Date | 502-506 ;526-532 ;540-561 ;572-591 ;614-628 |
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Lieu | Proche-Orient : Caucase, Asie mineure, Mésopotamie, Syrie, Égypte |
Casus belli | Conflits frontaliers et guerres de conquête |
Issue | Statu quo |
Changements territoriaux | Restitution des territoires du Proche-Orient au profit de Byzance |
Empire romain d'Orient | Perses Bulgares Avars |
Justinien,Bélisaire,Maurice,Héraclius... | KavadhIer,KhosroIer,KhosroII,Chahrbarâz,Pérozès,Xerxès, Rhahzadh, Shahin... |
Guerres perso-byzantines
Batailles
Les guerres entre les Perses et les Byzantins sont une série de conflits entre la dynastie perse desSassanides et l'Empire byzantin. Elles succèdent à une longue série d'affrontements régionaux entre le mondeméditerranéen et lemonde perse, une des plus longues de l'histoire. Auxguerres gréco-persanes suivent lesguerres perso-romaines, qui se poursuivent après la séparation de l'empire romain et la création de l'empire byzantin, puis après laconquête musulmane continuent avec lesguerres arabo-byzantines.
La rapide conquête de la Mésopotamie parTrajan (115-117) n'a été que de courte durée. Des insurrections judéo-parthes couplées à des insurrections juives dans l'empire romain (connues sous le nom deGuerre de Quietus), contraignent les forces romaines à se replier, ce qui est définitif à la mort de Trajan (). Ladynastie parthe reprend ses droits après s'être repliées pendant deux ans dans le nord du pays. En224, lesSassanides vainquent les Parthes et règnent désormais sur la région.
La guerre de l'empereurAnastase met fin à la plus longue période de paix que les deux puissances ont connue. Elle éclate le[1] lorsque Anastase refuse de fournir un soutien financier au roi de PerseKavadhIer. Kavadh prendThéodosiopolis, puis le assiège la ville frontière d'Amida au Nord de laMésopotamie. Elle est prise et mise à sac le après un siège difficile[1].
En503 les Romains tentent de reprendre Amida. Une armée byzantine est défaite en Mésopotamie en juillet. Fin août Kavadh envahit l'Osroène et assiège vainementÉdesse. Deux nouvelles tentatives échouent le 17 et 24 septembre[2].
En mai504, les généraux byzantins Patricius etHypatius font de nouveau le siège d'Amida. Ils sont rejoints par Celer en été après son incursion enArzanène, tandis qu'Aréobindus ravage laPersarménie et les environs deNisibe. Un armistice est signé avec les Perses l'année suivante après l'invasion de l'Arménie par les Huns du Caucase[2]. La paix est signée pour sept ans en avril505.Amida est évacuée par la garnison perse contre le versement de1 000 livres d'or[2].
Après une contre-offensive romaine enMésopotamie, la paix est rétablie le[1]. La paix signée, l'empereurAnastaseIer fait fortifier la frontière avec l'Empire perse, en particulier la ville deDara, face àNisibe[3], mais aussiÉdesse, Batna et Amida. Les tensions restent vives même si aucun nouveau conflit de grande envergure n'a eu lieu pendant le règne d'Anastase, en particulier lors de la poursuite des travaux à Dara. La forteresse allait devenir un élément clé de la défense romaine, et également une source durable de controverse avec les Perses, qui se plaignent de la violation du traité de422, qui interdit la construction de nouvelles fortifications à la frontière. Anastase poursuivit cependant la construction.
En 524/525KavadhIer propose à l'empereurJustinIer d'adopter son fils,Khosro. La proposition a été d'abord accueillie avec enthousiasme par l'empereur romain et son neveu,Justinien, mais lequesteur Proculus, s'y oppose, déclarant devant le Sénat que ce serait désigner Khosro comme héritier de l'empereur. Les envoyés byzantins Hypatius et Rufin sont chargés de répondre que l'empereur n'adopte pas lesBarbares au moyen d'une charte, mais par les armes[4].
Le conflit reprend dans leCaucase après queGourgenes, roi d'Ibérie s'est mis sous la protection de Byzance lorsque le roi sassanide voulut convertir de force les chrétiens caucasiens auzoroastrisme (523). Justin échoue à engager lesHuns deChersonèse à prendre les armes contre les Perses, puis envoie de faibles troupes dans laLazique. Kavadh fait marcher une forte armée enIbérie et Gourgenes doit fuir au Lazique, où il est suivi par les Perses qui s'emparent de plusieurs forteresses frontalières. En représailles Justin envahit laPersarménie et laMésopotamie[5].
