Le conte, l'un des plus célèbres parmi lescontes merveilleux, met en scène un frère et une sœur perdus dans la forêt par leurs parents et qui, ensuite, se retrouvent aux prises avec unesorcièreanthropophage.
Là où les sources utilisées par les frères Grimm pour ce conte demeurent incertaines[4], ils affirment cependant qu'il est issu de « différentes versions deHesse ».
Dans leurs commentaires concernantHansel et Gretel[5], les frères Grimm signalent qu'on trouve enSouabe des versions du conte où la maison de sucre n'est plus habitée par une sorcière, mais par unloup. Ils notent également l'étroite parenté entreHansel et Gretel et le conte dePerraultLe Petit Poucet, publié en 1697 dansHistoires ou contes du temps passé, et les parallèles avecFinette Cendron (1696 ou 1697), conte — très littéraire — deMadame d'Aulnoy.
Hansel et Gretel chez la sorcière. Illustration d'Alexander Zick (1845-1907).
Par ailleurs, les Grimm donnent en réalité deux, voire trois versions de cette histoire. La version reprise dans la deuxième édition (1819) desContes comporte, en effet, certaines différences par rapport à la version figurant dans l'édition originale de 1812, notamment l'ajout d'un épilogue ; en outre, à partir de la quatrième édition (1840), ce n'est plus la mère ou à l'instigation de celle-ci que les enfants sont abandonnés, mais du fait de leurbelle-mère – ce qui, en réalité, était déjà le cas dansNennillo et Nennella[6],[7], conte écrit ennapolitain parGiambattista Basile, et figurant dans lePentamerone, publié vers 1635. Le début du conte de Basile est similaire à celui deHansel et Gretel et duPetit Poucet. Les éditions postérieures à 1842 tiennent compte en outre de la version alsacienne publiée parAugust Stöber et intituléeDas Eierkuchenhäuslein (« La petite maison de crêpes »), en lui empruntant notamment certaines expressions populaires[8].
De cet épisode, fameux, où des objets sont semés pour retrouver son chemin, on trouve déjà une version très proche dansDas Erdkuhlein (« La vachette de la terre »), un conte publié en 1559 par l'AlsacienMartin Montanus (apr. 1537-apr. 1566), et apparenté àCendrillon. Le début de l'histoire se déroule comme suit. Une marâtre[9] et la fille aînée de son mari veulent faire en sorte que la plus jeune sœur, Marguerite, se perde dans la forêt. Par trois fois, elles l'y envoient chercher desfagots ou du bois. Marguerite a entendu les projets de ses ennemies et, sur le conseil de sa marraine, elle sème sur son chemin de la sciure la première fois, la deuxième fois du sable, et enfin, en dernier lieu, du chènevis, que les oiseaux picorent. Perdue, elle monte dans un arbre et, de là, voit une petite maison, où elle se rend et où elle trouvera, plus chanceuse que Hansel et Gretel, et que Poucet, une main secourable[10],[11].
Hansel, un petit garçon, et sa sœur cadette Gretel sont les enfants d'un pauvre bûcheron. Craignant la famine, l'épouse du bûcheron — la belle-mère des enfants — le convainc de les perdre dans la forêt. Hansel et Gretel entendent son plan et, recueillant des petits cailloux blancs, marquent le chemin jusque chez eux ; ainsi la tentative de les perdre échoue. Toutefois, la belle-mère pousse le père à réessayer, et cette fois, les deux enfants n'ont que des morceaux de pain à jeter derrière eux. Une fois abandonnés en pleine forêt, ils réalisent que le pain a été mangé par les oiseaux.
Gretel pousse la sorcière dans le four. Illustration de Theodor Hosemann (1807-1875).
En errant dans la forêt, Hansel et Gretel trouvent une maison en pain (les versions suivantes parleront de pain d'épices) avec des fenêtres en sucre, qu'ils commencent à manger. L'habitante de la maison, une vieille femme, les invite et leur prépare un festin. Cependant, la vieille femme est une sorcière qui a construit la maison pour attirer les enfants, afin de les manger. Elle enferme Hansel dans une cage, et fait de Gretel sa servante.
Hansel traversant la rivière à dos de canard. Sculpture d'Ignatius Taschner.Märchenbrunnen[12] dans leparc de Friedrichshain à Berlin.
