Héraclès (engrec ancienἩρακλῆς /Hēraklễs, signifiant « Gloire d'Héra »), de son premier nomAlcide, fils deZeus et d’Alcmène, est l'un deshéros les plus vénérés de laGrèce antique. Lamythologie grecque lui prête un très grand nombre d’aventures qui le voient voyager à travers le monde connu desDoriens puis dans toute laMéditerranée, à partir de l’expansion de laGrande-Grèce, jusqu’auxEnfers. Les plus célèbres de ses exploits sont lesDouze Travaux. Il est mentionné dans la littérature grecque dèsHomère.
Héraclès correspond à l’Hercule de lamythologie romaine, et il est identifié auMelkartphénicien, à l'Hercleétrusque et auKakasbos enAsie Mineure. L’Hercule des Romains est parfois dépeint comme moins violent que sonalter ego grec dans les récits où il intervient et connaît quelques aventures se déroulant spécifiquement enItalie.
Héraclès, portant son filsHyllos, regarde le centaureNessos, qui s'apprête à transporterDéjanire de l'autre côté de la rivière. Fresque antique de Pompéi.
Héraclès naît àThèbes, ou àTirynthe, deZeus et d'Alcmène, descendante du hérosPersée et femme du roiAmphitryon[1]. Le roi des dieux a en effet décidé d'avoir un fils capable de venir en aide aux hommes comme aux dieux[2]. Profitant de l'absence du mari, en guerre contre lesTaphiens et les Téléboéens[3], Zeus descend de l'Olympe et, prenant l'aspect d'Amphitryon[4], passe sa nuit avec Alcmène après avoir persuadéHélios, dieu du soleil, de ne pas se lever pendant trois jours, faisant ainsi durer sa nuit avec la femme d'Amphitryon[5]. Dans la même nuit, Alcmène va également avoir un rapport avec son mari de retour de campagne.Aristote, dansHistoire des animaux[6], lui donne 72 enfants dans sa descendance, dont une seule fille.
Alors qu'elle va accoucher, Zeus promet que l'enfant à naître ce jour-là régnera sur tous ses voisins[7]. Pour se venger des infidélités de son mari,Héra retarde la délivrance d'Alcmène en retenant lesIlithyes, déesses de l'accouchement, et elle demande auxMoires d'aller chez Alcmène et de croiser leurs jambes, ce qui l'empêche d'accoucher d'Héraclès ; elle fait naître avant termeEurysthée, fils du roiSthénélos d'Argos[7]. Ainsi, Eurysthée reçoit la royauté de l'Argolide à la place d'Héraclès[7]. Alors qu'Alcmène est incapable d'enfanter et au supplice, une de ses servantes les plus fidèles,Galanthis, va trouver les Ilithyes pour leur annoncer qu'elles ont échoué et qu'Alcmène a réussi à accoucher[8]. Les Ilithyes rappellent alors les Moires, et Alcmène peut accoucher ; elle donne naissance à deux enfants : Héraclès, fils de Zeus, etIphiclès, fils d'Amphitryon[9]. Ils naissent tous deux jumeaux avec un jour d’écart[10]. Galanthis est punie par Héra, qui la transforme en belette, et plus tard, Héraclès fera construire en son honneur un sanctuaire à Thèbes[8].
Peu de temps après la naissance d’Héraclès,Hermès enlève l’enfant et le place dans le lit d’Héra endormie : aucun des fils de Zeus ne peut devenir immortel s'il n'a tété au sein de la déesse[11]. Affamé, le bébé s'approche de celle-ci et commence à téter. Se réveillant, Héra aperçoit l'enfant et indignée, le repousse ; le lait divin se répand dans le ciel en une traînée blanchâtre, laVoie lactée[12]. Dans une autre version, Alcmène abandonne son enfant par crainte de la vengeance d'Héra.Athéna convainc cette dernière d'allaiter le bébé, mais Héraclès tète trop goulûment et Athéna doit le rendre à sa mère[13].
Alors qu'Héraclès est encore bébé, Héra envoie des serpents pour le tuer, mais celui-ci les étrangle sans difficulté. Alertés par les cris des femmes, Alcmène et Amphitryon accourent et trouvent les serpents morts. Amphitryon convoque alors le devinTirésias, qui prophétise les hauts faits du héros et sonapothéose[14].
Dans une autre version, Amphitryon dépose lui-même les serpents pour découvrir lequel des deux enfants est le sien et lequel est le fils de Zeus[15]. Ce récit implique qu'Amphitryon soit au courant de l'infidélité de sa femme. Sur quelques vases deGrande-Grèce, on le voit d'ailleurs empiler du bois autour d'un autel près duquel Alcmène s'est réfugiée ; il s'apprête à y mettre le feu quand Zeus envoie un éclair pour dissuader Amphitryon et deux nuages pour éteindre les flammes[16].
Selon certains récits, Héraclès porte d'abord le nom d'Alcide[17] (en grecἈλκείδης /Alkeídēs, dérivé d'ἀλκή /alkḗ, « force, vigueur ») ; Héra le rebaptise Héraclès, c'est-à-dire « gloire d'Héra », car c'est à ses ordres que le héros a acquis sa renommée[18] et surtout Héra va lui soumettre les épreuves qui vont forger sa gloire et la faire rejaillir sur elle. Alternativement, c'est laPythie deDelphes qui lui conseille de changer de nom après qu'il a tué ses enfants, poussé par Héraqui l'a rendu fou ; il prend ce nom de manière propitiatoire après avoir expié son crime[19].Diodore de Sicile affirme que le nom original du héros était Alcée (engrecἈλκαῖος /Alkaîos), en référence à son grand-père paternelAlcée fils de Persée ; la responsabilité du changement de nom incombe alors soit à la Sibylle[20], soit aux Argiens[21].
