Cet article présente les faits marquants de l’histoire deBruxelles, lacapitale de laBelgique et l’un des sièges de l’Union européenne et de plusieurs de ses institutions.
La région bruxelloise accueillit une occupation romaine dont il subsiste des vestiges proches du centre de Bruxelles[1].
À la fin duVIIe siècle, une chapelle consacrée à l'archange saint Michel est construite au flanc d'une colline dominant laSenne. Au fil des ans, elle prendra de l'importance et sera remplacée par uneéglise qui deviendra lacathédrale Saints-Michel-et-Gudule. En fait, Bruxelles entre dans l'histoire grâce à unévêque malade. Un manuscrit ancien (de695) relate queVindicien,évêque de Cambrai[2], tombe malade et meurt à Brosella.
Le nom de Bruxelles entre véritablement dans l'histoire sous la formeBruocsella en 966 (connu par une copie duXVe siècle), enlangue germaniquebrōk- désigne le marais et*sāli- (devenusel(e) en moyen néerlandais) la salle ou la maison. Il pouvait, peut-être, s'agir d'un bâtiment situé sur l'île que l'on appellera l'île Saint-Gery du nom d'un saint dont les reliques y furent installées plus tard. Cette salle pouvait servir de lieu de réunions aux Francs (qui pratiquaient une forme de démocratie élective au cours de grandes réunions des hommes libres, c'est-à-dire francs). Cet endroit pouvait, en même temps, servir d'entrepôt puisque le centre de Bruxelles -qui en est la partie la plus ancienne- semble avoir été un lieu de débarquement et d'échanges sur la rivière Senne.
Une voie romaine traversait le site urbain actuel du sud au nord en venant de l'actuelle chaussée de Waterloo et allant vers Laeken[réf. nécessaire]. Elle suivait approximativement le flanc de la colline qui correspond aujourd'hui avec les quartiers du haut de la ville centrale[réf. nécessaire]. Un petit temple, appelé cella en latin, aurait pu[évasif] s'élever au carrefour de cette voie avec un chemin montant depuis le débarcadère de la zone marécageuse de l'île Saint-Gery,broek. C'était un usage romain de jalonner les voies de communication, notamment les carrefours, par de telles constructions qui plaçaient les voyageurs sous la protection d'un dieu tout en servant de repères géographiques.
Si l'on s'en remet à l'historiographie traditionnelle, la date de fondation de Bruxelles se place en979. Cependant, aucune source écrite, sinon ultérieures, ou archéologique n'a permis à ce jour de corroborer cette date. La tradition unanime des chroniqueurs anciens veut qu'un premiercastrum ait été bâti par le ducCharles de Basse-Lotharingie sur l'île de Saint-Géry (aucune source contemporaine ne mentionne ce castrum et jusqu'à présent, à défaut de fouilles archéologiques, les chroniques anciennes doivent encore être envisagées avec prudence). Aujourd'hui, cette tradition est donc remise en question par la plupart des historiens de Bruxelles. À noter, toutefois que l'iris des marais figure dans les armes de la ville, cette fleur étant une variété sauvage du lys qui fut choisi comme emblème par la monarchie française, ce que d'aucuns rattachent au fait que le duc Charles était aussi nommé Charles de France, ce dernier nom n'ayant pas le sens qu'il a aujourd'hui, mais étant à rattacher à l'origine franque du duc[réf. nécessaire].
Selon laVie desainte Gudule (écrite dans l'abbaye de Lobbes entre 1047 et 1053), le duc Charles organisa latranslation des reliques de la sainte vers l'église Saint-Géry qui était située sur un îlot formé par la Senne et entouré de marécages. En 1047, le nom deBruxelles apparaît pour la première fois dans unecharte à l'occasion de la fondation du chapitre deSainte-Gudule par le comteLambert II de Louvain († 1054), et sa femme Oda de Verdun. En 1073 déjà, cette fondation fut restaurée, dont témoigne undiplôme de l'évêque deCambrai.
Vers 1100, le comte deLouvain construit une résidence fortifiée sur le lieu-dit Coudenberg (emplacement de l'actuelleplace Royale). Ici lesducs de Brabant (XIIIe siècle) édifient leur château qui est occupé ensuite par leurs successeurs, lesducs de Bourgogne, dePhilippe III àCharles Quint, puis par lesgouverneurs des Pays-Bas espagnols et autrichiens, des archiducsAlbert de Habsbourg et son épouseIsabelle (XVIe siècle) jusqu'à la monarchie actuelle.
Au début duXIIe siècle, le commerce devient un acteur principal enEurope occidentale. Les centres commerçants deviennent rapidement de puissantes villes, grâce aux rivières et canaux de la région.Cologne,Louvain,Gand,Ypres,Anvers etBruges deviennent les pivots du commerce destextiles de lamer du Nord, d'abord surtout vers l'Allemagne, plus tard aussi vers laFrance, l'Italie et l'Angleterre. Grâce à ses artisans et à son port sur la Senne[3], Bruxelles devient un carrefour marchand important. De cette prospérité témoigne le début des travaux à lacollégiale Sainte-Gudule (1225) destinés à remplacer le sanctuaireroman par un édificegothique.
Les deux siècles suivants voient Bruxelles s'enrichir. Le commerce se spécialise dans les belles étoffes qu'on exporte vers les marchés de France, d'Italie et d'Angleterre. Bruxelles se développe au sein duBrabant qui, contrairement aucomté de Flandre, n'était pasfief du roi de France mais était incorporé à l'Empire germanique depuis923. Dès1183, l'empereur érigea le Brabant enduché.HenriIer (1190-1235), comte de Bruxelles et de Louvain et premierduc de Brabant, entreprend la construction de lapremière enceinte de Bruxelles, longue de 4 kilomètres, qui englobe l'île Saint-Géry et le premier port deSenne, la place du marché qui deviendra laGrand-Place de Bruxelles, le chapitre de Sainte-Gudule et lechâteau du Coudenberg.
