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Guillaume de Rubrouck

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Pour les articles homonymes, voirRuysbroeck.

Guillaume de Rubrouck
Guillaume de Rubrouck et son compagnon. Détail d'unelettrine historiée duXIVe siècle.
Biographie
Naissance
Décès
AprèsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Willem van RubroeckVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Conflit
Œuvres principales
Voyage dans l’Empire Mongol(d)Voir et modifier les données sur Wikidata

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Guillaume de Rubrouck oude Rubroeck, ditRubruquis, né probablement dans les années 1210 ou 1220 àRubrouck (comté de Flandre,royaume de France) et mort, selon les sources, dans les années 1270 ou après 1293[1], est unfranciscain de langue flamande, sujet et intime deSaint Louis.

Il se rend enMongolie en 1253-1254, précédant ainsiMarco Polo. Il visiteKarakorum, la capitale de l'Empire dont il donnera quelques descriptions. Ne pouvant, à son retour, joindre le roi, il lui écrit une longue lettre relatant son voyage dans l'Empire mongol, source essentielle et grande œuvre littéraire, mais qui ne connaîtra pas la popularité du livre de Marco Polo.

Les motivations de la mission de Guillaume de Rubrouck

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La mission de Guillaume de Rubrouck répond à différentes motivations que l'on peut résumer en deux points étroitement liés : le contexte géopolitique de la première moitié duXIIIe siècle et l'échec des missions ayant précédé celle de Guillaume de Rubrouck. Ces motivations sont clairement expliquées dans l'Introduction auVoyage dans l'Empire Mongol de Guillaume de Rubrouck écrite par Claire et René Kappler[2].

Le contexte géopolitique au milieu duXIIIe siècle : la menace mongole

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LesMongols d'Ögödei, le fils deGengis Khan, s'emparent deMoscou en 1238, puis deKiev, en 1240. Ils envahissent laPologne, menacentVienne, occupentZagreb, non loin de l'Adriatique. C'est la mort d'Ögödeï en décembre 1241 qui enraye la vague mongole. Celle-ci provoque le retrait des chefs mongols qui s'en vont régler les problèmes de succession au cœur de l'Asie centrale. L'Europe, malgré ce répit salvateur et inattendu, tarde à réagir face à cette menace qui, aux yeux des contemporains, apparaissait comme une tempête apocalyptique. L'appel à l'unité lancé parFrédéric II en 1241, alors qu'il est en conflit avec le papeGrégoire IX, ne reçoit aucune réponse - preuve de l'inertie qui touche alors l'Europe. Dans la lettre qu'il écrit à son beau-frèreHenri III d'Angleterre, on peut notamment lire :« qu'enfin tous les fiers et glorieux pays d'Occident envoient avec joie leur magnifique cavalerie combattre sous le signe de la Croix, dispensatrice de vie et génératrice de terreur, non seulement chez les rebelles mais au sein des cohortes de Satan elles-mêmes[3]. » Ces paroles révèlent bien l'image que les Occidentaux avaient des Mongols : ceux-ci apparaissaient comme« les cohortes de Satan » au sens propre. Les Mongols étaient perçus comme les cavaliers d'Apocalypse décrit par le prophète Ezéchiel dans la Bible.

Malgré cette vision apocalyptique du peuple mongol déferlant sur l'Europe, il faut attendre 1245 pour que le papeInnocent IV envoie une mission à la tête de laquelle on trouveJean de Plan Carpin, moine franciscain. Certes, tout l'Occident a tremblé face à la menace mongole, mais les possibilités d'entente semblent plus grandes avec les peuples des steppes qu'avec le monde islamique, qui reste l'ennemi principal depuis leXIe siècle. La priorité de la Chrétienté est en effet de récupérer les lieux saints. Les hordes mongoles ne se sont pas encore intégrées au monde islamique et on sait qu'elles comptent en leur sein des chrétiensnestoriens. Après sa rupture avec le reste de la chrétienté, l'Église nestorienne s'est en effet réfugiée enPerse. De là, elle a rayonné jusqu'auTibet et enChine.

Les missions de Jean de Plan Carpin (1245) et d'Ascelin de Lombardie

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À la fin de 1244, le papeInnocent IV envoie donc vers l'Orient, à la rencontre duGrand Khan, lefranciscainJean de Plan Carpin et undominicain du nom d'Ascelin de Lombardie. Parti deLyon en avril 1245 vers l'Orient, Jean de Plan Carpin arrive, en avril 1246, au campement du khanBatu qui tenait la basse Volga. Ce dernier l'envoie à proximité deKarakorum où se trouve le campement impérial, où il assistera à l'élection du nouveau Grand Khan,Güyük, fils d'Ögödei. Il y restera jusqu'en novembre 1246 avant de rentrer en Occident.

Le texte relatant la mission de Plan Carpin est la première source d'une telle importance sur les Mongols. Dans ce rapport, l'idée selon laquelle les Mongols représentent un danger pour l'Occident est clairement affirmée ; on peut notamment y lire que les Mongols préparaient une nouvelle offensive :« D'après ce qu'on nous a dit, une armée doit entrer par la Hongrie et une autre par la Pologne ; et ils viennent pour combattre sans répit pendant dix-huit ans. [...] Nous ignorons cependant s'ils le feront tout de suite après le troisième hiver ou s'ils attendront un peu pour pouvoir mieux attaquer à l'improviste. Tout cela est vrai et bien résolu, si Dieu par sa grâce ne leur oppose quelque obstacle [...]. Comme ils ont un nouvel empereur ils recommencent à préparer à la guerre[4]. » Par conséquent, l'Occident doit se préparer à une nouvelle offensive et sortir de son inertie. Jean de Plan Carpin« éprouve le besoin de persuader que la soumission aux Mongols serait infâme et insupportable [...]. Le Grand Khan a décidé d'anéantir la Chrétienté à moins que celle-ci ne se soumette, ce qu'il n'y a aucune raison de faire [...] parce qu'il est indigne que des chrétiens se soumettent à ce peuple, à cause de leur abomination, parce qu'ils n'observent en rien le culte de Dieu, perdent les âmes et accablent les corps au-delà de tout ce qu'on peut croire et de toutes les manières[4]. [...] Les Mongols sont donc, à tout point de vue, une abomination[5]. » Ce portrait des Mongols s'accompagne d'un appel à l'unité des pays occidentaux qui, comme l'appel à l'unité de Frédéric II quelques années auparavant, restera sans effets.