Comme beaucoup de héros grecs, Héraclès est l'élève ducentaureChiron[22]. Des sources tardives lui donnent un grand nombre de maîtres : Castor (originaire d'Argos, à ne pas confondre avec Castor leDioscure) pour le maniement des armes, Amphitryon pour la conduite des chars,Eurytos ou encoreRhadamanthe pour le tir à l'arc[23].
Linos enseigne les lettres et la musique à Héraclès et Orphée. Contrairement à son demi-frère, le héros est indiscipliné et turbulent ; frappé par Linos, Héraclès tue celui-ci à coups de tabouret[24] ou, selon la version, à coups de lyre[25]. Héraclès est accusé de meurtre, puis acquitté après avoir invoqué une sentence deRhadamanthe consacrant le principe delégitime défense[23]. Parce que la fougue d'Héraclès et son manque de maîtrise de soi deviennent une menace, Amphitryon l’éloigne de la cour[26]. Le héros est envoyé surveiller ses troupeaux à la campagne où son éducation est reprise parTeutoros, un bouvierscythe qui lui enseigne le tir à l’arc[23]. Il se signale déjà par sa force et sa stature : il atteint la taille considérable de quatrecoudées[26].
Chez Thespios
Le jeune Héraclès, tenant sa massue, assis sur un autel, 450-, musée régional archéologique dePalerme.
À 18 ans[27], Héraclès est invité par le roiThespios, souverain deThespies. Soucieux d'avoir le héros comme père de ses petits-enfants[27], Thespios lui envoie chaque soir l'une de ses cinquante filles ; Héraclès croit retrouver toujours la même jeune fille et devient ainsi le père de cinquante fils, les Thespiades[27]. Dans d'autres versions, l'exploit est accompli au cours de cinq nuits[28],[29], voire d'une seule nuit[30]. Dans ce dernier récit, l'une des filles de Thespios refuse d'entrer dans la couche d'Héraclès ; elle est punie en devenant prêtresse du héros et vouée à la virginité perpétuelle[30] ; les Thespiades sont au nombre de cinquante-et-une, l'aînée et la cadette des filles de Thespios donnant naissance à des jumeaux[30].
Selon l'un des récits, la raison première de la venue à Thespies d'Héraclès est lelion du mont Cithéron, qui ravage les troupeaux d'Amphitryon et de Thespios[31]. Héraclès abat l'animal, le dépèce et se couvre la tête de sa peau en guise de casque[27].
La guerre contre les Minyens
Périérès, le conducteur du char deMénécée (roi deThèbes et père deCréon), blesse mortellementClyménos, roi d’Orchomène, en lui lançant une pierre alors qu'il se trouve dans le sanctuaire d’Onchestos, pendant l'une des fêtes dePoséidon[32]. Avant d’expirer, Clyménos fait promettre à son fils,Erginos, de le venger. Erginos vainc le roi Créon et oblige ce dernier à lui fournir annuellement, et durant vingt ans, un cheptel de cent bêtes[32]. Afin de percevoir cette redevance, Erginos envoie annuellement une délégation.
Après son exploit sur le mont Cithéron, Héraclès redescend vers Thèbes et croise la route de ces émissaires. Ne supportant pas l’humiliation imposée à Créon, Héraclès tranche le nez et les oreilles à chacun d’eux et en fait un pendentif ; les percepteurs sont ainsi réexpédiés au palais d’Erginos[32].
Furieux, Erginos marche contre Thèbes. Équipé d'armes données parAthéna, Héraclès mène les siens au combat et remporte la victoire, malgré la mort d'Amphitryon pendant les combats[32]. Le héros impose auxMinyens d'Orchomène le double du tribut infligé à Thèbes.
Les Travaux
La folie d’Héraclès
La folie d'Héraclès, œuvre d'Asteas probablement inspirée par latragédie d'Euripide, vers, musée national archéologique deMadrid.
En récompense de sa victoire contreErginos, Créon donne à Héraclès la main de sa filleMégara[33], dont il a plusieurs enfants : lesChalkoarai. Leur nombre varie de deux à huit suivant les auteurs[34].
Dans la version la plus ancienne[35], Héraclès devenu fou[36] jette ses enfants au feu[37]. À son réveil, Héraclès retourne chezThespios pour être purifié puis, après avoir consulté l'oracle de Delphes, va àTirynthe pour servirEurysthée[38]. Cet accès de folie est généralement attribué à Héra, qui veut l'obliger à se mettre au service d'Eurysthée[39].
SelonEuripide, l'épisode est lié à l'usurpation du trône de Thèbes parLycos, fils deDircé. En l'absence d'Héraclès, descendu aux Enfers pour chercherCerbère, Lycos assassine Créon et ses fils[40]. À son retour, Héraclès tue Lycos[41]. Frappé parIris et Lyssa (la Folie), envoyées par Héra[42], le héros devient la proie d'une rage meurtrière qui le pousse à massacrer ses enfants, les prenant pour ceux d'Eurysthée[43]. Mégara tente de sauver ses enfants, mais elle rejoint elle aussi le rang des victimes[44]. À son réveil, Héraclès redevenu lucide songe d'abord à se suicider[45].Thésée, qui vient d'arriver, le convainc de n'en rien faire et l'emmène àAthènes[46].
PourOvide etHygin, Hercule va d'abord voirNélée, roi dePýlos et son cousin (un fils dePoséidon), pour que celui-ci le purifie de ses meurtres mais Nélée refuse. Furieux, Hercule tue Nélée et ses fils à l'exception deNestor qui était absent. Il ira ensuite voir Eurysthée qui se demande d'abord quoi faire, craignant de subir le même sort que Nélée, et qui lui donnera finalement les travaux sous le conseil d'Héra[47],[48].