À l'opposé de la situation ducomté de Flandre, qui voit les artisans s'opposer à leur suzerain, leroi de France, et en battre lachevalerie lors de labataille des éperons d'or (Courtrai,1302), les relations entre les villes brabançonnes et leurs suzerains, leduc de Brabant et l'empereur romain germanique, sont excellentes. Les villes reçoivent rapidement des privilèges et des libertés et financent librement la politique ducale (en 1229, Bruxelles reçoit une charte (keure, en néerlandais) qui est la plus ancienne charte pénale connue).
L'administration des villes est aux mains despatriciens. À Bruxelles, ils sont groupés en sept lignages privilégiés, qui écartent les artisans de la gestion administrative et des offices publics, à quelques exceptions près. Ces privilèges des sept « lignages de Bruxelles » seront confirmés par le duc dans une charte de 1306.
C'est ainsi que, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, le premierbourgmestre et les septéchevins doivent obligatoirement en faire partie. Les neuf « Nations », regroupant lesdoyens des Métiers, ne participent au pouvoir qu'à partir de la seconde moitié duXIVe siècle et auXVe siècle. À partir de la révolution de1421, les Huit de laGilde Drapière seront choisis pour moitié parmi les septlignages de Bruxelles et lesNations.
AuXIVe siècle, la portée de l'autorité du suzerain s'inscrit dans diverses chartes. Ce processus culmine dans la signature de la « Joyeuse Entrée » en1356. Ce document organise la division du pouvoir entre le duc et les représentants du peuple, les États de Brabant. Trois classes sociales sont représentées: lanoblesse, leclergé et letiers état. Le suzerain ne peut déclarer la guerre, conclure des traités, dévaluer la monnaie ou établir des taxes sans l'autorisation desÉtats de Brabant.
En1356, après la mort du ducJean III de Brabant, le comte de FlandreLouis de Male conteste à la duchesseJeanne de Brabant la succession de son père, dont il a lui-même épousé une autre de ses filles. Au cours de laGuerre de succession du duché de Brabant, les milices bruxelloises sont défaites àScheut (Anderlecht). La duchesse Jeanne doit s'enfuir de la ville, qu'occupe une garnison flamande. La ville est rapidement reprise grâce à un coup de main audacieux d'Éverard t'Serclaes (). Après cet épisode, Bruxelles se sent à l'étroit et mal protégée dans ses remparts. La construction de laseconde enceinte commence en1357 et se termine en1379.
La ville avait acquis en 1301 lesteen (c'est-à-dire une maison en pierre) dit De Meerte, situé sur la Grand-Place, pour en faire une maison échevinale. S'y ajoute en 1327 un steen voisin, Den Wilden Ever. Au début duXVe siècle, ces bâtiments sont devenus inadéquats et de 1402 à 1405, la Ville fait construire sur leur emplacement un véritable hôtel de ville, correspondant à l'aile gauche de l'hôtel de ville actuel, y compris une tour terminale.
En 1370, après uneaccusation de profanation d'hosties contre les Juifs des émeutes antijuives s'ensuivent, et une vingtaine de Juifs sont brûlés, avant l'expulsion des Juifs de Bruxelles[4].
En1430, leduc de Bourgogne,Philippe le Bon, hérite duduché du Brabant. Il autorise l'approfondissement et l'élargissement de laSenne pour faciliter le commerce. Bruxelles devient alors une capitale desPays-Bas bourguignons. Le duc arrondit ses possessions par héritages et achats au point de constituer un ensemble capable de défier les appétits des rois de France. Il donne à ses territoires le titre deLeo Belgicus. Bruxelles s'impose alors comme centre administratif et culturel, célèbre pour l'architecture de ses églises, son palais et son commerce d'artisanat de luxe. Mais l'ambition du fils de Philippe le Bon,Charles le Téméraire entraîne un conflit larvé avec leroi de FranceLouis XI qui soutient en sous-main larévolte desLiégeois contre les empiètements du duc. Voulant s'imposer aux suisses dans le but de relier ses territoires du nord à ceux du sud (la Bourgogne), Charles le Téméraire engage le combat àGrandson etMorat. Vaincu, il perd la vie dans des conditions qui font penser à une trahison perpétrée en plein combat. Celle qui lui succède en1477,Marie de Bourgogne, épouseMaximilien d'Autriche. Elle meurt dans un accident de cheval en1482, laissant son époux et ladynastie des Habsbourg gouverner le Brabant, dans l'attente de la majorité de son fils, le futurPhilippe le Beau.
C'est sous les ducs de Bourgogne que naissent lesÉtats Généraux qui représentent les diverses provinces du domaine bourguigon dans les territoires de l'actuelleBelgique, desPays-Bas et du nord de la France. Cette autorité représentative, dans laquelle la noblesse a la prééminence, persistera, dans le territoire de la future Belgique, sous l'Ancien Régime et jusqu'à l'annexion française de1793, exerçant le pouvoir avec des fortunes diverses face aux souverains, souvent étrangers, qui tenteront à plusieurs reprises de restreindre les droits des villes et des communes appelés aussi les privilèges.
En1488 Bruxelles connaît une cruelle guerre civile et pendant l'été de1489, une épidémie depeste.
À la mort de Philippe le Beau, sa sœur,Marguerite d'Autriche (1480-1530), devient gouverneur général des Pays-Bas en1507 avec le titre officiel de Gouvernante et s'installe àMalines, où elle élève son neveu, le futur empereurCharles Quint.