Pourtant, la lettre que le Grand Khan Güyük adressa à Innocent IV en réponse à l'ambassade de Plan Carpin fournissait des motivations à l'union des pays occidentaux. Le« Khan océanique du grand peuple tout entier » répond à Innocent IV qu'il n'a pas précisément l'intention de se soumettre à une quelconque autorité temporelle ou spirituelle. Par ailleurs, Güyük affirme clairement sa volonté :« Dans la force de Dieu, depuis le soleil levant jusqu'à son Occident, tous les territoires nous ont été octroyés. Sauf par l'ordre de Dieu, comment quelqu'un pourrait-il rien faire ? À présent vous devez dire d'un cœur sincère : "Nous serons vos sujets ; nous vous donnerons notre force." Toi en personne, à la tête des rois, tous ensemble, sans exception, venez nous offrir service et hommage. À ce moment-là nous connaîtrons votre soumission[6]. » Les prétentions mongoles étaient donc claires.

Malgré la véhémence de ces propos, les ambassades et missions se succédèrent au cours des années suivantes. L'origine de cette multiplication des contacts est à chercher dans la volonté de la Chrétienté d'asseoir leur pouvoir sur lesLieux saints. Dans cette optique, les Mongols apparaissent comme des alliés potentiels.

Cependant,« cette obsession, associée à un manque de réalisme, aux manœuvres à courte vue, aux conditions d'orgueil, au refus ou à l'impossibilité de comprendre l'information précise transmise par les témoins directs (lorsqu'ils sont de bonne foi et relativement objectifs), mènera à bien des malentendus dans les rapports avec les Mongols[2]. » Les images que les uns se font des autres et les images qu'ils ont d'eux-mêmes est à la source de ces malentendus. On a déjà précédemment évoqué les images que la Chrétienté a des Mongols. Frédéric II les comparait aux« cohortes de Satan » et soutenait que :« LesTartares, fils de l'enfer, surgissent tout à coup comme la colère divine[3]. » Rapidement, leur image se teinte de la mythologie biblique de l'Apocalypse ; les Mongols apparaissent sous les traits du peuple de l'Antéchrist.Simon de Saint-Quentin, qui participa à la mission d'Ascelin, établit un rapprochement entre le nom du Grand Khan, Güyük, et le nom deGog, figure biblique représentant métaphoriquement les forces apocalyptiques. Il écrit ainsi :« Son nom Cuyné [c'est-à-dire Güyük] et Gog est la même chose en leur langue. [...] Car le Seigneur par son prophèteÉzéchiel prédit la venue de Gog et Magog et nous menace de ruine et désolation par eux. Aussi les Tartares s'appellent d'un nom propre Mongles ou Mongols. L'esprit de ce Gog Cham est tout enflammé par la ruine des hommes et est comme un feu ardent propre à consumer[7]. » Simon de Saint-Quentin s'inspire ici de ce passage du livre prophétique d'Ezéchiel (38, 14-16) :« Prophétise, fils d'homme. Tu diras à Gog : "Ainsi parle le Seigneur Yahvé... Tu quitteras ta résidence à l'extrême Nord, toi et les peuples nombreux qui sont avec toi, tous montés sur des chevaux, troupe énorme, armée innombrable. Tu monteras contre Israël mon peuple. Tu seras comme un nuage qui recouvre la terre. »

La mission d'Ascelin, dont l'esprit était profondément infusé par ces images, eut un déroulement malheureux. Il se rendait auprès du chef des armées mongoles enPerse,Baïdju. Lorsqu'Ascelin se présente devant Baïdju, il refuse de se plier à la coutume mongole qui exigeait que l'on s'agenouille sur les deux genoux (ce geste étant réservé à Dieu pour les chrétiens) à moins que les Tartares ne se convertissent au christianisme. Ceux-ci répondent alors de manière véhémente qu'ils« n'avaient que faire de devenir chrétiens et chiens comme ils étaient ; que le pape était un chien et eux tous aussi de vrais chiens » et souhaitent faire payer cette insulte en faisant« écorcher le principal d'entre eux [Ascelin], puis de remplir sa peau de foin et de l'envoyer ainsi au pape[8]. » Baïdju renvoie ainsi ledominicain, mais flanqué de deux ambassadeurs chargés de remettre au pape une lettre qui exige que ce dernier se présente en personne au Grand Khan pour se soumettre à lui.

Quoi qu'il en soit, à partir des grandes lignes s'esquissant dans les missions de Plan Carpin et d'Ascelin, on prend conscience du fossé qu'il y avait entre les Mongols et les chrétiens.

La mission d'André de Longjumeau

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L'issue de la mission d'André de Longjumeau, qui succède à celles de Plan Carpin et d'Ascelin, est importante dans la mesure où elle permet de comprendre les motivations directes de la mission de Guillaume de Rubrouck.

LedominicainAndré de Longjumeau réalisa une première mission (plus ou moins contemporaine de celle deJean de Plan Carpin) auprès desMongols sous l'impulsion d'Innocent IV en 1245-1247 à l'issue de laquelle il rencontra l'avant-garde deBaïdju.

