Pour les articles homonymes, voirGrenouille (homonymie).
Taxons concernés
Dans l'ordre desAnura :
Le termegrenouille est unnom vernaculaire attribué à certainsamphibiens, principalement dans legenreRana. À un de ses stades de développement, lalarve de la grenouille est appelée untêtard. Les grenouilles sont des quadrupèdes de l'ordre desanoures, tout comme lesrainettes, qui sont en général plus vertes etarboricoles, lescrapauds dont la peau est plus granuleuse et lesxénopes strictement aquatiques. Tous ces termes usuels correspondent à des aspects extérieurs plus qu'à des classements strictementtaxinomiques.
EnEurope, parmi lesespèces de grenouilles les plus connues figurent laGrenouille verte et laPetite grenouille verte, laGrenouille des champs, laGrenouille rousse et, en élevage, laGrenouille rieuse.
Certaines espèces comme laGrenouille-taureau d'Amérique du Nord, laGrenouille goliath d'Afrique ouNyctimystes infrafrenatus (grenouille géante) sont remarquables pour leur très grande taille.
Il existe environ 3 800 espèces de grenouilles et crapauds[1] qui subissent depuis le milieu duXXe siècle undéclin brutal, déroutant et alarmant.
Plusieurs espèces de grenouilles sont élevées pour consommerleurs cuisses, d'autres servent àl'expérimentation, d'autres encore sont parfois adoptées pour l'agrément.
Elles sont souvent évoquées dans les textes anciens et récents et présentes dans les représentations artistiques. La grenouille est aussi unpersonnage important du folklore populaire ou enfantin sous forme d'animal tantôt répugnant et maléfique ou, au contraire, magique et bénéfique, en particulier à travers le mythe du prince ou de la princesse transformés en grenouille (ou souvent en crapaud).
La racine du mot « grenouille » vient dulatinrana, voulant dire grenouille, etranucula ouranunculus, petite grenouille. Utilisé dès l'époque médiévale sous sa forme ancienne « renoille » ou « grenoille » auXIIIe siècle, le mot « grenouille » est attesté à partir du début duXVIe siècle. Le « g » initial ayant sans doute été ajouté par évocation du cri guttural de ces animaux[2].
Le mot « grenouille » est déjà présent dans les dictionnaires de français anciens en 1606. Dès sa première édition, en 1694, leDictionnaire de L'Académie française en donne une définition surprenante : « Insecte (sic) qui vit ordinairement dans les marais ». Insecte est corrigé en « petit animal » dans la quatrième édition de 1762 avec comme précision « quadrupède et ovipare » dans sa sixième édition. Il faut attendre la huitième édition de 1932 pour que la grenouille soit mentionnée comme appartenant à « l'ordre des Batraciens » (désormais ordre desamphibiens)[3].
Diderot etd'Alembert, dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751 à 1772) décrivent d'abord la grenouille comme un « animal qui a quatre piés, qui respire par des poumons, qui n'a qu'un ventricule dans le cœur, & qui est ovipare », en distinguant les grenouilles aquatiques desrainettes arboricoles[4].
La grenouille coasse. Il ne faut pas confondre avec le cri ducorbeau qui croasse.
Une grenouillette est une petite grenouille[5].
Lalarve de la grenouille s'appelle untêtard.
Parmi les amphibiens, on distinguait autrefois spontanément les crapauds des grenouilles, nom donné à d'autres espèces d'anoures, les premiers étant caractérisés par une peau plus rugueuse, voire pustuleuse, un œil à pupille horizontale, un museau arrondi[6], des pattes plus courtes, une moindre capacité à sauter, une marche plus lente, et le fait qu'ils passent moins de temps dans le milieu aquatique que les grenouilles[7]. Toutes les langues n'utilisent pas des dénominations particulières pour désigner les espèces d'anoures appelées en français sonneur, grenouille, rainette et crapaud. Certaines langues peuvent faire une distinction analogues comme l'anglais avectoad etfrog, mais il n'y a pas forcément de correspondance pour une espèce; autrement dit, il est abusif de traduire systématiquementfrog par grenouille.
Liste alphabétique desnoms vulgaires ou desnoms vernaculaires attestés[8] en français.
Note : certaines espèces ont plusieurs noms. L'abréviation « spp. » veut dire « les espèces »
Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.
Grenouille épirote - Pelophylax epeiroticus9
Le cycle de croissance d'une grenouille peut se décomposer en neuf étapes :
La grenouille d'élevage est principalement produite pour sa chair. La race « Rivan 92 » de lagrenouille rieuse est considérée commedomestique enFrance[11].
Toutes les grenouilles ne sont pas comestibles. Certaines espèces sont même toxiques et d'autres sont des espèces menacées de disparition dont les populations sont désormais protégées.
Encuisine française, ce sont les cuisses qui sont consommées. LesFrançais ont la réputation mondiale d'être des mangeurs de grenouilles, ce qui leur a valu leur surnom anglais defroggies,frog signifiant grenouille enanglais. Ainsi, on appelle « Vallée des grenouilles » un quartier deLondres, peuplé de beaucoup de Français.
EnItalie les Français sont parfois appelés lesmangiarane, c'est-à-dire les « mangeurs de grenouilles ».
