LesGroupes d'action révolutionnaires internationalistes (GARI), aussi appelésGroupes autonomes d'intervention (GAI), ont été actifs enFrance au cours de l'année 1974. Pratiquant principalement des attentats à l'explosif, les GARI « ont toujours évité autant que possible que leurs opérations s'accompagnent d'effusion de sang »[3].
Formés en solidarité à la suite de l'arrestation en Catalogne, en, de membres de l'exMovimiento Ibérico de Liberación (MIL ou 1000) et de l'exécution deSalvador Puig i Antich en, les GARI mènent des actions clandestines contre lefranquisme pour obtenir la libération des membres de l'ex MIL et éviter que deux d'entre eux soient condamnés à mort.
Moins qu'un groupe structuré, les GARI semblent avoir fonctionné comme une coordination degroupes affinitaires autonomes (le terme coordination se retrouvant dans leurs communiqués).
PourLibération en 1980, les GARI ont « été l’ultime survivance de la luttelibertaire anti-franquiste en France »[4].
Début à Barcelone, troisactivistes du MIL sont condamnés : Salvador Puig Antich à lapeine de mort, Joseé Luis Pons LLobet à 30 ans de prison, son amie Maria-Augustias Mateos Fernandez, lycéenne de 17 ans à 5 ans de prison.
En, des attentats sont perpétrés contre les consulats d'Espagne de Turin (Italie) et Zurich (Suisse) alors que les premiers tracts informant sur la situation des incarcérés du MIL sont diffusés en France.
Le, Angel Baltasar Suazez, directeur de la Banque de Bilbao à Paris, est enlevé, action revendiquée de Barcelone par lesGroupes d’action révolutionnaires internationalistes qui exigent : « La publication dans la presse espagnole des communiqués du mouvement révolutionnaire ; la mise en liberté de M. Santiago Sole Amigo, militant du Mouvement ibérique de libération, auquel appartenait Salvador Puig Antich, et qui serait gravement malade ; la publication du réquisitoire contre des militants duFront révolutionnaire antifasciste et patriote (FRAP) arrêtés le et qui peuvent être condamnés à mort ; la mise en liberté conditionnelle de tous les prisonniers politiques pouvant en bénéficier »[5],[6].
Les GARI naissent de la solidarité avec les prisonniers du MIL. Dans une lettre au journalLe Monde, ils précisent : « L'enlèvement de M. Suarez, directeur de la Banque de Bilbao, est notre réponse à la répression actuelle contre le mouvement révolutionnaire espagnol. Après l'assassinat de Salvador Puig-Antich, nous ne permettrons en aucune façon une nouvelle exécution. »[7] Selon eux : « Si dénoncer le régime fasciste espagnol suffit pour certains à se prétendre de gauche, nous savons, quant à nous, que les protestations, les déclarations, ainsi que les manifestations humanitaires des démocrates de gauche et des « gauchistes » en tout genre, ont fait une fois de plus, dans le cas de Salvador Puig-Antich la preuve de leur parfaite inefficacité. »[8]
Coordination desgroupes affinitaires, formée lors de multiples réunions, échanges, débats entre janvier et, les GARI décident leur auto-dissolution en.
Cinq séries d'arrestations sont opérées en mai, juillet, septembre, octobre et en direction de militants ou de soutiens présumés des GARI, neuf d'entre eux sont inculpés par la Cour de sûreté de l'État, notamment pour destruction d'édifices, vols, entreprise individuelle ou collective tendant à porter atteinte à la sûreté de l'État.
En janvier et en, deux procès d'assises sont organisés à Paris dans le dossier des GARI. La plupart des accusés sont acquittés. Aucune preuve n’ayant convaincu le jury, personne n'est condamné pour l’enlèvement du banquier Suazez. Les inculpés jugés parcontumace sont amnistiés parFrançois Mitterrand qui devient président de la République au mois de mai de cette année.
En, la coordination va revendiquer avec des sigles différents (GAI, GARI) diverses séries d'actions.
: mitraillage de la voiture du chancelier d’Espagne àToulouse.
: attentats dans le sud de la France sur des routes reliant la France à l'Espagne. Plusieurs ponts sont endommagés. Les actions sont revendiquées GAI (Groupes Autonomes d'intervention).