En1515, l'archiducCharles d'Autriche, fils dePhilipe le Beau, devient à 15 ans souverain deBourgogne et, à 16 ans, hérite du trône d'Espagne. 1516 marque le début de la domination espagnole sur toute la région. Né àGand, devenu l'empereurCharles Quint à la suite de son grand-père Maximilien, il favorise lesPays-Bas: il rétablit Bruxelles comme capitale, siège desÉtats généraux des Pays-Bas et des trois conseils du gouvernement.Roi d'Espagne par son origine familiale, devenu empereur d'Allemagne par élection de ladiète, Charles Quint possède aussi les titres des provinces et principautés des Pays-Bas, de par son ascendance bourguignonne. Ainsi, il intègre les Pays-Bas, avec l'Autriche et l'Espagne, dans un vaste ensemble comprenant aussi lescolonies d'Amérique. Étendu sur deux hémisphères, c'est un empire dont on a pu dire que « sur les possessions de l'empereur le soleil ne se couche jamais ». Bruxelles abrite une cour des plus brillantes où affluent des nobles de toutes les parties de l'empire et la ville émerge rapidement comme la plus puissante ville brabançonne, dépassant ses rivalesLouvain,Malines etAnvers. Bruxelles fleurit et devient une grande ville d'artistes et de scientifiques (Vésale,Mercator).Érasme y rédige un traité sur l'éducation d'un prince. À Bruxelles siège un gouvernement qui, sous le nom deConseil d'État, fonctionne selon les lois et traditions des Pays-Bas qui sont indépendantes de celles de l'Espagne et de l'Empire germanique dont Charles-Quint est à la fois roi et empereur. Les milices communales sont appelées, dans certaines limites, à participer aux guerres contre la France de FrançoisIer aux côtés des troupes espagnoles cantonnées dans le pays. C'est l'occasion de guerroyer pour la noblesse, comme c'est le cas ducomte d'Egmont, un Bruxellois qui s'illustre à la tête des armées. Mais leprotestantisme contre lequel Charles Quint édite lesplacards, affiches prescrivant l'interdiction de la religion réformée sous la menace de représailles impitoyables, va gagner des populations de plus en plus nombreuses. Des exécutions capitales s'ensuivent et lorsquePhilippe II d'Espagne succède à son père Charles Quint, qui abdique en1555, une franche révolte éclate dans l'ensemble des Pays-Bas contre l'autoritarisme du nouveau roi. À Bruxelles, les principaux représentants de la noblesse, soutenus par la majorité de la population présentent leurs doléances à la gouvernante des Pays-Bas représentant le roi d'Espagne. Traités degueux par les fidèles du roi, ils revendiquent ce titre avec la devise « gueux jusqu'à la besace » et la révolte gagne l'ensemble des Pays-Bas du sud et du nord.
Philippe II réagit en envoyant des troupes qui arrivent d'Espagne en passant par laFranche-Comté, alors située en dehors du territoire de la France. La révolte devient alors uneguerre de religion. Leduc d'Albe fait régner la terreur. Les chefs de la révolte, les comtes d'Egmont et deHorne sont décapités sur laGrand Place de Bruxelles. Leprince d'Orange, appeléGuillaume le Taciturne, ancien favori de Charles-Quint, ne cessera de guerroyer jusqu'à sa mort à la tête des révoltés avec le comtePhilippe de Marnix de Sainte-Aldegonde né à Bruxelles dans une famille originaire deSavoie et deFranche-Comté, érudit polyglotte, auteur depamphlets contre la corruption duVatican, de traités d'éducation, mais aussi stratège qui dirigera la défense d'Anvers. Les dirigeants de la révolte, traités de gueux par les Espagnols, entreprennent une guerre qui durera une vingtaine d'années pendant lesquelles Bruxelles doit subir impôts et réquisitions, tandis que l'ensemble du territoire de la Belgique est parcouru par des troupes de mercenaires, d'Espagnols et aussi de factionscatholiques etprotestantes en lutte les unes contre les autres, les protestants français s'efforçant d'apporter une aide aux protestants locaux. Bruxelles participe à l'Union d'Utrecht (1579) avec les protestants néerlandais et sera même unerépublique calviniste de l'automne1577 jusqu'en mars1585. Après unsiège d'un an, durant lequel les combattants bruxellois sont épaulés par des « gueux de la mer » dirigés par leLiégeoisLouis de Boisot portant le titre d'amiral, la ville retombe sous la coupe espagnole.
Finalement, l'Espagne accordera une indépendance interne à un territoire correspondant, en plus grand, à l'actuelle Belgique sous les archiducsAlbert etIsabelle, tandis que les Pays-Bas du nord finiront par acquérir leur indépendance et devenir lesProvinces-Unies. Sous les archiducs, durant une vingtaine d'années, la ville retrouve sa prospérité. Bruxelles redevient le siège du gouvernement desPays-Bas espagnols, que l'on appelle le Conseil d'état, et la lutte contre le protestantisme continue[5].
SousLouis XIV, le, l'armée dumaréchal de Villeroy, qui a envahi le pays, bombarde Bruxelles sur ordre deLouis XIV depuis les hauteurs de Scheut, àAnderlecht. Prenant pour repère la flèche de l'Hôtel de Ville, les canons manquent cependant le prestigieux édifice mais rasent les maisons de laGrand-Place et une grande partie de la ville (de 3830 à 5000 bâtiments suivant les sources, soit un tiers de la surface bâtie). Les villes voisines réagissent aussitôt en envoyant vivres et secours. Les cours européennes s'indignent de ce bombardement de terreur, visant une population civile étrangère au conflit.