Gretel doit cuisiner afin d'engraisser son frère Hansel et, chaque jour, la sorcière vérifie s'il est suffisamment gras pour être mangé. Comme elle est à moitié aveugle, elle demande à Hansel de lui donner son doigt et celui-ci lui tend à sa place un os. La sorcière a l'impression que Hansel ne grossit pas et les enfants gagnent ainsi du temps. Mais un jour, folle de rage, elle n'a plus la patience d'attendre et décide de manger Hansel.
Alors qu'elle se prépare à cuire Hansel, la sorcière demande à Gretel de regarder dans le four pour voir s'il est prêt. Mais Gretel lui dit qu'elle est trop petite et que la sorcière doit vérifier elle-même. Alors qu'elle se penche dans le four, Gretel la pousse et referme la porte derrière elle. La sorcière meurt ainsi carbonisée.
Les enfants prennent les joyaux qui se trouvaient dans la maison de la sorcière, et décident de rentrer chez eux.
Mais alors que les enfants arrivent face à un lac, ils se rendent compte qu'il est trop profond pour être traversé à la nage. Gretel voit alors deux cygnes blancs ; Hansel a l'idée de monter dessus pour traverser. Ils enfourchent les cygnes et rentrent chez eux avec les joyaux de la sorcière.
La sorcière morte, les enfants sautent et dansent de joie. Ils prennent les perles et les pierres précieuses de la sorcière, autant qu'ils peuvent en emporter, puis quittent la maison. Ils arrivent à une rivière, mais ne voient ni pont ni gué pour traverser. Gretel aperçoit alors un canard blanc[13],[14] et lui demande de les porter sur son dos. Gretel constate que l'animal ne peut les porter tous les deux et, dès lors, il les fait franchir la rivière l'un après l'autre. Hansel et Gretel poursuivent ensuite leur chemin et finissent par sortir de la forêt et, aussitôt qu'ils voient la maison de leur père, ils se mettent à courir dans sa direction. Ils retrouvent leur père, qu'ils embrassent. Celui-ci est veuf à présent. Les deux enfants lui montrent les trésors qu'ils ont pris à la sorcière, et c'est la fin de leurs soucis.
Le conte se termine par une sorte de pied-de-nez :
« Mon conte est fini, trotte la souris, celui qui la prendra pourra se faire un grand bonnet, un grand bonnet de fourrure, et puis voilà[15] ! »
« Qui grignote ma maison ? » (Wer knuspert an meinem Häuschen ?). Illustration deLudwig Richter (1803-1884).
Les passages rimés contenus dansHansel et Gretel sont, en allemand :
« Knusper, knusper, kneuschen ! | wer knuspert an meinem Häuschen ? » (dès la1re éd., 1812) ;
id., ce à quoi les enfants répondent : « Der Wind ! der Wind ! | das himmlische Kind ! » (à partir de la2e éd., 1819) ;
et, avec l'épilogue du canard apparu en 1819 : « Entchen, Entchen, | da steht Grethel und Hänsel. | Kein Steg und keine Brücke, | nimm uns auf deinen weißen Rücken ! » (à partir de5e éd., 1843).
Ce qui est traduit, entre autres, parArmel Guerne : « Et j'te grignote et grignotons, | Qui me grignote ma maison ? » ; « C'est le vent, c'est le vent, | C'est le céleste vent » ; puis : « Canard blanc, canard blanc, | Ici Margot et Petit-Jean. | Aucun sentier et pas de pont, | Porte-nous sur ton beau dos rond. »[16] ou, parMarthe Robert : « Grigno, grigno, grignoton, | Qui grignote ma maison ? » ; « C'est le vent, c'est le vent, | Le céleste vent » ; puis : « Caneton, caneton, | C'est Jeannot et Margoton. | Pas de pont ni de passerelle, | Prends-nous sur tes blanches ailes. »[17]
Dans la version figurant dansDeutsches Märchenbuch (1845) deLudwig Bechstein, la question de la sorcière varie légèrement par rapport à celle du conte des frères Grimm : « Knusper, knusper, kneuschen ! | Wer knuspert mir am Häuschen ? »[18].