Saint Louis, parti en août 1248 d'Aigues-Mortes pour lacroisade, arrive àChypre en où il s'installe àNicosie. C'est ici qu'il reçoit Sabeddin Morrifat David et Marcus, envoyés par un chef mongol prénomméAltigidaï. Ces deux envoyés apportent au roi de France une lettre qui fait encore débat aujourd'hui quant à l'authenticité de ses formules et de son ton. En effet, il n'était pas rare à l'époque que les traductions s'éloignent de la version originale du document. Mais, selonPaul Pelliot, la traduction de la lettre apportée par David et Marcus est on ne peut plus proche de sa version originale et ne souffre d'aucuns embellissements de la part des traducteurs[9]. La lettre contient essentiellement des éléments religieux et donne l'impression, lorsqu'on l'accorde avec les paroles des envoyés, que lesMongols sont largement christianisés et qu'ils ne sont animés par aucune animosité à l'égard des chrétiens.Paul Pelliot considère que cette lettre s'intègre dans les projets diplomatiques d'Altigidaï. Afin d'étayer cette thèse,Paul Pelliot cite l'impression queSimon de Saint-Quentin avait eu lors de la mission d'Ascelin : lesMongols "méditaient entre eux sur les entraves que leurs tromperies pourraient nouer aux pieds des Francs dès leur arrivée [en Syrie], soit par un simulacre de conversion à la foi chrétienne, soit par quelque autre ruse mensongère, afin d'empêcher les Francs de pénétrer sur leurs territoires, c'est-à-dire en Turquie et en Alep[9]". EtPelliot ajoute que : "il est bien probable qu'Äljigidaï méditait déjà en 1248 cette attaque du califat de Bagdad queHülägü devait mener à bien quelques années plus tard. Pour ce faire, une diversion franque sur l'Égypte empêcherait le sultan du Caire de venir en aide au calife ; elle avait en outre l'avantage de tenir les Francs assez loin des territoires de l'Asie Mineure, de la Syrie septentrionale et de la Mésopotamie qui reconnaissaient l'autorité mongole[9]". Et en arrière-plan de ces projets, ajoute Pelliot, "les Mongols ne doutaient pas que les Francs ne dussent devenir, à la longue, des vassaux du grand khan[9]".

À la suite de ces contacts avec les envoyés d'Altigidaï,Saint Louis envoya enMongolie, en 1249, une délégation[10],[11] conduite par ledominicainAndré de Longjumeau. Cette mission comportait deux objectifs : apporter des lettres deLouis IX àAltigidaï et àGûyük. Or, lorsque la délégation arrive au camp d'Altigidaï,Güyük vient de mourir. Altigidaï décide alors d'envoyer la mission auprès de la veuve de Güyük, la régenteOghul Qaïmish qui se trouvait à proximité deKarakorum dans l'apanage de son défunt époux. La régente reçoit avec satisfaction les cadeaux offerts par saint Louis, parmi lesquels figurent des reliques de laVraie Croix. Elle en remet elle-même aux envoyés français pour leur souverain. Mais des déclarations hautaines les accompagnent, et une invitation à Saint Louis de se considérer comme sonvassal[10]. La réponse fut ainsi très conventionnelle et brisait nettement les espérances de Louis IX d'une possible alliance avec les Mongols que Marcus et David avaient fait naître.

Par conséquent, aucun progrès n'a été fait depuis la mission de Plan Carpin. André de Longjumeau, toutefois, a rapporté des renseignements utiles, tant sur la rigoureuse neutralité en matière religieuse desMongols que sur la présence de chrétiensnestoriens dans la haute administration et jusqu'aux abords du trône. Il a également rencontré quantité de chrétiens déportés:Géorgiens,Hongrois,Coumans,Alains… D'autre part, on dit que la mère et plusieurs des femmes de l'empereurMongku sont chrétiennes. On le dit aussi deSartaq, un arrière-petit-fils deGengis Khan, qui commande pour le compte de l'empereur entre leDon et laVolga. Tout se passe comme si toute l'aristocratie des steppes est près de basculer du côté deschrétiens.

Cette présence chrétienne infiltrant les strates de la civilisation mongole pousse Saint Louis à envoyer une nouvelle ambassade[10] : la mission de Guillaume de Rubrouck. Mais la "propagation de la foi n'est pas un simple prétexte, ni une ruse : Saint Louis, défenseur du Christ, et Guillaume de Rubrouck engagent cette mission pour contribuer au service de Dieu. Étant entendu que cette tentative pouvait avoir, par surcroît, des bienfaits diplomatiques[2]" patents.

La mission de Guillaume de Rubrouck

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Le départ de Guillaume (1253)

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Guillaume, originaire deRubrouck, un village de laFlandre française, est un frère mineur de la seconde génération (il n'a pas rencontréFrançois d'Assise). Il rencontre Saint Louis à Chypre, le suit en Égypte puis, après sa captivité, en Terre-Sainte où il a sans doute pu converser avec André de Longjumeau en 1251. Échaudé par la réponse du khan, qui lui demande de se soumettre formellement, le roi préfère ne pas donner un caractère trop officiel à la mission de Guillaume[10]. Il semble d'ailleurs que celui-ci se soit d'abord donné comme but d'apporter le réconfort de la foi aux chrétiens déportés par les Mongols, notamment des Allemands dont lui avait parlé André de Longjumeau. Les lettres que le roi remet à Guillaume contiennent quelques politesses pour le princetartare et le prient d'autoriser le porteur et son compagnon, frèreBarthélemy de Crémone, à séjourner dans les contrées qu'il contrôle « pour y enseigner la parole de Dieu ». Il s'agit donc de lettres de recommandation, ce qui n'empêchera pas Guillaume de Rubrouck d'être considéré comme un ambassadeur par les Mongols.Saint Louis demande également à Guillaume[12] de lui faire un rapport sur tout ce qu'il pourrait apprendre desTartares : l'expédition revêt ainsi un caractère à la fois missionnaire et géographique.

Le récit laissé par Guillaume de Rubrouck (Voyage dans l'empire Mongol,Bibliothèque nationale, 1997) est, avec celui deJean de Plan Carpin, l'une des rares sources que l'on possède sur la vie mongole auXIIIe siècle ainsi que sur l'éphémère capitale de l'empire,Karakoroum.