Par le nombre de ses hauts faits, Héraclès se distingue de la plupart des héros grecs, commePersée,Thésée ouBellérophon, dont la carrière est centrée autour d'un exploit unique[49]. Les plus connus sont les Douze Travaux, entrepris sur l'ordre d'Eurysthée :
C'est au cours de la chasse dulion de Némée qu'il acquiert ses principaux attributs : la massue taillée dans le tronc d'un olivier sauvage[39] et laléonté, la peau de lion.
Héraclès libérant Prométhée enchaîné. Face A d'une coupe béotienne (?) à figures noires, v.
Des aventures secondaires se sont greffées plus ou moins artificiellement sur les Douze Travaux :
il est également évoqué dans l'expédition desArgonautes[50].
Après les Travaux
Expéditions
Héraclès prend également part à plusieurs expéditions qui constituent autant de cycles et d'exploits.
La première prend sa source dans une aventure survenue après la quête de la ceinture d'Hippolyte : Héraclès a tué un monstre marin qui ravageait la ville deTroie, sauvant au passage la princesseHésione qui allait lui être sacrifiée. Le roiLaomédon, revenant sur la promesse initiale de lui offrir quelques-uns de ses chevaux[51], refuse de lui verser son salaire. Une fois les Douze Travaux terminés, Héraclès monte une expédition de six nefs chargées d'un petit nombre d'hommes pour châtier le mauvais payeur[52] : après avoir fait la guerre au roi Laomédon et ses fils, qu'il tue, il prend Troie[53]. À l'exception dePriam, personne n'est épargné. Au cours de son deuxième séjour dans la cité, il s'unit àAugé, qui lui donneraTélèphe.
Pendant son trajet de retour, Héra demande au dieuHypnos d'endormirZeus, puis profite du sommeil de son mari pour déclencher une tempête qui jette le vaisseau sur la côte deCos[54]. Les habitants de l'île, croyant à un débarquement de pirates, attaquent Héraclès et son équipage à coups de pierre ; le héros tue alorsEurypyle, roi de l'île, et s'unit à sa fille,Chalciope, qui lui donneraThessalos.
Héraclès et Cerbère, amphore de la région del'Attique parAndokides, 530-
Le second cycle est celui de la guerre contre Augias, qui a refusé de payer son dû après que le héros a nettoyé ses écuries. Là encore, Héraclès monte une expédition, mais son armée est massacrée par lesMolionides, qui profitent d'une maladie du héros pour attaquer son camp par surprise. À son tour, Héraclès les surprend dans une embuscade, puis attaque de nouveau Augias et le tue. C'est au terme de ces aventures qu'Héraclès fonde lesJeux olympiques, après avoir délimité par des palissades l'enceinte sacrée de l'Altis, le sanctuaire de Zeus[55].
Le troisième cycle est celui de l'expédition contrePylos où, pour se venger du refus deNélée de le purifier après le meurtre d'Iphitos, Héraclès assiégea la ville et tua son roi ainsi que tous ses enfants hormisNestor qui se trouva être absent.
À ce propos,Dioné raconte dans l’Iliade comment Héraclès blesseHadès d'une flèche à l'entrée desEnfers grecs et « le laisse au milieu des morts » ; Hadès doit monter dans l'Olympe pour se faire soigner parPéan. Les commentateurs antiques ont fourni plusieurs explications à ce passage curieux : l'épisode peut prendre place lors de la descente aux Enfers du héros pour capturerCerbère. Ce pourrait également être une allusion à l'attaque d'Héraclès contre les Pyliens, qui ont apporté leur soutien àOrchomène contreThèbes, ou encore au massacre des fils de Nélée àPylos par le héros. Dans ce même chant de l'Iliade[56],Homère fait mention d'un tir de flèche à trois pointes décochée par Héraclès blessantHéra au sein droit.
Le dernier cycle est celui d'Œchalie. Voulant se venger de n'avoir pas obtenu la main d'Iole, la fille d'Eurytos, qu'il avait gagnée dans un concours de tir à l'arc, Héraclès mena une expédition contre le roi. LaissantDéjanire, sa dernière épouse, àTrachis, il partit vers Œchalie (Thessalie ou Eubée) à la tête d'une armée d'alliés. Un violent combat s'engagea, dans lequel deux des fils deCéyx furent tués. Héraclès remporta la victoire et tua Eurytos ainsi que tous ses fils. Iole, qui tenta de s'enfuir en se précipitant du haut des remparts, fut soutenue dans l'air par le vent qui enfla sa robe, et redescendit sans se blesser. Elle devint la concubine du héros, qui l'envoya à Trachis avec d'autres prisonniers.
Héraclès épousa ensuiteDéjanire, fille d'Œnée.Sophocle, dansLes Trachiniennes[57], relate la façon dont Déjanire remit une tunique empoisonnée qui allait être fatale à Héraclès. Au cours d'un voyage, face au grand fleuveÉvénos en proie à une crue exceptionnelle, Héraclès vit que, s'il pouvait facilement le franchir, il ne pouvait le faire en portant Déjanire. Se présenta alors à eux uncentaure nomméNessos qui gagnait son salaire en faisant franchir le fleuve aux voyageurs ; il offrit de porter Déjanire, tandis qu’Héraclès nagerait de son côté. Lorsqu'Héraclès arriva, il vit que Nessos tentait d'abuser de Déjanire. Il prit alors une flèche enduite du poison de l'Hydre de Lerne et la décocha entre les omoplates de Nessos. À l'agonie, ce dernier dit à Déjanire de recueillir son sang qui servira de charme au cœur d'Héraclès afin de s'assurer de sa fidélité. Déjanire obéit.
