturés (50 %), l'huile de palme reste solide à température ambiante ce qui permet de limiter l'emploi de graisses hydrogénées ;
elle est généralement plus stable à la cuisson que d'autres huiles[Lesquelles ?] ;
elle n'a pas de goût ni d'odeur une fois désodorisée[31] ;
elle permet une bonne conservation du produit fini.
Ces différentes qualités font que l’huile de palme est très appréciée par les industriels, qui la jugent difficilement substituable d'un point de vue technique pour certaines de leurs productions.
Bien que leconsommateur n'en ait pas forcément conscience, on trouve de l'huile de palme dans un grand nombre de produits élaborés par l'industrieagro-alimentaire : chips, croûtons, soupeslyophilisées, pâtes à tartiner, biscuits, lait pour bébé, sardines en boîte, bouillon de poulet instantané, mayonnaise, sauce tomate, céréales, chocolat, glaces, fromage râpé,fromages analogues, sauces, crèmes fraîches, pâtes à tartes, plats préparés, sauces pré-faites, biscottes, brioches, biscuits salés et sucrés, etc.[32]. Elle est en général désignée comme « huile végétale » dans la liste des ingrédients.
L'huile de palme est également utilisée dans la synthèse de nombreux produits cosmétiques. C'est le cas par exemple de certains savons, où elle est utilisée pour lasaponification. Le composé est alors appelésodium palmate (etsodium palm kerenelate dans le cas de l'huile de palmiste). Elle est également utilisée pour la parfumerie sous la forme decivettone[33], et comme agent hydratant dans les crèmes.
Elle est par ailleurs utilisée dans d'autres industries comme lubrifiant.
Par rapport aux autres huiles, le rendement de l'huile de palme en fait un choix privilégié pour la production d'agrocarburant. Mais sa composition en fait un carburant que l'on ne peut insérer qu'en quantité limitée car elle fige dans les réservoirs[34].
L'huile de palme peut également être hydrogénée afin de produire unagrocarburant composé d'alcanes qui ne présente pas les inconvénients de l'huile brute ou de trans-estérification detriglycérides d'acides gras : encrassement du moteur, point de figeage élevé. Ce procédé est mis en œuvre à partir de 2010 dans une usine àSingapour, qui transforme de l'huile de palme provenant deMalaisie[35].
La part de l'huile de palme importée dans l'Union européenne et transformée en agrocarburant « biodiesel » a connu une très forte augmentation de 2008 à 2018. Selon laFédération européenne pour le transport et l'environnement[36], environ deux tiers de celle-ci étaient raffinés en biodiesel en 2018.
La demande en huile de palme a augmenté de 8,7 % par an entre 1995 et 2004[38]. On observe une forte croissance de la consommation mondiale qui pourrait atteindre 40 millions de tonnes en 2020, contre 22,5 millions de tonnes en 2010[39]. Ainsi, l'huile de palme est depuis 2010, la plus consommée dans le monde (25 % de la consommation mondiale en 2010), dépassant de peu l'huile de soja (24 %) et de loin celles decolza (12 %) et detournesol (7 %)[39].
Cette performance s'explique par son faible coût de production. Le rendement à l'hectare du palmier à huile est en effet dix fois plus élevé que celui du soja[39] (100kg de fruits donnent environ22kg d'huile)[40].
Outre le coût faible, la transformation des fruits en huile nécessite que l'huilerie soit à proximité des plantations, ce qui concentre les opérations de valorisations dans les pays producteurs, comme c'estdéjà le cas pour d'autres oléagineux. Malgré cela, une étude comparative menée à Sambas (Indonésie) entre les cultures traditionnelles et une culture de palmier à huile, a montré qu'à surface égale, la même année, les cultures traditionnelles fournissent plus de travail car la culture de palmier à huile demande très peu de main d'œuvre[41]. De plus, les salaires sont bas (66 % des travailleurs touchent moins que les salaires minimums en Indonésie quand ils sont employés dans des plantations de type industriel[42]).
Après avoir été placées en fermentation pendant un an dans des conteneurs, les graines sont semées en pépinière où elles sont arrosées au goutte à goutte. Après 2 ans, on peut les planter pour récolter la noix de palme.