Une note marginale manuscrite d'une copie, appartenant aux Grimm, de la première édition desContes révèle que la réponse rimée des enfants à la sorcière (« Der Wind, der Wind, Das himmlische Kind... ») vient de Henriette Dorothea – « Dortchen » – Wild, entendue à Cassel le[19]. En se fondant sur cela, certains ont pu supposer que les frères Grimm ont noté toute l'histoire chez les Wild (Wilhelm Grimm épousera « Dortchen » en 1825) et mettre en doute ses origines véritablement « populaires »[4].
Le passage concernant le canard provient deDas Eierkuchenhäuslein[20], version du conte figurant dansElsässisches Volksbüchlein — recueil publié en 1842 parAuguste Stoeber —, où apparaissent les vers : « Endele. | Bändele. | Kenn Stai unn kenn Brucke | Nimm eß uff dynne wysse Rucke ! »[21],[22].
Selon laclassification des contes-types d'Aarne et Thompson,Hansel et Gretel est rangé dans le type AT 327A, auquel il donne son nom, « Hansel et Gretel », et le type AT 1121, « Brûler la sorcière dans son propre four » (groupe Contes de l'ogre ou du Diable dupé). Le conte-type AT 327 « Les Enfants et l'Ogre » comprend également le type AT 327B « Le Nain et le Géant », dont fait partie le conte de PerraultLe Petit Poucet.
Dans le premier tome duConte populaire français,Paul Delarue relève en tout, en France et francophonie d'outre-mer, quatre-vingt-deux versions de contes de type 327A ou 327B – les versions deHansel et Gretel et duPetit Poucet se distinguant difficilement –, dont les intitulés varient deFuron-Furette etFillon-Fillette (Berry) àBonnet blanc, bonnet rouge (Guadeloupe)[23].
La nourriture est un élément central du conte. Tout comme dansLe Petit Poucet, la version aux septuplés donnée par Perrault auXVIIe siècle, l'histoire deHansel et Gretel débute dans un contexte social de famine[24]. Hansel, lors de la seconde tentative de ses parents pour les perdre lui et sa sœur, malgré leur faim, émiette son maigre morceau de pain derrière lui plutôt que de le manger. Les enfants sont attirés dans un piège consistant en une maison comestible. Tel un animal, le petit garçon est ensuite engraissé par la sorcière, qui a l'intention de le dévorer, et qui elle-même finit cuite dans son four. [...]
Il existe un conte populaire russe (voirVassilissa-la-très-belle) dans lequel la méchante belle-mère, qui est là aussi la femme d'un bûcheron, demande à sa bru d'aller dans la forêt pour emprunter à sa sœur de quoi s'éclairer. Cette dernière se révèle êtreBaba Yaga, une autre sorcière cannibale. En plus de souligner la mise en danger des enfants – ainsi, d'ailleurs, que leur astuce –, ce conte a en commun avecHansel et Gretel une préoccupation pour la nourriture : la mère ou belle-mère veut éviter la faim, alors que la sorcière, là aussi, appâte les enfants avec sa maison faite de confiseries, de façon à pouvoir les capturer et les manger[25]. Plusieurs autres contes(Ivachko et la sorcière,Prince Daniel, mots de miel...) relatent la ruse du héros (petit garçon, jeune fille) auquel on demande de se mettre sur la pelle à four pour être enfourné, et qui, prétendant ne savoir comment faire, obtient de son tourmenteur qu'il s'y place lui-même pour le lui montrer, puis finir rôti[26].
L'anthropophagie, présente dansHansel et Gretel sous la forme d'une sorcière dévoreuse d'enfants, apparaît fréquemment dans les contes, notamment ceux dans lesquels intervient unogre, personnage auquel ce type de comportement est le plus souvent associé (comme dansLe Petit Poucet, « cousin » deHansel et Gretel), mais également dans d'autres, par exempleLe Conte du genévrier (Grimm), dans lequel une marâtre fait manger son fils à son père. L'être mangé, ou qui, le plus souvent, est menacé de l'être, est presque toujours un enfant, et un garçon.