Bien plus tard, Déjanire, craignant de perdre son époux qui s'était épris d'Iole, la fille du roiEurytos, remit une tunique enduite du sang de Nessos àLichas et insista pour qu'il la transmette à Héraclès et qu'il la revêtît. Héraclès sentit cependant que le vêtement le brûlait ; tentant de s'en défaire, il constata que sa peau partait avec, en lambeaux. Il tomba alors dans le piège auquel Déjanire s'était laissé prendre : le sang du centaure était souillé par le poison de l'Hydre de Lerne, qui avait tué Nessos et qui maintenant lui rongeait la chair.
Entrée d'Héraclès (tout à droite) dans l'Olympe, accueilli par Poséidon, précédé d'Hermès et Athéna,olpè d'Amasis et du Peintre d'Amasis, 550-530 av. J.-C.,musée du Louvre.
Son filsHyllos alors présent, et ayant vu dans quel état était son père, s'en alla à la demeure familiale pour informer sa mère des conséquences de son acte. Déjanire, alors épouvantée par son action, ne sut trouver les mots et partit. Hyllos, devant son silence, qui était pour lui signe d'aveux, la tança vertement. Par la suite, Déjanire se suicida à l'aide d'une lame à double tranchant sur le lit d'Héraclès. Hyllos la découvrit alors inerte et se rendit compte que c'était lui qui, par sa colère, l'avait conduite à cet acte. Il apprit trop tard des gens de la maison qu'elle avait agi contre son gré sous l'inspiration du centaure.
Pour mettre fin à sa souffrance, Héraclès demanda à son fils Hyllos d'ériger un bûcher sur lemont Œta et de l'y déposer dans les flammes comme remède immédiat à ses maux. Zeus (ou Athéna ou Hermès selon les versions) le fit monter sur l'Olympe parmi les dieux.
Sur l'Olympe, Héraclès put se réconcilier avec Héra, devint immortel et fut consacré dieu des éphèbes. Il y épousa en outre la déesse de la jeunesse,Hébé, et ils eurent ensemble deux enfants :Alexiarès et Anicétos. Selon d'autres versions, sa « mort » n'aurait été qu'un passage nécessaire pour se séparer des éléments hérités de sa mère mortelle, Héraclès ayant gagné son immortalité dans son enfance après avoir tété le lait d'Héra[58].
Amours
Le goût d'Héraclès pour les femmes est connu et lui a valu le qualificatif deφιλογύνης /philogúnês,philogyne (« aimant les femmes »), mais les mythes évoquent également plusieurs relations avec des hommes.
Héraclès s'est marié quatre fois au cours de sa vie. Sa première épouse futMégara. Plus tard, devenu esclave, il futaffranchi parOmphale, reine deLydie, et l'épousa. Il se battit ensuite contre le dieu-fleuveAchéloos pour l'amour deDéjanire. Après sa mort, il se maria sur l'Olympe avec la déesse de la jeunesseHébé.
Iolaos, conducteur du char d'Héraclès et compagnon d'armes de plusieurs de ses travaux, entretient une relation avec lui dans plusieurs versions.Plutarque, dans sonErotikos (Dialogue sur l'amour), indique qu'Iolaos fut l'éromène d'Héraclès et que les couples d'hommes, jusqu'à son époque, viennent honorer le tombeau d'Iolaos et s'y échangent des serments de fidélité et des gages de bonne foi[61].
Héraclès recueilleHylas, fils de Théodamas, après avoir tué son père, et Hylas devient sonéromène[62]. Mais le jeune homme est enlevé par desnymphes des eaux pendant la quête de la toison d'or, alors qu'il est allé puiser de l'eau à une source où vivent ces nymphes. Héraclès, bouleversé par sa disparition, laisse les Argonautes repartir sans lui afin de poursuivre ses recherches, mais ne le retrouve jamais[63].
Un autre éromène d'Héraclès intervient dans le récit que fait lePseudo-Apollodore de son combat contreDiomède le Thrace et ses juments cannibales. LesBistones viennent prêter main-forte à Diomède. Héraclès, pour les combattre, doit confier les juments cannibales à la garde de son éromène,Abdéros, que les juments jettent à terre et traînent sur le sol derrière elles. Après avoir tué Diomède et mis en fuite les Bistones survivants, Héraclès, affligé par la perte de son aimé, élève un tombeau en l'honneur d'Abdère et fonde à proximité une cité qu'il nommeAbdère[64].
Héraclès est également amoureux d'Admète selon Plutarque dans leDialogue sur l'amour, et l'auteur indique que c'est pour faire plaisir à Admète qu'Héraclès sauve du trépas son épouseAlceste[65].
Unescholie auxArgonautiques d'Apollonios de Rhodes commentant le vers 1207 du chantI — début du passage concernant la disparition d'Hylas — propose une liste des aimés d'Héraclès[66] :« Hylas, Philoctète, Diomos, Perithoas et Phrix, qui donna son nom à une ville de Libye. » Diomos est également mentionné par le lexique d'Étienne de Byzance, qui indique qu'Héraclès tombe amoureux de Diomos lorsqu'il reçoit l'hospitalité de son père Collytos, et que Diomos est le héros éponyme du dème de Diomeia, qui fait partie administrativement de latribu Aegeis, en Attique[67]. Perithoas, Phrix et l'idée d'une relation amoureuse avecPhiloctète n'apparaissent que dans cette scholie.
Le culte d'Héraclès est répandu dans toute laGrèce, à l'exception de laCrète[68] ; il s'adresse tantôt au dieu, tantôt au héros. Il arrive que les deux cultes coexistent, comme àThasos[69] ou àSicyone[70]. Il est plus particulièrement rattaché auxéphèbes et augymnase[71] et se caractérise par de grands banquets de viande — lacomédie se fonde sur ce trait particulier pour dépeindre Héraclès comme un glouton. Des fêtes consacrées à Héraclès, lesHéracléennes (Hérakleia), sont célébrées dans plusieurs régions deGrèce.