En527, les deux empires se mènent une guerre d'escarmouches le long de la frontière de la Mésopotamie[6]. Dans le même temps, les Perses exercent une pression sur les Romains pour obtenir des fonds de leur part.
Au printemps suivant, les Byzantins alliés aux ArabesGhassanides lancent une expédition punitive contre lesLakhmides, Arabes alliés des Perses. Pendant l'été528,Bélisaire, assisté par une armée conduite parBouzès etCoutzès, est chargé de construire une forteresse à Mindon (Minduos), dans le désert de Thannuris, près deDara, lorsqu'il est attaqué par une armée perse de 30 000 hommes dirigée parXerxès, fils deKavadh Ier. Labataille de Thannuris, dite aussi escarmouche de Mindon[7], se solde par une lourde défaite pour l'armée byzantine.Bélisaire parvient à s'échapper de justesse, mais les Perses détruisent la place[8].
Le, Mundhir, le prince arabe lakkmide deHira, vassal des Sassanides envahit laSyrie. Il s’avance jusqu’àAntioche[4]. En avrilBélisaire est nommémagister militum pour l'Orient par l'empereurJustinien, qui entend reprendre la main en réorganisant ses forces[9]. Pendant ce tempsHermogène, envoyé par Justinien pour négocier la paix avec les Perses, arrive à Antioche le. Le roi KavadhIer rejette ses propositions en juillet[4]. En juin, la révoltesamaritaine enflamme laPalestine (100 000 victimes, selonProcope)[4]. Elle est réprimée par le roi desGhassanidesAl-Harith, allié de Byzance[8].
En juin[6] ou juillet[10]530 les Byzantins conduit par Bélisaire défont les Perses commandés parPérozès à labataille de Dara. Ce même été, une autre victoire byzantine à labataille de Satala, en Arménie est suivie de la défection despersarméniensNarsès et son frèreAratius qui rejoignent le camp byzantin[6]. Enaoût Kavadh reçoit les envoyés de Justinien Rufin et Hermogène ; les négociations de paix commencent à l'automne[6].
Le,Bélisaire est battu par le général perse Azarethès à labataille de Callinicum enSyrie ; Bélisaire se retire àCallinicum, mais Azarethès est relevé de son commandement pour avoir subi de trop lourdes pertes et négligé de prendre Antioche[4]. L'offensive perse en Syrie est brisée. Pendant l'été de la même année, les Romains prennent quelques forts en Arménie. Immédiatement après l'échec de Callinicum, qui a entraîné le renvoi de Bélisaire, les négociations menés par Hermogène échouent. Le,KavadhIer, malade, désigne son filsKhosroIer pour lui succéder. Khosro assure son pouvoir en faisant assassiner ses frères et neveux. Pour cela il signe une trêve de trois mois avec les Byzantins[4].
Les pourparlers de paix reprennent au printemps532. En septembre, après sept ans de guerre, le nouveau roi des Perses signe untraité de paix éternelle avec Justinien assorti du paiement d'un important tribut annuel par les Byzantins pour l'entretien des forteresses duCaucase[11]. Les Romains récupèrent les forteresses de la Lazique, l'Ibérie reste dans les mains des Perses, mais les Ibères qui avaient quitté leur pays sont autorisés à demeurer sur le territoire romain, ou à retourner dans leur pays natal.
Les Byzantins profitent de la paix pour entreprendre des campagnes victorieuses en Occident, ce qui encourage les Perses à reprendre la guerre, les forces romaines étant mobilisées ailleurs.En539, le Lakhmide Mundhir conduit un raid contre les Ghassanides, mais est battu parAl-Harith.
La paix est définitivement rompue en540. Khosro envahit la Syrie, rançonne ou pille les villes.Antioche, la plus importante cité de la région, est mise à sac en juin. Sa population est déportée près deCtésiphon[4].Au printemps541 Justinien envoieBélisaire enMésopotamie, avec le titre de généralissime, à la tête de l'armée d'Italie et d'Ostrogoths ; il rassemble toutes les forces dont il peut disposer, dont les troupes du ghassanide al-Harith[10]. Il passe la frontière en juillet avec 15 000 hommes et marche surNisibe, qui est investie à l'automne[12]. De son côté, Khosro, appelé par roi desLazes Gubazès, envahit la Lazique. Le il prend Petra, une forteresse byzantine sur lamer Noire et établit son protectorat sur le pays[4].
