Cet article concerne la musique rap en tant que genre musical. Pour plus d'information sur la technique vocale ou les autres disciplines, voirrap etculture hip-hop.
Originaire desghettos noirs et latinos de New York, il se répand dans l'ensemble du pays puis gagne progressivement les quartiers populaires du monde entier à partir des années 1980 et 1990, au point de devenir une culture urbaine des plus importantes, et même dominante.
Son expression musicale est elle-même souvent appeléerap, ce qui constitue un raccourci dans la mesure où ce terme ne s'applique qu'à la parole, scandée et saccadée, propre au MCing. La musique hip-hop peut en effet revêtir plusieurs formes, voire se limiter aux seuls beats du DJ (disc jockey), auquel cas le terme rap ne convient pas.
La création du terme « hip-hop » est souvent attribuée àKeef Cowboy,rappeur deGrandmaster Flash and the Furious Five[6]. Cependant,Lovebug Starski, Keith Cowboy, etDJ Hollywood utilisaient le terme lorsque la musique était connue sous le nom dedisco rap[7]. Le fondateur de l'Universal Zulu Nation,Afrika Bambaataa, est considéré comme celui qui a attribué le terme à lasous-culture à laquelle la musique appartient ; bien qu'il s'agît d'un terme dépréciatif appliqué à ce type de musique[8]. La première utilisation du terme dans la presse écrite se situe dans un article duVillage Voice[9] de Steven Hager, par la suite auteur d'un ouvrage sur le hip-hop de 1984[10]. Étymologiquement, selon Ailane[11], « hip-hop », serait la combinaison du terme anglaiship qui signifie « être dans le vent, être branché » dans le parler de la rue, et deto hop dont on peut traduire le sens par sauter ou danser. Pour certains pionniers commeGrand Master Caz, le mot hip-hop viendrait du mot« hippie » car à son origine ce mouvement culturel avait pour vocation de canaliser les frustrations et la violence pour en faire quelque chose de positif.
DJ Kool Herc est reconnu comme l'un des pionniers du genre.
La musique et laculture hip-hop sont formées pendant lesannées 1970 lorsque lesblock parties se popularisent àNew York, en particulier chez la jeunesseafro-américaine etcaribéenne duBronx[12]. Les block parties incorporent des DJs, qui jouaient des genres de musique populaire, en particulierfunk etsoul. Avec un accueil positif, les DJs commencent à isoler lesbreakspercussifs des chansons populaires. Cette technique vient de la musique dub jamaïcaine[13] et est largement popularisée à New York par les immigrés originaires de Jamaïque et des Caraïbes, commeDJ Kool Herc, appelé le« père fondateur du hip-hop »[14],[15].
Des techniques de turntablism – comme le scratching (attribué àGrand Wizzard Theodore[16]), le beat mixing et/ou matching, et le beat juggling – se développent[13]. La musique hip-hop à ses débuts devient une« voix » ou« issue de secours » pour la jeunesse des quartiers défavorisés[17] quotidiennement minée par les discriminations sociales, économiques et politiques[18]. SelonChang[19] et Ailane[11], le hip-hop les block parties représentaient des échappatoires aux problèmes quotidiens qu’ils rencontraient, les injustices sociales au sein des ghettos, telles les coupes budgétaires dans les domaines qui les concernaient et la rénovation urbaine les excluant d’une pleine participation sociale. Ainsi, le hip-hop donnait un meilleur sens à ces ghettos.
Lerap, MCing ou emceeing, est un style vocal dans lequel le chanteur parle, généralement sur un morceau instrumental ou synthétisé. Le morceau, en signature 4/4, peut être créé paréchantillonnage, notamment[20]. Ils incorporent également synthétiseurs etboîte à rythmes. Les rappeurs peuvent écrire, mémoriser, ou improviser leurs paroles et les chantera cappella ou pendant un morceau. La musique hip-hop intronise le rap à laculture hip-hop, mais le rap est absent des chansons de hip-hop comme dansHip Hop, Be Bop (Don’t Stop) desMan Parrish ;Chinese Arithmetic deEric B. and Rakim ;Al-Naafiysh (The Soul) etWe're Rocking the Planet de Hashim ; etDestination Earth deNewcleus. Cependant, la majeure partie du genre est accompagné de rap, en partie de rap féminin. La MC Sha Rock, originaire du Bronx et membre desFunky Four Plus One est considérée comme la première rappeuse au hip-hop[21].The Sequence, un trio de hip-hop signé au labelSugar Hill Records au début desannées 1980, est le premier groupe féminin à faire paraître un disque de rap,Funk You Up.
Les racines du rap remontent à lamusique afro-américaine et plus loin à lamusique africaine, en particulier celle desgriots de l'Afrique de l'ouest[22]. Les traditions afro-américainessignifyin’, lesinsultes rituelles, et la poésie influence la musique hip-hop. ÀNew York, les musiquesspoken-word de groupes et musiciens commeThe Last Poets,Gil Scott-Heron[23] et Jalal Mansur Nuriddin influence l'environnement social dans lequel le hip-hop a été créé. DJ Kool Herc etCoke La Rock influencent le style vocal du rap avec des versetspoétiques accompagnés de breaks de musique funk[13],[24]. Plus tard, les MC varient derythme et de style vocal, avec quelques brèves rimes, souvent à caractères sexuels ouscatologiques, afin de se différencier des autres et de divertir le public. Ces premiers groupes de rap incorporent des insultes rituelles. Kool Herc & the Herculoids sont le premier groupe à se populariser à New York[24], mais le nombre de MC s’accroît avec le temps. Il y avait souvent collaborations entregangs, comme l'Universal Zulu Nation d'Afrika Bambaataa—actuellement une organisation internationale.Melle Mel, un rappeur des Furious Five est considéré comme le premier parolier de rap à s'auto-proclamer« MC »[25].