Dans la sphère privée, Héraclès est avant toutAlexikakos, celui qui protège du mal[72]. Par conséquent, on retrouve son image sur desamulettes.Herakleis, « par Héraclès », est une exclamation courante, comme l'est ensuitemehercle en latin.
Héraclès est également célébré en tant qu'ancêtre desDoriens par le biais du mythe desHéraclides.
Hors de Grèce
Temple d'Héraclès àAgrigente.Statue d'Hercule, version romaine d'Héraclès, en marbre. En 125.Statue d'Hercule à Behistun, en Iran. En 153 avant J.-C.
Les auteurs anciens mentionnent plusieurs cultes rendus hors de Grèce à Héraclès ou à des dieux qu'ils identifient à Héraclès.Hérodote, dans l’Enquête[73], évoque un Héraclès homonyme de l'Héraclès fils d'Alcmène et plus ancien que lui, honoré en Égypte.
EnÉtrurie, Héraclès s'est très tôt acclimaté sous le nom deHercle. Il y est non pas un héros, mais une divinité, et certains aspects de son mythe y semblent proprement étrusques[75].
Plus caractéristique encore que la cérémonie annuelle était le service de ladîme. Introduits par les Grecs, le culte d'Hercule devint celui de marchands qui associaient leurs entreprises risquées aux multiples aventures du héros grec, puis des généraux heureux dans leurs batailles. Ainsi, plusieurs des sanctuaires herculéens mineurs qui ont fleuri au cours des âges sont le fait de généraux. C'est àPompée que l'on doit la restauration dutemplum Herculis Pompeiani, titre remarquable puisqu'il paraît faire du dieu le protecteur personnel du général et homme d'État romain[76]. Le temple même d'Hercule Victor jouait un rôle lors de la cérémonie dutriomphe des généraux victorieux : le cortège passait devant le temple et on couvrait de vêtements somptueux la statue en bronze d'Hercule qu'on avait placée sur le seuil pour le faire participer à l'enthousiasme général[76],[77].
Lorsque Rome dans le troisième tiers du quatrième siècle émet ses premières monnaies, Hercule, en dépit de son nom grec, figure sur lequadrans[78]. Au début du siècle, le premierlectisterne collectif l'associe àDiane déjà assimilée à la déesse grecqueArtémis[76].
En Gaule
EnGaule, Héraclès a connu une très grande popularité chez lesCeltes romanisés. Plus de trois cents sculptures le représentent, un grand nombre de statuettes en bronze, plus de cent inscriptions lui sont consacrées. Cet engouement est favorisé par le mythe des Hespérides. SelonParthénios de Nicée, de l'union d'Héraclès et de Celtinée naît un fils,Celtos, de qui les Celtes ont pris leur nom[79].Lucien de Samosate, dans uneprolalia (un avant-propos) intituléeHéraclès, évoque un dieu de l'éloquence honoré par lesGaulois qu'il présente sous le nom d'HéraclèsOgmios et rapproche du dieu gauloisOgmios.
Durant la périodegallo-romaine, les provinces gauloises adoptent la figure de l’Hercule romain. C’est le cas, par exemple, de labaie de Douarnenez où des statuettes d’Hercule ont été retrouvées dans les cuves degarum, cette préparation à base de poisson très appréciée à Rome. Le dieu joue ici un rôle de protecteur des marchands[80]. Bien que le culte du dieu soit arrivé jusqu’à l’Armorique, il est probable que ces statues, dont l’une d’elles est conservée aumusée de Bretagne à Rennes, aient en réalité été fabriquées en Italie puis importées.
Héraclès dans les arts pendant l'Antiquité
Littérature
Aucune œuvre littéraire retraçant l'ensemble des aventures d'Héraclès ne nous est parvenue. Cependant, nous savons que de telles œuvres ont existé : pendant l'époque archaïque, le poètePisandre avait composé uneHéraclide aujourd'hui perdue[81] qui, selon, une épigramme deThéocrite, relatait pour la première fois les exploits du héros en détail[82] ; au tout début de l'époque classique,Panyasis d'Halicarnasse compose à son tour uneHéraclée (Heracleia) qui, selon laSouda, comportait 14 livres pour un ensemble de 9000 vers[83]. Seuls quelques fragments nous en sont parvenus. Quelques évocations d'ensemble résumant les exploits d'Héraclès se trouvent dans les tragédies, au moment de présenter le personnage (au début deLa Folie d'Héraclès d'Euripide) ou bien au moment de sa mort (dansLes Trachiniennes deSophocle). Un passage de l’Énéide deVirgile décrivant un sacrifice à Hercule comprend un rappel de ses nombreux exploits[84]. Beaucoup d'autres œuvres contiennent des allusions à plusieurs épisodes, comme l’Iliade et l’Odyssée[85]. Cependant, la plupart des œuvres de la littérature grecque ancienne ayant trait à Héraclès se concentrent sur un épisode qu'elles développent en détail, de manière très variable selon le genre littéraire auquel elles appartiennent et la perspective particulière adoptée par l'auteur.
Dans lethéâtre grec antique de l'époque classique, Héraclès fait l'objet (ou apparaît dans) de nombreuses tragédies. ChezEschyle, il intervient dansProméthée enchaîné pour délivrerProméthée de son supplice.Sophocle consacre sa tragédieLes Trachiniennes à l'épisode de la mort d'Héraclès, et le fait apparaître plus ponctuellement commedeus ex machina pour le dénouement de sonPhiloctète.Euripide consacre une tragédie àLa Folie d'Héraclès. Euripide fait aussi apparaître Héraclès dans sonAlceste, où il le décrit d'une façon ambiguë, de la même façon que toute la pièce oscille entre tragédie et comédie[88] : Héraclès est un glouton et il donne à Admète des conseils philosophiques d'ivrogne, mais il se comporte en véritable héros et assure le dénouement heureux de la pièce. Héraclès est aussi évoqué dans lacomédie, mais aucune comédie grecque parmi celles qui nous sont parvenues ne lui est spécifiquement consacrée. Dans la comédieLes Oiseaux d'Aristophane, Héraclès apparaît comme un agent au service des dieux, mais sa gloutonnerie le rend aisément corruptible. Dans une autre comédie d'Aristophane,Les Grenouilles, le dieuDionysos décide de se rendre auxEnfers, mais, comme il a peur de ne pas en revenir vivant, il se déguise en Héraclès pour se donner confiance et va demander conseil au héros au début de la pièce.