Traditionnellement, il s'agissait d'espèces locales, comme lesgrenouilles rousses (Rana temporaria) et les grenouilles vertes (Pelophylax kl. esculentus) désormais protégées à l'état sauvage enFrance, mais encore disponibles dans de rares élevages agréés[12]. Elles ont été remplacées par des grenouilles asiatiques : grenouille-tigre (Hoplobatrachus tigerinus),Hoplobatrachus crassus etOuaouaron (Lithobates catesbeianus) quand elles sont surgelées etRana ridibunda pour les importations vivantes[12]. D'autres pays d'Europe ou lesÉtats-Unis consomment également ces grenouilles d'importation[13].
Les autochtones au Cameroun mangent courammentTrichobatrachus robustus : chassé avec de longues lances, des machettes, et même parfois des armes à feu pour éviter ses griffes rétractiles, il finit alors au menu, rôti (entier)[14]. Dans lesmonts Rumpi[15], zone protégée à l'ouest duCameroun, les autochtones en mangent les têtards, qui seraient assez gros[16].
La grenouille est l'un des animaux utilisés couramment dans l'enseignement pour étudier par ladissection lesystème nerveux, l'appareil digestif ou l'appareil uro-génital[17].
Les espèces du genreXenopus, qui ont pour certaines la rare particularité pour un animal d'êtrepolyploïdes, sont utilisées commemodèle en laboratoire, notamment dans l'étude de l'embryogénèse etgénétique du développement.
La grenouille fait partie desnouveaux animaux de compagnie (NAC).
On a par ailleurs relevé un cas d'apprivoisement de grenouille sauvage àMeudon auXIXe siècle ; il est détaillé par le naturalisteLouis Eugène Robert[18].
« Je croyais n'avoir rien à signaler en erpétologie ; cependant l'apprivoisement bien constaté d'une grenouille est un fait trop intéressant pour le passer sous silence. Voici un extrait de ce que M. Guérin Méneville, zoologue des plus distingués, a bien voulu me communiquer à ce sujet :
« Nous n'avions jamais entendu dire que la grenouille fût susceptible de s'apprivoiser, de venir à la voix, de se laisser toucher, de prendre de la mie de pain, quoique jouissant toujours de la plus complète liberté dans un grand bassin, en compagnie d'autres grenouilles et de nombreux poissons de la Chine ; c'est cependant ce que j'ai été à même de voir un grand nombre de fois, ainsi que beaucoup d'autres personnes.
« Lorsque madame Panckoucke, dont l'amabilité ne le cède en rien au mérite de l'artiste-peintre, assistait au déjeuner de ses poissons dorés, une belle grenouille verte ne tardait pas à paraître et à se pavaner au milieu d'eux, en cherchant à leur disputer quelques miettes[19]. Madame Ernestine P....... l'appelait-elle doucement, labatracienne venait au bord du bassin, y appuyait ses pattes de devant, et attendait qu'on voulût bien lui donner un peu de mie trempée ; elle se laissait alors toucher et caresser par les dames dans les mains desquelles elle se glissait volontiers ; enfin, on pouvait la sortir de l'eau et la transporter assez loin sans qu'elle parût s'inquiéter ni chercher à fuir. »
— Louis Eugène Robert, Histoire et description naturelle de la commune de Meudon, 1843
Les grenouilles sont parfois présentes dans d'étranges phénomènes : lespluies d'animaux.
Dans la Bible, la deuxième desdix plaies d'Égypte est l'invasion des terres par des milliers de ces batraciens. D'après les scientifiques qui se sont penchés sur cet évènement, le phénomène pourrait s'expliquer par une sécheresse ou par l'empoisonnement des eaux du Nil. En effet, dans des situations de stress, ces animaux sont capables d'accélérer leur développement pour fuir plus vite leur milieu, d'où une explosion de leur nombre.
De ce fait, on peut lire dans la bible de nombreuses références négatives sur les grenouilles.
Un mythe populaire prête à la grenouille (unerainette verte) enfermée dans un bocal la capacité de prévoir les conditions météorologiques : si elle reste au fond et coasse, le temps est à la pluie, mais si elle monte, il fera beau. En réalité, il n'existe aucune corrélation entre ces faits[20].
L'allégorie de la grenouille utilise une prétendue observation duXIXe siècle sur le comportement d'une grenouille placée dans de l'eau chauffée doucement pour illustrer un phénomène d'accoutumance progressive conduisant à ne pas réagir à une situation grave. En pratique, les expériences montrent que la grenouille cherche au contraire à s'échapper alors que si elle est plongée directement dans l'eau très chaude elle meurt.
Latone (Léto), mère d’Apollon et deDiane, poursuivie par la colère deJunon en raison de ses relations illicites avecJupiter, s’est retrouvée assoiffée sur les marges d’un fleuve enLycie. Les paysans de ce pays voulant l’empêcher de s’abreuver, elle les a transformés en grenouilles. (Ovide,Métamorphoses, VI, 340-380.)
Les grenouilles sont très présentes dans l'art héraldique de plusieurs pays.
Dans lescontes, un prince ou une princesse ou une magicienne bienfaisante, transformés en grenouille (oucrapaud) par le sortilège d'un magicien ou d'une fée attendent qu'on les délivre de leur sort, en général par un baiser. Exemples :La Princesse-Grenouille, le Roi Grenouillet, etc.[réf. souhaitée]
Jean-Pierre Brisset a démontré par des calembours en français que l'homme descendait de la grenouille (coa = quoi ?)[21].
Fables deJean de La Fontaine :
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