La musique hip-hop est influencée par ledisco et le contre-coup qui lui est associé. SelonKurtis Blow, le tout premier chanteur de Rap à avoir signé avec uneMajor avec le tubeThe Break, les premiers jours du hip-hop se caractérisent par la division entre fans et détracteurs du disco. Le hip-hop émerge comme« réponse directe à la disco européanisée »[26],[27] et les premières chansons hip-hop se basent principalement sur des boucles musicales de style hard funk.
Dès le début des années 1970, le mouvement hip-hop se scinde en deux écoles. D'un côté, il y a les DJs et MCs hip-hop influencés par le disco, qui officient dans des clubs selects duQueens,Manhattan ouHarlem, commePete DJ Jones,Eddie Cheeba,DJ Hollywood,Grandmaster Flowers etLovebug Starski. Ce genre musical est parois qualifié de« disco rap »[28],[29]. De l'autre côté, on trouve les musiciens de hip-hop pur et dur qui se focalisent sur des rimes rapid-fire et des schèmes rythmiques plus complexes. Ceux-ci jouent dans des « block parties » organisées dans les parcs ou les salles duBronx. DJ Kool Herc,Afrika Bambaataa, Paul Winley,Grandmaster Flash, et Bobby Robinson font partie de cette catégorie et regardent les premiers avec plus ou moins de mépris[30].
Cependant, en 1979, la boucle ou chanson disco instrumentale devient de plus en plus la base de la musique hip-hop.
Lesannées 1980 marquent la diversification du hip-hop tandis que le genre se développe en des styles plus complexes.New York devient un véritable laboratoire dans la création de nouveaux sons hip-hop. Des premiers exemples de cette diversification peuvent être entendues dansThe Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel deGrandmaster Flash (1981), un single qui comprend presque exclusivement dessamples[31], et dans les chansonsPlanet Rock d'Afrika Bambaataa (1982) etNunk de Warp 9 (1982)[32] qui mêlent hip-hop etelectro.Beat Bop deRammellzee et K-Rob est unslow jam qui comprend des éléments dedub (reverb et échos) comme textures et effets sonores.Light Years Away de Warp 9 (1983) (produit et écrit par Lotti Golden et Richard Scher), décrit comme« la première pierre à l'édifice du beatbox afrofuturiste du début des années 1980 » par le journal britanniqueThe Guardian, présente des paroles traitant du social d'un point de vuescience-fiction.
La prolifération du hip-hop électro et des albums hip-hop au début desannées 1980 peut être attribuée à laboîte à rythmesRoland TR-808 utilisée par lesbeatmakers et producteurs. Apparu sur le marché en 1980, elle devient la boite à rythmes de choix à la fois pour son prix mais aussi pour sa qualité analogique, en particulier lebassdrum[33],[34]. La nouvelle génération de boîtes à rythmes comme le 808 et l'Oberheim DMX définissent aussi les chansons électro et new électro de cette période. Le sampling s'améliore au fil du temps. Les paroles et thèmes se développent également dans le hip-hop. Le vieux style lyrique des années 1970, teinté de chants clichés, est remplacé par des paroles métaphoriques explorant diverses variétés de sujets. Les paroles elles-mêmes sont chantées de différentes manières, souvent complexes et au même rythmes que les instruments. Des artistes commeMelle Mel,Rakim,Chuck D,KRS-One et Warp 9 ont révolutionné le hip-hop en le transformant en une forme d"art plus mûre, avec des arrangements sophistiquées[35]. Le singleThe Message (1982) deGrandmaster Flash and the Furious Five est le pilier durap conscient.
Des labels indépendants commeTommy Boy Entertainment, Prism Records et Profile Records atteignent le succès au début des années 1980, publiant des albums à un rythme effréné pour combler les demandes des chaînes de radio et clubs locaux. L'électro et le rap sont les catalyseurs du mouvement hip-hop mené par des groupes comme Cybotron, Hashim,Afrika Bambaataa, Planet Patrol,Newcleus et Warp 9. À New York, les artistes collaborent avec des producteurs et compositeurs tels qu'Arthur Baker, John Robie, Lotti Golden et Richard Scher, échangeant ainsi de nombreuses idées qui aideront au développement du hip-hop[36]. Certains rappeurs deviendront même connus dans la scène pop grand public. La participation deKurtis Blow dans une publicité pourSprite[37] marque la première fois qu'un rappeur est présenté dans une publicité. Les chansonsRapture deBlondie etChristmas Wrapping du groupe denew wave The Waitresses sont parmi les premières chansons pop à faire usage du rap.
Avant les années 1980, le hip-hop ne se consacrait qu'à ce qu'il se passait localement aux États-Unis. Mais, à partir des années 1980, il commence à s'étendre dans une douzaine d'autres pays. Greg Wilson est le premier DJ à présenter l'électro hip-hop au public britannique au début des années 1980, optant pour des versions instrumentales ou dub deNunk de Warp 9,ET Boogie d'Extra T,Hip Hop, Be Bop (Don't Stop) deMan Parrish, etPlanet Rock etDirty Talk[38].
Au début de la décennie, le B-boying devient le premier aspect de la culture hip-hop à atteindre leJapon, l'Australie et l'Afrique du Sud, lecrew de breakdance Black Noise le pratiquait déjà avant les débuts du rap. Sidney Duteil devient le premier animateur noir enFrance à présenter l'émissionH.I.P. H.O.P.[39] diffusée surTF1 en1984, une première au monde dans le genre. Le hip-hop a toujours gardé de proches relations avec la communautélatino de New York. DJ Disco Wiz et laRock Steady Crew sont parmi les premiers innovateurs dePorto Rico, mêlant anglais etespagnol dans leurs paroles. The Mean Machine enregistre leur première chanson,Disco Dreams, en 1981, et Kid Frost de Los Angeles commence sa carrière en 1982.Cypress Hill est formé en1988 à South Gate près de Los Angeles. Lehip-hop japonais semblerait avoir émergé avec Hiroshi Fujiwara qui retournera au Japon et commencera à jouer du hip-hop au début des années 1980[40].
