Ungrand-duché est un territoire dont lechef d'État est ungrand-duc ou une grande-duchesse.
Actuellement, le seul grand-duché encore existant est leLuxembourg, ce régime existant depuis1815 (d'abord comme nation formellement souveraine mais sous domination desPays-Bas, puis en tant que nation souveraine). Quant auxrépubliques deFinlande et deLituanie, elles furent également des grands-duchés.
Le titre de grand-duc (latin :Magnus Dux,allemand :Großherzog,italien :Gran Duca,français :grand-duc,lituanien :Didysis Kunigaikštis,polonais :Wielki książę) est dans lanoblesse au-dessous duroi mais plus haut qu'unduc souverain (Herzog) ou unprince (Fürst). Le grand-duché est l'appellation du territoire gouverné par un grand-duc.
Le grand-duc est également la traduction usuelle de grand-prince dans les langues qui ne disposent pas de termes distincts pour différencier un prince non régnant, membre d'une famille royale ou princière, d'un prince royal héritier ou régnant. L'anglais et le français emploient le terme grand-duc de cette façon. Le grand-duc est également la traduction habituelle en anglais et en français du titre (de courtoisie)russeVelikiy Knjaz (grand-prince). Ce titre duXVIIe siècle désignait les membres de la famille dutsar russe, bien que ces grands-ducs n'aient pas été des souverains.
Ainsi, le terme « grand-duc » et son utilisation pour traduire « grand-prince » répondent de deux titres différents.
Le nom de « grand-duché » est une invention antérieure auXVIe siècle provenant probablement d'Europe de l'Ouest, pour dénoter les terres d'un duc particulièrement puissant.
Un des premiers exemples était l'utilisation officieuse du titre honorifique de « grand-duc d’occident » par lesducs de Bourgogne pendant leXVe siècle, quand ils ont régné sur une vaste région de la France orientale actuelle, ainsi que sur la majeure partie des Pays Bas, de la Belgique, et du Luxembourg.
La première monarchie officiellement appelée grand-duché est laToscane desMedici, qui obtient ce privilège des Saints Empereurs romains en 1569, et qu’il garde jusqu'en 1860, lorsqu'elle est annexée par le Piémont-Sardaigne en vue de l'unification de l'Italie.
Ce terme fut de plus en plus utilisé jusqu'auXIXe siècle, lorsque Napoléon l'utilisa pour désigner plusieurs territoires donnés à ses alliés. L'anoblissement en tant que grand-duc pour ceux-ci s'accompagna souvent d'une expansion de leurs fiefs avec les terres additionnelles obtenues à partir des défaites de puissances telles que laPrusse.
Bien queNapoléon ait été défait à Waterloo et ses territoires vassaux, comme legrand-duché de Berg, effacés des cartes européennes, les représentants ducongrès de Vienne ont pourtant consenti à garder les titres de ducs et de princes, principalement pour ceux dont les terres avaient constitué leSaint-Empire romain germanique. Ainsi, leXIXe siècle a vu un nouveau groupe de monarchies intitulées grand-duché en Europe centrale, tel que legrand-duché de Hesse ou legrand-duché d'Oldenbourg.
Parallèlement, l'utilisation de titre de courtoisie « grand-duc » augmenta en Russie en raison de beaucoup de naissances dans plusieurs branches masculines de la dynastie. Le nouvel ensemble de grands-ducs apporta un sursis auxRomanov, pour qui la question de la continuité de la succession masculine fut une épineuse question pendant tout leXVIIIe siècle.
EnAllemagne, l'utilisation du titre s'étendit après 1815, mais son application n'était pas universelle. En effet, en allemand (qui a des mots distincts pour le prince royal,Prinz, et pour le prince souverain,Fürst), les grands-ducs de la Lituanie et des États russes historiques, aussi bien que d'autres princes européens orientaux et de dynastes russes postérieures, ont été désignés par le titreGroßfürst.
Entre les guerres napoléoniennes et la Première Guerre mondiale il y avait au moins huit grands-duchés en Europe.
Un nombre considérable de grands-duchés ont été créés pendant l'ère napoléonienne et, plus tard, après le congrès de Vienne et la création de laConfédération germanique :
Actuellement leLuxembourg est le seul grand-duché restant. Cependant quelques anciens grands-duchés conservent toujours les titres qui leur furent accordés à la convention de Vienne.
Le plus souvent, un grand-duc régnant est dénommé « altesse royale ». Certaines familles utilisent d'autres allocutions. Ainsi les membres cadets de la famille grande-ducale, à Hesse-Darmstadt et Bade, avaient généralement le titre de l'altesse grande-ducale. Également, avant son mariage, l'impératriceAlexandra de Russie était connue en tant que « son altesse grande-ducale Alix, princesse de Hesse et Rhin » (Ihre Großherzogliche Hoheit Alix Prinzessin von Hessen und bei Rhein).
