Artistes | |
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Date | IIIe siècle |
Civilisation | |
Type | Sculpture |
Technique | marbre |
Hauteur | 317 cm |
Mouvement | |
No d’inventaire | |
Localisation | Musée archéologique de Naples, Naples |
Coordonnées |
L'Hercule Farnèse (enitalien :Ercole Farnese) est unesculpture en marbre de la HauteÉpoque hellénistique de 317 cm de haut représentantHercule, réalisée par Glycon (ou Glykon) d'Athènes, datable du début duIIIe siècle, conservée aumusée archéologique national de Naples.
C'est probablement une copie agrandie réalisée par un certain Glycon, inconnu par ailleurs, dont la signature figure sur le rocher, sous la massue ; le nom est grec mais il a peut-être travaillé à Rome. Comme beaucoup d'autressculptures romaines antiques, il s'agit d'une copie ou d'une version d'un original grec beaucoup plus ancien qui était bien connu, en l'occurrence un bronze deLysippe (ou de l'un de ses proches) qui aurait été réalisé auIVe siècle av. J.-C.[1],[2]. Cet original a survécu pendant plus de 1 500 ans jusqu'à ce qu'il soit fondu par les croisés lors duSiège de Constantinople (1204). La copie agrandie a été réalisée pour lesthermes de Caracalla àRome (dédiée en 216 apr. J.-C.), où la statue a été découverte en 1546[3]. Entrée dans lacollection Farnèse, elle se trouve maintenant au musée archéologique national de Naples. L'Hercule à l'échelle héroïque est l'une des sculptures les plus célèbres de l'Antiquité classique[4] et a déterminé l'image du héros mythique dans l'imaginaire européen.
Statue de marbre massive, elle représente un Hercule musclé, mais fatigué, appuyé sur samassue, sur laquelle est drapée en partie la peau dulion de Némée. Dans les mythes sur Héraclès, tuer le lion était le premier de sesDouze Travaux, suggéré par les pommes desHespérides qu'il tient dans son dos. Le genre était bien connu dans l'Antiquité, et parmi de nombreuses autres versions, une réduction en bronze hellénistique ou romaine, trouvée àFoligno se trouve aumusée du Louvre. Une petite copie en marbre romain peut être vue auMusée de l'Agora antique d'Athènes.
La statue redécouverte a rapidement fait son entrée dans la collection du cardinalAlexandre Farnèse, petit-fils du papePaul III. Alexandre Farnèse était bien placé pour constituer l'une des plus grandes collections de sculpture classique réunie depuis l'Antiquité. Elle a été conservée pendant des générations dans sa propre pièce dans lepalais Farnèse à Rome, où elle était entourée de fresques représentant les exploits mythiques du héros, réalisées parAnnibale Carracci et son atelier, exécutées dans les années 1590. La statue Farnèse a été déplacée à Naples en 1787 avec la majeure partie de la collection Farnèse et est maintenant exposée au musée archéologique national.
La sculpture a été remontée et restaurée par niveau.Guglielmo Della Porta, élève deMichel-Ange, a procédé à la restauration de la sculpture en insérant les parties manquantes. D'après une lettre de celui-ci, la tête a été récupérée séparément, dans un puits duTrastevere, et achetée pour Farnèse par son intermédiaire. Les jambes faites pour compléter la figure étaient si appréciées que lorsque leur original a été récupéré des fouilles en cours dans les thermes de Caracalla, celles de Della Porta ont été conservées sur les conseils de Michel-Ange, en partie pour démontrer que les sculpteurs modernes pouvaient supporter une comparaison directe avec les Anciens. Les jambes originales, de la collectionBorghese, n'ont été réunies à la sculpture qu'en 1787[5], à l'époque desBourbons de Naples, quand il fut décidé de restaurer les parties antiques. Aujourd'hui, dans le musée archéologique de Naples, il est possible de voir sur le mur derrière l'Hercule les deux veaux sculptés par Guglielmo Della Porta[2].
Johann Wolfgang von Goethe, dans sonVoyage en Italie, raconte ses différentes impressions en voyant l'Hercule avec chaque paire de jambes, s'émerveillant cependant de la nette supériorité des originaux.