Lehip-hop new school désigne la seconde vague de hip-hop ayant émergé entre1983 et1984 avecRun–DMC etLL Cool J. Alors que le hip-hop qui le précédait (une période désormais baptisée dehip-hop old-school), le new school se développe àNew York. Le new school est à l'origine caractérisé sous forme de minimalisme guidée par uneboîte à rythmes influencé par lerock[41]. Il est noté pour son rap et ses commentaires socio-politiques violents. Ces éléments contrastent avec l'image que renvoi les groupes inspirés par le funk et disco d'avant 1984. Les artistes du new school produisent des chansons plus courtes facilitant leur diffusion à la radio. Le hip-hop devient un succès comme en témoigne l'albumLicensed to Ill desBeastie Boys (1986), qui atteindra la première place des classementsBillboard[42].
L'âge est noté pour son innovation – un temps durant lequel« tous les nouveaux singles auraient réinventé le genre », selon le magazineRolling Stone[47].
En1990,Fear of a Black Planet dePublic Enemy emporte le succès critique et public[58]. L'album joue un rôle clé dans la popularisation du hip-hop auprès du grand public en 1990, décrit parBillboard comme« l'année où le rap a explosé »[58]. Des articles d'autres journaux tels que leTime et leLos Angeles Times citent l'album pour son importance dans la scène[59],[60].
MC Hammer atteint le succès grâce à son albumPlease Hammer, Don't Hurt 'Em, certifié multi-disque de platine. Il atteint la première place des classements, et son single,U Can't Touch This, atteint le top 10 duBillboard Hot 100. MC Hammer devient l'un des rappeurs les plus populaires du genre et jouera lui aussi un rôle clé dans le genre. L'album élève le rap vers un niveau de popularité encore plus grand. Il est le premier album de hip-hop certifiédisque de diamant parRIAA pour avoir dépassé les 10 millions d'exemplaires vendus[61]. Il reste l'un des albums du genre les mieux vendus[62]. En date de2017, l'album compte 18 millions d'exemplaires vendus[63],[64],[65]. Publié en 1990,Ice Ice Baby deVanilla Ice est le premier single hip-hop à atteindre les classementsBillboard. Il atteint aussi la première place dans d'autres pays comme l'Australie aidant ainsi à populariser le genre dans le monde[66]. En 1992,Dr. Dre publieThe Chronic. Là encore, l'album popularise legangsta rap de la côte ouest américaine, qui devient plus viable que son rival de la côte est américaine[67] ; l'album lance un style nomméG-funk, qui dominera par la suite la côte ouest.
Malgré le soutien des chaînes de radio afro-centrées, le hip-hop devient l'un des meilleurs genres musicaux du milieu des années 1990, qui, en1999, compte un total de 81 millions d'albums vendus[68],[69],[70]. La fin des années 1990 assiste à la domination du genre par leWu-Tang Clan,Diddy et lesFugees[67].
La popularité du hip-hop continue de s’accroître dans lesannées 2000.Dr. Dre reste une figure importante, et produitThe Marshall Mathers LP d'Eminem. Dre produit aussi l'albumGet Rich or Die Tryin' de50 Cent, qui se classe premier duBillboard 200. Le hip-hop trouve aussi son chemin de la pop grand public à cette période, en particulier au milieu des années 2000. Le premier album deNelly,Country Grammar, se vend à plus de neuf millions d'exemplaires. Dans les années 2000, lecrunk, un dérivé duSouthern hip-hop, gagne considérablement en popularité avecLil Jon et lesYing Yang Twins.Jay-Z représente le triomphe culturel du hip-hop.
Il est possible d’utiliser l’anthropologie et la sociologie urbaine pour aborder le hip-hop en tant que culture urbaine ou objet culturel transnational. Le hip-hop est souvent vu d’une manière afro-centrée en raison de ses origines historiques, mais de nombreux hip-hoppers aujourd'hui ne sont pas noirs ou ne se revendiquent pas d’une communauté de la diaspora africaine. Plutôt, le contexte globalisé contemporain donne lieu à une dynamique de relocalisation des musiques noires ainsi que l’explique Ailane[11].
Des premiers artistes locauxunderground sont Cora E. et Advanced Chemistry. Ce n'est pas avant le début desannées 1990 que le hip-hop allemand ne se popularise grâce à des groupes commeDie Fantastischen Vier et Rödelheim Hartreim Projekt. Le hip-hop allemand s'inspire largement des films, et se focalise beaucoup sur des éléments culturels comme legraffiti et labreakdance au-delà de la musique elle-même[75]. Ces films mènent la population locale à penser que le rap est bien plus qu'une musique. La scène hip-hop commence à se répandre dans lesannées 1990[76].MTV n'existe pas à cette période enEurope, et la scène reste principalement underground. Plus encore, il y a un manque significatif de clubs hip-hop sur le continent[77].
Lehip-hop en Belgique est principalement mené par desrappeurs originaire d'Afrique et d'Italie[78].BRC (Bruxelles Rap Convention) est le premier album de rap enfrançais sorti enBelgique en 1990[79]. Réalisé par Defi-J et Rumky, sorti chez Indisc, il regroupe lesMCs Defi-J, HBB Band N Ko, Rayer (alias Carjack Ray, plus tard membre du groupeDe Puta Madre), Rumky et Shark. DJ Daddy K participera également à la production de certains titres mais aussi auxscratches. Les différents thèmes abordés sont ladrogue, leracisme, lanon-violence, le hip-hop, les imposteurs, et d’autres sujets comme l’amour, les sentiments, et le public hip-hop.
L'un des facteurs qui contribueront au développement et à la popularisation de laculture hip-hop dans le pays est la présence de bases militaires américaines sur le sol espagnol. Les militaires, en particulier ceux de descendanceafro-américaine, écoutaient durap dans leur base via des stations de radio, notamment[80]. Le phénomène musical et l'un de ses éléments fondamentaux, labreakdance, sont lancés à la même époque àMadrid au début desannées 1980. Il se popularise entre 1980 et 1981[80]. La breakdance et le hip-hop se popularise à l'échelle nationale avec la sortie de films américains dans lesquels le breakdancing est l'un des principaux problèmes, tels queBeat Street etBreak Dance[81]. Les premiersgraffitis en Espagne apparaissent également dans la première moitié desannées 1980[82],[83].