Les philosophes grecs anciens s'approprient eux aussi le personnage d'Héraclès. Le philosopheprésocratique etsophisteProdicos de Céos écrit ainsi unapologue où il met en scène Héraclès jeune confronté aux discours séducteurs de deux femmes qui ne sont autres que desallégories duvice et de lavertu. Nous connaissonsce texte de manière indirecte, par l'évocation qu'en faitXénophon dans lesMémorables[89],[90]. Cet épisode allégorique, souvent appelé « Héraclès à la croisée des chemins », connaît une postérité abondante après l'Antiquité, notamment dans lapeinture de la Renaissance.
À l'époque hellénistique, Héraclès apparaît dans la poésieépique et dans la pastorale.Apollonios de Rhodes, dans sesArgonautiques, lui fait prendre part à l'expédition desArgonautes, qu'il quitte après la disparition de sonéromèneHylas.Théocrite consacre une idylle à « Héraclès enfant » où il relate son tout premier exploit au berceau contre les serpents envoyés par Héra ; dans « Hylas », il évoque lui aussi la disparition de l'aimé du héros[91].
La littérature latine est également impliquée dans le mythe, à travers le philosophestoïcienSénèque. Il composa la tragédieHercule furieux, inspirée d'Euripide, où il dépeint un Hercule héroïque mais aussi victime de la folie[93].Hercule sur l'Œta est plus marquée par une fin glorieuse enapothéose mais doit probablement être due à un imitateur postérieur à Sénèque[94].
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Héraclès est représenté dans l'Antiquité en homme barbu, dont la tête est souvent recouverte de la peau du lion de Némée. Il tient parfois unskyphos à la main, et est armé de différentes armes, en fonction de la scène représentée : massue, arc, épée, faucille et/ou fronde[95].
Plusieurs travaux d'Héraclès figurent sur une amphore dupeintre de Kléophradès, datant de ; d'autres travaux sont très fréquemment représentés dans la céramique, comme l'épisode du lion de Némée[95].
Dans la continuité des analyses deJean-Pierre Vernant sur la notion de personne dans la religion grecque[100] et des développements deMarie Delcourt, qui consacre quelques pages à Héraclès dans son étude sur les héros[101],Nicole Loraux[102] insiste sur le fait que la figure d'Héraclès tend à se réduire aux exploits qu'il accumule : Héraclès n'a pas vraiment d'intériorité. « Héraclès n'est pas tragique, parce qu'il n'est pas ambigu, et, pour en faire un héros tragique, il faudra qu'Euripide lui invente quelque chose comme une intériorité »[102] (Nicole Loraux se réfère à latragédie d'EuripideLa Folie d'Héraclès). En contrepartie, la « force muette » d'Héraclès[103] devient le moyen d'expression de toutes sortes de discours, en particulier philosophiques, qui en font une figure édifiante de vertu et de sagesse[103]. La comédie tire Héraclès vers l'extrême inverse en le mettant en scène sous les traits d'une brute stupide et gloutonne[103].
Mythologie comparée
Le philologue et mythologue autrichienRudolf Simek a comparé le héros grec Héraclès au dieugermaniqueThor/Donar, sur la base des fonctions et des attributs similaires qu'il leur trouve. Tous deux sont des tueurs de monstres et de géants, défenseurs des dieux et des hommes face aux forces du chaos. Thor possède lui aussi une arme puissante, son marteauMjöllnir. L’interpretatio romana associait déjà Thor à Hercule. DansLa Germanie,Tacite nomme les dieux des Germains, et évoque les sacrifices faits en l'honneur d'Hercule, qui serait alors le dieu Thor. En Germanie romaine, de nombreuses inscriptions sur des monuments ou pièces portent le nom d'Hercule et désignent véritablement l'Hercule germanique, Thor[104].
PourJean Haudry à la suite des travaux de Martin P. Nilsson, la principale particularité d'Héraclès est, par delà le foisonnement des cultes et des légendes, sa conquête de l'immortalité, ce qu'il nomme la conquête de l'Année (Héra). Selon lui, il doit la plupart des légendes illustrant sa force physique à son frère jumeau Iphiclès, tombé dans l'oubli, maisa contrario de celui-ci avant la force brutale, il s'illustre par ses exploits civilisateurs et sa volonté. Ses derniers travaux sont une victoire sur la mort et sa fin symbolise une conquête de l'immortalité solaire[105].
AuXVIe siècle,Pierre de Ronsard reprend la symbolique chrétienne associée à Héraclès pour composer, parmi sesHymnes publiés en 1555, un « Hercule chrétien », qui dénombre les parallèles possibles entre Hercule etJésus[107]. À la même époque se développent d'autres symboliques associées à Hercule. Un Hercule égyptien, homonyme de l'Héraclès fils d'Alcmène et plus ancien que lui, était évoqué parHérodote dans sonEnquête[73]. AuXVIe siècle, on commence à faire de cet Hercule, dit « Hercule libyen », l'ancêtre desGaulois, par l'intermédiaire d'un fils, Galatès, qu'il aurait eu avec la fille d'un chef gaulois et qui serait devenu l'éponyme de laGaule ; cette généalogie s'élabore dans le cadre d'une rivalité politique et culturelle entre pays d'Europe, où elle vise à avantager laFrance en lui prêtant des origines plus anciennes encore que lesLatins et lesGrecs[108].