La reconstruction de la Grand-Place en fait dès lors l'une des plus belles places d'Europe. En1700, on inaugure leThéâtre sur la Monnoye que le Gouverneur GénéralMaximilien-Emmanuel de Bavière a fait ériger sur le site de l'ancien hôtel des monnaies. Les ruines de la ville sont déblayées et de nouvelles rues sont tracées.
De 1698 à 1700, un violent conflit oppose lesNations, c'est-à-dire les différents corps de métiers, au Gouverneur Général à la suite de la découverte dans les ruines de l'ancien beffroi, d'un recueil de chartes connu sous le nom « Den Luyster van Brabant ». Ce recueil, qui consignait les droits et privilèges arrachés par Bruxelles aux ducs et princes qui s'étaient succédé depuis des siècles, avait été caché à l'époque espagnole.
En1713, ladynastie des Habsbourgs d'Espagne cède le pouvoir sur lesPays-Bas auxHabsbourgs d'Autriche. Mais les Nations, opposées à toute réforme, veulent en revenir aux particularismes garantis, autrefois, par les chartes. Gagnés à l'origine contre lesducs de Brabant et lesducs de Bourgogne, ces privilèges sont menacés par le pouvoir autrichien. Des émeutes éclatent et les Nations refusent obstinément de voter l'impôt. En 1700, le gouverneur riposte en publiant un Règlement additionnel modifiant l'administration bruxelloise de façon à renforcer son
pouvoir.
Le premier gouverneur autrichien, leMarquis de Prié, était détesté des Bruxellois, qui l'appelaient « Marquis de Pillé ». Il sera remplacé parCharles de Lorraine.Dans la nuit du 3 au, unincendie détruit lepalais du Coudenberg. En1746, les troupes françaises dumaréchal de Saxe occupent Bruxelles jusqu'en1749. Cette année-là, après le retour des Autrichiens,Charles de Lorraine, qui avait dû fuir Bruxelles, y revient triomphalement. Personnage réputé débonnaire, il occupe les fonctions de gouverneur général des Pays-Bas jusqu'à sa mort en1780. C'est sous son règne que l'on procède à d'importants travaux d'urbanisme: après avoir rasé les ruines de l'ancien palais du Coudenberg, on aménage laPlace Royale. Une fois ces travaux achevés, on procède à l'aménagement duparc Royal à l'emplacement de l'ancienne Warande (réserve de chasse) du palais du Coudenberg. En 1775, l'architecteClaude Fisco avait déjà aménagé laplace Saint-Michel (actuelle place des Martyrs) dans le quartier de larue Neuve.
La révolution brabançonne de1789 est déclenchée par la suppression de la charte portant sur les privilèges arrachés par la ville, à travers les siècles, aux divers régimes qui ont dominé Bruxelles. Cette charte, la Joyeuse-Entrée, l'empereurJoseph II n'en veut pas au nom d'un centralisme qui veut imposer les mêmes règles sociales à toutes les possessions autrichiennes. Ce qui se caractérise par la suppression de nombreux jours chômés de kermesses et de fêtes patronales et aussi par la fermeture de couvents et abbayes considérés comme parasitaires et par la réforme de l'ordre judiciaire. ÀBruxelles, àAnvers et àLouvain, trois villes qui constituent le tiers état brabançon, l'opposition va jusqu'au refus de payer les impôts. Ce n'est pas seulement le Brabant qui refuse de s'incliner devant les réformes imposées par l'empereur deVienne. EnHainaut et enFlandre, le peuple gronde depuis1787. Des volontaires se font inscrire dans les milices urbaines et les trois couleurs (noir, jaune et rouge) sont arborées sur les hôtels de ville. Le soulèvement se transforme en guerre ouverte et une armée improvisée chasse les Autrichiens. Un des artisans de ce succès est le généralJean-André van der Mersch, un enfant du pays, jusque-là en service dans l'armée autrichienne, qui répond à l'appel des notables qui cherchent un chef compétent pour les insurgés. Après la disparition du régime autrichien, les États-Généraux se réunissent à Bruxelles le et proclament l'indépendance desÉtats belgiques unis. Celle-ci est de courte durée : malgré les victoires des troupes belges sous le commandement du général van der Mersch, des dissensions menacent le jeune état. Un généralprussien,von Schoenfeldt, se met au service des états généraux qui s'efforcent de prendre le contrôle de la situation. Il est l'ami personnel du général prussien von Schlieffen qui commande des troupes à Liège où leprince-évêque avait d'abord étéchassé par un soulèvement autonome. Certains espèrent obtenir l'appui duroi de PrusseFrédéric-Guillaume II qui voit dans les événements une possibilité d'intervenir contre l'Autriche en Europe de l'Ouest. Et de Paris, où les événements de laRévolution française ont attiré des démocrates belges, arrivent des encouragements. Mais des luttes intestines entre progressistes et conservateurs compliquent la situation. Le peuple et la bourgeoisie sont divisés entre partisans deFrançois Vonck, un avocat progressiste et ceux d'Henri van der Noot, un avocat conservateur. Le, le régime autrichien est rétabli par un retour en force de l'armée autrichienne dont les chefs profitent des dissensions de leurs adversaires pour jouer les uns contre les autres. Mais la mort de l'empereur Joseph II amène au pouvoir son frèreLéopold II qui promet le rétablissement des droits traditionnels. En 1790, la révolution est vaincue partout, même àLiège où le prince-évêque s'est réinstallé dans tous ses droits. Cependant, à Bruxelles, le banquierÉdouard de Walckiers, qui avait contribué au financement de la Révolution, fonde la Ligue du bien public inspirée des clubs parisiens. L'esprit révolutionnaire n'est pas mort et l'on voit s'affirmer l'avocat flamandVerlooy qui ne cache pas ses opinions républicaines.