Après avoir étudié les géographesSolin etIsidore de Séville, les deux franciscains quittentConstantinople le. Guillaume est un robuste Flamand alors que Barthélemy, l'Italien, est plus malingre, avec des faiblesses de l'appareil digestif qui lui donnent un teint verdâtre. Guillaume supporte les difficultés du voyage bien mieux que son compagnon, toujours sur le point de défaillir de fatigue, d'inconfort, de froid, de faim ou de nausées, avec un estomac incapable de s'adapter aux nourritures exotiques.

La route de Guillaume de Rubrouck (1253-55)

Premiers contacts avec les Mongols

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Fermentation du comos dans un sac en cuir.

Guillaume entre enMer Noire (ou mer de Pont) le 7 mai 1253, après avoir traversé cette dernière et fait un arrêt à Kersona. Il aborde alors la ville deSoldaïa enCrimée le 21 mai. Dans cette ville, Guillaume rencontre de nombreux marchands, de toutes origines, dont des marchands deConstantinople, partis peu avant lui. Sur les conseils de ces derniers, Guillaume décide de démarrer son périple sur terre à l'aide de chariots tirés par des bœufs, jugés plus pratiques pour la route. Il quitte Soldaia le1er juin en direction du camp deScatatay dans le but de rencontrerSartaqKhan. Sur sa route, il rencontre pour la première fois desMongols. Il décrit dans ses lettres les modes de vie de ces peuples, leursyourtes, leur nourriture, leurs vêtements, leurs lois et autres coutumes avec une précision incroyable et une certaine curiosité. Lors de ce trajet jusqu'à Scatatay, Rubrouck et ses compagnons font les frais de leur naïveté. En effet, ils se font fréquemment détrousser par la caravane mongole. Il dit alors d'eux qu'ils sont« ingrats [...] convaincus qu'on ne doit rien leur refuser[13]. » Cependant il apprécie tout de même le comos oukoumis, un lait de jument fermenté, alors boisson traditionnelle. Malgré toutes les critiques ou appréciations, Rubrouck reste relativement objectif lorsqu'il s'agit de décrire les coutumes, les traditions ou encore les paysages qu'il observe durant son périple, témoignant d'un certain talent d'ethnologue ou encore de géographe.

Camp de Scatatay et route pour Sartaq

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Le 5 juin 1253 Rubrouck et ses compagnons arrivent à la cour de Scatatay, toujours dans la province de« Gasaria » (Crimée). Ils sont alors reçus avec le minimum d'hospitalité. Rubrouck donne alors les lettres de l'empereur de Constantinople que Scatatay envoie traduire à Soldaïa. L'échange entre les deux parties reste stérile et sans grand intérêt en raison notamment des limites des traducteurs et interprètes. Rubrouck décrit d'ailleurs son interprète comme« sans intelligence et sans aucune éloquence »[14]; en effet ce dernier a alors du mal à traduire le vocabulaire religieux de Guillaume. Rubrouck s'en apercevant préfère alors peu à peu rester silencieux. Durant les quelques jours passés chez Scatatay, il rencontre et échange à propos de la foi avec des chrétiens décrits commeAlains. Il apprend notamment que les chrétiens de L'Empire Mongol ne boivent pas de comos, pourtant aliment essentiel pour survivre.

Le 9 juin la troupe quitte la cour de Scatatay après que ce dernier leur ait donné des vivres et un guide pour rejoindreSartaq. Lorsqu'il franchit les monts deTauride et l'isthme de Perekop, Rubrouck a l'impression d'avoir« franchi une porte de l'enfer »[15]. En découvrant lasteppe, il décrit un monde où l'on ne trouve« pas une forêt, pas une montagne, pas une pierre, mais une herbe excellente »[15]. Le 22 juillet Rubrouck arrive au Tanaïs (leDon) où un poste deRuthènes est chargé de faire traverser marchands et ambassadeurs. Faute de bœufs et chevaux frais la troupe y reste bloquée quelques jours avant que l'on leur apporte des chevaux. C'est durant cette traversée de plus d'un mois que Rubrouck excelle dans ses talents de géographe, décrivant l'emplacement des fleuves, des mers, des forêts, les montagnes ou encore les peuples vivants dans ces contrées.

Camp de Sartaq

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Le 31 juillet Rubrouck et ses compagnons atteignent le camp deSartaq. Ils sont dans un premier temps reçus par un prêtrenestorien avant d'être introduit à la cour du prince mongol. Cette dernière est plus ordonnée, plus grande et Rubrouck se sent plus considéré en arrivant. Le lendemain Rubrouck se présente en véritableprocession à Sartaq, vêtu précieusement, présentantBible etcrucifix, accompagné de pain et d'encens. Il donne également une version traduite des lettres de Louis IX en syriaque et arabe, deux langues que les prêtresarméniens de la cour de Sartaq peuvent lire. Il reste quelques jours auprès de Sartaq durant lesquels, auprès des nestoriens, il en apprend plus sur ladynastie de Gengis Khan, notamment la place deMöngke Khan dans cette dernière. Il apprend également que si Sartaq considère tant leschrétiens c'est parce qu'il a la charge du territoire le plus emprunté par ces derniers. Il est alors certes sensible à la foi chrétienne mais n'est pas chrétien lui-même, contrairement à la rumeur.

Après lecture des lettres, Sartaq préfère envoyer Rubrouck à son père,Batu, pour prendre une décision. Avant leur départ, le 3 août, la troupe se fait une nouvelle fois détrousser, par les nestoriens cette fois ci, qui semblent intéressés par le matériel liturgique ; ils se font ainsi délester de deux chariots sur quatre.

Le 5 août, ils arrivent sur les rives de l'Etilia (laVolga) qui se jette dans lamer Caspienne. En explorant les abords de celle-ci, Rubrouck contreditIsidore de Séville qui pensait que la mer Caspienne et lamer Noire étaient jointes par un golfe, Rubrouck la décrit comme fermée[16].

Rencontre avec Batu

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Rubrouck rencontre finalement Batu sur la rive orientale de laVolga le.