Lapeste de Justinien ravage alors l'empire byzantin, tandis que lesOstrogoths deTotilacontre-attaquent en Italie, sans doute avec l'appui du roi perse. Au printemps542 Khosro envahit l'Euphratène et assiègeSergiopolis. Il se retire quantBélisaire rassemble ses forces à Europos, sur les bords de l'Euphrate, mais met à sacCallinicum dans sa retraite[13]. Les attaques sur de nombreuses villes romaines sont repoussés et le général perseMihr-Mihroe est vaincu et capturé àDara parJean Troglita.
En543, les Byzantins envoient 30 000 hommes sous le commandement dumagister militum d'Orient, Martin, pour envahir l'Arménie perse. Ils marchent surDvin, mais sont défaits par une petite force perse à la bataille d'Anglon[14]. En544 Khosro assiège inutilementÉdesse. Son retrait est acheté par les défenseurs après deux mois. Une trêve de cinq ans est signée en545 pour laSyrie et laMésopotamie, garantie par un tribut versé aux Perses. Dans leCaucase, laguerre lazique continue jusqu'en557[15].
Au début de548, le roi des Lazes Gubazès demande à Justinien de rétablir le protectorat romain. L'empereur saisit l'occasion et envoie le général Dagisteus à la tête de sept mille hommes, qui avec mille auxiliaires Zani assiègent Pétra. L'intervention des Perses de Mermeroes oblige les Byzantins à lever le siège ; après avoir subi une défaite sur lePhasis par le roi desLazes Gubazès, Mermeroes se replie enPersarménie[16].
En551, le généralBessas qui a remplacé Dagisteus prend le contrôle de l'Abkhazie et du reste de la Lazique, et enfin prend Petra dont il détruit les fortifications. Quand il quitte le pays, le général perse Mermeroes, à la tête d'une armée importante, reprend la majeure partie de la Lazique[17]. L'apprenant, Bessas revient sur ses pas, et attaque Archaeopolis où Mermeroes est battu avec de lourdes pertes, ainsi que d'autres forteresses de la rive droite duPhasis[18]. Cette même année la trêve de 545 est renouvelée en excluant la Lazique pour une période de cinq ans, assortie du règlement d'un tribut annuel de2 000 livres d'or par les Byzantins.
Les Sassanides se maintiennent cependant au Lazique, et en554 ou555 Mermeroes s'empare de la forteresse de Telephis, défendue par le général Martin. En juin557,Justin, fils de Germanos, lui succède comme généralissime enLazique etmaître des milices d'Arménie[10]. Khusro, qui est en guerre contre lesHuns blancs, conclut une nouvelle trêve avec l'empire byzantin incluant la Lazique, avant la signature d'un traité de paix définitif en561[17].
La paix est signée pour cinquante ans àDara en par lemaître des offices Pierre et l'ambassadeur perse Izadh-Gouchnasp. Justinien paye un tribut de 30 000 pièces d'or par an au roi dePerseKhosroIer, en échange de quoi il évacue leLazique[10] et laisse la liberté de conscience aux chrétiens de l’empire[19]. Les deux parties conviennent de ne pas construire de nouvelles fortifications près de la frontière et d'assouplir les règles de la diplomatie et du commerce entre les deux empires[18]
Les Arméniens se révoltent contre la domination sassanide le, sous la protection deJustin II[4]. Au printemps 572[20], Justin refuse d’acquitter le tribut dû à la Perse par le traité de 561 et la guerre recommence[21]. Dès l'été, le général Marcien, neveu de l'empereur, arrive enOsroène, marche vers l'Arzanène qu'il ravage à l'automne sans rencontrer de résistance. À la fin de l'hiver 572-3, il attaque la frontière perse sur la ligne duDjaghdjagh[22].
Le Marcien part deDara en campagne contre la Mésopotamie perse. Il bat les Perses à Sargathon et assiègeNisibe. Accusé parJustin II de prétendre à l'empire, il est rappelé, et ses troupes lèvent le siège en désordre[23].Pendant l'été[24], les troupesperses du généralAdarmahan envahissent laSyrie byzantine, ravagent les faubourgs d'Antioche, assiègentApamée et réduisent ses habitants en esclavage, puis mettent le siège devant la ville stratégique de Dara[25], qui tombe le après six mois de siège[26],[27]. La folie de Justin II oblige le gouvernement byzantin à demander une trêve d'un an, que les Perses n'accordent que contre le paiement de 45 000 sous d'or, au printemps574[28].