Dans la seconde moitié duXIXe siècle en France, Héraclès est évoqué par les poètes duParnasse.José-Maria de Heredia compose, dansLes Trophées (publiés en 1893)[114], une série de six sonnets intitulée « Hercule et les Centaures ». Les deux premiers sonnets, « Némée » et « Stymphale », sont consacrés à deux des travaux d'Héraclès, lelion de Némée et lesoiseaux du lac Stymphale. Le troisième, « Nessus », évoque l'amour ducentaureNessos pourDéjanire. « La Centauresse », où Héraclès n'apparaît pas, décrit le déclin du peuple descentaures, qu'Héraclès pourchasse et massacre dans les deux derniers sonnets, « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ». Dans ces poèmes, Héraclès est souvent décrit comme terrifiant, ce qui lui confère une affinité inattendue avec les monstres qu'il est chargé de détruire[115].Leconte de Lisle, dans lesPoèmes antiques, évoque Héraclès dans plusieurs poèmes[116] : « Hylas », « L’Enfance d’Hèraklès », « Hèraklès au Taureau », « Hèraklès solaire » (il l'y nomme parfois Héraclès, parfois Hèraklès selon une orthographe archaïsante, et parfois Hercule). Dans la neuvième de ses Études latines (Néère) figurant dans le même recueil, il le désigne par une périphrase : "L'immortel qui naquit de la Vierge Thébaine" (deuxième vers).
En 1989, le peintreJean-Marie Pierret recouvre le tablier du barrage hydro-électrique du Chevril (appelé aussi barrage de Tignes ; département de la Savoie) d'une fresque de 18 000 m2 représentant Hercule[132].
Comme de nombreux autresmythes grecs, Héraclès fait l'objet de nombreuses œuvres sculptées, en particulier pendant laRenaissance. AuXVe siècle,Antonio Pollaiuolo réalise un groupe en bronzeHercule et Antée, conservé auMusée national du Bargello àFlorence. AuXVIe siècle, le sculpteur italienBaccio Bandinelli sculpte un groupe colossalHercule et Cacus, placé devant lePalazzo Vecchio àFlorence. À la même époque, le sculpteur italienGiambologna réalise un ensemble représentantHercule luttant contre le centaure Nessos (Ercole con il centauro Nesso), exposée par la suite à laLoggia dei Lanzi, de même que sonEnlèvement des Sabines. Durant la même période, avant 1560, le sculpteur italien Guglielmo della Porta réalise unHercule tue les serpents représentant Héraclès enfant tuant l'un des serpents d'Héra, tandis que des saynètes sur le socle de la sculpture représentent ses futurs douze travaux[133]. En France, en 1660,Pierre Puget sculpte unHercule terrassant l'hydre de Lerne (ditHercule de Vaudreuil) ; la sculpture, brisée pendant la Révolution, est ensuite reconstituée et conservée au musée deRouen. Puget sculpte aussi, en 1663, unHercule au repos (également appeléHercule Gaulois) conservé auMusée du Louvre[134].
En France,Augustin Dupré a gravé les pièces de monnaie représentant Hercule (Union et Force) émises pendant la Révolution. Ce typeà l'Hercule a été repris sous les deuxième, troisième et cinquième républiques. De nouvelles piècesà l'Hercule, en euros, ont été gravées en 2011 parJoaquin Jimenez.
Musique
Plusieursopéras sont consacrés à Héraclès (en général sous son nom latin) à la fin duXVIIe siècle et dans le courant duXVIIIe siècle[137].Reinhard Keiser compose unHercule et Hébé (Die Verbindung des großen Herkules mit der schönen Hebe) créé àHambourg vers 1700[137].Christoph Graupner compose unHercule et Thésée créé à Hambourg en 1708[137].Louis-Nicolas Clérambault compose en 1716 une cantate à voix seule et symphonie,La mort d'Hercule et en 171? une autre cantate,Le triomphe de la vertu ou Hercule vainqueur des plaisirs, opus 29.
Haendel compose un drame musical,Hercules (dont le livret est en anglais), qui prend pour sujet la mort d'Héraclès en s'inspirant principalement desTrachiniennes deSophocle. Le drame est créé le 5 janvier 1745 auKing's Theatre deLondres.
Le cinéma d'animation, de son côté, s'empare très tôt d'Héraclès :Émile Cohl, l'un des pionniers de l'animation française, réalise un dessin animé en papier découpé,Les Douze Travaux d'Hercule, en 1910 : le film montre l'ensemble des douze travaux[149]. Beaucoup plus tard, en 1997, c'est au tour desstudios Disney de mettre en scène le héros, avec le long-métrage d'animationHercule, qui adopte un ton humoristique et un graphismecartoon.
La première série télévisée consacrée à Héraclès est une série animée américaine,Le Puissant Hercule (The Mighty Hercules), conçue par Adventure Cartoon Productions, diffusée sur la chaîneSyndication de 1963 à 1966. Vient ensuite une série en images réelles,Hercule, créée par Christian Williams et diffusée pour la première fois surSyndication en 1994 ; conçu au départ comme une suite de cinqtéléfilms[150], le concept est prolongé en une série télévisée qui donne lieu à son tour à plusieursséries dérivées, dontXena, la guerrière en 1995[151]. En 1998, sort la série d'animation DisneyHercule.
Héraclès fait aussi l'objet d'unetélésuite,Hercule, réalisée parRoger Young en 2005 pour la télévision américaine. En 2016, l'épisode 18Héraclès, l’homme qui devint dieu de la sérieLes Grands Mythes est centré sur lui.