De nombreuses gravures ont fait la renommée de l'Hercule Farnèse. En 1562, la découverte était déjà incluse dans l'ensemble des gravures duSpeculum Romanae Magnificentiae (« Miroir de la magnificence de Rome ») et les connaisseurs, artistes et touristes étaient émerveillés devant l'original qui se trouvait dans la cour du palais Farnèse, protégé sous l'arcade. En 1590-1591, lors de son voyage à Rome,Hendrik Goltzius esquisse la statue dans la cour du palais. Plus tard (en 1591), il reproduit la vue arrière moins courante, dans une gravure qui met l'accent sur la forme musculaire déjà exagérée, avec des lignes renflées et effilées qui débordent sur les contours. Le jeunePierre Paul Rubens a fait des croquis rapides des plans et de la masse de la statue d'Hercule. Avant la photographie, les gravures étaient le seul moyen de mettre l'image entre de nombreuses mains.
En 1787, grâce à l'héritage obtenu parCharles III (roi d'Espagne), fils d'Élisabeth Farnèse, toute la collection Farnèse est transférée à Naples et placée d'abord dans le palais deCapodimonte, construit précisément à cet effet, puis, par la suite, dans le musée archéologique national de Naples.
La sculpture a été admirée dès le début, des réserves sur sa musculature exagérée n'apparaissant qu'à la fin duXVIIIe siècle[6]. La renommée de l'Hercule était véritablement européenne et les anecdotes le concernant à l'époque de laRévolution française et desspoliations napoléoniennes sont nombreuses. En France, l'échec de l'enlèvement de l'Hercule Farnèse semble avoir été une véritable inquiétude des révolutionnaires d'abord, puis des napoléoniens.MgrHenri Grégoire, déclare devant laConvention nationale de 1794 : « Si nos armées victorieuses pénétraient en Italie, l'enlèvement de l'Apollon du Belvédère et de l'Hercule Farnèse serait la plus brillante des conquêtes. C'est la Grèce qui a orné Rome : mais les chefs-d'œuvre des républiques grecques ornent le pays des esclaves (c'est-à-dire l'Italie ?). La République française devrait être leur siège définitif. » Une autre anecdote célèbre est racontée parAntonio Canova dans ses écrits : le, le sculpteur est présenté à Napoléon par legénéral Duroc afin d'exprimer son désir de retourner en Italie, mais Napoléon s'y oppose, lui faisant remarquer que l'omission de l'Hercule du musée qu'il a constitué à Paris était la lacune la plus importante dans la collection[7]. À quoi Canova a répondu : « Laissez au moins quelque chose à l'Italie. Ces monuments antiques forment une chaîne et une collection avec d'infinies autres qui ne peuvent être transportées ni de Rome ni de Naples ». La sculpture a été mise en caisse et prête à être expédiée à Paris avant que le régime napoléonien ne fuie Naples. Les autres œuvres, qui ont fait l'objet des spoliations napoléoniennes dans toute l'Italie ont connu un sort différent.
Hercule est pris dans un rare moment de repos. Appuyé sur sa massue noueuse qui est drapée de la peau du lion de Némée ; il tient les pommes des Hespérides, mais les cache derrière son dos, dans sa main droite.
Hercule personnifiait le triomphe du courage de l'homme sur la série d'épreuves posées par les dieux jaloux. Lui, fils deZeus, a été autorisé à atteindre l'immortalité. À l'époque classique, son rôle de sauveur de l'humanité s'était accentué, mais il possédait également des défauts mortels tels que laluxure et l'avarice.
L'interprétation de Lysippe reflète ces aspects de sa nature mortelle. Cette statue représente Hercule, fatigué à la fin de sestravaux, qui se repose appuyé sur sa massue, tenant de sa main droite, derrière son dos, les pommes d'or volées aux Hespérides.
Des copies en marbre et des fontes en bronze ont été exécutées, quelques-unes à l'époque antique, puis de nombreuses à partir duXVIIIe siècle.
La statue, bien en vue, était très appréciée des anciens Romains, et des copies ont été trouvées dans des palais et des gymnasiums. Une autre copie, plus grossière, se trouvait dans la cour du palais Farnèse ; une avec l'inscription simulée (mais probablement ancienne), « Lykippos », se trouve dans la cour duPalais Pitti, à Florence, depuis leXVIe siècle. Les copies anciennes de la statue comprennent :
Le type de l'Hercule Farnèse est également repris dans le cadre de la statuaire funéraire romaine, comme on peut le voir sur le petit garçon souriant du Louvre. Sur cette statue, l'enfant est en train de jouer, ce qui s'oppose au caractère plutôt triste du modèle original. Le choix de ce modèle est à lier à l'idée que l'enfant triomphera de la mort, mais aussi au goût des Romains pour les modèles hellénistiques.