Un palmier produit en continu : il donne des fruits deux fois par mois durant toute l'année. Il produit pendant25 à 35ans mais, vers20 à 25ans, les palmiers deviennent trop hauts et il devient trop difficile de cueillir les noix de palme ; ils sont alors coupés, et leurstipe est utilisé notamment dans la construction d'habitations et la fabrication de planchers exotiques. Dans d'autres cas, les plantations sont brûlées pour pouvoir être replantées.
Par rapport à d’autres cultures, il n’y a pas besoin de retourner la terre chaque année, de sorte que l’érosion et le tassement du sol sont moindres[45].
La culture de palmier à huile demande très peu de main d'œuvre[41].
Carte de la production mondiale d'huile de palme en 2013.
Pour des raisons techniques, il est temporairement impossible d'afficher le graphique qui aurait dû être présenté ici.
Évolution de la production mondiale d'huile de palme de 1961 à 2017[46],[47].
Originaire d'Afrique de l'Ouest, le palmier à huile est maintenant cultivé dans toutes les régions tropicales. Alors que l'Indonésie et la Malaisie ne produisaient ensemble que 5 millions de tonnes en 1976[48], ces pays représentent aujourd'hui plus de 85 % de la production mondiale[49]. Ces deux pays continuent d'accroître leur production dans un marché en expansion.
Voici les principaux pays producteurs mondiaux en 2013[50] :
Évolution de la part relative des différentes huiles végétales entre 1980 (en haut) et 2009 (en bas)[réf. nécessaire]. L'huile de palme est en bleu clair.
Déjà au cours desXIXe et XXe siècles, les superficies de forêts ettourbières naturelles des principales régions productrices (Malaisie etIndonésie) ont été considérablement réduites. Les responsables sont l’urbanisation[54], les cultures pour la production de bois exotique et de papier[55] (préalable fréquent auxpalmeraies[56]), la riziculture[54] (Projet MégaRice) et plus récemment les palmeraies. Selon un rapport de laFAO, 17 à 27 % des milieux naturels seraient déforestés en Indonésie et 80 % en Malaisie[57]. De plus, il est estimé que des15,5 millions d’hectares destourbières de l’Asie du Sud-Est, seulement 32 % existent encore, la plupart étant dégradées[58].
Cette destruction de forêts tropicales et detourbières (ces dernières étant des puits de carbone)[59] aurait ainsi pour conséquence une augmentation des émissions degaz à effet de serre et serait même responsable de 70 % de gaz à effet de serre produits par l'Indonésie, troisième émetteur de CO2 au monde, selon l'ONU[55].
La conversion des tourbières tropicales en culture pour l'huile de palme requiert la mise en place d'un système de canaux dedrainage, asséchant lestourbières et les rendant plus sujettes aux incendies. En, lesaéroports de Singapour etKuala Lumpur ont été fermés pendant plusieurs jours à cause des feux dans lestourbières drainées de l’Indonésie. Les émissions de CO2 de ces feux correspondent à 13-40 % des émissions annuelles de la combustion desénergies fossiles[60]. Les pertes économiques liées à ces feux se chiffrent à environ 3 milliards de dollars américains[61]. En plus des pertes de carbone liés aux feux, ladégradation des sols organiques et la perte de fonction de séquestration du carbone destourbières tropicales mènent à 50 % des émissions de CO2 par année (1 Gt de CO2)[62]. En fait, la production debiocarburants par la conversion destourbières tropicales en culture produit 10 fois plus d’émissions de CO2 que par la combustion descombustibles fossiles[63].
Le corollaire de la déforestation est l'affectation de la biodiversité, par la réduction d'habitat de nombreuses espèces endémiques éventuellement protégées comme lesorangs-outans et lesgibbons. Chaque année, environ 5 000 de ces grands singes seraient victimes de l'exploitation des palmeraies[64]. En 2007 on estimait que 98 % desforêts humidesindonésiennes, habitat naturel des orangs-outans, auraient disparu en 2022[65].
Cependant, remplacer l'huile de palme par une autre huile comme l'huile desoja engendrerait une déforestation plus importante étant donné que le palmier est la plante qui produit le plus d'huile par hectare[14].