Jeux vidéo
En 1984 paraîtHercules, un jeu vidéo américain de plate-forme développé par Interdisc pour leCommodore 64, dans lequel le joueur incarne Héraclès et doit parcourir douze niveaux parsemés de plates-formes piégées (lire l'article anglais). En 1987, Smart Egg Software réaliseThe Labours of Hercules, uneaventure en mode texte programmée par Terry Taylor dans laquelle le joueur incarne Héraclès et doit accomplir les douze travaux[152]. En juin 1987, le studio japonaisData East réaliseTōjin Makyō-den Heracles no Eikō (La Légende du repaire du démon combattant : la gloire d'Héraclès), unjeu vidéo de rôle pourFamicom[153]. Le jeu connaît plusieurs suites sur différents supports, scénarisées parKazushige Nojima[154]. En 1988, Gremlin Interactive éditeHercules: Slayer of the Damned, un jeu debeat them all[155]. En 1997, la sortie du long-métrage d'animation Disney donne lieu à un jeu vidéo dérivé,Hercule, édité parDisney Interactive[156]. En 2007, le studio françaisNeko Entertainment éditeHeracles: Chariot Racing, unjeu vidéo de course sur console où le joueur incarne Héraclès participant à des courses de chars dans un univers inspiré de lamythologie grecque[157]. En 2010, le jeu d'actionGod of War III, met aux prises le héros du jeu, Kratos, avec Héraclès lors d'une séquence de combat[158].
L'imaginaire collectif retient principalement d'Hercule un personnage doté d'une force extrême. La langue française a consacré l'onomastisme nominalhercule,antonomase lexicalisée — transcrite avec une minuscule — qui désigne un homme doté d'une grande force musculaire. De même, l'onomastisme dérivé adjectivalherculéen désigne ce qui nécessite une très grande force.
↑Par exemple Tarente 4600, Londres F149 et Londres F193.Gantz 1993,p. 377.
↑Biographie universelle, ancienne et moderne. Partie Mythologique, ou histoire, par ordre alphabétique, des personnages des temps héroïques et des divinités grecques, italiques, égyptiennes, hindoues, japonaises, scandinaves, celtes, mexicaines, etc.,t. 53, Paris, Louis-Gabriel Michaud,(lire en ligne),p. 129 :
« Alcide,Ἀλκείδης. […] Les uns voient dans ce nom l'idée de la force (αλϰη) personnifiée en Hercule. Les autres en font un nom patronymique dérivé d'Alcée. Indubitablement ces derniers ont raison. Mais on serait encore plus sûr du vrai en fondant ensemble les deux explications. L'Alcée, aïeul d'Hercule, ne diffère point d'Hercule lui-même. Il est la force, la force invincible, et il se délègue dans la force. Ajoutons qu'Hercule s'appelle aussi Alcée, non moins qu'Alcide, dans quelques auteurs, par exemple Diodore de Sicile. On trouve encore le nom d'Alcide appliqué 1° à Minerve […] ; 2° à ces dieux qui évidemment ne peuvent être que des Génies subalternes. Toutefois nous ne tenterons pas d'assigner leur véritable caractère. Sont-ce des Aditias ou soleils mensuels ? […] sont-ce même des Cabires ? Le lecteur peut choisir entre ces diverses hypothèses. »
↑Dans laGrèce antique, lapédérastie désigne une relation entre un homme adulte et un garçonprépubère ou un jeune homme : il s'agit d'une pratique institutionnalisée, considérée commepédagogique. Dans ce contexte, le terme de pédérastie n'est pas synonyme depédophilie.
↑ColetteJourdain-Annequin, « Bernard Sergent, L'homosexualité dans la mythologie grecque, Préface de Georges Dumézil, 1984. (Bibliothèque historique) »,Revue des Études Anciennes,vol. 89,no 1,,p. 181–184(lire en ligne, consulté le).
↑M. Drouin, « Les cultes d’Héraklès et de Kakasbos en Lycie-Pisidie à l’époque impériale romaine – Étude des stèles dédiées aux dieux cavaliers à la massue », mémoire de maîtrise, Université Laval (Québec), 2014,XXXIV-201 p.
↑Jean-René Jannot,Devins, dieux et démons. Regards sur la religion étrusque, Picard, « Antiqua », 1998,p. 173.
↑Hymne « à Héraclès au cœur de lion », dont le numéro varie selon les éditions (dans la traduction de Jean-Louis Backès, « Hésiode,Théogonie et autres poèmes, suivis desHymnes homériques », Gallimard, Folio, 2001, c'est leno 15).
↑Florence Dupont, « Apothéose et héroïsation dansHercule sur l'Œta de Sénèque » in : Centre de Recherche d'Histoire Ancienne, Annales Littéraires de l'Université de Besançon,Entre hommes et dieux : le convive, le héros, le prophète (dir. Annie France Laurens), 1995.
↑« Pillez moy sans conscience les sacrez Thesors de ce Temple Delphique, ainsi que vous avez fait autrefoys: et ne craignez plus ce muet Apollon, ses faulx Oracles, ny ses fleches rebouchées (= émoussées). Vous souvienne de votre ancienne Marseille, secondes Athenes : et de votre Hercule Gallique, tirant les Peuples après luy par leurs Oreilles avecque une Chesne attachée à sa Langue. » (Joachim du Bellay,La Deffence et illustration de la langue françoyse &L'Olive, Genève, Droz, 2007,p. 180.)Édition de 1549 sur Gallica.
M. C. Howatson (dir.),Dictionnaire de l'Antiquité, Robert Laffont, 1993 (première édition : Oxford, 1989).
Yves Bonnefoy (dir.),Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, Flammarion, 1999, 2 vol. (article « Héraclès » parNicole Loraux, vol.1,p. 944-955).