La seule famille grande-ducale actuelle, la famille grande-ducale du Luxembourg, dénomme ses membres cadets « altesses royales », mais c'est dû à leur statut alternatif de princes de Parme (bien que ce titre ait été abandonné en1995).
Un grand-duc ou une grande-duchesse russe était une altesse impériale.
EnBelgique, auLuxembourg et dans laGrande Région, le terme « grand-duché » est souvent utilisé commemétonymie pour parler dugrand-duché de Luxembourg, ceci afin d'éviter la confusion avecla province belge du même nom.
Les grands-princes étaient des monarques médiévaux qui gouvernèrent une nation ou plusieurs peuples, et habituellement ont été appelés « rois ». Cependant, un grand-prince était habituellement seulementprimus inter pares dans une dynastie : d'autres princes de la dynastie avaient autant droit au règne que le grand-prince actuel (la succession était par exemple due à l'ancienneté ou la rotation agnatique), et souvent d'autres membres de la dynastie régnaient des parties du royaume (une sorte de « princes secondaires » si l'on veut).
Telle était l'habitude en Europe de l'Est, par exemple pour les Russes et les Lituaniens. Car la position de dirigeant n'ayant pas autant de prestige que pour les rois occidentaux, les souverains ont été traités plutôt comme des grands-princes que complètement comme des rois. Ainsi,Velikiy Kniaz était auXIe siècle le titre du prince régnant de laRus' de Kiev (chef de la maison desRiourikides), puis de plusieurs princes du Rus'. En1328, le Velikii Kniaz deMoscovie est apparu en tant que grand-duc de « toute la Russie », jusqu'à ce qu'Ivan IV de Russie fut couronnétsar en1547.
Le titre de grand-prince a été employé en slave, baltique, et russe, Великийкнязь. Leknjaz slave et lekunigaitis baltique (de nos jours habituellement traduit comme prince) est réellement similaire au roi. Ainsi,Veliki Knjaz était plus le grand roi que « le grand-duc ».
Une utilisation établie du titre était dans le grand-duché de Lituanie (depuis leXIVe siècle) et legrand-duché de Moscou.
Ces pays se sont déplacés lentement vers la primogéniture, par laquelle la position de chef de la dynastie est plus élevée que les autres membres de la dynastie (comme pour une royauté). Dans de telles situations, ces monarques ont opté pour un titre plus prestigieux, tel que tsar ou roi unique.
Le titre de grand-prince (qui, dans plusieurs de ces territoires, était, déjà dans les époques tardives de grandes-principautés, détenu simultanément par plusieurs dirigeants de la dynastie la plus répandue) a survécu en tant que titre de courtoisie pour tous ou plusieurs membres de la dynastie, tels que le grand-duc de Russie (veliki knjaz), dans l'ère impériale de la Russie.
Le titre Velikiy Kniaz, finalement formalisé parAlexandre III de Russie, a été donné aux fils et petits-fils (par les lignées masculines) du tsar et des empereurs de Russie. Les filles et les petites-filles paternelles des empereurs russes, aussi bien que les épouses des grands-ducs russes, se sont généralement appelées les « grandes-duchesses » (même en anglais !).
Une traduction plus précise du titre russe serait grand prince (du latinmagnus princeps) et non grand-prince (par analogie à grand-duc). En allemand, par exemple, un grand-duc russe était connu commeGroßfürst, qui n'est donc pas un simple dérivé de grand-duc (comme vu précédemment).
En1582, le roiJean III de Suède ajouta le titre de grand-prince de Finlande aux titres subsidiaires des rois suédois, sans toutefois aucune conséquence effective, laFinlande étant déjà une partie du royaume suédois.
Après les conquêtes russes, le terme a continué à être employé par l'empereur russe, en tant que dirigeant de laLituanie (1793-1918) et du grand-duché de Finlande (1809-1917). D'une façon similaire, lesHabsbourg, alors maison régnante du Saint-Empire romain germanique, ont institué une grande principauté de Transylvanie (Großfürst von Siebenbürgen) en1765.
Le titre deDidysis kunigaikštis (enlituanien) a été employé par les dirigeants de Lituanie qui, aprèsLadislas II Jagellon, devinrent également rois de Pologne ; il se retrouva également plus tard, parmi les titres employés par les rois de l'union de Pologne-Lituanie. Les rois polonais de ladynastie suédoise de Vasa ont également employé le titre grand-princier pour leurs territoires non-polonais.