On observe, en effet, que, dansHansel et Gretel, la sorcière ne traite pas les deux enfants de la même manière : elle enferme Hansel pour l'engraisser, et utilise la sœur de celui-ci comme domestique. Ce qui laisse entendre que son intention n'est pas, au départ du moins, de les manger tous les deux, mais uniquement le petit garçon. On trouve d'ailleurs certaines versions du conte – en Serbie ou en Suède –, où seul le garçon est pris et doit préparer lui-même le four où la sorcière compte le rôtir[27]. Certains se sont interrogés sur la raison de cette différence de traitement, notammentCosquin, selon qui la fille serait non la sœur du petit garçon, mais la propre fille de l'ogresse[27]. Et si on compare avecLe Petit Poucet, où les enfants sont « septuplés », on trouve là, en effet, d'une part les sept garçons que l'ogre veut manger et, d'autre part, les sept filles de l'ogre. Il semble en fait y avoir eu, dansHansel et Gretel, une hésitation concernant les liens entre les trois protagonistes de l'histoire :
la sorcière est la mère ou la belle-mère des deux enfants comme dansNennillo et Nennella etFrérot et Sœurette – le fait que la mère ou la belle-mère (la femme du bûcheron) est morte quand les enfants rentrent chez eux et après que Gretel a tué la sorcière peut laisser penser que la mère ou belle-mère et la sorcière ne font qu'une ou, du moins, qu'un rapprochement entre les deux personnages est fortement suggéré ;
la sorcière est la mère de la petite fille seulement, comme dansPoucet (en l'occurrence, la mère des petites filles) ;
ou bien les deux enfants sont frère et sœur et n'ont aucun lien avec la sorcière, ce qui est la meilleure variante — mais pas complètement — fixée dansHansel et Gretel.
Dans un premier temps, c'est Hansel, le petit garçon, qui offre le salut à sa sœur et à lui-même en leur permettant de retrouver leur chemin mais, à la fin de l'histoire, c'est Gretel, la petite fille, qui les sauve elle et son frère en tuant la sorcière. Une sœur qui sauve son ou ses frères apparaît dans d'autres contes, dansFrérot et Sœurette, mais dans d'autres également, telLes Douze Frères.
Le motif des graines mangées par les oiseaux apparaît également dans le conteLa Maison dans la forêt (KHM 169).
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Les objets semés pour retrouver son chemin font penser au fil qu'Ariane donne àThésée pour s'échapper du Labyrinthe construit parDédale. Chez Montanus et Basile, les enfants, comme Thésée, reçoivent une aide extérieure : dansDas Erdkuhlein, l'histoire de Montanus, c'est sa marraine qui conseille à Marguerite d'avoir recours à ce stratagème pour retrouver son chemin et, dansNennillo et Nennella, c'est le père des enfants qui sème les cendres puis le son[28]. Chez Grimm comme chez Perrault, cette astuce est imaginée par l'un des enfants, le petit garçon ou le plus petit des garçons.
L'épisode des enfants attirés par de la nourriture dans la maison de la sorcière rappelle leChant IX de l’Odyssée d'Homère, dans lequelUlysse et douze de ses compagnons, débarqués dans l'île desCyclopes, découvrent une vaste grotte, où ils trouvent une abondance de nourriture dont ils se délectent. Ils sont en réalité dans l'antre du géantPolyphème, qui les enferme, et dévore six d'entre eux. Grâce à la ruse, Ulysse, après l'avoir saoulé, réussit à aveugler le cyclope et à sortir de la caverne avec le reste de ses compagnons déguisés en moutons. Outre le cannibalisme, on peut relever, entre le récit homérique et le conte, plusieurs points de contact. Dans une version d'Hansel et Gretel recueillie dans la première moitié duXXe siècle àHuy en Belgique, la sorcière, comme Polyphème, habite dans une caverne – et, pour attirer les enfants, elle y cuit des gaufres[29]. Le rapport humains et géant se retrouve dans le conte sous la forme du rapport enfants et adulte. Et, là où Ulysse et ses compagnons se déguisent en animaux, Hansel est engraissé tel un animal. Comme Polyphème, la sorcière deHansel et Gretel est par ailleurs handicapée par une altération de savue ; Hansel joue sur cela pour la duper en lui montrant un os au lieu de son doigt, comme Ulysse et ses compagnons profitent de l'aveuglement du cyclope pour s'échapper en lui faisant croire qu'ils font partie de son troupeau.
Le parent — si l'on assimile la mère d'Hansel et Gretel à la sorcière — dévorant ses enfants évoque, dans la mythologie grecque, le titanCronos (Saturne chez les Romains). Dans laThéogonie d'Hésiode (aux vers 463-491), Cronos dévore cinq de ses enfants au fur et à mesure qu'ils naissent. Lorsque naît Zeus, le sixième, Rhéa, la femme et la sœur de Cronos, cache l'enfant en Crète et le remplace par une pierre que Cronos engloutit. Zeus, une fois grand, réussit à faire recracher ses frères et sœurs à son père, ainsi d'ailleurs que la pierre.