Batu est à la tête d'unehorde, "orda" qui signifie camp militaire. La demeure du chef se trouve au milieu du camp, et chacun installe sa tente plus ou moins loin du centre en fonction de sa place dans lahiérarchie. Régie par des règles impérieuses, la horde est également le théâtre d'un incroyable grouillement de peuples divers et de troupeaux d'animaux de toutes sortes.

La première rencontre avecBatu se déroule devant toute la cour, d'ailleurs Rubrouck reconnaîtJean de Polycarpe alors envoyé duPape.Batu se tient assis sur un long siège doré élevé de trois marches au-dessus du sol. Une troupe de hauts fonctionnaires et de courtisans l'entourent. L'entrée de Guillaume et Barthélemy fait le silence. Ils sont assistés par leur interprète Homodei. Guillaume expose aux yeux de tous sa foi et déclare dès le début de l'échange "Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné."[17], la cour qui assiste au spectacle n'est pas vraiment impartiale, maisBatu reste bienveillant à l'égard de ses visiteurs; il leur offre du lait dans une coupe ornée de pierres précieuses, ce qui est une marque de grande faveur.

Rubrouck et ses compagnons voyagent ainsi avecBatu durant 5 semaines, en longeant laVolga vers le Sud. Durant ce trajet, Rubrouck échange et écrit des textesliturgiques avec desChrétiensHongrois qui accompagnent la horde.Batu décide alors d'envoyer à l'empereur : Guillaume, Barthélémy de Crémone et l'interprète Homodei et renvoie le reste de la troupe àSartaq. Rubrouck et ses deux compagnons voyageront alors avec un riche Moal (marchand mongol) pendant un voyage estimé à quatre mois, ils traversent en plein hiver ledésert de Gobi et devront franchir les monts duTarbagataï. Rubrouck et ses compagnons revêtent alors bottes et fourrures pour supporter la traversée et quittent alors le camp deBatu ainsi vêtus le.  

Voyage jusqu'à la cour de Möngke

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La troupe traverse la région du fleuve Iagac (Oural), traverse la ville« sarrasine », c'est-à-dire musulmane, deQuinchat, puisEquius près dulac Balkach et enfin traverse les plaines du« Caucase » (leTian Shan) jusqu'à arriver à la ville de Caillac le 18 novembre où le riche Mongol qui les mène doit attendre un secrétaire de Batu portant des lettres pourMöngke. Tout au long de ce voyage Guillaume décrit comme toujours l'histoire, les ethnies, l'agronomie, les paysages et ici tout particulièrement lescultes et pratiques religieuses de ces populations, il visite des temples et des monastères. S'il décrit un territoire majoritairementmusulman et chrétiennestorien, il fait également mention de polythéistes (« idolâtres » et de divers sectesmonothéistes, il débat même avec certains d'entre eux.

Ils quittent la ville le 30 novembre et chevauchent presque sans arrêt jusqu'à la cour de Möngke au 27 décembre. Le froid se fait plus rude, Guillaume et ses compagnons font face aux premières gelées et aux premières neiges à travers les montagnes. Malgré les conditions climatiques la troupe ne souffre pas tant du trajet puisque le réseau de poste mongol est assez développé, il se ravitaillent et changent de chevaux assez régulièrement. De plus, Guillaume tisse des liens avec le guerrier mongol chargé de leur protection, ce qui lui permet d'en apprendre plus sur l'histoire dynastique de l'empire mongol.

Guillaume continue de faire preuve dans son récit d'une certaineobjectivité et apprécie la réalité des faits ; il différencie les pratiques qu'il observe de celle qu'on lui rapporte. Cependant son objectivité se perd lorsqu'il est face à des nestoriens qui l'irritent de plus en plus.

Entrevue du 4 janvier 1254

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Après être arrivés le, Guillaume et Barthélémy sont logés dans une tente dépeinte comme minuscule par ces derniers tandis que leur interprète Homodei est bien mieux loti.Möngke accepte de les recevoir le dans la maison d'une de ses filles, Cirina, dont la mère estchrétienne. Cette dernière est décédée et c'est Cirina qui fait perdurer sa cour. L'entrevue est peu concluante, notamment à cause de la mauvaise qualité de Homodei en tant que traducteur et de l'alcool, que tous consomment allègrement. Malgré tout Guillaume obtient de rester à la cour pour une période de deux mois.

Karakorum et la cour impériale

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Guillaume est d'abord impressionné par la myriade de peuples et d'ambassades qu'il voit. Il en décrit bien sûr les coutumes, l'organisation du camp, les nombreux cultes de la cour, en effet lesKhan les pratiquent tous. Il apprend également que plusieurs membres de la famille du Khan entretiennent une cour chrétienne sur un modèlenestorien dont il qualifie souvent les prêtres d'ivrognes. Il remet également en question les dires de certains historiens tels qu'Isidore de Séville ouSolin concernant les mythes et légendes de ces contrées.

Entre-temps, la horde deMöngke s'est mise en route pourKarakorum. Elle y arrive le. Guillaume et Barthélemy y sont accueillis solennellement par les nestoriens de la ville. Guillaume compare Karakorum àSaint-Denis, qui évidemment ne vaut pas cette dernière selon lui. Notre voyageur explique que lekhan n'y réside que deux fois par an, pour y tenir des célébrations, moment important pour les Khan car c'est le moment où se rassemblent chefs de clans et ambassadeurs des pays tributaires. Le reste du temps, il est itinérant. Guillaume est cependant frappé par les nombreux quartiers de la ville, où grouille des peuples d'origines diverses, notamment le quartier des« Sarrasins » (musulmans), un des plus importants. Chaque jour la ville capte plusieurs centaines de chariots et de nombreux troupeaux pour l'alimenter en vivres.

Reconstitution moderne de la fontaine d'argent réalisée par Guillaume Boucher.