L'ONG constate de nombreux abus dans les plantations dans lesquelles elle s'est rendue et qui sont la propriété du grand groupe singapourien des matières premières agricolesWilmar. Femmes et enfants y travaillent dans des conditions très difficiles, sans équipements de protection alors que des pesticides toxiques sont utilisés. Bien qu'elles travaillent pendant de longues heures, les femmes sont payées en dessous du salaire minimum et sont menacées de réductions de salaire. Certaines ne gagnent que 2,50 dollars par jour (environ 2,30 euros). Quant aux enfants, âgés entre8 et 14 ans, qui abandonnent parfois l'école pour venir aider leurs parents dans les plantations, ils réalisent des tâches pénibles comme le transport de sacs pesant jusqu'à 25 kg[68],[69].
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Face aux problèmes liés à l'huile de palme, certaines marques ont engagé des recherches pour changer les formulations de leurs produits. Dans certains cas, des opérations de communication ont été mises en place pour annoncer l’arrêt de l’usage de l’huile de palme ou encore ajouter des étiquettes « Sans huile de palme ».
En 2010, la marqueCasino annonce qu'elle cesse d'inclure cette huile dans ses produits alimentaires, en raison de ses risques pour la santé et de son impact sur l'environnement[70].
Ces pratiques ont été dénoncées par les pays producteurs, notamment la Malaisie qui souligne qu’elle« s’est engagée à conserver une couverture forestière sur 50 % de son territoire, en consacrant 24 % à l’agriculture. Par contraste, la forêt ne couvre que 24 % du territoire en France mais les terres agricoles en occupent plus de 50 % »[71]. Cet argument est à mettre en perspective, la Malaisie et l'Indonésie font face à une déforestation rapide et récente de forêts à haute biodiversité, comparativement à la France qui voit les surfaces de ses forêts augmenter.
Engagé sur cette même voie,Système U a été condamné en par le tribunal de commerce de Paris à retirer une publicité contre l'huile de palme au motif qu'elle constituait« un dénigrement caractérisé au préjudice » du produit[72]. À l'origine de la plainte, l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile deCôte d'Ivoire (AIPH) estimait que la campagne avait été lancée« sans conviction écologique aucune, ni analyse scientifique sérieuse[73] ».
Le boycott simple de l'huile de palme n’est pas encouragé parGreenpeace, qui indique« nous n'avons jamais demandé que l'on boycotte l'huile de palme en général, mais seulement celle produite en ayant recours à la déforestation » et ajoute« l'angle nutritionnel n'a émergé vraiment qu'à partir de 2009, et seulement en France, quand certaines entreprises, notamment des distributeurs, ont compris qu'il y avait un intérêt commercial et en termes d'image à ne plus utiliser d'huile de palme dans leurs produits[74] ». À ce titre, l'ONG a mis en avant des exploitations durables, mais il reste compliqué pour le consommateur de pouvoir choisir des produits avec de l'huile de palme durable.
Au-delà du boycott, de nombreuses ONG, dont l'ASBL belgeJustice et Paix, souhaitent privilégier la responsabilisation couplée des entreprises et des citoyens[75].
Projet initié par leWWF en 2001 et soutenu par des professionnels du secteur, la premièretable ronde sur l'huile de palme durable (Roundtable on Sustainable Palm Oil ou RSPO) est organisée en 2003 à Kuala Lumpur (Malaisie) et regroupe 200 participants de 16 pays. L’année suivante RSPO devient une organisation internationale sans but lucratif basée à Zurich (Suisse)[76]. Parmi les membres fondateurs on trouve ainsi des grandes entreprises productrices, des multinationales, commeUnilever, qui utilisent l'huile de palme pour revendre des produits transformés, des banques (comme la banque néerlandaiseRabobank) et le WWF[77].
En 2012, RSPO réunit plus de 1 000 acteurs volontaires issus de 50 pays différents. On compte des revendeurs, des industriels, des transformateurs, des ONG, des investisseurs[78]…
La certification CSPO (Certified Sustainable Palm Oil) est complexe :
il existe quatre niveaux de certification de l’huile[Lesquels ?] ;
la certification s’effectue au niveau de l’huilerie de lapalmeraie et non au niveau de l’entreprise. Un producteur participant à RSPO ne produit donc pas forcément d’huile CSPO.