La maison en pain d'épices évoque le mythe, plus « récent », encore qu'évocateur duparadis terrestre et autres lieux utopiques mythiques, duPays de Cocagne que, plus tard, l'on retrouve sous la forme du Pays des jouets (Paese dei balocchi) dans lePinocchio (1881-1883) deCollodi.
Le canard (ou : la cane), qui apparaît dans l'épilogue tardif, et somme toute assez curieux, du conte, peut être une allusion à Pénélope, la femme d'Ulysse, dontle nom en grec évoque une espèce de canard sauvage. Selon certains récits, en effet, Pénélope, désespérée à la suite de la fausse annonce de la mort d'Ulysse parNauplios, lequel souhaite ainsi venger la mort de son filsPalamède, se serait jetée à la mer et aurait ensuite été sauvée par des canards. De là, on peut voir en Hansel et Gretel, bien qu'ils soient présentés comme frère et sœur[30], un symbole du couple. Le canard, que l'on voit toujours en compagnie de sa femelle, symbolise la fidélité conjugale. Il est également l'emblème du bonheur du couple[31]. Le canard blanc peut aussi représenter un guide entre les deux mondes[14].
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Jack Zipes voit dans le conte l'histoire du triomphe de la classe populaire sur les classes sociales plus élevées. À la fin du récit, la famille a vaincu la pauvreté, ainsi que la sorcière qui, comme les classes riches, dispose de plus qu'il ne faut de nourriture et de trésors et qui, en les partageant, pourrait atténuer les souffrances des classes modestes. La sorcière tuée représente la « haine que la paysannerie éprouvait vis-à-vis les gens de l'aristocratie, voyant ceux-ci comme des amasseurs de biens et des oppresseurs »[32],[33].
Selon Zipes,Hansel et Gretel est aussi« une histoire [qui] renforce l'hégémonie masculine et disculpe les hommes d'un crime touchant des enfants, ou rationalise la façon dont les hommes se servent des liens affectifs pour renforcer leur contrôle sur les enfants. » Il observe, en effet, que, dans le récit, Hansel et Gretel, d'un point de vue psychologique, se retrouvent menacés par une figure féminine qui, à deux reprises, est diabolisée. Dès le moment où la mère est effacée, le père devient pour eux leur ultime figure d'autorité[34].
Comme c'est le cas pour tous les contes classiques, l'histoire a été reprise à de très nombreuses reprises, notamment en bande dessinée, dans des versions plus ou moins fidèles à celle des frères Grimm, et principalement destinées aux enfants.
1978,Hensel to Gretel : adaptation parodique deKatsuhiro Ōtomo
1980,Hansel et Gretel, Die Wahrheit über Hänsel und Gretel (« la vérité sur Hansel et Gretel ») : pseudo-essai présentant le conte comme dérivé d’un fait réel, parHans Traxler, sous le pseudonyme Georg Ossegg
2013,Hänsel et Grétel : bande dessinée française de Jean-Louis et Louis Le Hir, éditions Mosquito
Fables : une série de comics créée par le scénaristeBill Willingham, où on retrouve les personnages de nombreux contes de fées, notamment la sorcière ayant tenté de manger Hansel et Gretel.
1954 :Hansel and Gretel, long métrage d'animation américain de Michael Myerberg et John Paul – basé sur l'opéra de Humperdinck
1954 :Hansel and Gretel, court métrage d'animation britannique deLotte Reiniger, durée 10 min environ
1954 :Hänsel und Gretel, moyen métrage ouest-allemand de Walter Janssen, durée 50 min environ
1954 :Bewitched Bunny, court métrage d'animation américain deChuck Jones, avec en vedette le personnage deBugs Bunny, durée 7 min environ – pastiche de contes de fée
1970 :Hänsel und Gretel verliefen sich im Wald, film (coproduction Canada-Allemagne de l'Ouest) deFranz Josef Gottlieb – relecture érotique du conte
La maison de la sorcière, au parc d'attractionsEfteling aux Pays-Bas (2007).La maison et son odieuse propriétaire àTaunus Wunderland, parc d'attractions situé àSchlangenbad en Hesse (2009).