Au lendemain de leur arrivée, Guillaume et ses compagnons sont accueillis par une Lorraine de Metz, nommée Pasha ou Paquette, enlevée enHongrie et déportée jusqu'à Karakorum, qui est au service d'une dame mongole chrétienne. Paquette est mariée à un Russe qui exerce le métier de constructeur de maisons, de qui elle a eu trois enfants. Paquette leur parle d'unorfèvre nommé Guillaume Boucher dont le père, Roger, tenait boutique à Paris sur lepont au Change. Alors qu'il se trouvait àBelgrade, au service d'un évêque normand, les Mongols, qui ont massacré les populations mais en épargnant les artisans spécialisés, l'avaient fait prisonnier. Une fois arrivé à Karakorum, Möngke l'avait donné à son frère cadet, au service duquel il demeure. Informé des talents de l'orfèvre par son frère, le Khan commande à maître Guillaume un grand arbre à boisson en argent distribuant du vin, dukoumis et de l'hydromel. Sur recommandation de Paquette, Guillaume de Rubrouck utilise les services du fils de l'orfèvre pour pallier l'incompétence de son interprète. Lors de son départ, l'orfèvre remet à frère Guillaume une croix ouvragée à remettre auroi de France, son ancien souverain.

Le, Möngke quitte Karakorum avec sa cour itinérante. Guillaume décide d'y rester.

Guillaume, n'oublie pas sa mission. Il note que Karakorum abrite deuxmosquées musulmanes, une église nestorienne, et douze temples« idolâtres » soitbouddhistes outaoïstes. Toutes ces religions bénéficient de la protection des Mongols qui quant à eux pratiquent encore lechamanisme.

Dans l'entourage de l'empereur, Guillaume et Barthélemy découvrent le monde desnestoriens, bien placés puisqu’ils exercent les fonctions d'interprètes, de fonctionnaires, de ministres, de précepteurs des enfants impériaux. On les trouve aussi dans les bureaux des chancelleries et dans les cours des tribunaux. D’après Guillaume, ils sont un peu plus cupides, corrompus et dépravés que la moyenne. Malgré tout il débat avec eux, observe leurs rites et pratiques et partage même leur église à la Pâques 1254, ilbaptise alors de nouveaux catholiques.

Les musulmans sont aussi très présents à la cour mais Guillaume interagit moins avec eux et ne fait que les mentionner çà et là dans son récit.

Parmi les rencontres et fréquentations de Guillaume est un dénommé Sergius, un ancien tisserand qui se dit moine arménien, et a réussi à se faire passer pour le guérisseur d'une des femmes de Möngke, nommée Cotta. Il se grime avec de nombreux ornements non orthodoxes, telle qu'une faussemitre d'évêque surmonté de plumes de paons et autres dorures et parures. Il est d'une brutalité inouïe avec les Sarrasins. Un jour, appelé auprès du patriarche des nestoriens, mourant, à qui Guillaume avait donné l'hostie et laconfession, Sergius le tue et l'avoue fièrement à Guillaume. Il passe presque inaperçu, sauf pour Guillaume qui préfère ne rien dire puisqu'il partage alors la proximité du dit moine avec la cour.

Guillaume rejoint la cour itinérante de Möngke le 17 mai.

Les rencontres entre Guillaume et les chrétiens de Karakorum sont publiques et Möngke, qui en est informé, ne sévit pas. L'empereur, ne saisissant pas les raisons des discordes entre les cultes qui se pratiquent à la cour, décide d’organiser une controverse entremusulmans,idolâtres,bouddhistes etcatholiques. Elle se tient à la veille de laPentecôte, le. Les controversistes doivent promettre de ne pas se servir« de paroles désagréables ou injurieuses pour leurs contradicteurs, ni provoquer un tumulte qui puisse empêcher cette conférence, sous peine de mort. »[18]. Rubrouck raconte que les nestoriens l’ont chargé de parler à leur place. Il rencontre d’entrée de jeu un représentant bouddhiste, l’une des célébrités de la Chine. Il raconte l’avoir emporté si vite sur le point de l’unité et de la toute-puissance de Dieu que les Sarrasins ont éclaté de rire, mais il note cependant que ce succès d’éloquence ne déclenche aucune conversion.

Le lendemain de la controverse, Guillaume est convoqué parMöngke en même temps que son adversaire bouddhiste. Il rapporte ainsi les propos du Khan :« Nous, Mongols, nous croyons qu'il n’y a qu'un seul Dieu par qui nous vivons et par qui nous mourons, et nous avons pour lui un cœur droit… De même que Dieu a donné à la main plusieurs doigts, de même Il a donné aux hommes plusieurs voies. [...] Dieu vous a donné les Écritures saintes, et vous, chrétiens, vous ne les observez pas… Il nous a donné les devins. Nous faisons ce qu'ils nous disent, et nous vivons en paix… »[19]

Finalement, Möngke signifie aux deux religieux qu’il est temps pour eux de repartir et Guillaume apprend peu après que les Mongols suivent les conseils deschamans et devins pour toutes décisions y compris concernant les autres cultes. L'empereur demande à Guillaume de transmettre ses paroles et ses lettres en Occident. Guillaume acquiesce, mais refuse tout présent. Möngke l’assure qu’il sera à nouveau le bienvenu si son roi le charge d’une autre mission. En attendant les lettres Guillaume reste auprès de la cour jusqu'au et participe à diverses festivités mongoles à Karakorum.

Le voyage de retour

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Fidèle à lui-même, Guillaume conte également son trajet de retour. Pensant queLouis IX est encore près desÉtats latins d'Orient il décide de se diriger vers ces derniers.

Guillaume prend alors la route en direction du domaine deBatu. Sur son chemin, il ne croise queSartaq et un petit village. Arrivé au camp de Batu le sur les bords de laVolga, Guillaume retrouve l'autre partie de sa troupe qui était restée auprès de Batu. Ils longent alors le fleuve jusqu'à son embouchure dans lamer Caspienne qu'ils longent aussi jusqu'aux monts du[Caucase le. Le ils passent laporte d'Alexandre, l'actuelleDerbent, puis le 16 novembre des« murailles d'Alexandre ». Il traverse alors ce qu'il nomme la Perse ou Hyrcarie (Hyrcanie) ainsi que la Géorgie et l'Arménie. Il est accompagné d'un chef mongol local, Bachou, avant de quitter le territoire de l'empire.