L'hostilité des souverains européens à laRévolution française ayant entraîné la France dans uneguerre générale, l'armée française prend l'offensive au nord où menace une armée autrichienne installée en Belgique depuis l'effondrement desÉtats-Belgiques-Unis. Les Autrichiens sont battus àbataille de Jemappes, les Français entrent à Bruxelles le[6] et le rattachement à la France est proclamé le. Le pouvoir autrichien à nouveau vaincu, les Bruxellois accueillent lestroupes révolutionnaires avec enthousiasme. Mais les nouveaux occupants se rendent rapidement impopulaires: à Bruxelles, ils saccagent plusieurs églises, dont laSainte-Gudule. L'hostilité populaire est telle qu'après la défaite française à labataille de Neerwinden, le retour des Autrichiens à Bruxelles est accueilli avec satisfaction: l'empereurFrançois II vient lui-même à Bruxelles prêter serment à laJoyeuse-Entrée devant les métiers et les Serments de la ville. Il s'agit de s'attacher définitivement les Belges en leur garantissant le respect de leurs droits. Mais, après labataille de Fleurus (), les Autrichiens sont à nouveau chassés du pays et l'occupation française se réinstalle en se durcissant.
À Bruxelles, tous lesprivilèges féodaux et les institutions traditionnelles de l'Ancien Régime sont supprimées. LaCuve de Bruxelles, le lien de franchise qui unit la ville aux villages qui l’entourent depuis lesXIIIe et XIVe siècles est abolie de manière unilatérale en1795 (14 fructidor an III) par décret duComité de salut public de laPremière République française. Les communes limitrophes de l’ancienneville de Bruxelles sont donc séparées de celle-ci et sont constituées et délimitées durant les années suivantes. Bruxelles, réduite arbitrairement à une surface correspondant aux remparts duXIVe siècle, est ramenée au rang de chef-lieu départemental, en l'occurrence dudépartement de la Dyle[7] et reçoit un conseil municipal élu, pour la première fois,de manière démocratique. La population urbaine se réduisit de 74 000 en 1792 à 66 000 en 1799.
Bruxelles est sous leConsulat et plus encore sous lePremier Empire, le théâtre d’une croissance économique remarquable, surtout dans les domaines du textile et de la chimie. LeBlocus continental, imposé parNapoléon Ier à laGrande-Bretagne va avoir pour effet de doper la production bruxelloise en effaçant la concurrence anglaise enEurope. L’opulence de la cité et de ses firmes textiles est anéanti à la suite de ladéfaite française de Waterloo[8].
Le est créé lecorps de sapeurs-pompiers de Bruxelles, qui compte alors 100 hommes, armés, car ils avaient pour rôle, outre lalutte contre l'incendie, celui dumaintien de l'ordre.
En1801, lePremier Consul Bonaparte fonde le musée des Beaux-Arts de Bruxelles (qui deviendra lesmusées royaux des beaux-arts de Belgique en 1927) et reçoit de nombreuses œuvres en provenance duLouvre.
Le, Bruxelles reçoit le titre de« Bonne ville » de première classe de l'Empire. Le titre de duc lui est conféré.
Après la défaite deNapoléon àWaterloo en1815, à la suite ducongrès de Vienne, la Belgique est unie avec les anciennesProvinces-Unies pour former le royaume uni des Pays-Bas, malgré un vote défavorable des notables dont il n'est tenu aucun compte.GuillaumeIer d'Orange prend le titre de roi des Pays-Bas et deroi de Belgique (le mot Belgique étant employé à l'époque pour désigner tout le nouveau royaume uni des Pays-Bas (Regnum Belgicum) et non pas uniquement les provinces du sud). Bruxelles est, avecLa Haye, la capitale du nouveau pays. Le style autoritaire du nouveau monarque qui est accusé de favoriser les néerlandais dans toutes les fonctions ministérielles, administratives et militaires, ainsi que sa tentative d'imposer la languenéerlandaise dans toute la Belgique engendrent le mécontentement.
Dans la nuit du 24 au, les Belges mènent leurrévolution. Bruxelles compte 100 000 habitants. La révolution débute à Bruxelles, au cours d'une représentation deLa Muette de Portici authéâtre de la Monnaie et gagne vite les provinces. Des soulèvements éclatent dans les villes de province à la nouvelles des barricades de Bruxelles. L'armée néerlandaise est battue partout par les volontaires. Letraité des XVIII articles reconnaît l'indépendance belge, mais leroi des Pays-Bas, tente un retour en force. Les Belges doivent reculer devant une offensive menée avec l'appui d'une nombreuse artillerie et Bruxelles est menacée. Mais, entre-temps, un gouvernement provisoire a proclamé l'indépendance du pays et le congrès national a élu un roi,LéopoldIer deSaxe-Cobourg et Gotha. Il prête serment de fidélité à la constitution le, date qu ideviendra le jour de laFête nationale belge. Celle-ci est, alors, la plus libérale du monde. Le nouveau roi porte le titre deroi des Belges et non de roi de Belgique. C'est lui qui, au nom du régime de neutralité du nouvel état proclamé par la conférence de Londres, demande l'intervention française contre les Pays-Bas, la neutralité étant garantie par la France et l'Angleterre. Devant l'armée française et la menace sur ses arrières des volontaires duLimbourg menés parCharles de Brouckère, l'armée des Pays-Bas recule pour éviter l'affrontement et se retranche dans Anvers qu'elle aura bombardé avant de se rendre. Le régime de neutralité a fonctionné et protégera l'indépendance belge jusqu'à sarupture par l'Allemagne impériale, lors de laPremière Guerre mondiale, en1914.