Après la redécouverte de l'Hercule Farnèse, des copies sont apparues dans les jardins duXVIe au XVIIIe siècle à travers l'Europe. Lors de la construction de l'Alameda de Hércules (1574) àSéville, le plus ancien jardin public conservé en Europe, ont été installées à son entrée deux colonnes d'un temple romain, éléments d'un édifice encore conservé dans lesMármoles, signe incontestable d'admiration pour les sites archéologiques romains. Sur eux étaient placées deux sculptures de Diego de Pesquera de 1574, reconnaissant Hercule comme fondateur de la ville, etJules César, restaurateur d'Híspalis. Le premier était une copie de l'Hercule Farnèse, presque de la taille monumentale de l'original[9].
Dans leparc Wilhelmshöhe, près deCassel (Hesse), une version colossale de 8,5 m de haut, réalisée par Johann Jacob Anthoni, 1713-1717, est devenue un symbole pour la ville. Elle est placée sur un bâtiment en pierre octogonal (« Oktagon ») qui surplombe le parc, l'un des plus importants de la ville. L'ensemble bâtiment-statue atteint 69 mètres de hauteur : il est le deuxième au monde après lastatue de la Liberté àNew York.
Celui des jardins duchâteau de Versailles est une copie en marbre deJean Cornu (1684-1686).EnÉcosse, un rare exemplaire enplomb, de la première moitié duXVIIIe siècle, est situé de manière incongrue dans lesHighlands, surplombant le jardin d'Hercule récemment restauré dans le parc duchâteau de Blair.Les collectionneurs aisés pouvaient s'offrir l'une des nombreuses répliques en bronze créées dans des tailles pouvant être posées sur des tables.
Une copie en marbre a été réalisée par Giovanni Comino à Rome de 1670 à 1672 et installée auparc de Sceaux en 1686, puis aujardin des Tuileries de 1793 à 2010, elle est ensuite revenue à Sceaux, un moulage restant aux Tuileries[10].
Une copie de l'Hercule Farnèse se trouve àPalerme, dans leParco della Favorita, placée sur une colonne au centre de la Fontaine d'Hercule d'où part l'avenue homonyme qui mène de la ville auPalais chinois, résidence d'été des rois de Naples.
Une réplique, intituléeHerakles in Ithaca, a été érigée en 1989 sur le campus deUniversité Cornell àIthaca (New York). La statue est un cadeau de son sculpteur, Jason Seley, professeur des beaux-arts. Seley a réalisé la sculpture en 1981 à partir de pare-chocs automobiles chromés[11].
La statue a inspiré des artistes tels queJeff Koons et Matthew Darbyshire pour créer leurs propres versions, respectivement enplâtre et enpolystyrène. Leur utilisation de matériaux blancs pour recréer la sculpture a été interprétée par Aimee Hinds comme une perpétuation ducolorisme dans l'art classique[12].
André Le Nôtre a souhaité placer une version dorée en taille réelle contre la ligne d'horizon à l'extrémité de la vue principale sur les jardins duchâteau de Vaux-le-Vicomte. Alfred Sommier, arrière arrière-grand-père des actuels propriétaires fait la découverte décisive, par une intuition prometteuse, et ses minutieuses recherches historiques. Ayant acheté le château en 1875, pour en faire une maison de plaisance, il a entrepris de grandes restaurations. « Il a constaté que la statue était existante sur le plan d’André Le Nôtre, qui dessina auXVIIe siècle le parc de la propriété de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances, explique l’un de ses descendants, Alexandre de Voguë. Un petit point la matérialisait. Puis l’étude des gravures à la loupe lui a permis de reconnaître la silhouette de l’Hercule Farnèse se reposant sur sa massue, bien que son profil soit à l’envers… »[13]
Alfred Sommier décide alors de faire sculpter la statue en 1891, dans les établissements deJoseph Tournois, réputé pour sonprix de Rome. « Il y a eu plusieurs maquettes en bois pour retrouver la bonne stature », poursuit l’héritier. L’œuvre enbronze doré est ensuite fondue par les frères Thiébaut.Une charrette, tirée par 27 chevaux est nécessaire pour l’acheminer jusqu’à Vaux-le-Vicomte et la dresser à un endroit stratégique, en fin deperspective, au point de convergence de toutes leslignes de fuite du château[13].
La statue d’Hercule, tenant dans sa main, à l’arrière de son dos, les pommes du jardin des Hespérides, a été restaurée en 2008, grâce à une mécène américaine. 70 000 € ont été nécessaires pour recouvrir defeuilles d’or le demi-dieu, haut de 6 mètres et reposant sur un socle de 5 mètres[13].
Il est montré dans le filmVoyage en Italie de 1954 avec leTaureau Farnèse.
Un moulage en plâtre est exposé dans la station « Museo » de la ligne 1 dumétro de Naples.