Ils longent alors l'Araxe pour traverser l'Arménie, Guillaume décrit comme toujours ces contrées mais aussi la détresse religieuse des chrétiens d'Arménie entre Sarrasins et Mongols. Le il traverse le pays de Sahensa (Arménie), il rencontre cinqfrères prêcheurs dans la ville d'Ani partis à la rencontre de Möngke. Le, ils pénètrent dans leSultanat de Roum, et voyagent via l'Euphrate jusqu'à la ville de Camath puis restent du 21 au 27 mars àSébaste. Après être passée parCésarée de Cappadoce ils arrivent àYconium, capitale du Sultanat où Guillaume se débarrasse de son guide et rejoint un marchand génois qui le conduit à Curca où ils restent du 5 au. Dans la ville voisine d'Asi, Guillaume rencontre le père du roi d'Arménie. Parti du port d'Aiiax Guillaume rejointChypre, alors terre franque, mais il apprend que le roi est rentré decroisade. Il passe alors parAntioche puis rejointTripoli où se trouve sonchapitre le. Le chapitre décide alors de renvoyer Guillaume dans son couvent d'Acre en tant quelecteur.

Epilogue

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À la fin de ses lettres Guillaume revient sur le climat géopolitique deTurquie et l'état général de l'Arménie, alors prête à se plier aucatholicisme siLouis IX ou lePape les délivrent. Il invite alorsLouis IX à entrer en action. Guillaume termine en conseillant à l'avenir qu'il vaut mieux envoyer dans l'Empire Mongol desévêques nommés comme ambassadeurs officiels et avec de meilleurs traducteurs et interprètes pour faciliter les échanges et s'assurer d'être écouté par l'empereur.  

Postérité et fin de vie

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De retour àSaint-Jean-d'Acre, Guillaume fait parvenir à son roi ses notes manuscrites. Celles-ci constituent un témoignage sur les contrées traversées, leurs populations et sur la découverte d'une autre culture par un occidental duXIIIe siècle. Rentré à Paris, il semble que Guillaume de Rubrouck ait rencontré le savantfranciscainRoger Bacon, alors exilé par l'université d'Oxford du fait de ses idées jugées hétérodoxes. Impressionné par le récit de Rubrouck, Bacon en incorpore de larges extraits dans son encyclopédie scientifique l'Opus majus. La lettre de Guillaume de Rubrouck fut publiée pour la première fois en Français en 1634, puis, de façon scientifique, par le franciscainAnastasius Van den Wyngaert en 1929.

Guillaume de Rubrouck vécut au moins jusqu’en 1295.[réf. souhaitée]

Le voyage de 1990 :À la recherche de Guillaume de Rubrouck

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Dans les années 1990, une équipe de chercheurs franco-mongole réalise de nouveau le voyage de Guillaume, à cheval, depuis la ville frontalière deBoulgan. Pierre Letang, de l'université de Paris, et Benoît Gayet, d'Orléans, en sont à l'initiative. Ils rassemblèrent une équipe pluridisciplinaire de 18 personnes, comprenant les deux traducteurs de l'œuvre de Guillaume de Rubrouck, Claire et René Kappler, ainsi que des spécialistes de l'Extrême-Orient et de l'Asie centrale : "linguiste, ethnomusicologue, chercheur en génétique équine, médecin (la seule femme du groupe), cinéaste, photographes, dont Roland Michaud, grand voyageur en Asie, qui fut, avec René Kappler, le doyen de l'expédition"[2]. À ces divers spécialistes, dont la plupart n'avait pas l'expérience du cheval, s'ajoutèrent une équipe mongole.

Le contexte était favorable à cette expédition : en 1990, les portes de la Mongolie se rouvraient aux étrangers. Le gouvernement mongol apporta ainsi son soutien à l'expédition de concert avec plusieurs mécènes et de l'association du cheval mongol, Mongoladou. D'autre part, la Mongolie "retrouvait aussi un passé où Guillaume avait sa place : l'épopée gengiskhanide. En 1990, le750e anniversaire de l'Histoire secrète des Mongols, texte fondateur, allait être célébré dans un grandNaadam, où les exploits des lutteurs, des archers, des cavaliers, sont suivis avec ferveur par une foule immense[2]." L'aide de l'UNESCO vient se joindre à ces soutiens et à ce contexte alors que ce projet d'expédition faisait écho au colloque international "Routes de la soie, routes de dialogue", projet interculturel de l'UNESCO[20]. L'équipe composée de 18 personnes, partie le 22 août 1990 de Boulgan, dressa des cartes, constitua des dossiers photographique, et divers relevés linguistique, ethnomusicologique... s'intégrant à l'expéditionÀ la recherche de Guillaume de Rubrouck.

En 2017, Patrick Alix, qui fut l'un des participants de cette épopée, publia le récit de cette aventure :Cap sur Qaraqorum, Chevauchée franco-mongole sur les traces de Guillaume de Rubrouck[21].

Mais l'inspiration qu'insuffle Guillaume de Rubrouck ne s'est pas arrêtée à cette expédition ; il y a eu d'autres voyages tels que celui de la Suissesse Catherine Waridel[22]. Partie seule à cheval deSoldaïa en Crimée en 1992, elle pérégrina jusqu'à Qaraquorum sans aucune aide extérieure.

Voyage dans l’Empire Mongol

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Voyage dans l’Empire Mongol est le titre du rapport de mission établi par Guillaume pour le roi Louis IX[23].

Ce rapport, malgré ses grandes qualités, a été peu diffusé. En effet, il n’a pas eu la chance, comme ceux de Jean de Plan Carpin ou deSimon de Saint-Quentin, de figurer dans la plus riche des encyclopédies médiévales, leSpeculum Historiale deVincent de Beauvais dont la rédaction s’est achevée en 1253.Néanmoins, il est connu deRoger Bacon qui l’utilise dans sonOpus Majus.