Laculture hip-hop arrive enFrance[84] en novembre1982, environ dix ans après son apparition auxÉtats-Unis, avec la tournéeNew York City Rap enEurope qui diffuse largement cette culture à l'extérieur. Legraffiti commence à se répandre à travers l'hexagone à partir de l'année1983, et particulièrement à partir de l'été 1984, où les premières pièces apparaissent sur les quais de Seine, réalisées par les premiers tagueurs français comme Bando du Bomb Squad 2, les membres des BBC[85], ceux de la Force Alphabétick, le graffeur Psyckoze, etc. Dès 1983, les premiers breakers, jeunes parisiens aussi bien que banlieusards, se donnent rendez-vousplace du Trocadéro à Paris et les premières soirées hip-hop se déroulent dans des clubs tels que leBataclan de DJ Chabin, les soirées Chez Roger Boîte Funk au Globo[86]. Le rap et le deejaying commencent dès lors leur ascension. La culture hip-hop est popularisée pour la première fois en France et répandue partout dans le pays grâce à l'animateur, DJ et musicienSidney, dont l'émissionH.I.P. H.O.P., diffusée surTF1 de janvier à, est la première au monde entièrement hip-hop[87],[88]. Il était également le premier animateur de télévision noir en France[89],[90] ; par ailleurs, lefestival l'Original 84-04 avait précisément choisi de fêter les 20 ans de l'arrivée du hip-hop en France en 2004, par référence à Sidney etH.I.P-H.O.P ; événement d'une portée symbolique extraordinairement forte pour la culture hip-hop mondiale.
DJDee Nasty etLionel D donnent aussi impulsion à cette culture dans leur émission hip-hop sur radioNova,Deenastyle, mais surtout par l'organisation de fêtes sauvages (les « free jams », sorte deblock parties à la française) au terrain vague deLa Chapelle (Paris) en 1986[91]. Les compilationsRapattitude 1 et 2 contribuèrent également à le faire connaître. Mais c'est vers la fin des années 1980-1990 que le hip-hop connaît un large succès public à la scène et au disque, dont il deviendra un acteur majeur, grâce à l'émergence des groupes commeSuprême NTM,IAM,Assassin,Nec Plus Ultra,Les Little,Démocrates D,Tout simplement noir,Ministère A.M.E.R.,Timide et Sans Complexe, New Generation MC,Sages Poètes de la rue ou encoreMC Solaar, SLEO, Destroy Man,EJM ouSaliha qui sortent leurs premiers disques. Le, 300 activistes hip-hop, dontKRS-One, ont présenté à l'ONU à New York ladéclaration de paix du hip-hop (The Hip Hop Declaration of Peace)[92].
AuJapon, le hip-hop est plus connu sous le nom de J-rap, mais est également appelé rap japonais, hip-hop japonais, ou J-hip-hop[97]) est ungenre musical lancé par le musicien Hiroshi Fujiwara à son retour auJapon au début desannées 1980[40]. À ses débuts, le hip-hop ne provoque aucun réel intérêt chez les labels majeurs japonais. De ce fait, le hip-hop japonais offre une représentation de globalisation culturelle tandis qu'il se popularise malgré les critiques de la part des labels majeurs et de la presse écrite. L'histoire montre que l'intérêt pour le genre ne grandit que par un désir de compréhension. Au Japon, cette motivation de représenter l'individualité est caractérisée par labreakdance, l'un des mouvements significatifs du hip-hop de l'époque[98],[99].
Une importante étincelle émane du hip-hop japonais en 1983, lorsque la breakdance fait son apparition àTokyo dans les films et performances sur scène ; bien avant cela, des chansons de hip-hop américain étaient jouées dans les soirées à Tokyo. Selon Takagi Kan, une première génération de MC japonais :« Je savais pas ce qui m'attirait dans le rap et leDJing mais dans le breakdancing et legraffiti, on pouvait comprendre visuellement. Ou plutôt c'était tellement limpide que tu te disais, 'Whoa, c'est cool'[kakoii]. Avec le rap et le DJing, je ne savais pas vraiment ce qu'il y avait de cool. Danser c'est créer un impact visuel que chacun peut comprendre, quand tu te mets à danser il n'y a aucune barrière de la langue. La breakdance représente ce qui lancera vraiment le hip-hop japonais »[98],[99].
Lehip-hop québécois, ou rap québ'[100], est mutuellement influencé par lehip-hop français etaméricain. Le genre découle du mouvement hip-hop instauré localement entre l'automne 1979 et l'hiver 1980 par des pionniers tels que Andrew Carr, Butcher T et Mike Williams[101]. D'autre part, les premières pièces du hip-hop québécois apparaissent dans lesannées 1980, suivant la vague hip-hopaméricaine. Le 45 toursÇa rend rap du groupe humoristiqueRock et Belles Oreilles, sorti en 1985, aura beaucoup de succès[102]. Le groupeMouvement rap francophone contribue significativement à l'essor locale grâce à la chansonMRF est arrivé, une tentative de faire germer laculture hip-hop dans lapartie francophone du Canada, et au Québec[103]. Le rappeur québécois KC LMNOP connait un succès commercial au début desannées 1990 avec la chansonTa yeul' (vis ta vie pis reste en vie), parue sur l'albumTa yeul[104]. L'albumLa force de comprendre, du groupeDubmatique, publié en 1997[105], attire l'intérêt de l'industrie musicale après 150 000 exemplaires vendus[106]. D'autres groupes, comme notammentLMDS[103] etLa Constellation, suivent les traces de Dubmatique, et d'autres albums du même genre feront leur apparition.
En2006,Manu Militari s'impose avec son albumVoix de fait[107] qui pousse le hip-hop vers une dimension plus consciente et politique. À partir, Jo le Zef et Filigrann organisent les Word Up! Battles diffusés sur Internet. Ce mouvement de joute verbale a cappella avec des textes pré-écrits gagne rapidement en popularité. Les battles révèlent plusieurs artistes et fait connaître le hip-hop québécois au public français (les français reprirent le concept avec les Rap contenders). La participation de Dramatik (muzion) véritable vétérans du rap game, au Wordup!11 consacre l'importance de ce mouvement. Wordup! donne ainsi un second souffle au mouvement hip-hop québécois.