Cette certification est controversée sur divers aspects. La première critique qui lui a été faite est de ne pas être délivrée par un organisme indépendant des industriels, les grandes entreprises productrices sont en effet à la fois à l'origine des certifications grâce à leur présence au sein de la RSPO et récipiendaires de ces certifications[79]. Ceconflit d'intérêts a soulevé des critiques d'ONG qui y voient une preuve d'une tentative degreenwashing.
La troisième critique porte sur les violations manifestes des règles de la certification[80],[81],[82] avec notamment des déforestations illégales dans des zones dites protégées (forêts primaires)[79],[77].
Les ONG écologistes dénoncent aussi l'utilisation autorisée d'un pesticide neurotoxique dans les cultures RSPO : leparaquat[83], interdit en Europe.
En, PanEco, une des 33 ONG membres de cette table ronde, investie dans le Programme de conservation des orangs-outans, quitte l'organisation, dénonçant son inaction et son manque d'intégrité[84].
En, des scientifiques confirment, via une analyse détaillée d'images satellite, ce qu'indiquaient plusieurs études empiriques et enquêtes : la production d'huile de palme certifiée « durable » a donné lieu à la déforestation des forêts tropicales deSumatra et deBornéo et à la dégradation de l'habitat des mammifèresen danger au cours des 30 années précédentes[85],[86].
L’huile de palme durable peut aussi être issue de l'agriculture biologique (sans utilisation de pesticides de synthèse notamment), elle est alors certifiée par un organisme indépendant, comme l'exige la réglementation. Venant principalement deColombie, elle est censée contribuer moins à la déforestation[87].
Toutefois, comme le fait remarquer l'ONGLes Amis de la Terre, cette culture pose des problèmes sociaux, car elle implique notamment l'accaparement des terres par les entreprises du secteur et l'expropriation de petits producteurs[87]. La principale société du secteur, le groupe Daabon, est accusée d'avoir fait expulser des paysans de leurs terres, avec l'aide desparamilitaires[88],[89]. Elle serait aussi impliquée dans une usine de production de biocarburants[87].
En 2014, l’État Indonésien devrait lancer sa propre certification : ISPO (Indonesian Substainable Palm Oil). Elle a l’avantage d’être obligatoire (contrairement à RSPO) et d’être plus accessible pour les petits producteurs que RSPO[90].
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Depuis plusieurs années, les ONG commeGreenpeace (en particulier avec Nestlé[91]) ouWWF (avec un classement des « bons élèves » RSPO[92]) attaquent directement les marques occidentales sur la question de la déforestation.
Dès lors, plusieurs industriels ou distributeurs, commeCarrefour,Nestlé ou encoreUnilever se sont engagés à utiliser exclusivement de l'huile de palme certifiée durable d'ici 2012 à 2015, pour fabriquer leurs produits[93],[94].
Le syndicat professionnel, la Collective des Biscuits et Gâteaux, s’est engagé quant à lui à diminuer d'ici fin 2013 la quantité d'huile de palme non durable utilisée, d'au moins 50 % par rapport à 2008 via deux solutions[95] :
la substitution d'une autre matière grasse ;
l'utilisation d'une huile de palme dite durable (type RSPO).
Par ailleurs, certains acheteurs vont rechercher des critères qui ont une « bonne éthique », de ce fait nous pouvons citer l’entreprise Nestlé, qui achète 400 000 tonnes d’huile de palme par an, et qui a décidé de tracer ses fournisseurs pour garder ceux qui produisent une huile sans avoir effectué de la déforestation au préalable, ainsi produire une huile zéro déforestation est leur objectif d’ici 2020[96].
