Le onzième destravaux d'Héraclès consistait à rapporter les fruits d'or d'un pommier, cadeau de Gaïa à Héra. Elle l'avait planté dans son jardin divin qui se trouvait sur les pentes du mont Atlas, là où les chevaux du char du Soleil achèvent leur randonnée en se couchant à l'ouest de l'océan Atlantique. Un jour, Héra s'aperçut que les filles d'Atlas, les Hespérides, à qui elle avait confié la garde de l'arbre, volaient les pommes ; elle plaça alors un dragon à cent têtes,Ladon, autour du pommier pour en interdire l'accès. Après maintes péripéties, Héraclès obtint deNérée quelques renseignements, notamment que les pommes d'or poussent dans un jardin situé dans« l'Extrême Occident » où vivent les nymphes Hespérides. Mais ces informations un peu vagues laissent Héraclès dans le flou, et Nérée profite de ce moment d'inattention pour se transformer en serpent et se faufiler entre deux pierres. Héraclès se dirige déjà vers les terres de l'ouest qu'il a eu l'occasion de visiter lors de son périple dans le royaume deGéryon. Après quelques jours de voyage il atteint la région deTartessos près deGadès enHispanie.
Héraclès franchit ledétroit de Gibraltar d'où s'élèventles colonnes à son nom, afin de rencontrer le TitanAtlas, car ce dernier est le seul à pouvoir l'aider dans sa quête des pommes d'or poussant dans ce fabuleux jardin des Hespérides, situé dans cette région extra-océanique réservée uniquement aux immortels. Arrivé sur la pointe nord du continent africain, Héraclès découvre l'immense Atlas courbé sous le poids de la voûte céleste qu'il est chargé de supporter, depuis la défaite des Titans contre les dieux de l'Olympe. Atlas écoute les raisons de sa visite et lui propose de se rendre au jardin des Hespérides pour y cueillir trois pommes d'or, mais à la seule condition qu'Héraclès porte le fardeau de la voûte céleste. Ce dernier accepte et endosse sur ses épaules le poids du ciel tandis qu'Atlas part chercher les fruits d'or. Après plusieurs heures d'attente, Atlas réapparaît avec trois fruits d'or à la main. Il se propose d'aller porter lui-même les pommes àEurysthée. Conscient du risque qui pèse sur lui, Héraclès utilise une ruse : il feint d'accepter le service du Titan et le prie de reprendre le poids du ciel, pour quelques instants seulement, le temps de trouver un bon coussin pour ses épaules. Atlas pose les pommes d'or sur le sol et reprend la voûte céleste en toute confiance ; mais quand il voit Héraclès ramasser les fruits qu'il a cueillis et s'éloigner avec un geste d'adieu, il réalise qu'il a été dupé.
Les pommes d'or des Hespérides réapparaissent dans la légende d'Atalante. Ce sont elles, obtenues parAphrodite, qu'Hippomène laisse tomber lors de la course qui l'oppose à Atalante, lui permettant de devancer celle-ci[réf. nécessaire].
Le mythe connaît chezPaléphatos etDiodore de Sicile[2] une rationalisation reposant sur l'homonymie engrec ancien deμῆλα /mễla, les brebis (pluriel deμῆλον (1)), etμῆλα /mễla, les pommes pluriel deμῆλον (2)). Ainsi, selon lesHistoires incroyables dePaléphatos, les Hespérides sont les deux filles d'unMilésien nommé Hespéros, habitant deCarie. Il possédait de belles brebis (engrec ancienμῆλα /mễla), bonnes productrices de laine, d'une espèce que l'on ne trouvait qu'aux entours de Milet, dites « d'or », et dont le berger se nommait Dragon.Héraclès les regroupa, les déroba à Dragon, qu'il tua, et les conduisit chez lui. Hespéros étant mort à l'époque, les brebis appartenaient à ses filles. Après cet événement, le bruit courut qu'Héraclès avait dérobé « les pommes [les brebis] d'or » aux Hespérides, après avoir tué leur gardien, Dragon[9].
Cette version du mythe met en lumière de nombreuses similitudes entre la quête des pommes d'or parHéraclès et celle de laToison d'or parJason[10].
Selon une autre interprétation, les pommes d'or seraient desoranges,inconnues des Grecs[réf. nécessaire], celles-ci ressemblant à des pommes d'une couleur étrange. La couleur « dorée » des pommes était la couleur de la pelure de l'orange et leur goût plus sucré était celui de l'orange[11]. Par extension, lesagrumes sont parfois appelés « hespérides »[12] en référence aux travaux d'Hercule et à sa mission de cueillir les pommes d'or du jardin des Hespérides.
Il est aussi possible que ces pommes fassent en fait référence à descoings, nommés « pommes » dans l'Antiquité. En effet, le climat méditerranéen arrosé de la façade atlantique offre des conditions idéales (précipitations de800 mm/an, entre 100 et 500 heures de froid, pH moyen à bas) pour la culture descognassiers (Cydonia oblonga). Ils produisent des fruits d'une belle couleur or, spécialement agréables, y compris comme fruits à couteau, puisqu'il existe descultivars de coings doux. Cette hypothèse est conforme à l'iconographie qui montre des petits arbres de typeRosaceae.Columelle mentionne unevariété de coing nommée « pomme d'or ».
Les Hespérides se trouvent d’abord localisées parHésiode dans une régionocéanique floue et lointaine[3]. La localisation extrême-occidentale se retrouve dans les récits desTravaux d'Héraclès : la quête des pommes d’or fait passer Héraclès chez lesLygiens d'après un fragment duProméthée délivré[13] et parTartessos d'aprèsPhérécyde[14]. Ces étapes semblent témoigner de deux tendances, l'une situant les Hespérides au-delà du monde italique, voire vers le nord, l'autre proche des côtes africaines. Si la localisation exacte du jardin des Hespérides varie selon les sources grecques, la localisation enLibye (enGrande Syrte ou enCyrénaïque, peut-être à l'emplacement de l'actuelleBenghazi[15]), tend à s'imposer, contre l'avis des textes qui font état d'une contrée ultramarine, par une réduction de la géographie mythique au seul bassin méditerranéen, interprétation qui déclare suivre l’installation decolonies grecques en Libye-Cyrénaïque[16]. Les sources latines retiennent une localisation au large des rives océaniques de l'Espagne ou duMaroc, à proximité de la cité deLixus[17],[18], à l'actuel emplacement de la région se situant entreTanger etLarache auMaroc. Ces localisations sont très récentes par rapport à la période d'élaboration du mythe du héros « illustre par Héra », dont le nom, identique au vieux-slavejaro-slav-, renvoie aux mythes cosmologiques indo-européens (ce que signalent les rapports avec Atlas, l'Océan et le lointain couchant d'Érythie).
DansRaphaël 3 et l'Arbre Éternel, de R.J.P Toreille : l'Arbre éternel est inspiré des pommes d'or du jardin des Hespérides.
DansShazam! La rage des Dieux, deDavid F. Sandberg : les trois filles qui veulent détruire le monde des hommes sont inspirées des Hespérides, filles d'Atlas, et elles cherchent la pomme de vie, qui est une pomme d'or.
↑Francisco Diez deVelasco,« Marge, axe et centre : iconographie d’Héraclès, Atlas et l’arbre des Hespérides », dansHéros et héroïnes dans les mythes et les cultes grecs : Actes du colloque organisé à l’Université de Valladolid, du 26 au 29 mai 1999, Presses universitaires de Liège,coll. « Kernos suppléments »,(ISBN9782821828988,lire en ligne),p. 197–216