Henry Yule, spécialiste deMarco Polo duXIXe siècle, a rendu à Rubrouck un éclatant hommage :

« Son récit, par son caractère richement détaillé, la vivacité des images, l’acuité d’observation et le robuste bon sens, me paraît constituer un livre de voyages à plus juste titre que n’importe quelle série de chapitres de Marco Polo ; un livre certes à qui il n’a jamais été rendu justice car il en est peu qui lui soient supérieurs dans toute l’histoire des Voyages[24] »

Cinq manuscrits du voyage de Rubrouck sont actuellement connus :

  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 181. Le plus ancien et le meilleur. Utilisé par Van den Wyngaert pour son édition. Le manuscrit comprend également l’historia Mogolarum quod nos Tartaros appellamus de Jean de Plan Carpin ;
  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 66. Le manuscrit rassemble 26 textes sur le thème de l’Imago mundi ;
  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 407. Le texte est incomplet. Le manuscrit comprend également le récit de voyage d’Odoric de Pordenone ;
  • British Museum, Reg 14 C. XIII. Manuscrit incomplet. Il a été utilisé parRichard Hakluyt pour établir son édition latine et la traduction anglaise en 1598 ;
  • Université de Leyde, n° 77, copie fidèle du ms° 181.

Notes et références

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  1. « Encyclopédie Larousse en ligne - Guillaume de Rubroek ou Guillaume de Rubrouck ou Guillaume de Ruysbroek ou Guillaume de Rubruquis », surlarousse.fr(consulté le).
  2. abcd eteGuillaume de Rubrouck,Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255, Payot,(ISBN 2228923893)
    Traduit du latin, annoté et présenté par Claire et René Kappler
    .
  3. a etbCité d'après Jacques Benoist-Mechin,Frédéric de Hohenstaufen ou le rêve excommunié, Paris, Perrin,
  4. a etbTraduction d'Albert T'serstevens du rapport de Plan Carpin,Les Précurseurs de Marco Polo, Paris, Arthaud,.
  5. Guillaume de Rubrouck, édition traduite, annotée et présentée par Claire et René Kappler,Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255, Payot,(ISBN 2228923893), p. 62-63
  6. Traduction de la relation de Plan Carpin par Paul Pelliot (Les Mongols et la Papauté),Revue de l'Orient chrétien,vol. III, 1922-1923.
  7. Simon de Saint-Quentin, texte latin édité par Jean Richard,Histoire des Tartares, Paris, P. Geuthner,, p. 92.
  8. Pierre Bergeron,Voyages faits principalement en Asie, La Haye,.
  9. abc etdPaul Pelliot, « Les Mongols et la Papauté »,Revue de l'Orient chrétien,vol. VIII,no 28,‎, p. 3-84(lire en ligne)
  10. abc etdJacques Le Goff,Saint Louis, Paris, Bibliothèque des histoires ; NRF Gallimard,, 954 p.(ISBN 2-07-073369-6),p. 48; 200; 553;554 et Carte 6 en fin de volume
  11. Mathieu de Paris,Chronica majora, Luart,p. 112-116
  12. Yann Potin, sous la direction de Patrick Boucheron,Histoire mondiale de la France, Paris, Editions du Seuil, Points Histoire,, 1076 p.(ISBN 978-2-7578-7442-4),p. 250
  13. Guillaume de Rubrouck (trad. Claude-Claire et René Kappler),Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 97.
  14. Guillaume de Rubrouck (trad. Claude-Claire et René Kappler),Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 102
  15. a etbGuillaume de Rubrouck (trad. Claude-Claire et René Kappler),Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 105
  16. Guillaume de Rubrouck (trad. Claude-Claire et René Kappler),Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 115
  17. Guillaume de Rubrouck (trad. Claude-Claire et René Kappler),Voyage dans l'Empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 118
  18. Guillaume de Rubrouck (trad. René et Claude-Claire Kappler),Voyage dans l'empire mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 184
  19. Guillaume de Rubrouck (trad. René et Claude-Claire Kappler),Voyage dans l'empire Mongol 1253-1255,, 301 p.,p. 187
  20. « Etude intégrale des routes de la soie: routes de dialogue, un projet interculturel de l'UNESCO »,.
  21. Patrick Alix,Cap sur Qaraqorum, Chevauchée franco-mongole sur les traces de Guillaume de Rubrouck, L'harmattan,, 354 p.(ISBN 2343114706).
  22. « La Mongolie à cheval ».
  23. Source principale : Guillaume de Rubrouck,Voyage dans l'empire mongol, (1253-1255), trad. et commentaire Claude et René Kappler, édit. Payot (1983). Rééditions 1993, 1997, 2007 (Imprimerie nationale),(ISBN 978-2-7427-7083-0).
  24. (en) HenryYule,The Book of Ser Marco Polo, the Venetian : Concerning the Kingdoms and Marvels of the East,Cambridge (Royaume-Uni), Cambridge University Press, (1re éd. 1871), 612 p.(ISBN 978-1108022064 et978-0511703812).

Voir aussi

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Bibliographie

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Éditions du texte latin

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  • Richard Hakluyt, dansThe Principal Navigations, Voyages, Traffiques and Discoveries of the English Nation…, vol. 1, Londres, 1599.
  • Francisque Michel et Theodor Wright, dansRecueil de voyages et mémoires, tome 4, Société de géographie, Paris, 1839.
  • Anastasius Van den Wyngaert, dansSinica Franciscana, vol. 1, Florence, 1929.

Traductions en français

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Études

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Spectacle vivant

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La compagnie musicaleLa Camera delle Lacrime a entrepris un projet de création intitulé "La Controverse de Karakorum" à partir du récit laissé par Guillaume de Rubrouck et son voyage vers Karakorum. Ce programme a donné lieu à un enregistrement discographique intitulé "Itinerarium ad partes orientales" (label "En Live").

Articles connexes

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Liens externes

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