Quand, en1830, Bruxelles devient la capitale de laBelgique indépendante, elle attire une nouvelle population administrative, tandis que les faubourgs industrialisés connaissent une grande densification démographique. Bruxelles accueille aussi beaucoup de réfugiés français et de francophones du sud du pays, recherchés pour peupler les administrations de ce jeune État où le pouvoir politique était aux mains de la haute bourgeoisie francophone, alors que la majorité des Belges parle l'un ou l'autre patois local.
Le libéralisme domine le longXIXe siècle dans la capitale belge et ce dès 1830. Contrairement à ce qui se passe dans certaines villes belges,l’orangisme ne présente à aucun moment une alternative crédible aubelgicisme des autres partis. La domination du libéralisme (doctrinaire) était favorisée par plusieurs éléments : bourgeoisie éclairée, fort courant anti-clérical lié directement à la force des ligues maçonniques, présence de l’université libre de Bruxelles et ouvriers spécialisés peu attirés par un socialisme révolutionnaire.La politique poursuivie par le collège échevinal se définit par un libéralisme prononcé que ce soit par son absence de politique social, un laissez-faire général dans sa politique urbanistique et écologique ainsi qu’une politique favorisant la liberté commerciale. L’éducation constitue le seul domaine d’intervention précoce. En effet, la ville de Bruxelles se caractérise par un enseignement communal qui arrive à se poser comme concurrent sérieux face à la dominance des établissements catholiques.Ce n’est qu’avec l’introduction du suffrage universel masculin que l’électorat catholique révèle son véritable poids politique, un élément qui n’a pas encore vraiment attiré l’attention de l’historiographie. À part lors des élections communales de 1938 où le mouvement catholique perd beaucoup de voix à Rex, le parti de droite rassemble chaque fois le plus de voix. Mais il ne réussit pas à accaparer le maïorat qui reste la chasse gardée des libéraux. Contrairement à d’autres villes belges notamment Gand et Anvers, l’élite du monde politique bruxellois ne se renouvelle guère dans les années 1920 et 1930 ans. Cette stabilité est presque caricaturalement illustrée parAdolphe Max, bourgmestre de Bruxelles de 1909 jusqu’à sa mort en 1939. Son successeur, Joseph Van de Meulebroeck, est conseiller communal depuis 1907.
La vie politique bruxelloise dépasse les étroites frontières de la commune. Aussi, des communes voisines furent-elles amenées, au début duXXe siècle, à entamer avec la commune centrale une forme d'unification officieuse portant sur des matières pratiques, éclairage, plaques des rues, accords policiers sous la houlette d'une instance appelée la conférence des bourgmestres qui est placée, à sa naissance, sous la présidence du bourgmestre libéral Adolphe Max. C'est que, pour le monde libéral, Bruxelles constitue sans aucun doute un lieu des plus importants. D’autre part, par la valeur symbolique de la capitale, les décisions prises par le pouvoir bruxellois ont parfois des répercussions nationales. Par l'influence de la commune centrale sur les autres communes et par les compétences élargies du bourgmestre, notamment sur la police, la position bruxelloise vis-à-vis des nombreuses manifestations qui se déroulent à Bruxelles, peut être déterminante quant à l’issue de celles-ci.
D’une manière plus générale, la ville de Bruxelles se trouve au centre de la construction identitaire belge. Vu son rôle déterminant dans les journées de, il n’est guère étonnant qu’elle se trouve au milieu des commémorations qui, jusqu’à la fin duXIXe siècle, ont donné la date à la fête nationale belge. La place des Martyrs constitue un des lieux de mémoire autour duquel se développe tout un discours national, l’autre élément central, la monarchie, est également présente au milieu de Bruxelles. La capitale comprend de nombreux monuments érigés auXIXe siècle qui illustrent la grandeur de la Belgique : colonne du congrès, Cinquantenaire, palais de Justice… Pendant la Première Guerre mondiale, les deux éléments cités au-dessus – les événements de 1830 à travers la place des Martyrs et la monarchie à travers le prestation deLéopoldIer de Belgique – sont centraux dans la réponse patriotique de la ville à l’occupant. Et même si Bruxelles a relativement peu souffert comparée à des villes comme Dinant, elle sera également après 1918 un des haut-lieux du patriotisme belge qui se définit largement en fonction de la Grande Guerre.
Le y est fondée l'université libre de Belgique, qui deviendra rapidement l'université libre de Bruxelles.
De gigantesques travaux confèrent à Bruxelles son statut de capitale: édification desGaleries royales Saint-Hubert (1846),voûtement de la Senne (1867-1871), construction dupalais de Justice (1866-1883) et duparc du Cinquantenaire avec son arc de triomphe. (1880). De nouveaux quartiers sont dessinés et font l'objet d'un plan d'urbanisme révolutionnaire qui comprend de grandes avenues et des parcs et s'étend à toutes les communes, contribuant à l'unification des esprits bruxellois qui acquièrent une conscience collective, surtout dans la bourgeoisie et les intellectuels. Sous l'impulsion de l'architecteVictor Horta, de superbes demeuresArt nouveau s'érigent au début duXXe siècle. Bruxelles connaît alors un important retentissement culturel. Une littérature indépendante de Paris apparaît, la vie théâtrale est importante et de grands musées sont érigés.
Fuyant laguerre franco-prussienne, le peintre mentor desimpressionnisteEugène Boudin séjourne à Bruxelles fin 1870 sur l'invitation de Gauchez, un marchand bruxellois[9].