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Entre 2013 et 2016 trois versions d'une proposition de loi pour taxer l'importation de l'huile de palme en France sont présentées dans le cadre de laLoi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. En 2017, le montant de la taxe s’élevait à 300 euros la tonne par le Sénat. Il était prévu qu’elle augmente de 200 euros chaque année dans le but d’atteindre le montant d’imposition de 900 euros en 2020[97]. Par la suite, les députés avaient limité cette taxation à 90 euros en 2016. La disposition sera finalement abandonnée[98]. En effet, en, l’Assemblée renonce pour la troisième fois à la taxe Nutella, visant à aligner la taxation de l’huile de palme, très peu taxée, sur celle de l’huile d’olive. Les protestations des principaux producteurs mondiaux d'huile de palme comme l’Indonésie ou la Malaisie qui détiennent 98% de la production mondiale[97] sont en partie responsables de ce changement de position. La difficulté de créer une taxe visant une seule huile est également évoquée. Les députés ont finalement voté un amendement du gouvernement dont l’objectif est de revoir dans les six prochains mois« le dispositif actuel de taxation des huiles alimentaires, afin notamment de le simplifier et de favoriser les productions dont la durabilité fait l’objet de critères objectifs »[99].
L'Assemblée nationale française a voté le, contre l'avis du gouvernement, un sous-amendement au projet de la loi de finances 2019 disposant que les produits à base d'huile de palme ne sont pas considérés comme desbiocarburants. De ce fait, l'huile de palme perd, à partir de 2020, l'avantage fiscal lié à l'incorporation de substances végétales dans un carburant fossile ; elle ne pourra plus échapper à lataxe générale sur les activités polluantes (TGAP) majorée qui s'applique en dessous d'un certain taux de mélange (7 % en moyenne pour l'ensemble des carburants)[100].
Cette mesure a été critiquée par laMalaisie[101] (deuxième producteur mondial d'huile de palme) puisqu'elle compromet l'import d'huile de palme parTotal pour sabioraffinerie décriée deLa Mède[102] (importation que Total s'est engagé à limiter à 300 000 tonnes/an)[103].
Défendu par sept députés de la droite et du centre (MoDem,LREM etLR), un amendement, également soutenu par le gouvernement, prévoyant le report à 2026 de la suppression de l’huile de palme de la liste des agrocarburants est adopté le[104]. Cette décision se traduira par un avantage fiscal à Total évalué entre 70 et 80 millions d’euros. Le député LREMMohamed Laqhila estime qu’il s’agit d’être « responsable » et d’accompagner l’industriel Total et ses investissements[104]. Dès le lendemain, la commission des Finances a approuvé à l’unanimité la tenue d’une nouvelle délibération par rapport à cet amendement ; le premier ministre Edouard Philippe demande lui aussi que l’Assemblée puisse revoter le texte. L’amendement, présenté par des élus MoDem, LREM et LR des Bouches-du-Rhône, avait reçu un avis défavorable du rapporteur général Joël Giraud (LREM), n’avait pas été défendu au micro en séance et n’avait pas fait l’objet du moindre débat[105]. Finalement, le, l'amendement est rejeté à la quasi-unanimité de l'Assemblée nationale[106]. Mais une note de laDirection générale des Douanes et Droits indirects datée du maintient toutefois l'exonération pour un sous-produit de l'huile de palme, les distillats d'acides gras de palme (en anglaisPalm Fatty Acid Distillate - PFAD) qui bénéficie ainsi de laniche fiscale de la « taxe incitative relative à l’incorporation de bio-carburants » (TIRIB). Les associationsCanopée etLes Amis de la Terre déposent unrecours en référé devant le Conseil d’Etat pourexcès de pouvoir et faire annuler cette note des douanes qui permet à Total de bénéficier en outre d'un avantage fiscal. Le juge des référés rejette le le recours en référé[107] pour défaut du caractère d'urgence[108]. Cependant, leConseil d'État, saisit par un nouveau recours des deux associations auxquelles se jointGreenpeace, doit trancher cette question sur le fond avant l'été 2020[109],[110],[111]. Fin 2020, le statut des PFAD ne fait toujours pas l'objet de clarification[112].
Finalement, le Conseil d'État confirme, le, que tous les produits à base d’huile de palme sont exclus des biocarburants[113].
En,Total Énergies annonce qu'elle utilisera moins de 100 000 tonnes d'huile de palme en 2021 pour ses agrocarburants et plus du tout à compter de2023, au profit de la filière de récupération d'huile de friture et degraisse animale, ce qui restera rentable pour sa raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône)[114], décriée dès son projet, dont en raison de l'insuffisance de sonétude d'impact sur effets directs et indirects sur le climat[115].