Au printemps de575[4], pendant les négociations destinées à prolonger la trêve entre Byzantins et Perses, le roisassanideKhosrôIer envahit brusquement l’Arménie romaine, mais ne peut prendreTheodosiopolis, et se dirige sur laCappadoce où il se heurte aux forces du général byzantin Justinien et des Arméniens révoltés, qui lui infligent une grave défaite près deMélitène. L'armée de Khosrô doit repasser l’Euphrate en désordre[21], après avoir incendié Mélitène etSébaste[29]. Justinien réoccupe laPersarménie et lance des raids enAtropatène. Il subit ensuite plusieurs défaites, liées à l’indiscipline de son armée composée d'auxiliaires barbares, qui vont entrainer la rupture des négociations engagées pour la signature de la paix (576-577)[21].
KhosrôIer ouvre des négociations de paix avec les Byzantins à l'automne576. L'étésuivant, le général Justinien est battu par le général perse Tamkhosrau enArménie, où les Romains se sont aliéné les populations locales ; les Perses font trainer les pourparlers de paix pendant l'automne, pour retarder les préparatifs des Byzantins[24]. Durant l'hiver 577/578, le général byzantinMaurice prend le commandement des armées d'Orient[29].
Au printemps578 les pourparlers de paix sont rompus. Les Perses anticipent la fin de la trêve de quarante jours et attaquent la Mésopotamie byzantine. Le généralcappadocienMaurice riposte en envahissant l'Arzanène pendant l'été et l'automne[24]. Il entre ensuite en Mésopotamie perse où il s'empare de la forteresse d'Aphumon et met à sacSingara[25].Tibère II accède à l'empire le. Pendant l'hiver, il ouvre de nouvelles négociations de paix avec les Sassanides. KhosroIer meurt au début de l'année suivante, etHormizd IV lui succède. Les Byzantins envoient des émissaires en Perse pour négocier la paix. Les Perses font durer volontairement les négociations, et à l'automne, Byzance s'apprête à reconduire la guerre[24].
La guerre se poursuit. Pendant l'été580,Maurice mène une deuxième campagne, puis une troisième en Mésopotamie pendant l'été581 avec le ghassanide al-Mundhir[24]. Il franchissent l’Euphrate et menacentCtésiphon, la capitale des Sassanides[4]. Pendant l'hiver Tibère II tente de nouveau de négocier la paix avec Hormizd IV. Le roi ghassanideal-Mundhir, qui s'est querellé avec Maurice est arrêté et condamné pour trahison[24].
Maurice défait le général Tamkhosrô, qui est tué, à labataille de Constantine en juin582. Les troupes Perses sont encore battues près deDara pendant l'été[24]. Maurice n'exploite pas sa victoire, et se rend à Constantinople où il accède à l'empire (14 août)[4]. À l'automne, le généralJean Mystacon prend le commandement des armées d'Orient. Il lance une campagne enArzanène, mais après un premier succès est battu par le général perseKardarigan au confluent duNymphaios et duTigre, à cause de la défection du légatCours. L'été583 Jean Mystacon retourne en Arzanène, assiège la forteresse d'Acbas sur leNymphaios mais est repoussé à l'automne. Les négociations de paix engagées pendant l'hiver 583-584 échouent. Jean Mystacon est remplacé parPhilippicus, beau-frère de l'empereurMaurice, nommé commandant des troupes d'Orient ; il recrute des troupes et fortifie Monocarton (printemps-été584) puis à l'automne ravage les plaines de Beth Arabaye près deNisibe. L'été585, il poursuit les opérations en Arzanène[24].
Au printemps586, les Perses renouent les pourparlers de paix avec les Byzantins quand Philippicus bat Kardarigan à labataille de Solachon près deDara. Durant l'été il mène une nouvelle campagne en Arzanène et assiège Chlomaron sans pouvoir la prendre, tandis qu'à l'automne le général Heracliusl'Ancien ravage les territoires perses au-delà duTigre. L'été suivant est occupé par les Byzantins à assiéger les forteresses perses[24].
En avril588 Priscus, nommé commandant des troupes d'Orient pour remplacer Philippicus, arrive à Monocarton[24]. Deux jours aprèsPâques, le[30], les troupes byzantines d’Orient, impayées, se mutinent. Elles se débandent et pratiquent le brigandage et la maraude. Priscus rentre à Constantinople et Philippicus est de nouveau nommé à la tête des troupes d'Orient (mai-juin). La mutinerie continue et les soldats élisent Germanus comme leur chef. Pendant l'été Germanus défend Constantina contre une attaque des Perses[24], puis à l'automne obtient une victoire près deMartyropolis[30].
La mutinerie des troupes byzantines prend fin grâce au règlement de leurs arriérés de solde à Pâques598 () ; Philippicus est accepté comme général. Au printempsMartyropolis est reprise par les Perses grâce à la trahison deSittas, pendant que l'empereurMaurice organise l'invasion de l'Azerbaïdjan par les tribus du Caucase, sous la direction du princeibérienGouaram. Philippicus assiègeMartyropolis durant l'été mais est repoussé par des renforts perses[24].