Bruxelles s'inscrit à nouveau peu après dans l'histoire de l'art avec LeGroupe des Vingt (ouLes XX), un cercle artistique d'avant-garde fondé en1883 parOctave Maus. Émanant d'une scission du cercleL'Essor, il a été continué après 1894 parLa Libre Esthétique.
Pendant laPremière Guerre mondiale, Bruxelles est occupée par l'armée allemande, comme la plupart de la Belgique. La ville subit la déportation de centaines de travailleurs forcés en 1917, arrêtée grâce à la pression de l'opinion publique internationale, et accueille aussi des civils français évacués par les allemands des zones de combat. En 1917, Bruxelles est décrétée par l'occupant capitale duConseil de Flandre et des affrontements ont lieu entre nationalistes flamands et belges. Le, lendemain de l'abdication de l'empereur allemand Guillaume II à la suite de sa défaite militaire, une partie de la garnison allemande de Bruxelles se mutine. Des batailles de rue avec des officiers loyaux font des dizaines de morts. Les soldats pacifistes l'emportent et le le dernier camion allemand abandonne la ville[10].
AuXXe siècle, le secteur tertiaire prend le relais par de grands chantiers urbains : voies rapides automobiles aux multiples tunnels, nouvelles installations portuaires accessibles aux bateaux de mer de moyen tonnage (des bateaux de mer de petit tonnage étaient déjà accueillis depuis leXVIe siècle).En1911, on commence les chantiers de lajonction ferroviaire entre les gares du Nord et du Midi. Mais ceux-ci sont interrompus pendant laPremière Guerre mondiale.
Après laBataille de Belgique, Bruxelles est envahie le[11]. Elle ne sera officiellement proclamée « libérée » que le.
Pendant l'Entre-deux-guerres, des quartiers de bureaux en style moderniste apparaissent sous l'impulsion de la croissance économique et les premiers immeubles tours se dressent, comme par exemple larésidence de la Cambre, construite en1939. La compagnie nationale belgeSabena est fondée en1923, à l'aérodrome de Haren et s'y développe, reliant la ville au monde entier mais aussi auCongo belge, alors colonie du Royaume.
Lors de laSeconde Guerre mondiale, leTroisième Reich lance laCampagne des 18 jours le, en envahissant laBelgique et leGrand-Duché de Luxembourg. Bruxelles est prise le. Elle restera occupée jusqu'à sa libération par la2earmée britannique le, qui entre via l'avenue de Tervuren vers20 h 0.
Durant les deux guerres mondiales, Bruxelles fut occupée par une autorité militaire allemande qui intervint dans le régime politique des dix-neuf communes de la capitale en y imposant des collaborateurs des nazis favorables à la flamandisation de la ville. On assista notamment à un durcissement de l'inspection linguistique scolaire chargée de répartir les élèves entre écoles francophones et flamandes, dans le but de ramener vers l'enseignement en néerlandais des enfants de parentsflamands qui les inscrivaient dans des écoles francophones. L'université de Bruxelles, U.L.B. établissement francophone, placée devant l'obligation de devoir accepter des professeurs allemands, se saborda en fermant ses portes, les étudiants partant dans d'autres universités, mais aussi s'en allant suivre des cours clandestins. Outre les bombardements alliés et le marché noir consécutif au rationnement dus aux réquisitions allemandes, les dix-neuf communes connurent, comme toute la Belgique, les déportations, notamment de juifs. Comme en 1914-1918, avec le réseau d'espionnage laDame Blanche et le journal clandestin "la Libre Belgique", des réseaux de résistance et une presse clandestine principalement francophone se développèrent à Bruxelles en 1940-1944. Le réseau d'espionnage soviétique "l'Orchestre rouge" y eut son siège principal entre 1940 et 1942, jusqu'à l'arrestation de son chefLéopold Trepper. Des arrestations, notamment de bourgmestres,Adolphe Max en 1914,Joseph Vandemeulebroek en 1941 et, à Etterbeek,Louis Schmidt en 1943, et des révocations de fonctionnaires préparèrent la création, en 1942, d'un « Groß Brüssel » sous l'autorité de collaborateurs de l'Allemagne nazie tels queJan Grauls. L'emprise des mouvements flamingants protégés par l'Allemagne avait déjà amené, en 1917, l'expulsion des administrations ministérielles francophones vers Namur dans le but de faire de Bruxelles la capitale d'une Flandre indépendante sous l'autorité duTroisième Reich.
Finalement, la ville ressortit des deux guerres en retrouvant son statut ancien, celui dedix-neuf communes régies par la « conférence des bourgmestres ». Ce statut devait, plus tard, évoluer pour retrouver un régime unique chapeautant les dix-neuf communes et rappelant l'autorité bruxelloise sur les communes voisines du centre qui avait été celui de l'ancien régime jusqu'à sa suppression forcée sous l'annexion française. Cette reconnaissance constitutionnelle de la spécificité bruxelloise s'est concrétisée par l'installation d'un gouvernement et d'un parlement régionaux faisant de Bruxelles une ville région de 172 kilomètres carrés égale en droits aux autres régions belges.
En1949 les activités aériennes civiles de l'aérodrome de Haren, dont celles de laSabena, déménagent définitivement vers le nouvelaéroport de Bruxelles-National, situé àZaventem.
En1958 a lieu l'exposition universelle de Bruxelles, pour laquelle est notamment érigé l'Atomium.
Le survint l'incendie de l'Innovation qui fait 251 morts et 62 blessés. C'est l'incendie le plus meurtrier de la villeet de Belgique.
Dans lesannées 1960 et1970, Bruxelles subit de grands changement urbanistiques lors desquels de nombreux anciens bâtiments, rues ou quartiers sont démolis au profit d'une nouvelle réorganisation. L'ampleur de ce phénomène est tel qu'un nom lui sera donné: labruxellisation.
