Legrammaticus (grec ancienγραμματικός), souvent traduit par « grammairien » en français, est, dans l'Antiquité à l'époque hellénistique et romaine, l'enseignant qui instruit les adolescents entre 11 ou 12 ans et 15 ou 16 ans. Il prend les élèves à la suite duludi magister,litterator ou γραμματιστής, chargé de l'enseignement primaire ; après leur scolarité auprès dugrammaticus, les jeunes suivent les cours desrhéteurs. Le rôle dugrammaticus est principalement de faire connaître la littérature, en particulier les grands poètesépiques :Homère etVirgile, et de développer la maîtrise de la langue.
Legrammaticus enseigne la pratique d'une langue correcte, aussi bien en grec qu'en latin[1] ; il s'agit non seulement de la langue écrite, mais aussi de la prononciation et de ladiction. Il fait connaître les grands auteurs littéraires, principalement les poètes, à travers l'analyse et l'explication de textes ; il donne les références, géographiques, historiques et mythologiques, qui permettent de les comprendre.
L'apprentissage par cœur est au centre de la méthode pédagogique. Les maîtres sont souvent violents :Horace[2] rappelle la brutalité de son maître Orbilius Pupillus et le qualifie deplagosus (« qui donne des coups »).
Bien que la formation soit essentiellement littéraire, legrammaticus transmet également quelques éléments de mathématiques, d'astronomie et de musique[3] ; il le fait habituellement en appui au commentaire des œuvres littéraires.
SelonQuintilien[4], son enseignement débordait assez souvent sur le programme durhéteur et abordait les premiers exercices de larhétorique.
Legrammaticus est en général d'origine modeste ; beaucoup sont d'anciens esclaves affranchis, même parmi ceux qui ont laissé une trace, commeRemmius Palaemon[5].
Suétone a écrit un opuscule sur les grammairiens et les rhéteurs (De grammaticis et rhetoribus), qui est parvenu jusqu'à nous à l'exception de la fin. Il donne des renseignements biographiques sur une vingtaine degrammatici, qui ont exercé entre leIIe siècle av. J.-C. et l'époque de Néron.
Sous l'Empire, les témoignages littéraires et les inscriptions nous révèlent la présence degrammatici dans toutes les provinces de langue latine : Espagne, Gaule, Afrique, etc[6]. Mais, tandis que l'enseignement primaire est donné jusque dans les petites bourgades, les écoliers qui veulent continuer leurs études doivent se rendre dans des villes plus importantes pour suivre l'enseignement des grammairiens[7].
Quintus Caecilius Epirota (époque d'Auguste). Affranchi d'Atticus. C'est, selon Suétone[10], le premier qui introduit l'étude deVirgile et d'autres poètes latins dans le cursus.
Epaphrodite de Chéronée (fin duIer siècle), actif à Rome. La base d'une statue de ce grammairien porte une inscription qui le qualifie degrammaticus Graecus[11].
Suétone,De grammaticis et rhetoribus, texte établi et traduit par Marie-Claude Vacher, avec une introduction et des notes,Collection des universités de France, Paris, Les Belles Lettres, 1993, XCVIII + 282 p.
↑À l'époque républicaine, le même enseignant s'occupe des deux langues ; mais sous l'Empire se développe la spécialisation : les inscriptions montrent qu'on trouve souvent legrammaticus Graecus à côté dugrammaticus Latinus.Bonner 1977,p. 57.