Historiquement, la production d'huile de palme s'est développée afin de remplacer l'utilisation des huiles végétales hydrogénées dans l'industrie alimentaire, car celles-ci contribuent aux maladies cardio-vasculaires en augmentant le taux demauvais cholestérol (LDL-cholestérol) tout en diminuant le taux debon cholestérol (HDL-cholestérol)[30].
Cependant, les acides gras saturés, qui composent l'huile de palme pour moitié, augmentent aussi le taux demauvais cholestérol dans le sang et peuvent donc aussi entraîner des risques cardio-vasculaires. Mais, contrairement auxacides gras trans, les acides gras saturés augmentent également lebon cholestérol (HDL-cholestérol)[30].
Les dangers des acides gras saturés pour la santé sont de plus en plus évoqués[29]. Un lien statistique existe entre le taux d’acides gras saturés dans l’alimentation, l’hypercholestérolémie et la surmortalité des Occidentaux parmaladie cardio-vasculaire si les proportions idéales entre les différents types d’acides gras ne sont pas respectées dans l’alimentation[29],[30]. Ce danger est d'autant plus insidieux que d’une part, les instances de santé ont surtout mis en garde la population contre les acides gras d’origine animale dans la prévention cardiovasculaire, et que d'autre part, il n’y a pas à ce stade d’obligation d’affichage (l’huile de palme figurant le plus souvent dans les compositions des aliments sous la mention d’« huile végétale »)[116],[117],[29].
La présence d’huile de palme dans le lait artificiel en poudre pour bébé inquiète certains parents. Toutefois, les nourrissons ont un besoin particulier d’acides gras saturés. La composition de l’huile de palme avec 50 % d’acides gras saturés est proche de celle du lait maternel[118]. Malgré cette composition, l’absorption des acides gras n'est pas identique entre l'huile de palme et le lait[119] et l'huile de palme réduit l’absorption de calcium[120].
Uneméta-analyse, reprenant toutes les études publiées sur le sujet, publiée en, donne pour conclusion que l'huile de palme a un impact négatif sur le taux de cholestérol semblable à celui des graisses animales, pas beaucoup plus faible que celui des graisses hydrogénées, et bien plus fort que celui des huiles végétales riches en acides gras insaturés[121]. Les auteurs soulignent que les études montrant un impact moins négatif de cette huile sont généralement de mauvaise qualité scientifique[121].
Lesesters glycidyliques d’acides gras (GE), le 3-monochloro-propanol-1,2-diol (3-MCPD) et le 2-monochloro-propanol-1,2-diol (2-MCPD) sont retrouvés particulièrement dans les huiles et graisses de palme, en raison de leur raffinage à des températures élevées (à 200°C environ)[122]. Comme leglycidol, composé parent des GE, est considéré génotoxique et cancérigène, l'EFSA n'a pas fixé de seuil de sécurité pour les GE. Selon la présidente du CONTAM (groupe d’experts de l’EFSA sur les contaminants de la chaîne alimentaire), « L’exposition des bébés consommant uniquement despréparations pour nourrissons constitue une inquiétude particulière car elle atteint jusqu’à dix fois le niveau considéré comme peu préoccupant pour la santé publique »[122]. La dose journalière tolérable (DJT) fixée par l'EFSA pour le 3-MCPD et ses esters d’acides gras était de 0,8 microgrammes par kilogramme de poids corporel (µg/kg de poids corporel/jour) en 2016, augmentée à 2 µg/kg de poids corporel/jour en 2017, d'après les éléments de preuve reliant cette substance à des lésions affectant les organes observées dans les essais sur des animaux et les effets néfastes possibles sur lesreins et sur lafertilité masculine[122],[123]. D'après l'EFSA, il n'y a pas suffisamment de données pour fixer un seuil de sécurité pour le 2-MCPD[122].
↑Raymond Vacquier,Au temps des factoreries, 1900-1950, Karthala Éditions,,p. 94.
↑Elie Volf,Michel-Eugène Chevreul 1786-1889 : un savant, doyen des étudiants de France : des corps gras et de la chandelle à la perception des couleurs, Paris, Éd. L'Harmattan,,p. 108.
↑Emmanuelle Grundmann,Un fléau si rentable : vérités et mensonges sur l'huile de palme, Paris,Calmann-Lévy,, 264 p..
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