Dès 2010, le groupeAlaclair Ensemble, composé de KenLo, Maybe Watson, Claude Bégin, Eman, Ogden AKA Robert Nelson, Mash et Vlooper, se démarque par ses productions éclectiques, ses paroles absurdes et ses clins d'œil à l'histoire du Québec[101]. D'autres groupes tentent de briser les clichés au sein de laculture hip-hopquébécoise. Dû pour un renouveau, le hip-hop change d'allure avec une nouvelle niche appelée« piu piu », ou« piou-piou », qui favorise la découverte debeatmakers expérimentaux[108],[109],[110].
La culture hip-hop regroupe quatre principaux modes d'expression :rap,deejaying,graffiti etbreakdance. Lebeatboxing est une sous-branche du hip-hop, il est affilié aurap et au deejaying. Ces modes d’expression artistique existaient séparément avant la création du mouvement hip-hop. Réunis dans lesannées 1970, ils donnèrent naissance à un réel état d’esprit avec ses propres codes : des valeurs, des attitudes, un style vestimentaire et descultures urbaines.
La musique hip-hop comporte deux aspects : la production (aussi appelée« beatmaking ») et le chant rap (aussi appelé« emceeing » ou« MCing » (de MC, Master of Ceremony). Lebeatmaking peut souvent être confondu avec le deejaying pour la simple raison que les deux font partie de la musique de fond (oubeat) utilisée par le MC pour rapper.
Ledeejaying (DJing ou DJaying) consiste à passer des disques simultanément, en les mélangeant et en les modifiant. Le DJ utilise pour cela des techniques variées comme lescratch, le cutting, le baby scratch ou le crab. Certains DJs du mouvement sont désormais célèbres dans le milieu hip-hop commeDJ Kool Herc,Afrika Bambaataa,Grandmaster Flash,Grand Wizzard Theodore ou bienJazzy Jay. Plusieurs DJs sont maintenant des stars tels queDJ Premier, ancien coéquipier deGuru dans le groupeGang Starr, DJ Craze, qui remporte tournoi sur tournoi,Dee Nasty, premier DJ français du mouvement hip-hop dans lesannées 1980, et DJ Clue, qui grâce à sesmixtapes est le premier DJ de la scène hip-hop à vendre plus d'un million de disques.
Lerap (MCing ou emceeing), est un chant saccadé (flow) composé de paroles souvent très imagées, riches en assonances et allitérations. Influencé par le toasting et par des précurseurs dans le jazz ou le rock, il connaît un succès tel qu'on assimile parfois lamusique hip-hop au rap. MC est l'appellation qui désigne celui qui anime les soirées ou des manifestations, mais désigne également les rappeurs. Les initiales MC correspondent en anglais àMaster of Ceremony ouMicrophone Controler. Les premiers DJs encourageaient le public qui assistait aux fêtes à danser. Néanmoins, l'un d'entre eux, Grandmaster Flash, était tellement occupé à passer ses disques et à les écouter qu'il lui devint bientôt nécessaire d'engager deux amis pour qu'ils encouragent le public à sa place. Bientôt, les premiers rappeurs sentirent l'envie de raconter quelque chose de plus, et commencèrent à « lâcher des connaissances » sur le ghetto, et leur vie de tous les jours.
LeRap dans son sens développé va au delà du chant saccadé. Nous avons le Rap journalisme et investigation qui introduit le rappeur dans le domaine de recherche pour éclairer les zones d'ombres de l'histoire passé. En exemple plusieurs se focalisent sur la conquête coloniale en Afrique (l'esclavagisme) cependant par le journalisme et investigation RAP l'histoire révèle que l'esclavage existait partout dans le monde avant la traite négriere. Donc différent du rap bling bling (texte imaginaire, Yo) le rap d'investigation est basé sur la vérité historique et introduit le rappeur en recherche pour informer, révolutionner ou éduquer[112]. Ce style de rap ou rouleau est utilisé par les polices investigateurs, les services judiciaires comme topo[113]. Sans oublier les scientifiques après leur recherche sur un domaine et qu'il donne le rapport sur la recherche alors nous avons le rapport ou encore le rap scientifiques.
Lebeatmaking se fait souvent à l'aide de programmes ou de matériels spécialisés, même si au début le MC rappait sur la partieinstrumentale d'une chanson passée en boucle. Le beat était donc composé à partir desamples de disques. Unbeat peut être composé de trois sections : lebassline (la forme que prendra la basse dans l'instrumentale), la mélodie (la ligne principale, celle qui captera l'attention), et ledrumline (sons dedrums - « percussions »), mais la créativité est de mise et aucune règle n'est fixée. Plusieursbeatmakers préfèrent utiliser des samples de diverses sources et les mixer pour créer une mélodie, mais il est tout autant possible decomposer complètement.
Lebeatboxing représente plusieurs genres de musique créés en utilisant la voix, la gorge et le nez. Inventé parDoug E. Fresh, il a eu un grand succès dans les années 1980 avant de décliner pour revenir vers la fin des années 1990. Un des beatboxers les plus célèbres estRahzel, ancien membre deThe Roots, dont la chanson la plus célèbre estIf Your Mother only knew (sur l'albumMake The Music 2000) alliait « le beat et la voix en même temps ». Comme les autres disciplines de la culture hip-hop, le beatbox connaît une résonance planétaire, de Killa Kela auRoyaume-Uni, deSaïan Supa Crew à Ezra en France, aux Autrichiens deBauchklang. De nombreux concours sont faits chaque année que ce soit en France ou ailleurs.
Le hip-hop soul est un genre à part entière, né de la fusion entre le chantsoul ouRnB et la musique hip-hop, qui est le point de jonction de lanew jack swing et de laneo soul (ou nu soul).Mary J. Blige porte ainsi depuis ses débuts le titre deQueen of Hip Hop Soul et égalementErykah Badu surnommée« Queen of Neo-Soul ».