Dans le parc d'attractionsEfteling, Hansel et Gretel mais aussi la sorcière vivent dans la maison de pain d'épices dans leBois des contes.
Le mangaBlack Lagoon met en scène un couple de jeunes jumeaux psychopathes nommés Hansel et Gretel.
Dans la série de chansonsThe Evillious Chronicles, Hänsel et Gretel sont deux jumeaux. Abandonnés par leurs parents adoptifs, ils finiront par retrouver leur maison, et, les considérant comme « la sorcière » et « l’acolyte », les tueront.
Dans le jeu vidéo horrifiqueThe Park, la protagoniste du jeu, Lorraine, doit traverser une attraction retraçant toute l'histoire du conte pour retrouver son fils. La fin diffère cependant légèrement, puisque les deux enfants mangent la sorcière après l'avoir cuite, et il n'est pas fait mention de leur retour chez eux.
Dans la série de jeux vidéoWolfenstein, les personnages Hans et Gretel Grösse sont un clin d'œil à Hansel et Gretel.
Dans la série animéeClémentine, la première aventure de l'héroïne se déroule dans le monde d'Hansel et Gretel. Après avoir récupéré le miroir de la sorcière, ceux-ci aideront Clémentine à échapper au démon qui la pourchasse.
Dans la SagaSpyro sont présents deux enfants jumeaux prénommés Handel & Greta, qui s'expriment avec un accent allemand.
Un épisode mettant en scèneMickey &Minnie Mouse est également basé sur le conte. Par ailleurs, lors d'une aventure deDonald en bande dessinée, celui-ci est envoyé au pays des contes, où il tombe sur la sorcière qui l'engraisse avant de l'éjecter.
Dans la sérieHunters, à la fin du deuxième épisode, l'agente du FBI évoque son interprétation de ce conte. Elle pense que « la sorcière » remplace « la juive » et que Hansel et Gretel seraient une représentation des jeunesses hitlériennes (anachronisme) donc de l'antisémitisme de cette époque. Ils viennent brûler la vielle femme qui vit recluse dans les bois sans faire de mal à personne et détruire sa maison, donc ce qu'elle représente.
↑Titre donné, entre autres, dans Grimm (trad. A. Guerne, 1986), ou dansDeulin,Les Contes de ma mère l'Oye, avant Perrault, 1878. Le prénom allemand « Hans » (diminutif de « Johannes »), apparaissant dans plusieurs contes de Grimm, est souvent traduit par « Jean » en français et, la plupart du temps, ces contes ont en effet leur corollaire dans des récits populaires connus en France et francophonie voisine et mettant en scène l'un ou l'autre Jean ; le diminutifHänsel, qui porte l'umlaut, se prononceHènsel. Quant à « Gretel », écrit « Grethel » à partir de la deuxième édition desContes, il s'agit du diminutif de « Margarete », soit « Marguerite » en français. La sœur a pu parfois être renommée « Marie » (cfr. Polain (1942),p. 66 sv). Ces prénoms sont visiblement choisis du fait qu'ils sont extrêmement communs à l'époque où le conte est recueilli.
↑Ou : « une cane blanche », selon les traductions.
↑a etbNatacha Rimasson-Fertin (voir Bibliographie) fait remarquer « le motif de l'oiseau comme guide vers l'Autre Monde [...]. La couleur blanche de l'oiseau indique qu'il s'agit d'un être originaire de l'Autre Monde. »
↑Stoeber (1842), p. 108. ; – Comme le note Zipes (Zipes, 1997, p. 44), on est là devant un problème de serpent qui se mord la queue, étant donné qu'une première version deHansel et Gretel des Grimm est citée en note du conte de Stoeber, et que les Grimm, par la suite, emprunteront visiblement à Stoeber les rimettes du canard pour l'insérer àHansel et Gretel dans une édition postérieure desContes.
↑La famine, dansHansel et Gretel, est une addition au récit qui n'apparaît que dans la cinquième édition (1843) desContes et, selon Rolleke (1988) – cfr. Heiner –, la précision aurait été ajoutée pour justifier l'action des parents. Cependant, cet ajout, comme la transformation de la mère en belle-mère, peut s'expliquer du fait que l'élément modifié, ou en l'occurrence ajouté, figure dans un conte similaire plus ancien. La famine est bien présente dansLe Petit Poucet.