Le, le roi Hormizd IV est déposé par une révolution de palais[31]. Son filsKhosro II est porté au pouvoir par les Grands révoltés, mais le généralBahram Chubin, victorieux desKöktürks àHérat en 589, se révolte contre lui et prendCtésiphon le28 février. Khosro II se réfugie en territoire byzantin pendant que Bahram Chubin est couronné sous le nom de Vahram VI[32].
Le, Zadesprate, officier au service de Vahram VI, est assassiné ; sa tête est envoyée à Khosro II, qui prépare une contre-offensive à Constaninia, avec le soutien de Maurice[32]. Le général byzantin Narsès, nommé commandant en chef des armées d'Orient en remplacement de Comentiolus, avance au printemps surMardès, forteresse près deDara aux côtés de Khosro II et de l'évêque deMélitène Domitien. Les Arabes des environs se rallient à Khosro qui envoie les clefs de Dara à l'empereur byzantinMaurice, qui de son côté confirme officiellement qu'il adopte Khosro. Narsès avance à 150 km deMossoul où il reçoit des renforts d'Arménie. Le général perse Mabad prendCtésiphon et proclame Khosro roi[32]. Il massacre les partisans de Bahram, dont lesJuifs de la ville[33]. Bahram est battu par Narsès en juin entreArbèle etKirkouk ; il s'enfuit auKhorassan chez lesTurks qui plus tard le mettent à mort[32]. À l'automne, la paix est signée entre les empires byzantin et perse[32]. En retour de son aide, Maurice reçoit d'importantes concessions territoriales (l’Arménie jusqu’aulac de Van etTiflis,Dara etMartyropolis) et Khosro se montre tolérant envers les chrétiens.
L'empereurMaurice, en usant de sa diplomatie et en aidantKhosrôII à accéder au trône en591, achète en quelque sorte la paix. La mort de Maurice, à qui le roi perse doit son trône, libère celui-ci de ses scrupules, et en603, Khosrô II lance une grande offensive contre l'empire byzantin. Rapidement, son armée s'empare de l'est de l'Anatolie puis se dirige vers laSyrie. Ce sera l'exarque de Carthage qui agira pour sauver la situation. Il envoie son filsHéraclius à la tête d'une flotte en direction de Constantinople où il renversePhocas en610 avec l'assentiment du peuple. En613, les Perses s'emparent de la Syrie et en614 deJérusalem. L'église du Saint-Sépulcre, bâtie par Constantin le Grand, est brûlée, et laSainte Croix, miraculeusement déterrée par la mère de Constantin, est emportée par les Perses.
Pris en étau entre les Perses, qui s'emparent de toutes les provinces orientales de l'empire, et lesSlaves qui se déversent en flots continus dans la péninsule balkanique, Héraclius réorganise tout d'abord les dernières provinces d'Asie Mineure encore sous son contrôle. Il divise l'ouest anatolien en quatrethèmes dont l'administration militaire est confiée à unstratège. Depuis l'installation desGermains en Europe occidentale auVe siècle, l'empire manque de mercenaires pour couvrir ses besoins militaires. On a longtemps pensé qu'Héraclius avait instauré alors le régime desstratiotes. À chaque paysan soldat sont attribuées une terre et une charge militaire, l'une et l'autre étant inaliénables et héréditaires. Ce système, combinant une division de l'empire en thèmes et une armée composée de stratiotes, sera la base sur laquelle reposera la puissance militaire de l'empire byzantin jusqu'auXIe siècle. Mais en fait ce système est sans doute plus tardif.
Ainsi, l'État byzantin se redresse spectaculairement avec, en outre, le soutien financier et spirituel de l'Église. Ainsi en622, Héraclius met en déroute l'armée perse, puis en623, il emmène son armée dans une campagne militaire de plusieurs années. Il reconquiert l'Arménie et leCaucase, et en625 son frère défait une puissante armée perse. Profitant de la campagne de l'armée byzantine en Asie Mineure, les Perses, lesBulgares et lesAvars s'allient pour assiégerConstantinople en626. Mais lemur de Théodose résiste et laflotte byzantine montre sa supériorité, si bien que le siège est levé avant la fin de l'année. La dernière grande bataille a lieu en627 àNinive. L'armée perse est anéantie. En628, les Perses, qui ont renverséKhosrôII, concluent un traité de paix par lequel ils restituent tous les anciens territoires byzantins. Enfin, Héraclius ramène la « Sainte Croix » àJérusalem en630.