Lebreakdance, pour reprendre la formulation d’Ailane[11], est l’expression corporelle du hip-hop. Cette danse se caractérise par sa dimension athlétique, enchainant des mouvements fluides et amples qui sont constamment rompus pour laisser place aux suivants. Le terme debreakdance vient des médias, le terme correct étant pour parler de cette danse est le B-boying. Les danseurs sont également appelés breakers ou B-boys (B-girls pour les danseuses), le B signifiant break. En1970, apparait leLocking avec comme créateur Don Campbell, provenant de lacôte ouest des États-Unis. Il fera partie d'un groupe légendaire : les Lockers. L'émission de télévisionSoul Train est déterminante dans la diffusion de ses danses car cela est la première fois qu'elles ont été visibles à la télévision. À peu près au même moment en1978, Boogaloo Sam invente lepopping et le groupe Electric Boogaloo Lockers. Le locking et le popping sont plus communément appelés les funk-styles. Fait son apparition une danse dans lesannées 1980 du hip-hop freestyle à New York. Il a vulgairement été appelé en France en 2003 « new style »,terme commercial[réf. nécessaire]. C'est avant tout une danse de club, car elle est née dans les clubs, au moment où les minorités ethniques et gays subissaient de nombreuses ségrégations (voirParis Is Burning). Aujourd'hui[Quand ?], ces danses se sont exportées dans le monde grâce à Internet, les événements de danse (battles) et les danseurs qui parcourent le monde pour les transmettre.
Legraffiti est un phénomène omniprésent dans le paysage urbain. Le graffiti permet au graffeur (ougraffiti artist, ou« poseur ») de se réapproprier son environnement, et de marquer son mobilier urbain. Toujours réalisé à l'aide debombes aérosols, parfois d’aérographes, sa pratique nécessite adresse et entraînement et constitue une véritable technique artistique. Celle-ci fait intervenir de nombreuses notions plastiques (stylisation, géométrisation, équilibre, etc.) mais se trouve également en relation avec d’autres domaines artistiques (infographie,photographie,bande dessinée, etc.) En tant que mode d'expression artistique, le graffiti est également porteur d'un message de révolte et d'affranchissement.Il représente souvent une recherche de reconnaissance, un défi à surmonter, ou un moyen exclusif d'expression[pas clair].
Le tag et le graffiti sont l'art de l'écriture, la représentation des lettres et des mots en respectant certains codes. De nombreux styles de tag et de graffiti sont nés de l'observation de polices de caractères d'imprimerie dans les journaux, les publicités, puis de leur modification en tentant de les rendre plus expressives, plus stylisées. La différence entre le tag et le graffiti est une question de dimensions : le tag est une signature à une seule dimension, il n'est composé que de lignes, de lettres sans autre épaisseur qu'un trait. Le graffiti est aussi une signature, comme le tag, mais représentée en deux ou trois dimensions : uni en tag (une barre verticale surmontée d'un point par exemple) devient un rectangle surmonté d'un cercle, ou un parallélépipède surmonté d'une boule par exemple. À partir de la représentation en 2D ou 3D du tag, les graffeurs ont ajouté des ornements à leurs lettres (couronnes par exemple), puis des personnages, des paysages, n'ayant d'autres limites que celles de la peinture, jusqu'à certains graffitis d'aujourd’hui, œuvres quasi-abstraites impossibles à déchiffrer pour un profane. On remarque cependant un phénomène étonnant, la naissance naturelle d'un style local dans chaque pays du monde. On différencie ainsi facilement le style espagnol du style néerlandais, allemand ou français. Il semble donc que le graffiti suive des règles de réalisation différentes selon les pays.
Bien que le hip-hop est tout d'abord investi par un milieu masculin, lesfemmes ont apporté, notamment dans la musique, un renouveau côté lyrique, mais aussi en termes deflow et de sujets abordés dans les chansons. Ainsi, elles sont peu à peu parvenues à se faire une place, malgré une infériorité numérique flagrante. En revanche, l'image des femmes dans le paysage du rap est de manière générale peu flatteuse, en regard de certains clips musicaux où celles-ci apparaissent souvent en tenue légère, faisant ainsi ressortir un important sexisme[réf. incomplète]. Ceci est d'autant plus flagrant dans le hip-hop mainstream où les clips passant sur MTV (et consorts) jouent beaucoup avec des imageries sexistes type« salopes qui lavent des voitures »[à recycler]. Tandis que les paroles de rap underground, bien qu'elles soient souvent sexistes (notamment usant d'un vocabulaire homophobe), évoquent aussi les« sœurs » et leur condition spécifique (violences conjugales, maternité, parloirs, etc.). Une conception de la solidarité exclue du hip-hop plébiscité par les grands médias mais qu'on retrouve, par exemple, chezLIM et les rappeuses qu'il a pu produire (notamment dans l'albumRap o Féminin, ou dans l'album solo,Verda, de Mik'ya.
AuxÉtats-Unis, des rappeuses telles queEve, Heather B,Bahamadia, Lil’KimJean Grae,Missy Elliott,MC Lyte,Lauryn Hill, The Lady of Rage, ou encore Foxy Brown ont prouvé que les femmes du hip-hop n'ont rien à envier aux hommes, certaines faisant partie de groupes majoritairement masculins (Ruff Ryders,Fugees, Digable Planets). Depuis le début des années 2010, on a pu assister à un renouveau du rap féminin avec notamment le succès fulgurant deNicki Minaj, dont le style et les multiples facettes de sa personnalité ont su redonner un intérêt au rap féminin ; ainsi certaines rappeuses ont pu rencontrer un certain succès, commeIggy Azalea,Azealia Banks,Young M.A ,Cardi B ou encoreMegan Thee Stallion
En France, on peut citer les rappeusesSaliha (compilationRapattitude vol. 1, ses deux albumsUnique en1992, etRésolument féminin en 1994), B Love (maxiLucie etRapattitude vol. 2), Melissa Kaulitz,Lady Laistee,Sté Strausz,Casey (proche du groupeLa Rumeur),Keny Arkana,Diam's, Ucci Why, Chilla, Shay, Ek-tomb (dont une cousine des 2Bal), Sista Cheefa (ancienne rédactrice du fanzine Yours, et qui marque les esprits, bien qu'elle n'ait officiellement sorti qu'un seul titre,Les flammes de la colère, sur la compilationLab'Elles, initiée parDisques Barclay en 1996),Princess Aniès… Cette dernière fait également partie du groupe-duo mixte,Les Spécialistes. Doréa (SisDee), Lady Jazzamufin, bien que chanteuse à la base (jazz, soul, reggae…), rappe également, et se revendique comme faisant partie de la culture hip-hop.