: un commando du GARI braque la banque Courtois de Montesquieu Volvestre près de Toulouse.
: enlèvement à Paris du directeur de la Banque de Bilbao, Angel Baltasar Suarez (libéré le[9]), le même jour « ElBanco Español de Crédito » à Bruxelles est braquée.
: incendie deL'Est républicain par le « commando Puig Antich », une voiture piégée explose contre les locaux de la compagnie Iberia à Bruxelles, deux autres voitures sont désamorcées à Anvers et à Liège.
: une caisse d’épargne à Toulouse est attaquée.
: attentats àAndorre-la-Vieille contre la Viguerie épiscopale et la caisse d’épargne espagnole. Attentat contre la gare d’Austerlitz dans les toilettes du train Paris-lrun-Madrid à Paris. ÀIlle-sur-Têt et àBrialou Plusieurs lignes à haute tension reliant la France et l’Espagne sont plastiquées.
: attentat contre la Banque Populaire d’Espagne àNîmes.
: attentat contre le consulat d’Espagne à Toulouse, 6 personnes sont blessées[11]. Une charge explosive détruit une partie de la consigne automatique de la gare d’Hendaye.
: attentats contre deux autocars de la SEAFEP à Paris, une autre charge est désamorcée, attentats aux voitures piégées contre les postes-frontières franco-espagnol duPerthus et deBourg-Madame.
: fausses alertes à la bombe contre deux trains venant d’Hendaye.
: attentats contre deux bateaux de plaisance àLa Grande-Motte, fausse alerte à la bombe dans le train Madrid-Paris.
: attentats aux voitures piégées contre la compagnie aérienne Iberia et deux succursales du Banco Espanol à Bruxelles.
Courant août auto-dissolution de la coordination GARI. Plus aucune action ne sera revendiquée sous ce sigle.
, sept membres ou sympathisants des GARI entament une grève de la faim illimitée pour d'obtenir le régime spécial accordé aux détenus politiques : Michel Camilleri,Floréal Cuadrado, Raymond Delgado, Mario Inès, Jean-Michel Martinez, Victor Menrique etJean-Marc Rouillan[12].
À partir de en solidarité avec les membres des GARI incarcérés diverses actions sont menées. En dehors de l'information classique (créations de divers comités de soutien : tracts, affiches...) quelques actions spectaculaires vont être menées.
: fumigène contre une exposition espagnole au Musée de la marine à Paris[13].
: attentat contre le Palais de Justice de Toulouse.
: attentat contre le Palais de justice de Paris[14].
↑Les GARI avaient revendiqué l'enlèvement de M. Suarez,Le Monde, 17 juillet 1974,lire en ligne.
↑Les prétentions des membres des GARI étaient incompatibles avec la loi, indique le ministère,Le Monde, 18 janvier 1975,lire en ligne.
↑France Soir, 11 octobre 1975, cité par Fanny Bugnon,La violence politique au prisme du genre à travers la presse française (1970-1994), thèse de l'Université d'Angers, 2011,page 73.
↑Fanny Bugnon,La violence politique au prisme du genre à travers la presse française (1970-1994), thèse de l'Université d'Angers, 2011,page 259.
↑Un groupe anarchiste revendique l'enlèvement à Paris du directeur de la Banque de Bilbao,Le Monde, 9 mai 1974,lire en ligne.
↑Fanny Bugnon,La violence politique au prisme du genre à travers la presse française (1970-1994), thèse de l'Université d'Angers, 2011,pp. 67-69.
↑Les ravisseurs de M. Suarez exigent la libération de six prisonniers,Le Monde, 10 mai 1974,lire en ligne.
↑Les ravisseurs de M. Suarez affirment qu'il est un representant conscient du gouvernement espagnol,Le Monde, 15 mai 1974,lire en ligne.
↑M. Suarez a été libéré par ses ravisseurs Plusieurs d'entre eux auraient été arrêtés,Le Monde, 23 mai 1974,lire en ligne.
↑Treize cars de pèlerins sont incendiés à Lourdes et plusieurs voitures du Tour de France détruites,Le Monde, 17 juillet 1974,lire en ligne.
↑Du champagne révolutionnaire pour les pompiers toulousains,Le Monde, 29 août 1974,lire en ligne.