L'histoire de la Belgique dans la dernière moitié duXXe siècle est dominée par l'incessant débat linguistique entre néerlandophones et francophones, se traduisant notamment dans la région bruxelloise par l'affaire des guichets séparés de Schaerbeek, de 1971 à 1976. Entre1970 et1994, laConstitution est remaniée, créant un État fédéral à troisrégions : laRégion flamande, néerlandophone ; laRégion wallonne, francophone et germanophone ; la Région de Bruxelles-Capitale, bilingue. Cette modification donne également naissance à trois communautés culturelles : laCommunauté flamande, laCommunauté française et laCommunauté germanophone.
En1989, Bruxelles reçoit les différentes institutions propres à son statut de région. Au-delà d'une simple agglomération, elle est depuis lors dotée d'un pouvoir d'ordonnances et de son propreParlement etGouvernement, ainsi que de diverses institutions spécifiques qui s'occupent des compétences communautaires dans la région :
Bruxelles reste ainsi une régionbilingue assurant une protection de la minorité linguistiquenéerlandophone[12].
À la pointe de l'Europe, Bruxelles est donc devenue une cité multiculturelle et cosmopolite. Comme la majorité de l'Europe, la Belgique passe duboom économique desannées 1960 à larécession desannées 1970-1980. Cependant, durant ces décennies, Bruxelles renforce son rôle de capitale de l'Europe. Le siège de laCommunauté européenne et celui de l'OTAN àEvere, une des dix-neuf communes, attirent plus d'un millier d'organismes internationaux et de lobbys qui y installent leurs sièges sociaux. Bruxelles possède aussi le plus grand nombre de diplomates aprèsWashington D.C. (12 000) et plus de 30 % de la population bruxelloise est étrangère.
Bruxelles abrite également lesiège de l'OTAN àHaren.
Le ont lieu lesattentats de Bruxelles, qui font 35 morts et plus de 300 blessés.
Après la naissance de la Belgique en 1830, leXIXe siècle vit des changements profonds dans les rapports entre les langues à Bruxelles[13],[14],[15]. Bien qu'historiquement Bruxelles fut une cité dont les habitants parlèrent des dialectesbrabançons[16] — communément appelédialecteflamand[17],[18] —, la situation linguistique bruxelloise changea radicalement au cours desXIXe et XXe siècles. Labourgeoisie continua à se franciser[19], renforcée par une importante vague d'immigration, française et wallonne, et pour la première fois également la population néerlandophone passa massivement au français en quelques générations[20],[21]. La raison en fut le manque de considération dont jouissait le néerlandais en tant que langue de culture au sein de la société belge[22], renforcé par l'attrait que représentait à l'époque le français comme langue de haute culture et des échanges internationaux[23],[24].
Cette transformation démarra graduellement auXVIIIe siècle[13] mais prit toute son ampleur lorsque laBelgique devintindépendante et que Bruxelles déborda au-delà de ses murs[25],[26]. La francisation réelle et massive de la population urbaine ne commença cependant que dans la seconde moitié duXIXe siècle[14]. À partir de 1880[27], on constate une véritable explosion de bilingues au détriment des néerlandophones unilingues[23],[15]. Le néerlandais ne se transmettait plus à la génération suivante[28], ce qui a eu pour effet une augmentation considérable du nombre des francophones unilingues après 1910[29]. À partir des années 1960[30], à la suite de la fixation de lafrontière linguistique[31] et de l'essor socio-économique de laRégion flamande[15], la francisation des néerlandophones a stagné[32],[19].
Le régime linguistique bruxellois est celui d'un bilinguisme intégral qui laisse aux citoyens le choix de la langue dans leurs rapports avec les administrations. La liberté linguistique du père de famille est garantie par la constitution belge quant au choix de la langue de l'enseignement. Deux réseaux complets d'écoles et d'universités, en français et en néerlandais existent dans les dix-neuf communes. Dans six communes de la périphérie existent aussi des écoles primaires francophones. Des écoles internationales se sont développées dans les années 1950, écoles européennes préparant en plusieurs langues à un baccalauréat européen, école française, écoles anglaise et allemande, ces dernières implantées en périphérie et indépendantes des lois scolaires linguistiques de la Belgique.
Ce développement scolaire et cet élargissement linguistique de Bruxelles a accompagné son développement international, avec la créeation de laCommunauté économique européenne en1957 (qui deviendra l'Union européenne), puis de l'OTAN en1967. Bruxelles devient progressivement, durant la seconde partie duXXe siècle, une ville d'échanges internationaux qui contribue à un afflux d'immigrants qui favorisent l'émergence du français ainsi que d'autres langues étrangères[28], aux dépens du néerlandais[33]. EN 2010, des spécialistes d'universités flamandes estiment à 5 % la proportion de la population bruxelloise utilisant le flamand ou le néerlandais comme langue d'usage. Simultanément, à la suite de l'urbanisation[34], un nombre supplémentaire de communes précédemment néerlandophones de laPériphérie bruxelloise devinrent majoritairement francophones[31],[35],[36]. Ce phénomène, connu en Flandre comme la « tache d'huile francophone »[37], constitue, en même temps que la question du statut de Bruxelles[38], un des principaux sujets de contentieux de lapolitique belge[15],[39],[40].
Les armoiries originelles et authentiques de la ville de Bruxelles sontde gueules plain[41].
À partir duXVIe siècle, l'habitude se fit d'y mettre la figure du sceau de la ville représentant Saint-Michel, d'abord une ombre de Saint-Michel puis une forme plus élaborée[42].