Le mouvement hip-hop serait porteur du message d'Afrika Bambaataa et de la Zulu Nation[réf. nécessaire] qui a prôné lesvaleurs : « Peace, love, unity and having fun » (dont James Brown fera le titre d'une de ses chansons) soit « la paix, l'amour, l'unité et s'amuser », mais aussi le respect d'autrui ainsi que l'unité des peuples. Ainsi que le disent Laplantine et Nouss[114], le hip-hop peut représenter un lieu de métissage où on allie les problèmes contemporains aux forces ancestrales, les uns répondant aux autres. Le hip-hop est donc à l'origine une culture pacifiste, prônant la pluri-racialité. Il existe de plus un élément implicite, contenu dans chacune des disciplines : le dépassement de soi. En effet, que ce soit dans la danse, le graffiti ou la musique, l'exécutant est invité à s'améliorer pour obtenir chaque fois un résultat meilleur, plus satisfaisant, et repousser ses propres limites chaque fois plus loin[réf. nécessaire].
Ces valeurs universelles sont à l'origine historique du mouvement hip-hop, même si l'ampleur et la diversification du mouvement rend certainement difficile une analyse globale de valeurs. Outre ces messages d'incitation au progrès de soi, les valeurs universelles du hip-hop sont peut-être également à chercher dans la capacité du hip-hop à faire évoluer, par ricochet, la société. En France, l'une des manifestations de la capacité du hip-hop à faire évoluer la société est l'avènement du premier animateur de télévision noir en France, étape historique ; Il s'agit deSidney, dont l'émissionH.I.P. H.O.P. est également la première au monde entièrement hip-hop[89].
Confrontant aussi une culture dominante, le hip-hop est le lieu d’une dimension de « subculture résistante »[11]. Comme le souligne Osumare, les personnes adhérant aux valeurs du hip-hop, en particulier à ses débats, sont souvent victimes d’une marginalisation sociale, et luttent par le fait même pour une meilleure inclusion, pour elles-mêmes et pour les autres[115]. Ailane voit même une dimension militante à ces mouvements en raison des actions tournées vers l’aide à la jeunesse de la rue[116].
De nombreux magazines ou journaux, dans le monde entier, font état de la culture du hip-hop, par exempleEgo trip ouURB en font partie.
EnFrance, les magazines sur le hip-hop et le rap sont très nombreux notamment l'Affiche,RER,Radikal,Get Busy,The Source,Groove Magazine,Rap Mag,Rap Us,5styles,Don't Stop,Rap Addict, etPlanet Rap. Tous ces derniers sont disparus. Sont encore d'actualité deux magazines tels queR.A.P R&B etDa Vibe qui a aussi sa webzine. Suit une vague de médias gratuits, sur le net ou sur papier. Quant auxfanzines, à noter le retour deDown With This, consacré au hip-hop français (1993/1999) sur le net depuis le.
Le premier show de hip-hop à laradio est leMr. Magic's Disco Showcase, sur WHBI 105.9 FM, àNew York, vers 1979[111].
EnFrance, lesradios libres sont apparues en 1981, date du premier mandat deFrançois Mitterrand. Les premiers DJ français à avoir joué du rap sont lesDJ funk de l'époque tels que Sidney (Radio 7) etDee Nasty (Carbonne 14), suivi de Cut Killer entre autres.Radio Nova sera la radio de référence pour le hip-hop. Au milieu des années 1990, des radios dites « généralistes », commeSkyrock, ont ensuite « accaparé » ce mouvement, le réduisant progressivement à sa partie la plus « grand public ». Des radios commeGénérations (radio),Fréquence Paris Plurielle (à Paris) ou encore Booster (à Toulouse) proposent des émissions plus pointues sur le sujet.Radio libertaire avec l'émissionRéveil hip-hop (diffusant entre autres durap politique).
Avec l'apparition d'Internet, de nombreuses nouvelles émissions voient le jour entre 2005 et 2010. Fan de hip-hop et webzines ont lancé leurs propres médias, tel que hip-hop Session et son émission éponyme ou encoreWelcome To The G Point sur Common Wave Radio[117].
Le mouvement hip-hop est présent sous plusieurs formes au cinéma[118] :
tout d'abord en tant que musique de film, où les morceaux de rap accompagnent souvent des scènes à caractère urbain, mais aussi parfois des séquences plus exotiques comme du western dansDjango Unchained deQuentin Tarantino ;
ensuite comme thème, qu'il s'agisse de documentaires sur la banlieue ou les cultures urbaines ou encore de fictions se déroulant dans ce genre de cadre ;
enfin de nombreux« biopics » concernent des stars du mouvement hip-hop, comme le film autobiographique8 Mile du rappeurEminem.
Thomas Blondeau et Fred Hanak,Combat rap : 25 ans de hip-hop : entretiens, Le Castor astral, Bordeaux, 2007, 214 p.(ISBN978-2-8592-0713-7)
Olivier Cachin,Hip hop : l'authentique histoire en 101 disques essentiels, Scali, 2007, 563 p.(ISBN978-2-35012-189-5)
Jeff Chang,Can't Stop Won't Stop : Une histoire de la génération hip-hop (Broché), Allia, 2006, 665 p.(ISBN2-844-85229-7)
Denis-Constant Martin (dir.),Quand le rap sort de sa bulle. Sociologie politique d'un succès populaire,Éd. Mélanie Seteun, Bordeaux, 2010. Premier ouvrage de sociologie et de musicologie consacré à l'artiste et à son impact dans la société française.
Sheyen Gamboa,hip hop, l'histoire de la danse préfacé par Joeystarr Editions Scali, 2008
Isabelle Kauffmann,Génération du hip-hop : danser au défi des assignations, université de Nantes, 2007 (thèse de sociologie)
Kitwana Bakari,, « De la transformation du mouvement culturel hip-hop en pouvoir politique »,Diogène,no 203,,p. 139-145(lire en ligne)
Sudre David, « Le hip-hop ball américain, une culture adolescente du basket en banlieue parisienne »,Agora débats/jeunesses,no 68,,p. 99-112(lire en ligne)
Béthune Christian, « Du jazz au rap »,Le Rap. Une esthétique hors la loi, sous la direction de Béthune Christian. Paris, Autrement, « Mutations »,,p. 30-46(lire en ligne)
Lizaire Evenson, « La résonance biographique du rap : entre sens commun et communauté de sens »,Le sujet dans la cité,no 5,,p. 201-213(lire en ligne)
Cornic Pauline, « Blues, féminisme et société : le cas Lucille Bogan »,Volume,,p. 159-162(lire en ligne)
Séverin Guillard, « Le rap, miroir déformant des relations raciales dans les villes des États-Unis » »,Géoconfluences,,(lire en ligne)
Guillaume Lessard, « Du gangsta rap au hip-hop conscient: subversions et alternatives critiques en réponse aux mythes américains »,Conflits et sociétés,vol. 34,no 1,(lire en ligne)
Boris Bastide, « En 2015, les superstars du rap américain à l'assaut des dernières citadelles blanches »,Slate,(lire en ligne)
Christian Béthune, « Le hip hop : une expression mineure »,Volume !,(lire en ligne)
Gabriella Djerrahian, « Éléments d’une négritude mondialisée : le hip-hop et la conscience raciale chez de jeunes Israéliens d’origine éthiopienne »,Cahiers de recherche sociologique,no 49,(lire en ligne)
Zulu, film deCy Endfield (1964) (le film ne porte pas sur le Hip-Hop. Néanmoins, il a inspiré Kevin Donovan dans le choix de son pseudonyme :Afrika Bambaataa)
↑abc etd(en)« Rap », surEncyclopædia Britannica :« Rap, musical style in which rhythmic and/or rhyming speech is chanted (“rapped”) to musical accompaniment. This backing music, which can include digital sampling (music and sounds extracted from other recordings), is also called hip-hop, the name used to refer to a broader cultural movement that includes rap, deejaying (turntable manipulation), graffiti painting, and break dancing. »
↑(en)« hip-hop », surEncyclopædia Britannica :« Hip-hop, cultural movement that attained widespread popularity in the 1980s and ’91s; also, the backing music for rap, the musical style incorporating rhythmic and/or rhyming speech that became the movement’s most lasting and influential art form. »
↑MCM, rétrospective sur Sidney :« on peut dire aujourd'hui que Sidney est le papa duhip-hop français. Concepteur de l'émission H.I.P. H.O.P. en 1984 (1ère émission rap au monde diffusée à l'époque le dimanche à 14h00 avant Starsky & Hutch), ce Dj/rappeur/breakeur extravagant fait découvrir cette nouvelle tendance américaine aux Français, à peine remis de la vague disco, et crée des vocations (Joey Starr, Passi, Stomy Bugsy…) ».
↑a etb(es) MarcosCarlos, « El Madrid más 'hip-hopero' », surEl País,(consulté le), Sobre la discoteca Stone's, cuenta el MC El Chojin :Estaba en Torrejón de Ardoz y ha sido muy importante para el hip-hop. Se abrió en 1974. Por allí pasaba todo el mundo. Cuando grupos como Boney M o Kool & The Gang tocaban en Madrid, luego siempre acababan en el Stone's. Para un niño, entrar a esta discoteca era el principal objetivo. Los fines de semana venía gente de toda España. Ponían la mejor música (…). Con el tiempo todos los raperos españoles hemos actuado allí. Lo cerraron en 2002. Ahora es un almacén de madera..
↑Extrait du commentaire de la chaîne musicaleMCM à propos de la compile de Sidney :« on peut dire aujourd'hui que Sidney est le papa du hip-hop français. Concepteur de l'émission H.I.P. H.O.P. en 1984 (première émission rap au monde diffusée à l'époque le dimanche à14 h avant Starsky & Hutch), ce Dj/rappeur/breakeur extravagant fait découvrir cette nouvelle tendance américaine aux Français, à peine remis de la vague disco, et crée des vocations (JoeyStarr,Passi,Stomy Bugsy…) »
↑a etbExtrait d'un commentaire, sur l'histoire du hip-hop, diffusé par l'université de Lyon, Université Lumière Lyon 2 :« Dès le début des années 80, le phénomène s'exporte, notamment en France où les jeunes des banlieues de grandes villes telles queParis et Marseille sont les premiers « touchés ». L'apparition des radios libres permettra à la musique hip-hop de se propager. Mais c'est en 1984 et la diffusion sur TF1 d'une émission devenue culte, sur la culture hip-hop, que ce mouvement va se répandre partout en France : il s'agit deH.I.P-H.O.P présentée par Sydney, Dj antillais amateur defunk, qui deviendra par la même occasion le premier animateur noir de la télévision française. Dès lors et grâce à cette médiatisation, le hip-hop devient populaire en France. »
↑a etbRoger Chamberland, Serge Lacasse et Patrick Roy,Groove : enquête sur les phénomènes musicaux contemporains : mélanges …,, 190 p.(ISBN2-7637-8305-8,lire en ligne),p. 5.
↑Ailane, S. (2011),Du South Bronx à la periferia, empreinte du hip-hopper dans la cité, Anthropologie du mouvement hip-hop à Fortaleza (Brésil), Thèse de doctorat, Université Lumière Lyon 2.